Etienne KUBUYA Introduction au cours de logique L1 ECOPO 2018-2019 1 AVANT PROP
Etienne KUBUYA Introduction au cours de logique L1 ECOPO 2018-2019 1 AVANT PROPOS Les présentes notes de cours s’adressent à de jeunes esprits qui ont reçu une formation principalement celle du niveau des humanités secondaires. Leur but est moins d’enseigner les préceptes de la logique formelle que de donner aux étudiants le sens d’une plus grande rigueur. Qu’on veuille donc bien ne pas chercher dans nos notes la synthèse des principaux problèmes que pose la pensée scientifique ni même de ceux que devrait résoudre une théorie complète du raisonnement. Nous voulons seulement présenter aux étudiants qui abordent leurs études universitaires les premières articulations de la logique formelle ou science du raisonnement déductif. Dans une première partie, nous restons fidèles aux logiciens anciens qui étaient avant tout philosophes. Et là, nous réduisons au minimum la problématique proprement philosophique. Car de la logique ancienne, nous ne retenons que la logique des jugements de prédication (inférences et syllogismes catégoriques). A la différence des anciens, nous tenons délibérément à une interprétation minimale du jugement de prédication. Dans un deuxième temps, nous présentons les premiers rudiments d’une logique moderne. C’est pourquoi une simple lecture de présentes notes n’enrichirait aucun esprit épris de recherche. Elles ne peuvent être profitables qu’aux étudiants qui les suivront, stylo à la main. Enfin, nous abordons les éléments discursifs oraux et écrits en français dans leur application logique. Etienne KUBUYA Introduction au cours de logique L1 ECOPO 2018-2019 2 INTRODUCTION I. CONTEXTE La tradition ancienne désignait sous le nom de « Logique » l’étude, au niveau philosophique, des conditions de validité de l’acte de la raison humaine et de son œuvre propre, la connaissance scientifique. Cette étude devrait fournir les principes et les règles d’exercice de la raison humaine dans l’édification du savoir scientifique. II. DEFINITION La logique, dans le contexte que venons de décrire, était définie comme l’étude philosophique de ce qui assure à un ensemble de connaissances la dignité de « science » constitués. Bref, la science de la science. D’où la définition de Saint Thomas d’Aquin qui stipule : « La logique est la discipline qui enseigne les règles au moyen desquelles la raison humaine peut acquérir avec ordre, facilité et sans erreur, l’ensemble des sciences. Elle n’étudie pas les choses en elles-mêmes, mais elle nous apprend à bien penser, à bien conduire notre raison dans la recherche de la vérité et à bien connaître les choses. Discipline d’ordre rationnel, elle suppose une réflexion de la raison qui revient sur ses propres opérations pour découvrir les lois fondamentales. D’une manière générale, la logique apparaît comme l’aptitude spontanée de notre raison à se diriger vers la vérité. On l’appelle à ce point le bon sens. A ce niveau, Descartes dit de celui-ci, qu’il est la chose du monde la mieux partagée et pourvu qu’on l’applique bien, avec un minimum de méthode, il peut suffire à la rigueur pour conquérir la science. III. BREF APERCU HISTORIQUE DE LA LOGIQUE Au cours de l’histoire, la conception que l’on s’est faite de ce que doit être une science constituée a beaucoup varié. Deux traits essentiels cependant ont Etienne KUBUYA Introduction au cours de logique L1 ECOPO 2018-2019 3 persisté au cours de cette évolution. : la science n’est pas une simple compilation de connaissances juxtaposées, mais elle doit former un ensemble de propositions systématiquement enchaînées, un système. En outre, le système prétend correspondre à la réalité de son objet, il a toujours une certaine prétention à la vérité objective. L’objectif de la logique ancienne étudiait, d’une part, ce qui garantit la vérité d’une connaissance et, d’autre part, ce qui permet d’assembler un ensemble de connaissances en un système scientifique. Les problèmes qui concernaient la systématisation du savoir scientifique firent l’objet de ce qu’on appelait au XVIème siècle, la « logique mineure » et au XIXème siècle, la logique formelle. Les problèmes qui concernent la Vérité des jugements firent l’objet de ce qu’on appelait au XVIème siècle la « logique majeure » et au XIXème siècle la « logique matérielle ». Ils ne sont plus considérés aujourd’hui comme faisant partie de la logique proprement dite. On les étudie dans d’autres disciplines philosophiques que l’on désigne du nom d’ « épistémologie » De nos jours l’expression de « logique formelle » a l’apparence d’un pléonasme (figure de style par laquelle on redouble une expression pour la renforcer. Ex. Je l’ai vu de mes propres yeux, ou entendu de mes propres oreilles.) et on désigne sous le simple nom de « logique » ce que les scolastiques du XVI ème siècle appelaient « logique mineure » et les auteurs du XIXème siècle « logique formelle ». Comme on peut le constater, la logique est loin d’être une discipline homogène et indivisible, elle est plutôt un ensemble des logiques particulières dont la différentiation est dictée par différents principes servant de guide théorique par la divergence de visions fonctionnelles. Démontrons cela par un survol rapide. Etienne KUBUYA Introduction au cours de logique L1 ECOPO 2018-2019 4 Aristote assignait à sa logique le rôle d’organon (c’est-à-dire outil, instrument d’investigation du réel). Cette perspective d’Aristote va inspirer la philosophie cartésienne en visant la nature et la possession de la nature. Par ailleurs, la logique de PORT ROYAL, cartésienne de son inspiration, place le perfectionnement de la raison au-dessus de l’acquisition de la connaissance. Mais entre Aristote et le cartésianisme règne le stoïcisme (doctrine selon laquelle l’homme peut accéder au bonheur en surmontant ses passions et en méprisant les événements extérieurs qui ne dépendent pas de lui). Avec Leibniz, la logique entre dans une ère nouvelle dominée par les exigences de calcul et des critères d’opérationnalité « Calculemus » telle est la devise que Leibniz a transmise à la postérité, devise qui sera fort combattue par Hegel. Le mérite de Leibniz est d’avoir introduit l’idée du raisonnement conçu comme un calcul et celle d’une logique qui n’est pas seulement formelle mais formalisé. Inventeur du projet d’un « calcus ratiocinator », il est également l’auteur d’un projet d’une « lingua characteristica universalis » c’est-à-dire d’une langue artificielle dotée de signification comme la langue naturelle, mais pourvue de toutes les bonnes propriétés que nous voudrions lui donner comme celle dont Raymond LULLE avait conçu l’idée ; c’est-à-dire créer une langue symbolique idéale au Moyen-Age, mais qui n’a pu déboucher sur rien à l’époque. La raison raison ce que malheureusement le niveau de la science, et en particulier, celui des Mathématiques, était trop bas à l’époque. Néanmoins l’apport le plus décisif de Leibniz à la logique est la formulation des lois de la logique de l’identité. Par logique de l’identité, nous entendons les lois relatives aux raisonnements dont la validité ou la non- validité dépend du terme « = » (égal). Sa règle est la suivante : « Sont les mêmes, ceux qui peuvent être substitués l’un à l’autre, la vérité resta sauve ». Pour Hegel en effet, la logique est la science globale de l’être et du devenir. Elle a une vocation ontologisante et globalisante. Comment toute cette matière est-elle répartie ? Etienne KUBUYA Introduction au cours de logique L1 ECOPO 2018-2019 5 Avec Boole, retenons que sa contribution majeure à la logique peut se résumer de la manière suivante : « la logique peut prendre la forme d’un calcul dont la correction ne dépend pas de l’interprétation des symboles employés mais seulement des lois qui régissent la manière dont ces symboles sont combinés ; que l’algèbre appliquée jusque là aux nombres pouvait être étendue aux classes ; que les quatre propositions fondamentales d’Aristote (interprétées en extension) pouvaient être exprimées au moyen d’équations de l’algèbre ainsi étendue ; que la validité ou la non-validité des syllogismes pouvaient être établies par un calcul algébrique sur ces équations. Quant à la logique classique, elle est présentée comme la première formalisation du langage et du raisonnement mathématique. Ainsi, tout en continuant la logique mathématique, elle intègre certains éléments de la logique ancienne. IV. OBJET DE LA LOGIQUE La logique a pour objet naturel « l’étude des procédés par lesquels notre raison peut rendre systématique un domaine du savoir. Ces procédés de systématisation sont, à un premier niveau élémentaire, des raisonnements. Les raisonnements sont regroupés en ensemble de plus en plus complexes, en des systèmes qui obéissent à certaines exigences d’unité ou d’harmonie stylistiques, exigences qui peuvent d’ailleurs varier selon les diverses sciences. L’étude des divers types d’ordre suivant lequel se groupent les raisonnements élémentaires et les énoncés qui leur servent de point de départ, fait l’objet d’une discipline plus complexe, appelée « Méthodologie » ou Science de la méthode scientifique. Evidemment la présente étude n’aborde pas cette question. La logique a pour objet formel « les conditions de validité des raisonnements ». Les valeurs fondamentales auxquelles cette science se réfère ne sont pas immédiatement le Vrai et le faux, mais le « valable » (le correct, le Etienne KUBUYA Introduction au cours de logique L1 ECOPO 2018-2019 6 contraignant, le démonstratif) et le « non valable » (l’incorrect, le non contraignant, le non démonstratif). V. uploads/Philosophie/ cours-de-logique-et-expression-orale-et-ecrite-ecopo.pdf
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- Publié le Jan 19, 2022
- Catégorie Philosophy / Philo...
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