Couverture de Ol i v i e r F o n t v i e i l l e KARL MARX n° 617 Texte intégra
Couverture de Ol i v i e r F o n t v i e i l l e KARL MARX n° 617 Texte intégral Z ur K ritik der Hegelschen Rechtsphilosophie. Einleitung, paru dans la revue Deutsch- F ranzö scische Jahrbü cher, Paris, février 1844. Texte écrit à la fin de l’année 1843 et en janvier 1844 à Paris. Karl Marx, « Introduction », Contribution à la critique de la philosophie du droit de Hegel, in Œuvres complètes, tome 1, traduction de Jules Molitor, Paris, éditions A. Costes, 1946, pp. 59-70. Le titre de cette édition est celui de l’éditeur. Notre adresse Internet : www.1001nuits.com © Mille et une nuits, département de la Librairie Arthème Fayard, mars 2013, pour la présente édition. ISBN : 978-2-75550-532-0 Sommaire Couverture Page de titre Page de Copyright Avant-propos K arl Marx L’Opium du peuple Introduction de Contribution à la critique de la philosophie du droit de Hegel Cyril Morana Pour une critique du Ciel et de la terre Vie de Karl Marx Repères bibliographiques Avant-propos Nul penseur n’échappe aux méditations qui le précèdent ou dont il est le contemporain direct et, d’un certain point de vue, l’histoire des idées se présente assez volontiers comme une généalogie. L’investigation philosophique est le plus souvent une pensée qui s’inscrit dans un sillage ou qui va contre lui. À cet égard, Marx n’échappe pas à la règle, nous l’allons voir, mais, s’il a des maîtres à penser ou des figures qu’il affronte, il est également le produit d’une histoire politico-culturelle complexe dont il convient ici de présenter brièvement les grandes lignes. Il faut remonter en premier lieu à la Réforme : le 31 octobre 1517, Luther fait placarder à la porte de l’église de W ittemberg une Dispute sur la puissance des indulgences, autrement désignée comme les « 95 thèses de Luther ». Il y dénonce la pratique croissante des indulgences par l’Église catholique romaine, laquelle cherche par ce biais à financer la construction de la basilique Saint-Pierre de Rome, et plus largement les abus dont elle s’est rendue responsable dans tout le Saint-Empire romain germanique. Par ce geste, Luther, théologien augustinien, déclenche un mouvement d’une ampleur sans précédent dans l’histoire occidentale : la Réforme protestante. Au nom de la foi, il s’en prend au clergé et à ses pouvoirs. Au-delà de cette contestation, la Réforme va ébranler toute l’organisation du pouvoir dans les principautés et royaumes germaniques : Le contemporain et ami de Luther, Philipp Melanchthon, théologien et juriste, son compagnon de route parmi les plus fidèles qui réaffirme à plusieurs reprises que le droit – tout le droit en ses diverses branches – relève du domaine séculier placé sous l’autorité civile du Prince. De nombreux princes électeurs et d’importantes cités germaniques passent à la réforme : ils se convertissent au luthérianisme et, dans un même geste, confisquent les biens de l’Église catholique. Ils revendiquent le droit d’établir dans leur État « libre » la religion luthérienne comme Église d’État. Après les répressions des révoltes protestantes qui s’ensuivent, notamment par l’Empereur, Charles-Quint, en 1555, la Paix d’Augsbourg prend acte des transformations produites par la Réforme. Les idées luthériennes sur le rapport entre le Royaume de ce monde et le Royaume du Ciel, entre le droit et la foi, est à la source non seulement d’une nouvelle théologie, mais aussi d’une nouvelle philosophie du droit et d’une nouvelle science politique. Progressivement, en effet, la doctrine des « Deux Glaives », selon laquelle le pouvoir spirituel est supérieur au pouvoir temporel, qui affirmait la compétence de l’Église dans les affaires séculières, cède le pas à celle des « Deux Royaumes » ou « Deux Règnes », le royaume du Ciel se distingue alors nettement du royaume terrestre, désormais de la compétence totale des Princes. Il reste à l’Église, qu’elle soit luthérienne ou catholique, l’unique responsabilité des âmes des fidèles, qui relève du domaine de la Grâce et de nul autre. Le mouvement de sécularisation était lancé – dans l’Empire germanique et au-delà, dans toute l’Europe. Un profond changement s’opère, qui consiste en l’accélération du processus de construction d’États modernes, qui avec les siècles va tendre à éclipser le Saint- Empire : cet effacement progressif de l’emprise de la religion dans la vie allemande s’accompagne d’un renouveau de la réflexion philosophique, particulièrement net durant la période de l’Aufklä rung, au චඞඑඑඑe siècle. La pensée allemande est alors un point cardinal des Lumières, et les philosophes contemporains s’extasient sur la Révolution française, dont Marx sera également un admirateur. En 1813, les États annexés par Napoléon après la soumission du dernier empereur du Saint-Empire sont libérés de l’occupation française suite à la défaite des troupes napoléoniennes à la bataille de Leipzig. Cette défaite est aussi, au fond, la défaite des idéaux révolutionnaires français, ce que certains conservateurs ne manquent pas de relever. En 1815, le Congrès de Vienne met en place la Confédération germanique (Deutscher Bund), qui compte alors trente-neuf États membres : trente-cinq principautés et quatre villes libres. Les deux puissances prépondérantes et rivales en sont l’Empire d’Autriche et la Prusse ; actifs au second plan, le royaume de Saxe et la Bavière, le Hanovre, les deux Hesse, lesquels disposent, avec quelques autres, de voix au Parlement de la Confédération, situé à Francfort. Celle-ci a un seul instrument de pouvoir commun : l’armée, conçue comme un ensemble de garnisons défensives contre la France ou tout mouvement révolutionnaire intérieur, comme celui de 1848 à venir. La situation politique de cette multitude d’États et d’entités politiques est des plus bigarrée : depuis 1814, quelques-uns d’entre eux sont devenus des monarchies constitutionnelles, abandonnant le droit divin et l’absolutisme ; d’autres, toutefois, font le chemin inverse, soit en conservant l’ancien modèle, soit en y revenant par un grand mouvement de restauration, comme le Royaume de W estphalie. L’Autriche entend bien conserver son régime, avec ses assemblées provinciales de nobles, et elle s’emploie à bloquer toute velléité d’adopter un régime constitutionnel de la part de la Prusse, précédent qui l’obligerait à prendre acte d’une transformation des rapports de force politique au sein de la Confédération. Metternich, le comte diplomate et homme politique autrichien, est le maître d’œuvre de cette stratégie véritablement réactionnaire pour le compte de l’Empire d’Autriche. En 1819, c’est sous son égide qu’ont été promulgués dans toute la Confédération les décrets de Karlsbad, qui visent à contrer les idées libérales en soumettant la presse à la censure et les universités, ainsi que leurs professeurs, au contrôle d’agents des États aux pouvoirs étendus. Ce sont encore ces décrets qui oppriment l’expression de jeunes étudiants et journalistes tels que Marx ou Heine, parti bien avant lui de Prusse pour Paris. À cette époque, progressistes et réactionnaires s’affrontent en particulier autour de la question du droit, qui n’est que l’autre face de la question cruciale de l’organisation politique. Dans une Université de Berlin sous contrôle, le professeur Hegel s’efforce pendant près de quinze ans de proposer un cours sur les principes de la philosophie du droit qui marque durablement ses étudiants : il y tient, non sans une extrême prudence et avec toute l’habileté requise en temps de censure, des propos « libéraux » qui perpétuent encore quelque chose de l’esprit des Lumières. Face à lui, il y a son collègue Savigny, le juriste ultratraditionaliste, créateur de « L’École historique », qui s’en réfère encore et toujours aux vieux textes de lois, proclamés les meilleurs, tels que conçus au චඞඑe siècle, comme par exemple la « Carolina ». Savigny, favorable à une filiation entre théologie et droit, développe une sorte de fondamentalisme paradoxal, qui intègre parfaitement la spécificité de la situation politique de son temps : il soutient notamment que le peuple allemand, les traditions juridiques allemandes et la langue allemande elle-même ne sont pas préparés à une codification du droit civil allemand à l’instar du code civil français quelques années auparavant, innovation que réclament pourtant de nombreux progressistes parmi ses contemporains. Le jeune Marx, pris entre ces deux courants, suit alors les cours de Savigny, tout comme il s’initie à l’hégélianisme auprès du professeur Gans. En 1840, Frédéric-Guillaume IV est couronné roi de Prusse. Dans un premier temps, il allège la censure et montre quelques signes d’ouverture qui laissent espérer à certains un progrès possible vers une constitution. Mais, très vite, il apparaît que, bien qu’ayant convoqué les parlements provinciaux, sous l’influence de Metternich et du Tsar russe, il refusera tout débat sur le sujet. C’est alors, et dans ce contexte si particulier, que Marx va prendre la plume. C. M. KARL MARX L’Opium du peuple Introduction de Contribution à la critique de la philosophie du droit de Hegel Pour l’Allemagne, la critique de la religion est pour l’essentiel close. Or, la critique de la religion est la condition première de toute critique1 . L’existence profane de l’erreur est compromise dès que sa céleste oratio pro aris et focis2 a été réfutée. L’homme qui, dans la réalité fantastique du Ciel où il cherchait un surhomme, n’a trouvé que son propre reflet, ne sera plus tenté uploads/Philosophie/ l-x27-opium-du-peuple-karl-marx.pdf
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- Publié le Sep 16, 2021
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