GEORGES BATAILLE CEuvres completes I Premiers Ecrits 1922- 1940 HISTOIRE DE L'C

GEORGES BATAILLE CEuvres completes I Premiers Ecrits 1922- 1940 HISTOIRE DE L'CEIL L' ANUS SOLAIRE - SACRIFICES ARTICLES Presentation de Michel FouCault ~ GALLIMARD 6\\\/\ p~ ~bD.? At5'\ \~/O "t. , c. <- o j.-j. Pauven, POUT' HistoiTe de l'tEil I. e Editions Galli11lQTd, 1970, POUT le Teste du volume. Presentation On Ie sait aujourd'hui : Bataille est un des ecrivains ItS plus importants de son siecle. L'Histoire de l'ceil, Madame Edwarda ont rompu le fil des redts pour raconter ce qui ne l'avait jamais et!; la Somme atheologique a fait entrer la pensee dans le jeu - dans le jeu risque - de la limite, del'extrime, du sommet, du transgressif; L'Erotisme nous a rendu Sade plus proche et plus dijJicile. Nous devons a Bataille une grande part du moment OU nous sommes; mais ce qui reste afaire, a penser et a dire, cela sans doute lui est du encore, et le sera longtemps. Son rzuvre grandira. Du moins, faut-il qu'elle soit la, rassembUe, eile que l'occasion, le risque, l'aUa, la necessite, la pure depense aussi ont·dis: persee et rendue aujourd'hui si dijJidle d'acces. Void donc les <Euvres completes de Bataille. Cette edition regroupe, avec les livres et les articles deja publits, l'ensemble des papiers qui ont ete, chez lui, retrouves apres sa mort. Certains forment des textes complets, parvenus au presque a l'etat d'achevement, mais, pour diverses raisons demeures inUits. D'autres sont les versions non retenues, ou remises en chantier, des rzuvres· publiees : si elles en different de fa;on notable, on les presente intigralement; sinon, les variantes sont reportees en notes a la fin de chaque volume. n existait aussi une quantit! considerable de textes et de frag- ments jet!s sur des feuilles volantes ou parfois sur des carnets : on les a reproduits.tels quels, selon leur date presumee. Enfin, sur les exemplaires imprimis de ses fEuvres, Bataille a porte l .,..- Moi, j'existe, - suspendu dans un vide r~alis6 - sus- pendu a ma propre angoisse - diff6rent de tout autre etre et tel que les divers 6v6nements qui peuvent atteindre tout autre et no~ moi rejettent cruellement ce moi hors d'une existence totale. Mais, en meme temps, je considere ma venue au monde - qui a d6pendu de la naissance et de la conjonction de tel homme et de telle femme, puis du moment de cette conjonction - il existe en effet un moment unique en rapport avec la possibilit6 de moi - et ainsi apparaJt l'improbabilit6 infinie de cette venue au monde. Car si la plus infime diff6rence 6tait survenue au cours des 6v6ne- - ments successifs dont je suis un terme, a la place de ce moi int~gralement avide d'etre moi, il y aurait eu « un autre ». Le vide immense rblis~ est cette improbabilit~ infinie a travers laquelle se joue l'existence imperative que je suis, car une simple presence suspendue au-dessus d'une telle immensit6 est comparable a I'exercice d'un empire, comme si Ie vide lui-merne au milieu duquel je suis exigeait que je scis : moi et l'angoisse de ce moi.L'exigence imm~ate du neant impliquerait ainsi non: l'etre indifferenci6 mais l'im- probabilite douloureuse du moi unique. La connaissance empirique·de la communaut6 de struc- ture de ce moi avec Ies autres moi est devenue dans ce vide ou s'exerce mon empire un non-sens, car l'essence meme du moi que je suis consiste en ceci qu'aucune existence concevable ne peut Ie remplacer : l'improbabilite totale de T II Un choix entre des repmentations oppos~ devrait etre li~ a la solution inconcevable du problbne de ce qui exine : qrIexiste-~il en tant qu'existence profonde lib~ree des formes de l'apparence? Le plUS souvent la r~ponse hative et inconsi- daee est faite comme si la question qu'y a-~il tl'impiratij (queUe est la valeur morale) et non qu'existe-t-il avait ~t~ pos~e. Dans les autres cas - OU la philosophie est frustr~e .de son objet -la r~nse non moins hative n'est que 1'6u- sion parfaite et incompr~ensive (et non la destruction) du probleme : si la matiere est repr~ent~e comme existence profonde. .. Mais il est possible a partir de 130 d'apercevoir - dans les limites donn~, relativement claires, au-del3o desqueUes Ie doute lui-meme disparalt avec les autres possibili~ -:- que, la signification de tout jugement positif sur l'existence pro- fonde ne se distinguant pas d'un jugement de valeur fonda- mental, la pens~e ~te libre par contre de constituer Ie moi comme un fondement de toute valeur sans confondre ce moi (la valeur) avec l'existence profonde; et meIDe sans ma.venue au monde pose sur un mode impaatif une hetb rogeneit~ totale. A fortiori une repr~ntation historique de la formation dumoi (consida~1 comme partie de tout ce qui est objet de connaissance) et de ses modes impaatifs ou impersonnels se dissipe et ne laisse subsister que la violence et l'avidit~ de l'empire du moi sur Ie vide OU il est suspendu : a vo1ont~, jusque dans une prison, Ie moi que je suis r~alise tout ce qui l'a pr~~~ ou ce qui l'entoure, que cela existe comme vie ou 1:Omme etr~ simple, en tant que vide soumis ason empire anxieux. . Le fait de supposer l'existence d'un point de vue possible et meme n~essaire exigeant l'inexactitude d'une telle r~v~­ lation (cette supposition est impliqu~e par Ie recours a l'expression) n'infirm.e en rien la r~t~ imm~diatede l'exp~­ rience v~e par la pr~ence au monde impaative du moi : cette experience v~ue constitue egalement un point de vue inmtable, une direction de l'etre exigee par ravidit~ de son propre mouvement. 91 Sacrifices l'inscrire dans les cadres d'une r~alit~ manifeste mais d~robee a l'evidence. Le moi, tout autre, du fait de son improbabilite consti- tutive, a ~te rejete au cours de la recherche normale de It ce qui existe I, comme l'image arbitraire, mais eminente, de la non-existence : c'est en tant qu'illusion qu'il repond a. l'exigence extreme de lavie. En d'autres termes, Ie moi, comme une impasse hors de «.ce qui .existe II, dans laqueUe se trouvent r~unies sans autre issue toutes Ies valeurs extremes de la vie, bien qu'il soit constitu~ en presence de la realite, n'appartient en aucun sens a cette realite qu'il transcende et il lie neutralise (cesse d'etre tout autre) dans la mesure OU il cesse d'avoir conscience de. I'improbabilit~achevee de sa venue au monde et partant de son absence fondamentale de rapports avec ce monde (en tant qu'il est explicitement connu - repr6ent~ comine interdependance et succession chronologique d'objets - Ie monde, comme developpement integral de ce qui existe, doit en effet apparaitre necessaire ou probable). Dans un ordre arbitraire ou chaque element de la cons- cience de soi echappe au monde (absorbe dans la projection convulsive du moi), dans la mesure ou la philosophie renon- ~ntatout espoir de construction logique accede comme a. une fin a une representation de rapports definis comme impro- babIes (etqui ne sont que les moyens termes de l'improbabilite ultime), il est possible de representer ce moi en larmes ou· anxieux; il peut egalement etre rejete,dans Ie cas d'un choix erotique douloureux, vers unmoi autre que lui mais autre que tout autre et ainsi accroitre a perte de vue sa conscience douloureuse de l'echappee du moi hors du monde - mais c'est seulement a. la limite de la mort que se reveIe avec violence Ie dechirement qui constitue la nature meme du moi immensement libre et transcendant « ce qui existe I: Dans la venue de la mort apparait une structure du moi entierement diffaente du « moi abstrait I (decouvert, non par une reflexion active reagissant:l toute limite opposee, mais par une investigation logique se donnant a. l'avance la forme de son objet). Cette structure specifique du moi est egalement distincte des moments de l'existence person- nelle enfermes, en raison de l'activite pratique, et neutra- lises dans les apparences logiques de « ce qui existe I. Le moi (Eumes completes de G. Bataille 90 n'accede a. sa specificitc! et a. sa transeendance int~e . que· sous la forme du ([ moi qui meurt II. Mais cette r~eation du moi qui meurt n'est pas donnee chaque fois que la simple mort est revelee a. l'angoisse I. Ene suppose l'achevement imperatif et 1a souverainete de l'~ au moment OU celui-ci est projete dans Ie temps irree1 de la mort. Ene suppose l'exigence, en meme temps la defaillance· sans bomes de la vie imp&ative, consequence de la seduction pure et de la forme heroique du moi : eUe accede ainsi a. la subversion dechirante du dieu qui meurt. La mort du dieu se produit non comme l'alteration meta- physique (portant sur la commune mesure de l'~), mais comme l'absorption d'une vie avide de joie imperative dans l'animalite pesante de la mort '. Les aspects fangeux du corps dechire repondent de l'integralite du dego~t OU la vie s'affaisse 5. Dans cette reveation de 1a libre nature divine, 1a direction obstineede l'avidite de la vie ven la mort (teUe qu'eUe eSt donnee dans chaque forme de jeu ou de reve) n'apparait plus comme un besoin d'annulation, uploads/Philosophie/ georges-bataille-sacrifices.pdf

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