ABELARD - HELOISE, ECOLOGIE D’AMOUR Ce qui suit est une somme philosophique. He

ABELARD - HELOISE, ECOLOGIE D’AMOUR Ce qui suit est une somme philosophique. Hep! Vous sauvez pas. Justement, c'est pour vous expliquer, vous inciter, vous débaucher en quelque sorte : histoire de sortir de nos ornières. C'est la première fois que Charles Reymondon écrit dans Sexpol, mais il y est en réalité un habitué de longue date non seulement par la lecture soutenue qu'il en fait, mais par l'échange qui s'opère entre l'agence Inter-Presse-Mutation et nous. Certains se souviendront aussi de la chronique religieuse et philosophique qu'il a tenue huit ans dans Combat sous le pseudonyme de Baruch. Son texte pourra paraître difficile à première vue car il commande plusieurs approches, de plus en plus serrées jusqu'à l'atterrissage "en catastrophe" qui fait voler en éclats les plus vieux clichés socio-culturels. Ce n'est pas une "tribune libre" mais une chaire de liberté. L'éCOLOGIE, finalement, on n'en a pas grand chose à faire. Car c'est de l'Ecologie qu'on aurait besoin, et heureusement, elle n'existe pas encore. Quand elle va nous arriver - l'Académie des Sciences de l'U.R.S.S. ne sera pas en retard sur les universités américaines pour nous la fournir -, tout deviendra encore moins drôle. La merde humaine universelle va nous monter, alors, de la pomme d'Adam jusqu'à l'occiput. La sagesse est de nager, dès maintenant, vers un Rocher qu'elle ne puisse atteindre. Parmi les gueulantes de Jacques Brel, une qu'on a eu tort de juger mineure, en son temps : "Salut à toi Dame Bêtise, toi dont le règne est inconnuu, u, u! Salut à toi Dame Bêtise! Mais... dis-moi : Comment fais-tu ? ". Quand, produit de consommation courante, pour nos sociétés culturellement développées, la Science universelle de la Maison cosmique - c'est cela l'Eco-logie - va envahir le Marché, alors se réalisera la phrase de l'Apocalypse : "Par ses manoeuvres, tous, petits et grands, riches ou pauvres, libres ou esclaves, se feront marquer sur la main droite ou sur le front, et nul ne pourra plus acheter ni vendre s’il n’est marqué au nom de la Bête ou au chiffre de son nom" (1). Les ecclésiastiques se trompent, qu'ils soient pour Mgr Lefebvre ou pour le pape Montini : le plus grand danger qui guette l'espèce humaine d'ici l'an 2000, ce n'est pas l'athéisme, c'est la Nouvelle Religion (l'Ecologie scientifique marchande). Lucides, nos amis de la Gueule Ouverte, qui ont consacré, cet été, peu avant Malville, une page entière au phénomène : "Le retour du religieux" (2). Einstein l'avait dit : "La question de DIEU sera la plus grande question de la fin du XXe siècle". Il n'a pas dit : la plus grande réponse. Car ce n'est pas l'Ecologie scientifique marchande qui pourra donner la réponse, avec sa théologie de la volonté de puissance. De son dieu ARGENT, libéral ou socialisé. Le Moyen Age, bien plus vivant, bien moins sot que nous sur maintes choses - "Nous l'allons montrer tout-à-l'heure" aurait dit le vieux La Fontaine, qui en sortait tout justement et le savait encore -, avait bien remarqué quelle était la plus mauvaise chose du monde : "Corruptio melioris pessima". La pollution extrême, c'est quand le meilleur se corrompt. L'Argent était déjà scientifique ("L’Economie politique impose, monsieur le Premier ministre... "). Maintenant qu'il va devenir théologique, c'est le signe que nous sommes foutus. On criera alors "Sauve-qui-peut" ; mais juste un peu trop tard. quitter Paris ? La Gueule Ouverte, "journal (sans argent) d'Ecologie politique", où le grand "E" est modeste, a fui "la capitale mondiale de l'intelligence", comme disent de Paris les intellectuels du Brésil, admirateurs bien plus que nous de notre grand Auguste Comte. Car Paris, il faut hélas le constater depuis environ l'an l120, castration sexo-politique de son créateur Pierre Abélard, a toujours eu ce trait particulier : être toujours un petit peu en retard, pas trop, sur la signification des grands événements qui surgissent ailleurs sur le globe. Par exemple, la légèreté de Paris considère encore comme fait divers que Mao soit mort en faisant déclarer aux 800 millions d'hommes de son peuple neuf, l'autre grande nation de l'an 2000 avec le Brésil et sa religion comtienne de la déesse Humanité : "Je vais voir DIEU". Comment Paris peut-elle n'avoir pas encore pris connaissance de ce renversement pyramidal de l'Idéologie, dans le matérialisme dialectique historique ? Il est vrai qu'elle n'a pas encore eu le temps de beaucoup méditer "Le principe Espérance", somme théologique de la pensée du grand prophète mondial du marxisme contemporain, l'Allemand Ernst Bloch, que Gallimard a pu nous offrir seulement l'an dernier, à nous qui ignorons les langues étrangères. Depuis la castration d'Abélard, aucun fait important pour tout le genre humain n'a pu naître d'abord à Paris, bien sûr (il est quelquefois né de la Province française). Mais, dans les moments où Paris n'est pas trop bête, les faits importants y sont assez vite repris, relancés de là sur la terre entière. Paris, comme une femme intelligente, s'assimile tout. Ainsi, de 1789, de 1936, de mai 68. Mais l'Amérique avait commencé. Puis la Russie, l'Espagne avaient commencé. Puis Berlin, Varsovie, Prague, Le Caire avaient commencé. Paris s'assimile tout : le meilleur et le pire. Elle a pris le jacobinisme. Elle a pris le bolchévisme. Elle a pris "la maladie infantile du Parti communiste", le gauchisme. Elle prendra bien encore la Nouvelle Religion : l'Ecologie (marchande). Abélard et Héloïse Nos amis de La Gueule Ouverte ont fui Paris. Curieusement, ils ont suivi en cela l'exemple, et la piste, du créateur même de l'intelligence parisienne, et de la Ville : Pierre Abélard. Car c'est Abélard, et personne d'autre, qui a déterminé, au cours des vingt premières années du XIIe siècle, le premier développement de Paris à partir de la Cité, quand il s'est mis à enseigner l'Europe entière sur le terrain de Notre-Dame, pas encore sortie du sol ; c'est lui qui a fait ainsi tout le peuplement international étudiant de la rive gauche et la construction très rapide du Quartier Latin, puis l'établissement des Halles pour 900 ans sur la rive droite, "la circulation étant devenue impossible dans Paris". La rédaction de la G.O. et de sa nouvelle agence de presse Ecopole - ne pas confondre avec Sexpol, mais ce n'est peut-être qu'une nuance - est désormais installée dans la jolie petite ville de Saône-et- Loire, La Clayette (prononcer la Clète), au bord de son lac propre, face à son petit château. Ce n'est guère qu'à dix lieues de Cluny, ce centre absolu de la bonne écologie médiévale, et de la culture pour toute l'Europe, et de la politique des libertés. C'est Cluny, le refuge d'Abélard persécuté, qui, cent ans avant qu'il y vienne, avait eu la première au monde ce coup de génie politique : "La Commune". Mais c'est Abélard - avec son Héloïse - qui avait lancé ensuite, sur toute l'Europe et d'un seul coup, "La Révolution communale". D'abord quelques mois à partir de Laon, la vieille capitale de la France, en 1112-13 (Beauvais, quelques années avant, n'avait pas fait une révolution, mais une simple révolte, sans intelligence) ; puis de Paris, qu'il obligeait le Capétien, protecteur des Communes contre les seigneurs et les évêques, à habiter. Abélard, avec son Héloïse, avait fait la Révolution communale "la rose au poing", et en musique. Trouvères et troubadours, l'agence de presse de l'époque, colportaient l'information : entre toutes les nouvelles Communes, la communication des libertés. Et comtesses en donjons, bergères en chaumières, chantaient dans leurs diverses langues, jusqu'au fond de la Germanie, au bout de l'Italie, au coeur de l'Hispanie, la jalousie qu'elles avaient d'Héloïse : de sa beauté, bien sûr, mais de sa science, surtout. Science populaire d'ailleurs, et exprimée, selon les gens, dans le langage le plus simple ou, s'il le fallait, très spécialisé. L'un des meilleurs cerveaux féminins de tous les temps, fait incontesté par l'histoire : mathématicienne, grammairienne, philosophe ; la première fille étudiante de toute l'Europe, assez déterminée, à dix-huit ans, pour oser prendre la liberté qu'une femme soit intelligente. Seule fille, parmi les milliers d'étudiants de maître Pierre, elle lisait plus vite que lui le grec et l'hébreu, en plus du latin. C'est elle qui lui avait apporté, tirés des manuscrits secrets du couvent d'Argenteuil - probablement le harem religieux de Charlemagne, l'inventeur de l'école, quatre cents ans avant - toutes les formules, équations politiques, etc., d'Ecologie totale, transmis des sciences antiques par les Arabes, déjà. Etude, école, écologie, ça va ensemble. Et le grand Pierre le Vénérable, abbé de Cluny et "pape noir" de l'Europe, avec trois mille monastères bénédictins sous ses ordres, celui qui, à la mort d'Abélard, a pourtant dû se cacher de la Répression pour rapporter de Châlon le corps d'Abélard à Héloïse, avec la fameuse phrase : "Je viens vous rendre l'homme qui vous appartient" - cela dans le campus étudiant, qu'exilée elle avait organisé dans un champ marécageux planté de cabanes, sur les bords de l'Ardusson, quelques kilomètres au sud de Nogent-sur-Seine -, Pierre le Vénérable, du même âge qu'Héloïse, avait entendu parler de ses exceptionnelles méthodes d'animation uploads/Philosophie/ sexpol16txt-copie.pdf

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