Hegel et Kierkegaard Author(s): Jean Wahl Source: Revue Philosophique de la Fra

Hegel et Kierkegaard Author(s): Jean Wahl Source: Revue Philosophique de la France et de l'Étranger , JUILLET A DÉCEMBRE 1931, T. 112 (JUILLET A DÉCEMBRE 1931), pp. 321-380 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: https://www.jstor.org/stable/41082890 JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at https://about.jstor.org/terms Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue Philosophique de la France et de l'Étranger This content downloaded from 193.55.96.20 on Mon, 08 May 2023 11:03:15 +00:00 All use subject to https://about.jstor.org/terms Hegel et Kierkegaard Nous étudierons dans cet article l'évolution de la pensée de Kierkegaard en face du hégélianisme, puis la façon dont il a exprimé son opposition à cette philosophie. Il nous restera à voir ensuite s'il en a conservé certains éléments, et nous nous poserons la question de savoir s'il n'y a pas certains aspects de la pensée de Hegel, particulièrement dans ses écrits de jeunesse, par lesquels elle aurait pu s'accorder avec celle de Kierkegaard, et si par delà le « Système », nous ne pouvons pas découvrir entre ces deux penseurs si opposés, des parentés. Le contraste entre le « Sys- tème » hégélien et « la pensée existentielle » de Kierkegaard ne nous en apparaîtra que mieux i. I. - Évolution de la pensée de Kierkegaard VIS-A-VIS DU HÉGÉLIANISME. 1. - Les premières réflexions du Journal* C'est par Heiberg que Kierkegaard fut initié au hégélianisme a. Il a été attiré d'abord par cette « connaissance totale » qu'avec la 1. Les œuvres de Kierkegaard sont citées d'après la traduction allemande de Schrempf. Pour le Journal, nous nous sommes reportés à la traduction Haecker. Nous avons utilisé également Der Begriff der Auserwählten, traduction Haocker. - Les rapports entre Hegel et Kierkegaard ont été étudiés par : Reuter, Kierkegaard's religionsphilosophische Gedanken in Verhältniss zur HegeVs Religionsphilosophischem System, 1914, et par Baeumler, Hegel und Kierkegaard, Deutsche Vierteljahrschrift für Literatur, Wissenshaft und Geistesgeschichte, 1924. Les ouvrages auxquels nous renvoyons en outre dans cet article sont : Hòffding, S. Kierkegaard als Philosoph 1892; Niedermeyerî S. Kierkegaard und die Romantik, 1910; Bohlin, S. Kierkegaard's Leben und Werden 1925; Gilg, Kierkegaard, 1926; Bohlin, Kierkegaard's dogmatische Anschauung in ihrem geschichtlichen Zusammenhang, 1927; Geismar, S. Kierkegaard, 1927 ; Vetter, Frömmigkeit als Leidenschaft, 1928 ; Diem, Philosophie und Christentum bei Kierkegaard, 1929; Ruttenbeck, S. Kierkegaard, 1929; E. Hirsch Kierkegaard Studien, 1930. 2. Et c'est Heiberg, en même temps que Martensen auquel il ¿'en prendra plus tard, quand il attaquera les hégéliens. Reuter, p. 69. Dans le manuscrit G. W., VII, 4, Anm, VI, p. 95, au lieu du terme hégélien, il y a : Martensen et Heiberg. 21 Vol. 112 This content downloaded from 193.55.96.20 on Mon, 08 May 2023 11:03:15 +00:00 All use subject to https://about.jstor.org/terms 32*2 REVUE PHILOSOPHIQUE jeunesse philosophique d'alors il trouvait dans la et Gœthe, pense-t-il, ont voulu restaurer le replaçant l'individu dans la totalité, culture ou Cependant très vite, la pensée de Kierkegaa vers la totalité pensée, mais vers l'individu e n'enseigne pas, il agit, il est (5 nov. 1834). A très bien Reuter (p. 13), le domaine éthico-relig ment pour lui dans le contenu de la personnalit sa vie individuelle. De même, il était frappé d'action individuelle dans la croyance. Un Dieu q et non le divin, un homme qui est un individu tel est le point de départ de la pensée de Kierke et 1840, entre le 19 juillet et le 6 août). Dès la fin de 1835, il avait opposé aux théo besoin d'appropriation subjective de la vérité cf. Hirsch, I, 24). Il s'agit pour lui de fonder de ses pensées sur quelque chose qui lui est p la plus profonde racine de son existence. « Ci faire abstraction de tout, mais non de moi-mêm dors, je ne puis nfoublier » (Pap. I, 93 A, 160, est forcément relation vivante avec moi (Pa 1840) et il y a une passion de pensée, un souffle il y a un souffle de la respiration (Pap. II, 25 quel est le rapport entre l'évolution de l'individ (25 sept. 1836) et quelle sera l'action de la thé la vie? « Ne doit-elle pas paralyser toute réal détruit la conviction, à coup sûr égoïste, ma relle et pleine d'enthousiasme que ce pour quoi o chose juste? Ou bien cette philosophie n'est-e passé?... Mais que vaut alors pour moi cett (Pap. I, 102 A, 205,11 juin 1836, cité Reuter, ,1837 : « Pour l'organisation systématique, 1. Cf. Guismnr, p. 28. - Geismar (p. 264) eile les sour puisé sa connaissance de la doctrine : Erdmann, Vorlesun Wissen; Murleuson, K. Nielsen, Heiberg (Conférences sur parues en 1831-32, Ueber die Bedeutung der Philosophie für die Adler, Die isolierte Subjektivität in ihren Haup lg estalten. Kie de la Philosophie, lu Phénoménologie, la Logique et V Encycl vent la Philosophie de la Religion. En 1836* Kierkegaard Jlegcl que de seconde main, Ci'. Hirsch, I, 14. This content downloaded from 193.55.96.20 on Mon, 08 May 2023 11:03:15 +00:00 All use subject to https://about.jstor.org/terms J. WAHL. - HEGEL ET KIERKEGAARD 323 hégélienne qui est supérieure, mais pour la vie, c'e romantique » (Pap. I, 308/10 cité Reuter, p. 17). Co connaissance abstraite pourrait-elle être complète A, 160, 1836). Aussi pense-t-il que ce processus de rum lequel le monisme hégélien transforme l'immédiat peut mener à rien (25 août 1836). Mais ce n'est pas seulement du point de vue de l individus qu'il critique te hégélianisme, c'est aussi vue des concepts, il est vrai, des concepts religieux fa vie et pour l'individu. « De quelle façon on l'a traité nisme... Chaque concept chrétien a été volatilisé, a été une mçr de nuages, à tel point qu'on ne peut plus le r Les philosophes ont trouvé bon de donner aux mots incarnation, tradition, inspiration qui, dans le domain doivent être ramenés à un fait historique déterminé, cation tout à fait générale. Et je n'ai pas encore parlé qui n'a pas été simplement comme les autres volati a été véritablement profané ; le concept de rédemption que des hommes fortement équipés apparaissent q reconquérir pour ces mots leur force et leur significat comme l'a fait Luther qui a reconquis pour son époque de croyance » (Pap. I, Mi/143, 1836/37 cf. 7 août 1839 thèse-antithèse-synthèse anéantit tous les points cédents, mais ne met rien à leur place, que ce mouvem par lequel chaque philosophe, tel Martensen, veut a que les autres (Pap. H. 41 A, 49, 1837). Les concepts chrétiens, Kierkegaard vient de nous le essentiellement liés à des faits. Maintenir leur existence irréduc- tible, c'est par là-même maintenir l'opposition entre la raison et le fait « Celui qui réfléchit sur l'histoire doit prendre garde de ne pas faire évanouir par ce maniement même cet élément historique sur lequel il réfléchit » (Pap. II, 20 A, 14, 1837 cité Reuter, p. 27). D'ailleurs la réflexion peut bien démontrer la nécessité d'une réalité historique donnée; elle ne peut démontrer cette réalité même (21 nov. 1837). Comme ii le dira un peu pkte tard, la pensée métaphysique ne pens« pas la réalité historique (4 juillet 1810). C'est au sujet du fait central de la religion, au sujei de Fincar- This content downloaded from 193.55.96.20 on Mon, 08 May 2023 11:03:15 +00:00 All use subject to https://about.jstor.org/terms 324 REVUE PHILOSOPHIQUE nation, que va lui apparaître de plus en plus c sition entre elle et la philosophie. 11 avait écr essayé de montrer pourquoi le christianisme ne peuvent être unis ». 11 écrit maintenant : est scandale » (Pap. II, 222, A. 520, 1837; Pap 5 mai 1839). Un système de connaissance est donc impossible. « L'humoriste ne peut jamais devenir un systématique; car il voit dans chaque système le résultat d'un effort toujours renouvelé pour presser le monde entier dans un seul syllogisme alors que lui-môme remarque surtout l'incommensurable. Il vit dans la plénitude et il sent la quantité de résiduel qui reste toujours » (15 juillet 1837). Non seulement il y a ainsi un résidu irréductible, mais il y a des oppositions absolues. « Que des oppositions relatives puissent ¿tre médiatisées, nous n'avons pas besoin de Hegel pour le savoir : mais que des oppositions absolues doivent être médiatisées, la personnalité s'opposera pendant toute l'éternité à cette prétention (et cette opposition est incommensurable pour l'affirmation de la médiation); elle répétera pendant toute l'éternité son dilemme éternel : être ou ne pas être, telle est la question » (14 juin 1839). Il y a des hétérogénéités radicales, des nouveautés absolues, du nouveau sous le soleil. Dire le contraire, c'est mettre à mort la vie, c'est répandre sur toutes choses une poussière d'abstrac- tions; et Kierkegaard arrive à son observation essentielle : « L'idée uploads/Philosophie/ j-walh-kierkegaard-hegel.pdf

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