© Allary Éditions, 2018. ISBN : 9782370731678 Du même auteur 50 nuances de Grec

© Allary Éditions, 2018. ISBN : 9782370731678 Du même auteur 50 nuances de Grecs, avec Jul Dargaud, 2017 Les Vertus de l’échec Allary Éditions, 2016 La Joie Allary Éditions, 2015, Folio Quand la beauté nous sauve, Robert Laffont, 2013, Marabout Platon La gaffe, avec Jul Dargaud, 2013 Un homme libre peut-il croire en Dieu ?, Éditions de l’Opportun, 2012 La Planète des Sages, avec Jul, Dargaud, Tome 1, 2011 ; Tome 2, 2015 Ceci n’est pas un manuel de philosophie, Flammarion, 2010, Librio Les Philosophes sur le divan Flammarion, 2008, J’ai Lu Une semaine de philosophie Flammarion, 2006, J’ai Lu Les Infidèles Flammarion, 2002 Descente Flammarion, 1999 Pour Victoria, Marcel et Georgia Parce qu’il suffit que je vous regarde pour avoir confiance. En moi. En la vie. Et surtout en vous. Introduction On a retiré les petites roues ce matin. Du haut de ses quatre ans, elle enfourche son vélo et s’élance sous le soleil. Son père court à côté d’elle, une main dans son dos, l’autre sur la selle. Elle pédale de plus en plus vite, agrippée au guidon. Son père l’encourage : « Pédale sans t’arrêter », « regarde devant toi », « très bien » ! Il lâche la selle. L’enfant prend de la vitesse. Elle est en équilibre, roule sans l’aide de son père. Lorsqu’elle s’en aperçoit, elle crie de joie et fonce de plus belle. Elle se sent libre, légère : elle a confiance. Mais en quoi, au juste ? En ses capacités ? En son père ? En ce moment de bonheur familial ? La confiance en soi, on le pressent, relève d’une alchimie. Elle résulte de la combinaison de plusieurs facteurs. Les chemins qui y mènent sont divers, mais une fois acquise, elle porte chacun de nous de la même manière. Il n’y a qu’une confiance en soi, mais plusieurs façons de l’atteindre. Madonna est une bête de scène, une artiste qui a su se réinventer toute sa vie. Elle fut pourtant une enfant timide, meurtrie par la perte de sa mère lorsqu’elle avait cinq ans. Où donc a-t-elle trouvé la force pour s’imposer ? Patrick Edlinger est un des pionniers de l’escalade libre. Lorsqu’il grimpait en solo, ses gestes étaient si fluides qu’il semblait danser au- dessus du vide. Il passait d’une prise à l’autre avec une grâce folle. Sans trembler. Quel était son secret ? Lorsqu’il atterrit de nuit sur un porte-avions, un pilote se présente quasiment à l’aveugle à 250 km/h sur une piste ultracourte. Comment fait-il pour ne pas avoir peur ? Au milieu de la circulation, dans le chaos provoqué par l’accident, le médecin urgentiste doit distinguer immédiatement les blessés et les blessures à soigner en priorité. Comment fait-il pour ne pas se tromper ? Et les musiciens qui improvisent devant des foules immenses ? Les joueurs de tennis qui ne tremblent pas sur les balles de match ? Les étudiants qui ne sont jamais aussi bons que le jour du concours ? Tous ces hommes et ces femmes qui osent s’écouter et prendre leur vie en mains, où puisent-ils leur confiance en eux ? En quoi se ressemblent-ils ? Cette petite fille sur son vélo peut nous guider. Sa confiance puise sa force à trois sources. D’abord, son père. Elle ne s’élance pas seule, mais avec lui, grâce à lui. La confiance en soi est une confiance en l’autre. Ensuite, ses capacités. Elle a intégré les conseils de son père sur la façon de pédaler, de tenir le guidon. Elle a acquis une compétence, sans laquelle rien ne serait possible. La confiance en soi est une confiance en ses capacités. Mais il y a plus. La joie qui la submerge lorsqu’elle prend de la vitesse dépasse la simple satisfaction de savoir faire du vélo. C’est une joie plus globale, plus profonde, une joie qui résonne comme un merci à la vie. La confiance en soi est une confiance en la vie. Nous retrouverons toujours, à des degrés divers et sous des formes variées, ces trois ressorts de la confiance en soi : la confiance en l’autre, la confiance en ses capacités et la confiance en la vie. Tout part peut-être de là, d’ailleurs : il faut y aller avec la fraîcheur d’un enfant, faire confiance sans même savoir à quoi. « La confiance est la capacité enfantine d’aller vers ce qu’on ne connaît pas comme si on le reconnaissait », écrit joliment Christian Bobin. Nous avons une conscience des risques et des dangers que nous n’avions pas, enfants, sur notre vélo, lorsque nous nous sommes élancés pour la première fois. Nous sommes anxieux parce que nous sommes lucides. Mais cette lucidité ne doit pas émousser notre audace, notre capacité à y aller. Se faire confiance, c’est garder son cœur d’enfant, une âme d’enfant dans un esprit d’adulte. L’époque nous y oblige. Dans les sociétés traditionnelles, chacun avait sa place. Pas besoin de confiance en soi quand la naissance décide de tout, quand il n’y a rien à conquérir. À l’inverse, la modernité fait de nous des êtres libres, responsables de notre destin. À nous, désormais, de mettre en œuvre nos projets, de prouver notre valeur et de construire notre bonheur : à nous d’inventer notre vie. Cela suppose d’avoir confiance en soi. Pourtant, cela n’a jamais été si compliqué. Il n’a jamais été aussi important d’avoir confiance en soi, et jamais aussi difficile de construire cette confiance. Réparer le moteur de sa voiture ou fabriquer une échelle pouvait soigner un cœur blessé. Nourrir sa famille avec les seuls légumes de son potager pouvait remplir un cœur d’homme. Passer ses journées en réunion ou à répondre à des mails n’a pas cette vertu. Nous avons perdu le contact premier avec les choses. Nos systèmes de production sont si sophistiqués que nous ne savons plus ce que nous faisons. Nous respectons des process, mais avons du mal à dire quel est notre métier. Dans notre existence ultra-connectée, mais si éloignée du « faire » le plus élémentaire, nous manquons d’occasions concrètes de trouver la confiance. Nous devons retrouver le socle sur lequel bâtir notre confiance. Les parcours de Madonna, Patrick Edlinger, George Sand, John Lennon, Serena Williams ou d’autres vont nous éclairer : on ne naît pas confiant, on le devient. La confiance en soi est toujours une conquête, patiente, difficile. Elle est aussi parfois, lorsque notre maîtrise culmine dans une forme d’abandon, l’occasion d’une joie profonde. Pour élucider le mystère de la confiance en soi, nous nous tournerons vers les sagesses antiques et des philosophes modernes comme Emerson, Nietzsche ou Bergson. Des penseurs qui, souvent, abordent le sujet de façon indirecte : c’est en pensant la liberté, l’audace ou la singularité qu’ils nous parlent de confiance. Il nous faudra donc aller chercher ailleurs : chez des psychologues comme Boris Cyrulnik ou des psychanalystes comme Jacques Lacan, dans les travaux des chercheurs ou des pédagogues, dans l’expérience des sportifs, des pilotes de chasse ou des médecins urgentistes, dans les mots des poètes ou les visions des grands mystiques. La confiance en soi est une question si centrale dans nos existences qu’elle ne peut être l’objet d’une seule discipline. Pour comprendre ses ressorts, il ne faut pas chercher à l’étudier dans un laboratoire mais l’observer dans la vraie vie, la regarder naître et grandir, adopter son rythme et suivre ses mouvements, ses hésitations et ses embardées, courir à ses côtés comme on suit un enfant qui manque de chuter, puis trouve l’équilibre et finalement s’élance. 1 Cultivez les bons liens La confiance relationnelle La douceur est invincible. Mൺඋർ Aඎඋජඅൾ La confiance en soi vient d’abord des autres. L’énoncé pourrait sembler paradoxal. Il ne l’est pas. Le nouveau-né humain est infiniment fragile, dépendant. Les premiers mois, il ne peut vivre seul. Le simple fait qu’il survive est la preuve qu’il a été pris en charge par d’autres humains. La confiance en lui est donc d’abord une confiance en eux : la confiance en soi est d’abord une confiance en l’autre. C’est parce que nous naissons prématurés que nous avons tant besoin des autres. D’après les embryologistes, il faudrait à peu près vingt mois aux cellules de l’embryon pour arriver à maturité. Aristote l’avait déjà remarqué : nous naissons inachevés. Comme si la nature avait dysfonctionné, n’avait pas terminé son œuvre et nous jetait trop tôt dans l’existence, plus faibles et démunis qu’aucun autre mammifère. Nous naissons sans savoir marcher, et mettrons en moyenne un an à y parvenir, quand le poulain n’a besoin que de quelques heures, ou parfois de quelques minutes, pour commencer à gambader. Et il faudrait avoir confiance en soi ? Alors, nous compensons cette déficience naturelle par la culture : par la famille, l’entraide, l’éducation. Grâce à notre art de la relation humaine, nous allons parachever le travail que la nature a laissé en plan, et gagner cette confiance que la nature ne nous a pas donnée. Petit à petit, l’enfant va prendre confiance en lui grâce à ces liens tissés avec les autres, aux soins qui uploads/Philosophie/ la-confiance-en-soi-une-philosophie-by-charles-pepin-thedocstudy-com-1-pdf.pdf

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