Gaston Bachelard (1950) La dialectique de la durée 9 sommes aperçu que ces phén

Gaston Bachelard (1950) La dialectique de la durée 9 sommes aperçu que ces phénomènes ne duraient pas tous de la même façon et que la conception d'un temps unique, emportant sans retour notre âme avec les choses, ne pouvait correspondre qu'à une vue d'en- semble [vii] qui résume bien mal la diversité temporelle des phéno- mènes. Un botaniste qui bornerait sa science à dire que toutes les fleurs se fanent serait le digne émule du philosophe qui fonde sa doc- trine en répétant : tout s'écoule et le temps fuit. Nous avons vu bien vite qu'il n'y a nul synchronisme entre cet écoulement des choses et la fuite abstraite du temps et qu'il fallait étudier les phénomènes tempo- rels chacun sur un rythme approprié, à un point de vue particulier. Examinée dans sa contexture, sur n'importe lequel de ses plans et à la condition de s'astreindre à rester sur un même plan d'examen, nous avons vu la phénoménologie comporter toujours une dualité des évé- nements et des intervalles. Bref, prise dans le détail de son cours, nous avons toujours vu une durée précise et concrète fourmiller de lacunes. Établir métaphysiquement - contre la thèse bergsonienne de la continuité - l'existence de ces lacunes dans la durée devait être notre première tâche. Il nous a donc fallu commencer par discuter la fameu- se dissertation bergsonienne sur l'idée de néant et entreprendre de ra- mener l'équilibre entre le passage de l'être au néant et du néant à l'être. Cette base était indispensable pour fonder l'alternative du repos et de l'action. À notre avis, ce débat n'est pas vain, car en s'appuyant sur une conception dialectique de la durée, on facilite, comme nous avons en- trepris de le montrer dans une suite de chapitres, la solution des pro- blèmes posés par la causalité psychologique, ou, pour parler plus exactement, par les causalités psychologiques. En examinant, feuillet par feuillet, les divers plans d'enchaînement du psychisme, on aperçoit les discontinuités de la production psychique. S'il y a continuité, elle n'est jamais dans le plan où l'on exerce un examen particulier. Par exemple, la « continuité » dans l'efficacité des motifs intellectuels ne réside pas dans le plan intellectuel ; on la suppose dans les plans des passions, des instincts, des intérêts. Les concaténations psychiques [viii] sont donc souvent des hypothèses. Bref, à notre avis, la continui- té psychique pose un problème et il nous semble impossible qu'on ne reconnaisse pas la nécessité de fonder la vie complexe sur une plurali- té de durées qui n'ont ni le môme rythme, ni la même solidité d'en- chaînement, ni la môme puissance de continu. uploads/Philosophie/ dialectique-duree-9-9.pdf

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