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Université de Djelfa – Département des Langues étrangères- Niveau : M1-Module : Multilinguisme et identité- Chargée du module : Dr Benderrah.B épouse Lagoun Cours 1 : Unilinguisme et multilinguisme Bilinguisme et bilingualité Hamers distingue entre les notions de bilinguisme et bilingualité. Selon lui, la bilingualité est « un état psychologique de l’individu qui a accès à plus d’un code linguistique. Le degré d’accès varie selon un certain nombre de dimension : d’ordre psychologique, cognitif, psycholinguistique, socio-psycholinguistique, sociologique, socioculturel, et linguistique ». La bilingualité est aussi décrite en termes d’usage linguistique. Le bilinguisme inclut la notion de bilingualité qui réfère à l’état de l’individu. Mais s’applique également « à un état d’une communauté dans laquelle deux langues sont en contact avec pour conséquence que deux codes peuvent être utilisés dans une même interaction et qu’un nombre d’individus sont bilingues ». Bilinguisme/ plurilinguisme/ multilinguisme Bilinguisme réfère aussi bien au contact de deux langues qu’à celui de plus de deux langues ; c'est-à-dire qu’il inclut les concepts de multilinguisme et plurilinguisme. Bilinguisme : définitions Le concept de bilinguisme s’est beaucoup élargi dès le début du siècle. Weinrich (1953) et Mackey (1962) définissent ce concept comme l’emploi alterné de deux ou plusieurs langues par un même individu. Le Petit Robert le définit comme étant « l’utilisation de deux langues chez un individu ou dans une région ». Etre bilingue, c’est parler parfaitement deux langues ; cela consiste à une égale maitrise de deux langues. J.Marouzeau définit le bilinguisme comme étant « une qualité d’un sujet ou d’une population qui se sert couramment de deux langues sans aptitude marquée pour l’une plutôt que pour l’autre » Bloomfield considère que le bilinguisme consiste à « parler deux langues comme ceux qui les ont pour langues maternelles ». Il ne faut pas confondre entre bilinguisme et equilinguisme. A l’opposé de ces définitions qui sont extrêmes, Macnamara (1967) a proposé que le bilingue soit quelqu’un qui possède une compétence minimale dans une des quatre habilités linguistiques à savoir : comprendre, parler, lire et écrire dans une langue autre que sa langue maternelle. Il est rejoint dans cette définition par Haugen (1953) pour qui le bilinguisme est « l’aptitude à produire dans l’autre langue des énoncés bien formés, porteurs de significations ». Nous trouvons également la définition de Titone (1972) pour qui le bilinguisme consiste dans « la Université de Djelfa – Département des Langues étrangères- Niveau : M1-Module : Multilinguisme et identité- Chargée du module : Dr Benderrah.B épouse Lagoun capacité d’un individu de s’exprimer dans une seconde langue en respectant les concepts et les structures propres à cette langue plutôt qu’en paraphrasant sa langue maternelle ». Diebold(1961) propose une extension du concept, le bilinguisme comprenant, selon lui, « la connaissance passive de la langue écrite » ou « tout contact avec des modèles dans la langue maternelle ». Limites de ces définitions Cette extension du concept du bilinguisme provient du fait qu’on s’est rendu compte de la difficulté à déterminer le moment où une personne parle une seconde langue. C’est pour cela que Mackey a préféré parler de « bilinguisme relatif ». Toutes ces définitions qui s’échelonnent sur un continent allant d’une compétence native dans une seconde langue à une compétence minimale dans cette langue soulèvent un certain nombre de difficultés. D’une part, ces définitions sont peu précises et non opératoires : 1. Qu’appelle-t-on une compétence native dans une langue ? 2. Qu’entend-on par une compétence minimale ? Qu’entend-on par respect des concepts et des structures propres à une langue ? 3. Comment peut-on contrôler qu’on ne paraphrase pas les structures de sa langue maternelle ? D’autre part, ces définitions ne portent que sur une seule dimension de la bilingualité à savoir la compétence du sujet dans les deux langues. Bilinguisme, phénomène multidimensionnel Il faut retenir que le bilinguisme est un phénomène multidimensionnel qui doit être appréhendé et étudié en tant que tel. Il ne serait décrit d’un point de vue uniquement linguistique. La linguistique ne s’intéresse à ce concept que dans la mesure où il peut fournir une explication à l’évolution d’une langue puisque c’est la langue et non l’individu qui construit l’objet de cette science. La psychologie, elle, considère le bilinguisme comme source d’influence sur les processus mentaux de l’individu. La sociologie a envisagé le bilinguisme comme un élément dans un conflit de cultures. La pédagogie s’est intéressée au bilinguisme pour autant qu’il ait un rapport avec l’organisation scolaire, les modes de transmission des connaissances et l’apprentissage des langues étrangères. Pour toutes ces disciplines le bilinguisme est marginal et constitue un cas particulier et même une exception à la norme. Chacune étudiera ce phénomène selon une certaine Université de Djelfa – Département des Langues étrangères- Niveau : M1-Module : Multilinguisme et identité- Chargée du module : Dr Benderrah.B épouse Lagoun approche et une certaine perspective. Mais il existe une ligne directrice qui permet d’avoir une perspective unique sur ces relations mutuelles. A lire : Unilinguisme et multilinguisme ? In Le Langage, Encyclopédie de la Pléiade, p.647 Si la communication était limitée aux frontières des communautés linguistiques, il y aurait dans l’humanité autant de cultures différentes qu’il y de langues. Cependant, il n’en est rien. Certaines régions bien connues pour leur diversité linguistique, comme le Caucase, la Nouvelle Guinée, la province d’Oaxaca au Mexique, etc., n’ont pas d’hétérogénéité ethnologique correspondante. L’existence de frappantes ressemblances culturelles entre des contrées d’une aussi grande variété linguistique est bien la preuve que la communication peut et doit exister à travers les frontières linguistiques. Cela devient possible grâce au rôle médiateur d’individus plurilingues. Une telle assertion trouve sa base empirique dans les statistiques des langues indiennes qui offrent à cet égard de précieux, renseignements. Aux Inde, la diversité linguistique est distribuée de façon inégale : elle est très grande dans certains territoires de l’Assam, dans le centre de la péninsule, au Deccan, aux alentours du désert du Rajasthan et le long des cols tibétains alors que la plus grande partie de la plaine du nord et la plus part des zones côtières présentent une parfaite homogénéité linguistique. De même, la connaissance d’autres langues que la langue maternelle est de répartition inégale. On pourrait s’attendre, dans ces conditions, à la variation égale et simultanée des deux indices et pourtant, dans les faits, on s’aperçoit qu’ils sont indépendants. Cela revient à dire que dans certaines zones (dans les villes, le plateau du Deccan, le long des cols du Tibet), on découvre une diversité linguistique plus largement compensée par le bilinguisme que par exemple en Assam, au Rajasthan ou d’une façon générale dans les districts ruraux en opposition aux centres urbains. Et aux Indes ; les régions où l’écart se manifeste davantage sont celles où le retard de est plus considérable. Ainsi, ce n’est pas la diversité seule qui s’oppose comme barrage aux flux de la communication, mais le fait qu’elle soit insuffisamment compensée par le plurilinguisme. En dépit de l’importance de la fréquence des situations plurilingues, il y a une tendance courante, parmi les linguistes même, à considérer l’unilinguisme comme la règle et le plurilinguisme comme quelque chose d’exceptionnel. Cette vision de la réalité, si fortement empreinte d’idéalisme a des causes multiples. On a tout d’abord considéré comme normal la situation de quelques pays d’Europe ou d’Amérique qui, en l’espace de quelques siècles, ont tendu, avec succès vers le but qu’ils s’étaient délibérément fixé : la possession d’une langue parfaitement unifiée, symbole et instrument de leur existence nationale. Par ailleurs, la linguistique, la linguistique structurale, à ses débuts, se devait d’envisager la synchronie et l’uniformité qualitative des échantillons de langage qu’elle prenait comme objet d’étude descriptive. Mais ni l’esprit de clocher géographique ou culturel, ni les conventions Université de Djelfa – Département des Langues étrangères- Niveau : M1-Module : Multilinguisme et identité- Chargée du module : Dr Benderrah.B épouse Lagoun méthodologiques temporaires d’une science dans son enfance ne doivent nous faire perdre de vue le fait que des millions d’individus et peut-être bien la majorité des hommes sur terre, acquièrent le contrôle de plus d’un système linguistique pendant leur vie et emploient, d’une manière plus ou moins indépendante, chaque système selon les nécessités du moment. On pourrait objecter qu’une conception du plurilinguisme qui ne tient pas compte d’une distance minimum entre les langues en cause est beaucoup trop sommaire et donne une apparence confuse à l’objet d’une telle étude. Néanmoins, il y a de fortes raisons de soutenir que la connaissance simultanée du français et du vietnamien, par exemple, ou du français et du provençal, ou du français parlé à Paris, et du français parlé à Marseille, sont des variantes du même phonème de base. Car la personne qui parle doit affronter un problème qualitativement identique dans tous les cas : c’est l’interférence des normes d’un système avec celles de l’autre système. De plus, il n’est pas sur que des systèmes très normalisés, très différents seraient plus difficiles à maintenir séparés que des systèmes tout à fait voisins. Un autre trait du plurilinguisme, qui est à juste titre présenté comme une variable, est uploads/Philosophie/ cours-1-bilinguisme-et-bilingualite.pdf
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- Publié le Sep 15, 2022
- Catégorie Philosophy / Philo...
- Langue French
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