Jean-Jacques Rousseau . Rousseau est un collaborateur de l’Encyclopédie et un p
Jean-Jacques Rousseau . Rousseau est un collaborateur de l’Encyclopédie et un philosophe majeur des Lumières françaises. Sa pensée embrasse des domaines variés : critique sociale, théorie politique, morale, théologie, autobiographie ; elle s’exprime dans de nombreux genres : discours, roman, théâtre, traité philosophique, confessions, sans oublier la composition musicale. La réflexion sur la liberté constitue l’unité de cette œuvre singulière et complexe : liberté originelle de l’homme à l’état de nature, liberté du solitaire abîmé dans la rêverie, liberté politique fondée sur le contrat. Quel que soit l’aspect considéré, il s’agit toujours de mettre au jour la liberté, de lutter contre ce qui en nie l’existence et en empêche la compréhension. Rousseau a montré le lien étroit qui unit égalité et liberté. Il est, par sa sensibilité vive, son amour de la solitude et de la nature, un précurseur du romantisme ; il est aussi un remarquable théoricien de la république. Rousseau demeure toutefois une figure singulière et paradoxale. Philosophe des Lumières, il est incompris de ses pairs et hostile à des thématiques centrales à son époque. Il s’oppose à l’idée de progrès, méprise l’histoire, condamne le cosmopolitisme. Sa pensée présente elle-même de nombreux paradoxes : éloge de la solitude et du sens civique, éloge de la nature originelle et des vertus civilisatrices de la société du contrat. Famille Jean-Jacques Rousseau est né le 28 juin 1712 à Genève, petite république indépendante ; sa mère, fille d'un pasteur protestant, meurt à sa naissance ; son père est maître horloger. Formation Il ne reçoit pas d'« éducation » à proprement parler ; c'est en autodidacte qu’il acquiert au fil des ans une très vaste culture. Début de carrière À trente ans, il s’installe à Paris, où il mène de front ses activités de musicien (composition, participation à l'actualité musicale et à ses querelles) et ses activités de philosophe (rédaction d'articles pour l'Encyclopédie). Premier succès En 1750, le Discours sur les sciences et les arts connaît un succès éclatant et met son auteur à la mode ; en 1755, il publie le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes. Tournant de sa carrière Alors qu'il est admiré et reconnu, il s'isole, se brouille avec ses amis philosophes et quitte Paris pour la campagne ; c’est dans cette retraite qu’il rédige trois œuvres majeures : Julie ou la Nouvelle Héloïse (1761), Du contrat social (1762) et Émile ou De l’éducation (id.). Ces deux derniers ouvrages sont condamnés, au moment de leur parution, par le Parlement de Paris qui leur reproche des thèses outrageantes et en rupture avec l'époque ; un mandat d'arrêt est lancé contre Rousseau, qui est obligé de quitter la France durant plusieurs années. Dernière partie de sa carrière Rousseau, qui souffre d'un délire de persécution, consacre ses trois dernières œuvres à l'introspection et à l'écriture de soi : les Confessions (1765-1770), les Dialogues ou Rousseau juge de Jean-Jacques (1772-1776) et les Rêveries du promeneur solitaire (1776-1778). Il meurt le 2 juillet 1778 à Ermenonville, au nord de Paris ; l'île des Peupliers, où il est inhumé, devient un lieu de culte. Ses cendres sont transférées au Panthéon en 1794. 1. La vie de Jean-Jacques Rousseau 1.1. Une enfance tourmentée, une jeunesse errante (1712-1737) C'est à Genève, république calviniste indépendante et austère, que Jean-Jacques Rousseau vient au monde. Il est né sous le signe de la musique et du rythme par son père Isaac, horloger, violoniste et maître de danse, et sous celui de la sensibilité et du tragique par sa mère, Suzanne, qui meurt en le mettant au monde. Jean-Jacques enfant seconde son père dans le culte qu'il voue à la défunte ; avec lui, aussi, il fait l'apprentissage de la lecture, dans des romans surtout, jusqu'à ce qu'Isaac soit contraint de quitter Genève, sans pouvoir emmener son fils : le monde préservé s'effondre. Élevé dès l'âge de dix ans auprès du ministre du culte Lambercier, il apprend l'injustice des punitions non méritées ; en étudiant chez un huissier, à douze ans, il sait qu'il ne sera pas clerc ; en apprentissage chez un graveur, il s'échappe à quinze ans pour une première errance. Décidé à se convertir à la religion catholique, il est recommandé à Annecy auprès de Mme de Warens : il l'appellera « maman ». Cette jeune femme l'envoie très vite à l'hospice des catéchumènes de Turin pour y être baptisé. Après avoir été, sans succès, secrétaire de quelques dames de la ville italienne, il repart sur les routes, enfin hors de la ville, en rupture. Encore un essai avorté, le séminaire, qu'il abandonne, et une passion qui le tient : la musique. Il ne restera pas non plus à la maîtrise de la cathédrale d'Annecy, mais continuera à chanter et à composer. Nouvelles routes, nouveaux voyages, en 1730-1731, pour enfin rejoindre Paris, en être infiniment déçu (on ne lui propose qu'une place de valet), et revenir auprès de « maman », près de Chambéry, qui l'accueille dans son cénacle, en 1733. De pseudo-mère elle devient maîtresse, pour quatre années : en 1737, elle délaisse Jean-Jacques pour un autre, tout en lui laissant sa propriété, les Charmettes, avec sa bibliothèque. 1.2. Fréquentation des milieux intellectuels et premiers succès (1737-1750) Solitude, lectures de toutes sortes : philosophie, romans – l'Astrée (1607-1628) d’Honoré d’Urfé –, traités de mathématiques, le jeune homme dévore les ouvrages. Installé pour un an à Lyon, il devient précepteur, se voit congédié, mais écrit un premier brouillon de l'Émile : théorie et pratique ne coïncident pas toujours. Nouvelle solitude aux Charmettes, nouveaux essais – des épîtres, un opéra, l'élaboration d'un nouveau système de notation musicale –, avant de repartir pour Paris dans l'espoir d'y être reconnu. Entre Fontenelle pour les leçons morales, Marivaux pour corriger les projets d'opéras, Rameau pour les conseils en théorie musicale, Rousseau côtoie très vite le Paris des Lumières. Plus proche de Diderot, de d'Alembert et de Condillac, il participe à la lutte philosophique et à l'élaboration de l'Encyclopédie, travaille comme secrétaire et documentaliste, s'initie à la chimie, paraît dans quelques fêtes. Dès 1747, Diderot lui confie la rédaction des articles de l'Encyclopédie concernant la musique, et, en 1749, Rousseau s'engage résolument aux côtés de son ami emprisonné à Vincennes dans son combat contre les faux pouvoirs. C'est à cette époque qu'il apprend que l'académie de Dijon propose, pour le prix de l'année 1750, de déterminer si le progrès des arts a contribué à corrompre ou à épurer les mœurs. « À l'instant de cette lecture, affirmera-t-il dans les Confessions, je vis un autre univers et je devins un autre homme. » Il se hâte de rédiger, dans son Discours sur les sciences et les arts, un réquisitoire vibrant contre l'Histoire, qui, dans son cours implacable, rejette le monde de la pauvreté et cache les scandaleux privilèges des puissants sous le masque des arts et des sciences. Rousseau reçoit le prix, est imprimé, beaucoup lu : il accède enfin à la gloire. Il se lie à une servante de vingt-trois ans, de dix ans sa cadette, Thérèse Levasseur, qui lui donnera cinq enfants qu’ils abandonneront à l’assistance publique. 1.3. Incompréhensions et différends (1750-1762) Malade, Rousseau se veut solitaire, quitte ses protecteurs, se fait copiste de musique et compose en quelques jours un opéra, le Devin du village (1752), chantant l'impossible amour dans le mensonge des villes. Le public, qui n’avait pas apprécié son premier opéra joué la même année, Narcisse ou l'Amant de lui-même, est enthousiaste, et Rousseau s'en inquiète. En 1755, son Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, en réponse au nouveau concours de Dijon, lui permet d'aller encore plus loin : la différence naturelle des hommes n'explique en rien leur inégalité sociale, c'est l'Histoire qui les rend inégaux, non leur nature. Le « citoyen de Genève », comme il aime signer, retourne alors en son pays, abjure le catholicisme pour revenir à l'austérité calviniste, mais il rejoint Paris en 1754 pour y faire publier son Discours. Voltaire, déjà attaqué en 1750, et lui aussi citoyen genevois, le moque méchamment, le traite de cynique, de misanthrope, et dénonce son orgueil. Souvent terrifiés par son radicalisme philosophique, généralement désespérés de son concubinage avec Thérèse (qu'il n'épousera que le 30 août 1762, un mois après la mort de Mme de Warens), toujours choqués par son intransigeance, ses amis s'éloignent, et Jean-Jacques s'enferme de plus en plus dans sa solitude hautaine. Rousseau quitte Paris pour méditer à la campagne, non loin de Montmorency, à l'Ermitage de Mme d'Épinay. En 1757, il se fâche avec Diderot, qui, dans le Fils naturel, stigmatise les ermites et affirme que « l'homme de bien est dans la société ». La même année, il vit un amour malheureux et terrible avec Mme d'Houdetot (que l'on dira être le modèle de la Julie de la Nouvelle Héloïse), s'incline finalement devant la passion de son ami Saint-Lambert pour la jeune femme, défraie la chronique et quitte l'Ermitage pour s'installer dans les environs, à Montlouis, dans une maison en ruine, avec Thérèse. uploads/Philosophie/ encyclopedie-jean-jacques-rousseau.pdf
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- Publié le Nov 04, 2021
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