CAHIERS FERDINAND DE SAUSSURE 2010 Cahiers Ferdinand de Saussure Revue de lingu

CAHIERS FERDINAND DE SAUSSURE 2010 Cahiers Ferdinand de Saussure Revue de linguistique genérale Publiée par le Cercle Ferdinand de Saussure http://www.cerclesaussure.org Comité de rédaction: Daniele GAMBARARA, président Christian PUECH, vice-président Curzio CHIESA, trésorier Claire FOREL, secrétaire Marie-Claude CAPT-ARTAUD John E. JOSEPH Maria Pia MÁRCHESE Claudine NORMANO Patrick SÉRIOT, d e l e g u é de la Société suisse de linguistique Comité scientifique International: Jean-Claude CHEVALIER, París Daniel DROIXHE, Bruxelles et Liége Konrad KOERNER, Berlín Gilbert LÁZARO, París Giulio C. LEPSCHY, Londres Raffaele SIMONE, Reme Christian STETTER, Aix-la-Chapelle Fierre SWIGGERS, Louvain Peter WUNDERLI, Dusseldorf Rédaction: Cercle Ferdinand de Saussure Département de Linguistique Faculté des Lettres CH-1211 GENÉVE4 Diffusion: Librairie DROZ S.A. Rué Massot 11 CH-1211 G E N É V E 12 P u b h é avec l'appui de l'Académie suisse des sciences humaines et sociales Tous droits reserves ISBN: 978-2-600-01447-2 / ISSN: 0068-516-X CFS 62 (2009), pp. 203-214 Estanislao Sofia ' LEPROBLÉME DE LA DÉFINITION DES ENTITÉS LINGUISTIQUES CHEZ FERDINAND DE SAUSSURE Abstract: This dissertation has three parts. The first one, devoted to the Saussurean concept of "system", aims at showing that there are variations in Saussure's development, and that is possible to identify at least two différent configurations: one appointed by Saussure "system of oppositions"; the other called "grammatical system". The second part, devoted to the concept of "valué", tries to show that it is also possible to find, in Saussure's manus- cripts and texts, at least two différent concepts: one of them would be consistent with purely negative and differential criteria; the other, more complex, would involve elements which cannot be reduced to 'puré differential' criteria. Our hypothesis is to state that these patterns were developed by Saussure with respect to différent issues, including, therefore, elements definable in différent ways; roughly (and anachronistically): "phonemes" and "signs". Keywords: Association, Entity (linguistic), Opposition, Phoneme, Sign, System, Valué. Thése dirige par Michel Arrivé et Jean Giot, soutenue le 6/11/2009 á l'Université de Paris X devant un jury composé par: Michel Arrivé, Jean Giot, Claudine Normand, Gabriel Bergounioux, Raffaele Simone, Christian Puech et Sémir Badir Mention: « Tres honorable avec félicitations á l'unanimité». En outre, le jury a proposé la thése pour une subvention en vue de la publication et pour un prix. 524 pages. 418 références bibliographiques. Introduction Le but de cette thése a été de chercher á comprendre quelques problémes exis- tant dans l'oeuvre de Ferdinand de Saussure, ceuvre qui, comme chacun sait, est restée inachevée, tout en nous léguant - mis á part quelques concepts fondamen- taux pour la linguistique et les sciences humaines du vingtiéme siécle - un certain nombre de difficultés. Notre propos n'a pas été de rediscuter ees problémes, ni de rééditer les débats auxquels ils ont donné lieu, ni encoré de raviver ees débats á partir d'une lecture des manuscrits (que nous avons consultes et qui représentent, m é m e , l'essentiel de notre corpus), mais de tenter d'expliquer les raisons de quelques-uns de ees conflits existant dans la théorie. 204 Cahiers Ferdinand de Saussure 62 (2009) Afín de cibler ceux qui nous intéressaient, nous sommes parti de Fanalyse de trois theses réputées centrales dans la doctrine saussurienne, que nous avons trouvé, ainsi caractérisées, dans un texte d'Anne Hénault (Hénault, 2002, p. 61; cf. Hénault, 1997, pp. 42-43), á savoir: 1. Dans la langue il n'y a que des différences (sans termes positifs) 2. La langue est un systeme 3. Le signe hnguistique est arbitraire' 11 va de soit que ees theses, si peu qu'elles représentent«le eceur de la démarche de Saussure» (Hénault, 2002, p. 61), doivent étre articulées. Mais cette articulation est moins aisée qu'il ne le semble á premiére vue. On notera, d'abord, que le degré de généralité de ees trois formules est différent. Alors que les deux premieres portent sur l'objet «langue», dont est prediqué le caractére fundamental (elle est «un systeme » [thése 2]) et limitée la nature de son contenu (il n'y a «que des diffé- rences» [thése 1]), la troisiéme ne concerne que l'objet «signe». Précisons: le «signe linguistique». S'il avait été question du «signe» tout court, on aurait pu hésiter á le classer au nombre des objets susceptibles d'intéresser directement le linguiste: on aurait eu plutót tendance á le classer sous l'égide, par exemple, de la sémiologie. Or cela n'est pas le cas. Cette thése a pour objet le «signe linguis- tique», et releve, done, d'un m é m e ordre de p h é n o m é n e s que les deux premieres. La question á se poser - triviale, certes, mais á ce stade utile - est la suivante: pour- quoi un « signe linguistique » est-il linguistique? R é p o n s e incontoumable: un signe est linguistique parce qu'il appartient á une «langue» (un signe qui n'appartien- drait pas á une langue ne serait pas un signe linguistique). Si la troisiéme formule a done quelque chose á voir dans cet ensemble, c'est en tant qu'elle porte sur un élément de l'objet dont il est question dans les deux premieres. II semblerait done possible de réordonner ees trois formules en fonetion de leur degré de généralité: d'abord la formule 2, ensuite la formule 1, en demier lieu la formule 3 (nous dési- gnerons dorénavant les formules au moyen de lettres): a) La langue est un systeme b) Dans la langue, il n'y a que des différences sans termes positifs c) Le signe linguistique est arbitraire Si l'on se demande maintenant de quelle maniere ees theses s'articulent, deux évidences s'imposent á la simple observation. La premiére: si «la langue est un ' Une quatriéme t h é s e (selon laquelle «le p h é n o m é n e linguistique présente perpétuellement áevLx faces qui se correspondent et dont Tune ne vaut que par l'autre »), incluse par Hénault parmi les é n o n c é s fondamentaux du saussurisme (cf. Hénault, 2002, p.62), a été délaissée pour des raisons qu'il est inutile de préciser dans ce resume. E. Sofia: La définition des entités linguistiques chez Saussure 205 s y s t e m e » (formule a), et si «dans la langue il n'y a que des différences sans termes positifs » (formule b), la langue ne peut étre qu'un systeme de différences sans termes positifs. La deuxiéme formule pourra done etre intégrée dans le champ de la premiére: [a) La langue est un systeme] [b) de différences sans termes positifs] La seconde évidence peut étre s c a n d é e en deux temps. Temps 1: si un « signe» peut étre dit linguistique du fait qu'il appartient á une «langue », une «langue » doit alors pouvoir contenir des «signes». Temps 2: si dans la «langue» il y a des « signes » (arbitraires [formule c]), et si la «langue » est un « systeme » (formule a), la langue ne peut étre qu'un systeme de signes {arbitraires). La troisiéme formule pourrait done étre intégrée, elle-aussi, dans le ehamp de la premiére: [a) La langue est un systeme] [c) de signes (arbitraires)] On aurait ainsi deux eombinaisons possibles: [a) La langue est un systeme] [b) de différences sans termes positifs] [a) La langue est un systeme] [c) de signes (arbitraires)] Voilá done une premiére tentative d'articulation entre les trois énoncés d'oü l'on est parti. Comme on l'aura remarqué, nous avons evité de considérer lesfonde- ments de ees articulations. Nous n'avons cherché á établir ni une hiérarehie ni un ordre de priorités théoriques entre ees énoncés. Nous avons tout simplement tenté - sans déclencher l'appareil analytique et sans faire appel á d'autres formules saus- suriennes - de scruter, de maniere aussi rudimentaire que possible, ce que l'on pouvait déduire du seul examen de ees trois formules. La question qu'on se posera á ce stade est elle aussi élémentaire, á savoir: peut-on teñir les propositions expri- mées dans ees deux eombinaisons ([a][b] et [a][e]) pour des notions equivalentes? On pourrait penser, sur la base de la considération du premier élément de chaqué formule («la langue est un systeme » [formule a]), que la réponse devrait étre affir- mative. Cela impliquerait deux choses: a) Que la premiére formule de la premiére combinaison («la langue est un systeme ») est une notion equivalente á la premiére formule de la seconde combinaison («la langue est un systeme»). b) Que le complément de spécification de la premiére formule (« de diffé- rences sans termes positifs ») est une notion equivalente au complément de spécification de la seconde («de signes [arbitraires]»). Autrement dit: non seulement la formule «la langue est un systeme » renverrait á un m é m e sens dans les deux eombinaisons, mais egalement les formules « signes 206 Cahiers Ferdinand de Saussure 62 (2009) (arbitraires)» et« différences purés (sans termes positifs)» seraient structuralement homologues et feraient référence á un m é m e concept. Des auteurs comme Bally, Sechehaye, Frei ou, plus prés de nous, Jean-Claude Milner, se sont prononcés en faveur d'une telle équivalence^. 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