2007-2008 Université Paris X Nanterre Service d'enseignement À distance Bâtimen
2007-2008 Université Paris X Nanterre Service d'enseignement À distance Bâtiment E - 2ème étage 200, Avenue de la République 92001 NANTERRE CEDEX Tel : 01.40.97.76.18 Envoi du 15-11-2007 Nombre de pages : 27 Matière : PHILOSOPHIE L2 E.C. : LLPHI314 Philosophie moderne Kant : Introduction à la Critique de la raison pure Mme COHEN-HALIMI Michèle Partie de cours 1 devoir : - Devoir facultatif n° 1 à remettre le 15/01/2008 - Sujet p. 2 du polycopié. Nom et adresse du correcteur : COHEN-HALIMI Michèle 64 rue Lemercier 75017 PARIS Rappels : · L’étiquette figurant sur votre enveloppe d’expédition mentionne uniquement les E.C. qui font l’objet d’un envoi. Merci de vérifier que ces E.C. correspondent bien à ceux notés sur votre formulaire d’inscription pédagogique. Si tel n’était pas le cas, merci de nous en informer dans les plus brefs délais. · Devoirs : Pour être corrigés, vos devoirs doivent impérativement être en conformité avec les instructions de la note concernant les devoirs : format des copies, délais d’envoi, transmission directe à l’enseignant correcteur. Les devoirs sont à renvoyer en pli ordinaire (les plis recommandés ou insuffisamment affranchis ne seront pas retirés auprès des bureaux de poste). Cours d’Introduction à la Critique de la raison pure de Kant LLPHI 324 Cours de Mme Cohen-Halimi Deux sujets au choix Dissertation : En quel sens la révolution copernicienne désigne-t-elle, dans la Critique de la raison pure, une révolution de la « manière de penser » (Denkart) ? Commentaire de texte : « C’est à vrai dire une loi simplement empirique que celle d’après laquelle des représentations qui se sont souvent succédé ou accompagnées en viennent finalement à s’associer les unes aux autres et ainsi à établir une connexion en vertu de laquelle, même sans la présence de l’objet, une de ces représentations suscite le passage de l’esprit à l’autre d’après une règle constante. Cette loi de la reproduction présuppose toutefois que les phénomènes eux-mêmes soient réellement soumis à une telle règle, et que dans le divers de leurs représentations intervienne une concomitance ou une succession obéissant à certaines règles ; car, sans cela, notre imagination empirique ne recevrait jamais rien à faire qui fût conforme à son pouvoir, et elle demeurerait donc dissimulée à l’intérieur de l’esprit comme un pouvoir mort et inconnu de nous-mêmes. Si le cinabre était tantôt rouge, tantôt noir, tantôt léger, tantôt lourd, si un homme se changeait tantôt en telle forme animale, tantôt en telle autre, si au cours d’une très longue journée la campagne était couverte tantôt de fruits, tantôt de glace et de neige, mon imagination empirique ne pourrait jamais obtenir l’occasion de recevoir parmi ses pensées, avec la représentation de la couleur rouge, le lourd cinabre ; de même, si un certain mot était attribué tantôt à cette chose, tantôt à cette autre, ou encore si la même chose était appelée tantôt ainsi tantôt autrement, sans que prédominât en la matière une certaine règle à laquelle les phénomènes fussent d’eux-mêmes déjà soumis, nulle synthèse empirique de la reproduction ne pourrait avoir lieu. » Kant Critique de la raison pure, AK IV, 78-79, A 100-101, trad. A. Renaut, GF 2001, p. 180 2 Introduction à la Critique de la raison pure de Kant LLPHI 324 (cours de Mme Cohen-Halimi) Bibliographie Texte de Kant : Critique de la raison pure, traduction A. Renaut, deuxième édition corrigée, Flammarion - collection GF, 2001 Abréviation utilisée ici : KrV Ouvrages importants sur la Critique de la raison pure : H. Cohen Commentaire de la « Critique de la raison pure », trad. E. Dufour, Paris, Cerf, 2000 M. Heidegger Kant et le problème de la métaphysique, trad. A. de Waelhens et W. de Biemel, Paris, Gallimard, 1953 Qu’est-ce qu’une chose ?, trad. J. Reboul et J. Taminiaux, Paris, Gallimard, 1971 G. Deleuze La philosophie critique de Kant, PUF, 1963 J. Rivelaygue Leçons de métaphysique allemande, t. II, Paris, Grasset, 1992 B. Longuenesse Kant et le pouvoir de juger, Paris, PUF, 1993 3 INTRODUCTION « Avec Kant c’est comme un coup de tonnerre, après on pourra toujours faire le malin, et même il faudra faire le malin… » Gilles Deleuze Cours sur Kant de mars-avril 1978 Il ne s’agira pas de produire ici un commentaire exhaustif du texte de la Critique de la raison pure mais d’accompagner et de scander sa lecture en insistant sur les points les plus marquants de l’inventivité philosophique kantienne. La deuxième partie du livre, la « Théorie transcendantale de la méthode », par laquelle le livre pourrait commencer, en se lisant à l’envers, est un programme de travail philosophique en soi, il ne sera pas pris en compte dans la présente lecture. Il restera hors champ. La Critique de la raison pure fait partie des oeuvres philosophiques majeures dont la rumeur précède toujours la lecture : livre difficile, livre d’une systématicité ardue… il mesure sa propre lecture à une véritable épreuve de compréhension. Lire est une ascension, aucune avancée n’est possible par sauts, aucune dispensation de l’effort de comprendre n’est praticable sans qu’aussitôt la progression s’arrête. L’avancée ne peut qu’être lente. Le texte lui-même ne cesse de se reprendre, ne cesse de reformuler, redéployer ses thèses, comme pour assurer chaque étape conquise en l’inscrivant dans la mémoire de ce qui s’écrit. Fruit d’une très longue maturation commencée en 1769-1770, la Critique de la raison pure (1781) est l’invention sans précédent d’un philosophe déjà âgé de 57 ans au moment où il se juge enfin prêt à engager une réforme complète de la métaphysique sous la forme d’une Critique, déclinée en trois livres : Critique de la raison pure, Critique de la raison pratique (1788), Critique de la faculté de juger (1790). La Correspondance de Kant l’atteste qui rappelle que Kant emploie tout le temps de vie, qui lui reste, à écrire « sa » Critique, quand il s’agit de trois livres distincts, chacun chargé d’une question et d’un domaine de savoir différents. La chose est souvent bien connue : la Critique de la raison pure se charge de répondre à la question « Que puis-je savoir ? » et examine, ce faisant, les prétentions de la métaphysique dogmatique à connaître ce qui est simplement représenté par des idées ; la Critique de la raison pratique répond à la question : « Que dois-je faire ? » et traite de l’action en réévaluant le rôle déterminant de la raison pure dans la détermination de l’agent ; enfin, la question « Que m’est-il permis d’espérer ? » ouvre le champ d’investigation de la troisième Critique et de La Religion dans les limites de la simple raison (1793). (Voir KrV A 805). La diversité des questions, théorique, pratique, réflexive, ne doit pas oblitérer l’unité « critique » de la démarche. Et cette unité Kant y tient bien au-delà de ce qu’il peut en dire dans sa Correspondance, aussi donne-t-il pour synthèse aux trois questions rectrices de ses trois 4 Critiques une question ultime qui est : « Qu’est-ce que l’homme ? » (Logique, AK IX, 25). Cette synthèse en forme de question intéressant l’homme lui-même signifie assez clairement que la réforme « critique » de la métaphysique va sortir des joutes internes à l’histoire philosophique et excéder les enjeux « scolastiques » pour ouvrir la philosophie à sa conception « cosmique » : que la philosophie, loin d’être le privilège de l’aristocratie savante des Ecoles, concerne l’homme au premier chef et est de nature morale sont les lignes d’horizon, qui circonscrivent le sens du bouleversement produit par Kant. La philosophie n’est pas une sorte de joute intellectuelle où l’on peut tout dire et tout réfuter sans qu’aucun enjeu n’en résulte. La philosophie kantienne se conçoit comme engagée dans des questions qui impliquent la destinée de l’homme. Foucault a justement souligné, dans son cours du 5 janvier 1983 au Collège de France – « Qu’est-ce que les Lumières ? » 1, le fait nouveau : le kantisme est une philosophie impliqué dans son temps, une philosophie qui nourrit l’ambition de participer activement à la propagation des Lumières et, par suite, d’être suffisamment immergée dans son époque et suffisamment indépendante d’elle pour faire de son propre pouvoir de réflexion une puissance d’émancipation et de transformation de l’homme. I -Pourquoi Kant a-t-il nommé « critique » chacun des trois livres constituant son grand œuvre philosophique ? Le mot « critique » n’est pas à entendre au sens courant et moderne d’un constat d’imperfection, d’un bilan d’erreurs ou d’une récusation. Le mot doit être référé à son sens premier grec, qui signifie isoler, séparer, discriminer, passer au crible : krinein pour le verbe et krisis pour le substantif. Cette signification s’impose dès la deuxième moitié du XVIIIè siècle, dans toutes les discussions sur l’art, sur la production d’œuvres artistiques et sur le rapport du spectateur à ces œuvres. « Critique » s’entend donc comme fixation de règles du jugement et la tâche critique consiste à légiférer sur le particulier, c’est-à-dire à dégager des règles universelles à partir de productions particulières. Kant reçoit cette signification uploads/Philosophie/ crp-cohen-halimi-2007-2008.pdf
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- Publié le Mar 05, 2021
- Catégorie Philosophy / Philo...
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