Comment reconnaître un "surdoué" d'un "haut-potentiel" ? Ce n’est pas parce que

Comment reconnaître un "surdoué" d'un "haut-potentiel" ? Ce n’est pas parce que votre enfant ou vous-même êtes brillants ou talentueux que vous êtes surdoués. Et ce n’est pas parce que vous êtes surdoués que vous êtes malheureux. Le vrai surdoué a un QI supérieur à 125, un fonctionnement intuitif, et une bonne insertion sociale. La souffrance n’est pas un critère, mais juste le signe que le surdoué a besoin – comme tout le monde – d’une thérapie. Béatrice Millêtre remet les pendules à l’heure ! Extrait de l'ouvrage "Le livre des vrais surdoués" de Béatrice Millêtre, publié aux Éditions Payot. Béatrice Millêtre, docteur en psychologie, spécialiste en sciences cognitives, est psychothérapeute. Elle est notamment l'auteure de "Réussir grâce à son intuition" et du "Livres des bonnes questions à se poser pour avancer dans la vie". Elle vient également de publier le livre "Le burn-out des enfants" aux éditions Payot. Je reçois régulièrement des gens qui se demandent s’ils sont surdoués. Ils se sont, me disent- ils, reconnus dans les caractéristiques qu’ils ont pu lire, sur Internet ou dans des livres. Je les interroge alors pour savoir ce sur quoi ils se sont reconnus. J’ai procédé de même lors de la dernière formation que j’ai donnée auprès de futurs thérapeutes qui voulaient acquérir des compétences en matière de surdouement. Voici leurs réponses : - Un surdoué est quelqu’un d’hypersensible. - C’est quelqu’un qui a des problèmes de communication, qui remet tout à demain, qui procrastine donc, qui ne termine jamais ce qu’il entreprend, qui ne sait pas se concentrer et qui est dispersé. - Quelqu’un qui a des problèmes sociaux, voire est asocial. - Il a su lire avant les autres, parfois tout seul. Il est le bouc émissaire dans la cour de récré et, si ce n’est pas le cas, il n’a pas d’amis, trouvant les autres inintéressants, ou « bébêtes ». - Ils sont créatifs et ont de l’imagination. - On dit qu’ils ont de la mémoire, mais, souvent, ce n’est pas le cas. - Ils ne savent pas parler de la pluie et du beau temps, s’ennuient en société, n’aiment pas la compagnie des autres. On ne trouve dans ces énumérations que peu, ou pas de référence à l’intelligence – à la quantité d’intelligence, je veux dire. Les caractéristiques sur lesquelles les gens se reconnaissent sont plutôt négatives et portent plus sur un fonctionnement intrinsèque, une qualité d’intelligence, qu’une quantité. Et cela amène directement à préciser ce dont nous parlons. 1 Une question de vocabulaire Surdoué est peut-être le mot le plus couramment utilisé ; il sous-entend des personnes douées pour tout, plus douées que les autres. Aucune des personnes que je reçois ne se sent à l’aise avec cette notion. Au contraire, elles ne se sentent pas particulièrement douées et trouvent prétentieux de se clamer surdoué. Le concept du « zèbre » a été inventé pour signifier que les surdoués ne sont ni cheval, ni âne. Cette notion ne parle pas non plus aux personnes que je reçois, et ne me parle pas non plus. En effet nous sommes tous des êtres humains, et ce terme de zèbre a un effet stigmatisant. Étant classé « ailleurs » que dans la gente humaine, comment un zèbre peut-il dès lors s’y épanouir ? C’est faire acte de déni de sa propre personnalité et de sa propre spécificité. Cela conduit également à ne pas pouvoir aller bien, puisque obligeant à s’exclure de l’humanité. C’est enfin, puisque s’excluant de l’humanité, en nier les points communs; c’est l’impossibilité de pouvoir la comprendre ou s’en faire comprendre; c’est donc se ghettoïser volontairement. Je n’ai, comme je le disais, que peu reçu ce type de personnes. Je me souviens d’Élise, 27 ans, dans le déni de qui elle était, mettant tout en doute, à la fois ses propres compétences et les miennes. Elle ne pouvait commencer une phrase sans « Oui, mais c’est vous qui le dites, mais les autres disent autre chose », « Oui, mais je ne suis pas d’accord », ou « Oui, mais comment le savez-vous »… Elle mettait en doute la possibilité même d’être un zèbre, tout en la recherchant. Elle faisait partie de groupes de zèbres qui, lorsqu’ils se rencontraient, se présentaient en disant : « Bonjour, je m’appelle XX et j’ai YYY de QI. » Haut potentiel (HP) ou haut potentiel intellectuel (HPI) sont les termes retenus par nos amis Belges. Ils correspondent à l’idée d’un potentiel qui n’est donc pas forcément exprimé, et reflète donc une idée de frustration liée à des compétences inemployées. Il ne stigmatise pas les gens qui acceptent assez facilement cette étiquette. Enfant intellectuellement précoce (EIP) est la terminologie retenue par l’Éducation nationale française. Elle prend en compte le fait que l’enfant exprime des compétences avant sa tranche d’âge. Par contre, une fois que tous expriment cette compétence, il ne devrait plus y avoir de différences – si vous savez marcher à 10 mois, une fois que tout le monde sait marcher à 15 ou 16 mois, on n’observe plus aucune différence, et on ne peut pas savoir qui avait acquis la marche précocement – ce qui n’est pas le cas. Neuro-droitier est un mot que j’ai traduit de l’anglais right-brained, qui reprend cette idée que le fonctionnement intuitif particulier aux surdoués est lié à une préférence hémisphérique du fonctionnement cérébral : l’hémisphère droit. C’est un concept qui pose un certain nombre de questions scientifiques, mais qui correspond à une réalité psychologique. Il a pour avantage de ne pas faire mention d’une plus grande intelligence, ce qui correspond assez bien au ressenti des personnes que je reçois, simples et humbles. Gifted traduit l’idée de dons, overgifted de surdon, quant à talented et multitalented, c’est l’idée de talents et de talents multiples, retenue par les Américains et les Canadiens, avec le devoir de tirer parti des dons et talents de chacun d’entre nous. 2 Scientifiquement parlant, c’est probablement la meilleure définition. Elle reprend l’idée d’intégration sociale : si vous êtes talentueux, ou doué, cela implique, de manière sous- jacente, que votre don ou votre talent est visible et donc exprimé. Culturellement parlant, c’est une idée qui choque un peu les Français, égalitaires que nous sommes : il nous est difficile de concevoir que « certains soient meilleurs que d’autres », et ce n’est pas une option éducative. Les pays anglo-saxons ont l’idée que chacun présente des talents différents qu’il appartient au système éducatif de mettre en évidence puis de développer. Dans ce contexte, la notion de personne douée ou talentueuse s’y inscrit parfaitement. Ce n’est pas une notion culturellement européenne, et l’on aurait tendance à plus facilement accepter, je crois, l’idée de talents multiples. Ainsi, aucune de ces terminologies ne reflète la réalité de qui sont les surdoués et de ce qu’est leur vie, de ce que sont leurs questionnements, leurs préoccupations, leurs interactions sociales, leurs difficultés, leurs réussites, leur place dans le monde. Je dirai donc que le terme de « surdoué » est celui qui correspond le plus à la réalité scientifique (des personnes plus douées dans un ou plusieurs domaines), mais à laquelle les personnes elles-mêmes n’accrochent pas; le terme de « haut potentiel », est celui que les personnes préfèrent utiliser, qui correspond plus à ce qu’ils ressentent, mais moins à la réalité scientifique. Je n’utilise cependant pas le terme d’« intellectuel » (ni pour les enfants précoces, ni pour les adultes à haut potentiel), auquel je n’adhère pas. En effet, s’il correspond à un fonctionnement intellectuel spécifique, il génère automatiquement l’idée d’intellectuel et d’expression des potentialités dans un domaine exclusivement intellectuel, ce qui n’est pas le reflet de la réalité. Que dire de ces personnes, surdouées ou à haut potentiel, qui font partie de l’équipe olympique de basket, de l’équipe de France d’équitation, de l’équipe régionale de hand-ball, qui sont couturiers, danseurs, musiciens, chefs dans la gastronomie, paysagistes, commerçants… Cette notion d’intellectuel correspondrait plutôt à l’idée de haut quotient intellectuel, qui n’est pas ce que l’on entend aujourd’hui par surdoué. Qu’est-ce qu’un surdoué ? Le premier point, peut-être le plus fondamental, est qu’être surdoué n’est pas une pathologie, et vous ne trouverez donc pas le concept du surdouement répertorié dans quelque manuel des critères diagnostiques des pathologies mentales que ce soit. Ainsi, le premier critère est donc d’être en bonne santé mentale. Cela peut paraître évident, mais n’est que rarement pris en compte dans l’identification, du moins en France et en Europe, alors que cette dimension fait partie intégrante du processus outre-Atlantique. Cela veut dire que le bilan devrait se conclure par la nuance : « va bien ou présente telle ou telle problématique ». Comment identifie-t-on la notion de bien-être mental ? De manière simpliste et simplifiée, nos amis Québécois utilisent la notion d’insertion ou d’intégration sociale, traduisant le fait que le surdoué, malgré ses différences, sait en tirer parti, sait s’inscrire dans le monde dont il a compris les tenants et aboutissants, les règles sociales et sait donc transformer son potentiel en réalité. C’est fondamental, on uploads/Philosophie/ comment-reconnaitre-un-surdoue-d-x27-un-haut-potentiel.pdf

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