Du même auteur dans la même collection PLANS DE PHILOSOPHIE GÉNÉRALE. LA PHILOS

Du même auteur dans la même collection PLANS DE PHILOSOPHIE GÉNÉRALE. LA PHILOSOPHIE DES SCIENCES. LEÇONS SUR SPINOZA. LEÇONS SUR DESCARTES. Voir la liste des ouvrages de Ferdinand Alquié (infra, page 283). Ferdinand Alquié LECONS SUR KANT La morale de Kant La Table Ronde 14, rue Séguier, Paris 6e Hormis le titre et quelques corrections typographiques, Leçons sur Kant est conforme au polycopié du Centre de Documentation Universitaire (Les Cours de la Sorbonne). Le cours que ce Centre publia en 1957 le présentait par l’avertissement suivant : « Note préliminaire. Le cours de M. Ferdinand Alquié, pris en sténotypie, est ici présenté tel qu’il a été prononcé à la Sorbonne. L’auteur en a vérifié l’exactitude. Il n’en a pas corrigé les répétitions, et les négligences propres au style parlé. Il s’en excuse. Mais de telles corrections auraient transformé ce cours en un livre. Ce sont des leçons effectivement professées, dont on a voulu respecter le caractère oral. » Sommaire PREMIÈRE LEÇON La formation de la morale de Kant : du sentiment moral à la raison pratique………………………………………11 DEUXIÈME LEÇON La doctrine kantienne de la bonne volonté………………37 TROISIÈME LEÇON Les impératifs et le concept d’impératif catégorique………69 QUATRIÈME LEÇON Du concept à la formule de l’impératif catégorique………97 CINQUIÈME LEÇON De la loi morale aux fins en soi et à l’autonomie de la volonté …………………………………………………127 SIXIÈME LEÇON De l’autonomie de la volonté à la liberté…………………159 SEPTIÈME LEÇON La doctrine de la liberté dans la « Critique de la raison pratique »………………………………………………189 HUITIÈME LEÇON L’objet et le mobile de la raison pure pratique…………221 NEUVIÈME LEÇON Le souverain bien et les postulats de la raison pratique……251 PREMIÈRE LEÇON La formation de la morale de Kant : du sentiment moral à la raison pratique Cette première leçon portera sur la formation de la morale de Kant, depuis les tout premiers écrits jusqu’aux Fondements de la métaphysique des mœurs. Je dirai également, en sa fin, quelques mots sur le célèbre problème des rapports entre les deux grandes Critiques de Kant : la Critique de la raison pure et la Critique de la raison pratique. Sur l’évolution de la pensée morale de Kant, je serai donc très bref, puisqu’il n’en sera question que pendant une leçon. Je compte, en effet, étudier avant tout, dans ce cours, la morale de Kant telle qu’elle s’est constituée après 1781, c’est-à-dire après la Critique de la raison pure. Et c’est pourquoi nous retrouverons très vite, et dès aujourd’hui, le problème classique des rapports entre la Critique de la raison pure et la Critique de la raison pratique. Vous savez comment, de façon générale, peut se formuler ce problème. La Critique de la raison pure semble avoir pour but de ruiner toute idée métaphysique : elle montre que la connaissance de l’homme se borne au monde des phénomènes. La Critique de la raison pratique, au contraire, à bien des égards, revient à des affirmations métaphysiques. Sa clef de voûte, en tout cas, est la liberté, et l’ouvrage se présente comme une doctrine de la liberté. Notre étude portera donc avant tout, dans l’histoire du kantisme, sur l’époque où s’instaurent les rapports entre les deux grandes Critiques, c’est-à-dire sur la période qui s’étend de 1781 à 1788. C’est durant cette période, en 1785, que paraissent les Fondements de la métaphysique des mœurs. Et c’est essentiellement de ces deux ouvrages, les Fondements de la métaphysique des mœurs, et la Critique de la raison pratique, que nous nous entretiendrons dans ce cours. Mes leçons seront leur explication et leur commentaire. * * * Il ne faudrait pas croire pour autant (et l’objet de cette première leçon est de préciser ce point) que la morale de Kant ait été tout entière conçue, forgée, élaborée, après la rédaction de la Critique de la raison pure. Certes, la vraie doctrine morale de Kant est d’élaboration tardive. Mais il est intéressant de noter que beaucoup des idées de Kant, beaucoup des idées qui seront systématisées dans cette morale, sont déjà indiquées par Kant, bien avant elle, et lui préexistent de beaucoup. Tant il est vrai que le système ne saurait rendre compte des idées qu’il contient. On trouve des textes kantiens relatifs à la morale dès les feuilles détachées de 1753, qui furent publiées plus tard, avec bien d’autres, par Reicke sous le titre de Lose Blätter aus Kants Nachlass. Ces feuillets de 1753 nous apprennent que, dès cette date, Kant a tendance à nier toute commune mesure entre la vertu et les autres biens, ce qui, vous le voyez si vous possédez quelque lumière sur la morale de Kant, annonce déjà sa doctrine de la bonne volonté, comme seul élément purement moral. Dater cette idée est important, parce qu’on peut en conclure qu’en morale Kant s’est très tôt opposé à Leibniz qui, nous le savons, a été, par l’intermédiaire de Wolff et de Knutzen, son premier véritable maître. En effet, Leibniz avait, sur le problème moral, pris une position très nette, que l’on trouvera exprimée, par exemple, dans ses polémiques avec Bayle. Leibniz affirme la supériorité de la morale rationnelle, et rationnelle au sens théorique d’une morale dérivant de la connaissance, et des lumières de la science, sur la pure rectitude formelle du vouloir. Et il professe également, contrairement à ce que fait Kant dès 1753, que la vertu n’est pas le seul bien. Cette opposition même constitue un des problèmes sur lesquels Kant exercera sa réflexion. Formulons ce problème : pour être moral, faut-il avant tout connaître, et connaître le plus grand nombre possible de choses, de vérités, de faits ? Faut-il savoir comparer, et prévoir l’avenir ? Il semble que oui, puisque, quelle que soit l’action que je me propose d’accomplir, il faudrait, pour me décider à bon escient, que je connaisse toutes les conséquences possibles de cette action. Par conséquent, pour être pleinement moral, il faudrait connaître d’une manière scientifique le cours général des choses, la totalité du monde et de l’histoire. Or cela est absolument impossible, on le comprend aisément. Et c’est pourquoi on peut penser, et c’est l’avis de Leibniz, que Dieu seul, qui connaît tout, peut être pleinement moral. Quant aux hommes, plus ils connaîtront, plus ils s’élèveront vers la morale vraie. Leur moralité dépendra du degré de leur connaissance. On peut penser, au contraire, que la connaissance de l’homme étant radicalement limitée, l’idéal d’une morale qui serait fondée sur la connaissance totale est vain, et d’avance frappé de nullité. En ce cas, c’est dans la seule bonne volonté, comme le dira Kant par la suite, c’est dans la rectitude du vouloir que la vertu consistera. Or il est nécessaire de remarquer que, dès 1753, c’est-à-dire à une époque où aucun des fondements philosophiques de sa morale n’était encore établi, Kant a déjà pris parti là-dessus, et cela sans doute sous l’influence de son éducation piétiste. Pour lui, la moralité consiste dans la rectitude de la volonté. On a cent fois noté l’influence, sur la morale de Kant, de cette éducation piétiste, qui a si fortement marqué son enfance, et qui fut surtout le fait de sa mère. Pour dire un mot de cette question, sur laquelle je ne m’étendrai pas, je vous rappelle que l’essentiel de la doctrine piétiste est que la religion et la morale ont leur source, non dans l’entendement, mais dans le pur vouloir. Spener, qui fut le promoteur du piétisme, y insiste. Et il déclare aussi que l’action morale doit être préférée aux discussions théoriques. Kant suivra Spener sur ce point. Et il retiendra encore du piétisme sa conception rigide de la loi, sa conception tragique du mal qu’il faut vaincre. Mais Kant ne sera jamais tout à fait fidèle à cette première influence. Car le piétisme attribue à la seule grâce, c’est-à-dire à l’action directe de Dieu, ce qui nous permet de vaincre notre nature. Kant attribuera à la raison ce que le piétisme attribuait à la grâce. Le piétisme, notera Kant, a cru à tort « que ce qui est suprasensible est supranaturel ». Voilà une phrase qui situe très clairement Kant par rapport au piétisme. Le piétisme a cru que ce qui est suprasensible, c’est-à-dire ce qui, en nous, s’oppose aux désirs sensibles, et au monde de nos tendances, est nécessairement supranaturel. Or il y a en nous un suprasensible qui n’est pas supranaturel, c’est notre raison elle-même. En 1759, pourtant, Kant semble avoir changé d’avis, et s’être rangé du côté de Leibniz. Dans son Essai de quelques considérations sur l’optimisme, Versuch einiger Betrachtungen über den Optimismus, il nous engage, pour juger du bien et du mal, à nous défier du point de vue limité du jugement humain, et il nous demande, comme Leibniz, de nous placer au point de vue du tout. Il déclare que nous ne devons pas nous révolter contre l’ordre du monde, étant donné que notre vision est extrêmement étroite, et que ce n’est que du point de vue du tout qu’on pourrait vraiment comprendre le sens de ce qui nous apparaît d’abord comme catastrophe et comme injustice. Mais cela ne dure uploads/Philosophie/ ferdinand-alquie-le-ons-sur-kant-z-lib-org-epub-pdf.pdf

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