Explication de texte : Hume, Dialogues sur la religion naturelle. Le présent te

Explication de texte : Hume, Dialogues sur la religion naturelle. Le présent texte est issue des Dialogues sur la religion naturelle. Dans l’extrait dont nous disposons, Philon jouant le rôle du sceptique s’adresse à Cléanthe qui est un théiste convaincu de l’existence de Dieu par la preuve a posteriori. L’auteur soutient, à travers le personnage de Philon, que l’existence d’un tel être ne peut pas être appréhendé par l’esprit humain contenu des facultés dont il dispose. Si tel est le cas, le fondement de nos connaissances objectives devra se passer de cet être pour garantir la juste correspondance entre nos concepts et ce qu’ils représentent et ainsi assurer à nos connaissances scientifiques le degré de certitude qui leur sied. Il convient dès lors de se demander s’il est possible à un esprit humain d’établir une preuve de l’existence de Dieu. Le texte s’organise en trois moments. Tout d’abord, Philon introduit et pose la thèse sceptique, de « Pouvez-vous me blâmer » à « la sphère de notre observation ». Ensuite, l’argument d’expérience est présenté et son incapacité à expliquer l’existence de Dieu est relevé « Quand deux espèces d’objets » à « il peut être difficile de l’expliquer ». Enfin, de « Et me dira-t-on d’un air sérieux » jusqu’à « l’invention des hommes » sont anticipées des objections s’appuyant sur le fait que l’univers soit ordonnée, puis une phrase finale vient conclure le texte de « Philon continuait de cette façon véhémente » à « il s’arrêta alors immédiatement ». L’auteur introduit son propos par un exemple qu’il se charge de rappeler dans les lignes 1 à 3. Cet exemple met en scène un personnage antique, Simonide, qui après avoir été interrogé sur l’existence de dieu, rentra dans une sempiternelle réflexion de laquelle il n'a pu aboutir à aucune conclusion. Cet exemple fait office d’argument d’autorité pour le personnage de Philon, qui se retrouve dans la même position que Simonide. En effet, le témoignage d’un personnage antique, s'il à résisté au cours du temps, doit posséder quelque utilité, sinon il serrait tombé dans l’oublie. Ceci donne à l’argument de Philon en ligne 4 qui se fonde sur cet exemple, suffisamment de crédibilité pour être entendu par un théiste tel que Cléanthe « Pourriez-vous même me blâmer si j’avais tout de suite répondu que je ne savais pas et que j’étais conscient que ce sujet se trouvait largement au-delà de la portée de mes facultés ? ». Ainsi Philon, comme saint Thomas, ne pense pas que le nom de Dieu puisse recouvrir une quelconque définition ou même être compris. Ceci procède du constat de la finitude de notre humaine condition qui ne dispose que d’un entendement limité. Si l’être qu’on nomme Dieu est bien infini, alors comment pourrions-nous le comprendre par notre entendement fini ? Dès lors, suspendre son jugement semble être la réaction appropriée, au risque d’une accusation en scepticisme que Philon anticipe en ligne 5 « Vous pourriez crier au sceptique et au railleur autant qu’il vous plairait ». Le point de vue sceptique est ensuite défendue par Philon qui fait remarquer à Cleanthe le nombre de défauts auxquels la raison humaine peut se livrer dans des réflexions pourtant bien moins complexes que celles relevant de l’existence de Dieu « ayant remarqué, pour tant d’autres sujets beaucoup plus familiers, les imperfections et même les contradictions de la raison humaine ». Ainsi si la raison échoue à établir la certitude de nos jugements dans des réflexions portant sur des objets familiers, concrets, alors nous ne pouvons pas lui faire confiance pour l’établir dans des réflexions complexes, abstraite. Or les raisonnents sur l’existence de Dieu sont abstraits, on ne peut pas en faire l’expérience, « je ne pourrai jamais espérer réussir par ses faibles conjectures dans un sujet aussi sublime et aussi éloigné de la sphère de notre observation ». On reconnait là, la doctrine empiriste de laquelle hume est un des plus célèbres représentants. Il suit de là que l’auteur s’emploie à expliquer ce qu’est un argument d’expérience, ce qui est approprié contenu de l’interlocuteur de Philon qui est un théiste croyant à la preuve de dieu a posteriori. Pour Hume, l’argument d’expérience se fonde sur l’observation de la relation qu’entretiennent des objets entre eux, si l’existence d’un objet suit d’un autre, alors, on peut induire que ces deux objets entretiennent une relation de cause et d’effet « Quand deux espèces d’objets ont toujours été observés liés l’un à l’autre, je puis inférer, par accoutumance, l’existence de l’un quand je vois l’existence de l’autre et cela s’appelle un argument d’expérience ». Ainsi, la seule voie pour s’assurer que cette relation n’est pas fortuite, est de faire l’observation répétée du lien qui uni ces objets, d’y être accoutumé. Le degré de crédibilité d’un argument d’expérience dépend donc du degré d’accoutumance atteint par l’observateur, ce qui en fait un argument subjectif et par là même pour le moins incertain. Cependant, bien que cet argument puisse être utile d’un point de vue pragmatique, il n’est pas fonctionnel dans le cas d’une preuve d’un être absolu tel que Dieu. En effet, Dieu ne peut pas dépendre d’un objet qui le précèderait, ou alors, il ne serrait plus absolu. Dieu n’est de ce fait l’effet d’aucun objet, si ce n’est lui-même si l’on en croit Descartes. Il est alors vain de tenter de prouver l’existence de Dieu par l’observation d’un lien qu’il entretiendrait avec un objet auquel il devrait son existence, puisqu'un tel objet ne peut pas exister. Dieu est unique et ne peut en conséquence pas être soumis à la comparaison que requiert l’accoutumance pour satisfaire un argument d’expérience. C’est ce que Philon objectera à la preuve a posteriori à laquelle croit Cléanthe en ligne 11 « Mais comment cet argument peut-il intervenir quand les objets, comme dans le cas présent, sont uniques, individuels, sans équivalent, sans ressemblance spécifique, il peut être difficile de l’expliquer ». Enfin, Philon anticipe une objection défendant qu’un univers ordonné tel que le nôtre doit être l’œuvre d’un esprit similaire à l’esprit humain. Seulement un tel argument, reste un argument d’expérience, soufrant des mêmes faiblesses déjà expliqué plus haut. En effet, pour nous assurer de la véracité de l’organisation de l’univers, il nous aurait fallu observer sa confection et pour y voir le dessein d’un créateur, or ceci nous est impossible « Pour rendre certain ce raisonnement, il serrait requis que nous ayons eu l’expérience de l’origine du monde ». Il serrait alors insuffisant d’observer l’action des hommes pour y constater une organisation, puisque celle-ci ne peut pas être mise en relation avec l’organisation dont aurait fait preuve le créateur, car on ne peut par en faire l’expérience « Et il n’est sûrement pas suffisant que nous ayons vue des bateaux et des cités naître de l’art et de l’invention des hommes » a preuve a posteriori de Cléanthe est alors réfuté puisque l’expérience ne peut suffire à prouver l’existence de Dieu. On comprend dès lors l’agacement de Cléanthe remarqué par Philon dans la derniere phrase du texte « Philon continuait de cette façon véhémente, entre jeu et sérieux semble-t-il quand il observa certains signes d’impatience chez Cléanthe » À travers ce texte, nous avons pu suivre l’argumentation de Philon contre la preuve a posteriori. L’argumentation de Philon est d’autant plus pertinente qu’elle se place d’un point de vue empiriste et critique la preuve a posteriori en partant de ses propres outils conceptuels. Ceci nous pousse à conclure qu’un esprit humain ne peut pas appréhender l’idée d’un être tel que Dieu puisqu’il ne peut pas en faire l’expérience. uploads/Philosophie/ commentaire-hume-arthur-hemono.pdf

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