Communications, 15, 1970. L'analyse des images. 1 - 10 Au-delà de l'analogie, l

Communications, 15, 1970. L'analyse des images. 1 - 10 Au-delà de l'analogie, l'image [article] Christian Metz 11 - 51 Sémiologie des messages visuels [article] Umberto Eco 52 - 69 L'analogique et le contigu [article] Eliseo Verón 70 - 95 Rhétorique et image publicitaire [article] Jacques Durand 96 - 109 Physique et métaphysique de l'image publicitaire [article] Georges Péninou 110 - 131 Le dessin humoristique [article] Violette Morin 132 - 144 Les gags de Buster Keaton [article] Sylvain Du Pasquier 145 - 161 Le verbal dans les bandes dessinées [article] Pierre Fresnault-Deruelle 162 - 168 Images et pédagogie [article] Christian Metz 169 - 185 La graphique [article] Jacques Bertin 186 - 209 La description de l'image [article] Louis Marin 210 - 221 L'image : le sens "investi" [article] Jean-Louis Schefer 222 - 232 Bibliographie [note bibliographique] << Retour à la liste des numéros Page 1 of 2 Persée : Portail de revues en sciences humaines et sociales 20/8/2015 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/issue/comm_0588-8018_1970_num_1... 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L'analyse des images. pp. 1-10. doi : 10.3406/comm.1970.1212 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/comm_0588-8018_1970_num_15_1_1212 Christian Metz Au-delà de l'analogie, l'image (Présentation) Lorsque la réflexion sémiologique se porte sur l'image, elle est forcément amenée, dans un premier temps, à mettre raccent sur ce qui distingue le plus manifes- tement cette image des autres sortes d'objets signifiants, et en particulier de la séquence de mots (ou de morphèmes) : son statut « analogique » - son « iconicité », diraient les sémioticiens américains -, sa ressemblance perceptive globale Il) avec l'objet représenté. L'image d'un chat ressemble à un chat, alors que le g?!S :;~ segment phonique /sa/ (ou le segment écrit « chat ») ne lui ressemble pas. On a ~8 beau savoir que certaines images ne sont pas figuratives, comme par exemple les r.;\ diagrammes (que Charles Sanders Peirce rapprochait pourtant des « icones \:,:.; logiques »), on a beau savoir que les écritures phonétiques ne sont pas les seules @ qui existent, il n'en reste pas moins difficile de ne pas lier, fût-ce provisoirement, © le problème de l'image à celui de l'analogie, d'autant que l' «arbitraire » saussu- rien donne à certains esprits l'impression implicite mais insistante de s'offrir ,~ tout uniment comme le contrepoids de l' «analogique». (C'est oublier que l'arbi- .E traire, chez Saussure, ne s'oppose pas à l'analogique mais au « motivé », celui-là n'étant qu'une partie de celui-ci 1 ; c'est oublier, aussi, qu'une image peut être analogique dans son aspect global tout en contenant en elle diverses relations arbitraires.) Pourtant, il reste vrai que la plupart des images, considérées dans leur allure générale, « ressemblent » à ce qu'elles représentent; et le cas des arts visuels« non-figuratifs »ne constitue en aucune façon - du moins à ce niveau du problème - l'objection que l'on voudrait parfois y voir : car le tableau abstrait ou le «plan »de cinéma pur, comme les autres images, ressemble à quelque chose 1. Du symbole ( = signification arbitraire), C. S. Peirce ne distingue pas seulement !'icone ( = signification analogique), mais aussi l'index ( = signification par inférence causale). On remarquera que l'icone et l'index, en termes saussuriens, seraient l'un et l'autre « motivés ». Dans le même sens, J;;ric Buyssens distingue deux sortes de signifi- cations « intrinsèques » ( = motivées) : celles qui reposent sur un lien causal ( = index de Peirce), et celles qui reposent sur un lien« imitatif» ( = icones de Peirce). On pourrait dire en somme - dans la ligne d'une suggestion jakobsonienne - qu'il existe une motivation métaphorique (similarité) et une motivation métonymique {contiguïté). Quoi qu'il en soit, l'analogique n'est pas le tout du motivé, et ce n'est donc pas seulement (ni simplement) à l'arbitraire qu'il s'oppose. Cette situation est riche de problèmes complexes sur lesquels la contribution d' Eliseo Ver6n à ce numéro apporte un point de vue assez neuf, qui se situe au-delà des constatations présentées dans cette note et en arrive à les « retourner » sur certains points. 1 Christian Metz (silhouette ébauchée, contour suggéré, forme géométrique, etc.); c'est le statut de ce « quelque chose », et non le fait de la ressemblance, qui distingue l'image non-figurative de celle où le représenté s'avoue comme un objet usuel. Aussi est-il normal que la réflexion sémiologique sur l'image commence par poser la notion d'analogie. Mais elle ne saurait en rester là. De plus, l'analogie a déjà fait l'objet, dans le passé, de larges commentaires (notamment dans les travaux des sémioticiens américains depuis Charles William Morris, et en France dans les premiers numéros de notre revue). Ce que propose, pris dans son ensemble, le numéro de Communications que nous présentons aujourd'hui, c'est un effort pour porter la réflexion au-delà de l'analogie : effort explicite et « thématique » dans la contribution d'Umberto Eco, diversement impliqué dans toutes les autres. Il existe en effet une attitude intellectuelle que l'on pourrait résumer comme un arr~t sur l'iconicité; elle est le propre d'un certain moment dans la sémiologie ~e l'image, d'un moment initial. On sait que Charles Sanders Peirce - qui s'est trouvé, plus qu'aucun autre dans notre champ, en position d'initiateur - avait fait de la ressemblance (likeness) le caractère définitoire des signes iconiques; c'est par ce trait qu'il les distinguait des deux autres catégories typologiques de signes, les index et les symboles. A la lumière des recherches plus récentes, cette conception appelle des aménagements et des correctifs : c'est là l'un des apports que l'on trouvera dans les deux premiers textes de cette livraison. Après Peirce - et souvent avec moins de nuances et de profondeur que lui-, beaucoup d'autres ont cédé à la tentation de trop iconiciser l'icone. Autour de nous, pas loin de nous, se dessine tout un train de réflexions, d'impressions, de remarques, de réflexes - toute une f.'ulgate, épandue, multiple, à la limite de l'anonymat - qui pousse obstinément à établir entre le « langage des images » et le « langage des mots » une infranchissable ligne de démarcation dont le tracé ôterait toute place aux formes intermédiaires ainsi qu'aux inclusions réciproques. Ce partage un peu mythologique ouvre le danger d'une sorte d'antagonisme : il propose des rôles, P.t l'inVf~stissP.mP.nt psychodramatique est toujours sur le point de s'en emparer : l'image devient proprement un enjeu, et c'est contre le« mot » qu'on a tendance à la jouer. Ainsi voyons-nous telles ou telles exaltations de l' « art cinématographique » créditer leur objet d'une puissance et d'un efficace qui sont conçus comme directement proportionnels à sa non-linguisticité supposée. Ainsi voyons-nous certaines tentatives de la pédagogie audiovisuelle - qui ne représentent pas, heureusement, le tout de son effort - vouloir évacuer le mot des lieux mêmes dans lesquels sa présence demeure le recours éducatif le plus indispensable en même temps que le plus simple. Ainsi voyons-nous, un peu partout, des auteurs proposer gravement à leur public l'un de ces« schémas» qui se réduisent à deux points reliés par une flèche, de telle sorte que la phrase la plus courte et la plus simple aurait dit la même chose. Ainsi voyons-nous des profes- sionnels de l'image - pas tous, et pas toujours - qui en arrivent à dénigrer le mot de façon explicite (c'est-à-dire par des mots!) : « Laïus, nous disent-ils, bla- bla-bla, délayage! Parlez-moi d'un bon croquis, d'une bonne photo! » : comme s'il n'existait pas des images oiseuses! Il n'y a, en vérité, aucun sens à être « contre » la langue ou pour elle, « pour » l'image ou contre elle. Notre tentative procède de la conviction que la sémiologie de l'image se fera à côté de celle des objets linguistiques (et parfois en intersection avec elle, car bien des messages sont mixtes : il ne s'agit pas seulement des images 2 Au-delà de l'analogie, l'image dont le contenu manifeste comporte des mentions écrites, mais également des structures linguistiques qui sont souterrainement à l'œuvre dans l'image elle- même, ainsi que des figures visuelles qui, en retour, contribuent à informer la structure des langues). Il n'est pas question, pour nous, de rejeter la notion d'analogie; plutôt de la circonstancier, et de la relativiser. L'analogique et le codé ne s'opposent pas de façon simple 1• L'analogique, entre autres choses, est un moyen de transférer des codes : dire qu'une image ressemble à son objet « réel •, c'est dire que, grâce à cette ressemblance même, le déchiffrement de l'image pourra bénéficier des codes qui intervenaient dans le déchiffrement de l'objet : sous le couvert de l'iconicité, au sein de l'iconicité, le message analogique va emprunter les codes les plus divers. En outre, la ressemblance elle-même est chose codifiée, car elle fait appel au jugement de ressemblance : selon les temps et selon les lieux, ce ne sont pas exactement les mêmes images uploads/Philosophie/ communications-15-1970-l-x27-analyse-des-images.pdf

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