Terminale littéraire Philosophie COURS : La Perception Analyse du texte de Lock
Terminale littéraire Philosophie COURS : La Perception Analyse du texte de Locke : « Le problème de Molyneux » (p. 34). → Remarquer décalage entre sensation et perception (le perçu rend compte de ce qui n’est pas transmis par le senti : le rond est compris en tant que sphère). Ceci renvoie à l’acte de percevoir comme jeu de signes et de sens. Les idées reçues par les sens sont transformées par les jugements. La perception serait alors une faculté de l’esprit. → De même, remarquer le caractère subjectif de la perception : « le jugement, par habitude acquise, transforme les manifestations par leurs causes ». Cela soulève un problème : si la perception est le filtre par lequel le jugement, lié à l’habitude, met en forme les sensations, ont peut dire qu’il y a une claire scission entre sens et perception, cette dernière pouvant peut-être avoir une existence indépendante des sens. → Ce problème mène au problème posé par Molyneux : l’aveugle sera donc impuissant face à une perception visuelle. La perception est une sorte d’ « image » composite, de laquelle participent plusieurs sens. L’aveugle connaît la sphère et le cube par son image tactile. Face à l’image visuelle, il est impossible de réaliser la synésthésie. Qu’est-ce donc que percevoir ? Introduction : percevoir=etre mis en présence du spectacle du monde.On s’oriente dans le monde par la perception. On a l’impression de recevoir l’ordre du monde passicement. Cependant : la pure sensibilité est partielle tjs. Le monde senti n’est pas le même que le monde perçu. Faut-il une médiation ? La perception n’est donc pas sensible, mais un acte de l’esprit ? Postulats de base : 1) Distinction à faire : sensation et perception. Sensation = 5 sens des organes sensoriels + phénomènes de la sensibilité interne (kinésthésie, cénesthésie, synésthésie). 2) Perception = premier stade de l’ouverture au monde. Problématique→Quand nous percevons, sommes-nous purement passifs ? En quoi peut-on dire que la perception est une conduite corporelle qui précède l’activité de l’esprit, et la fonde ? I. La perception comme présence : 1) Définir « percevoir » : Percevoir c’est être dans une familiarité déjà donnée. Cette familiarité est faite d’un ensemble complexe mélangeant savoirs, souvenirs, tonalités affectives...La perception renvoie à autre chose que la perception même : Marcel Proust, Du coté de chez Swann (lecture du texte). Dans l’épisode de la madeleine, le perçu est le bonheur d’enfance. Proust explore dans ce passage la complexité de la perception, qui ne se limite jamais à l’immédiat. Elle résonne et fait résonner souvenirs, mais aussi autres sensations. A ce titre : → La perception fonctionnerait comme le signe, la perception serait même un ensemble de signes (les sens qui renvoient toujours à un vécu, comme l’enfance de Proust, mais aussi comme l’expérience répétée plusieurs fois (on sait qu’il y a un cube car on reconnait des formes quinous indiquent une incomplétude que la perception complète ; la face cachée du cube). Percevoir c’est obtenir une image sensorielle et sensible (non pas visuelle, olfactive, tactile, gustative ou auditive seulement, mais synesthétique, cénesthétique et kinésthétique aussi). En ce sens, elle fonctionne comme le signe langagier : Cf. Saussure, théorie des signes (textes 12 et 13 p. 131 et 132). → Cette « image » est toujours l’image d’un point de vue. Reprendre l’exemple de la sphère de Locke : ceci explique le fait que je vois la sphère, à la place du rond, même si l’arrière de la figure sera toujours invisible. Cf. Raphaël, L ’Ecole d’Athènes : le perception comme « présence » de la profondeur dans le tableau/rappel de la séparation entre sensation et perception. Ainsi l’image sensible qu’est la perception est toujours localisée par rapport à mon point de vue. Ceci pose un problème : d’où vient le fait que l’on reconnaisse, comme dans Locke (p. 34) la sphère alors qu’on ne voit qu’un cercle taché de plusieurs couleurs différentes (associées, plus tard, aux jeux d’ombre et de lumière dans le relief de la sphère) ? La sphère n’est pas là, elle ne se donne pas à nous par nos sens, pas plus que la profondeur ne se donne pas à nous dans l’oeuvre de Raphaël : on dira alors que le perçu est un « être-là » caractérisé par l’absence. La même chose se passe avec la réminiscence de Proust. → c’est la tâche de l’impressionisme que de retranscrire cet « être-là » absent. L’impressioniste ne reproduit pas les lignes, formes et couleurs reconnues par la sensation, il n’est pas créateur d’images, il n’imprime pas le réel sur la toile. Cf. Paul Cézanne, La Montagne Sainte-Victoire. L’artiste reproduit le perçu par un sujet qui objerve un paysage ; l’ « impression » se réfère à l’impression dans la conscience d’un sujet, qu’on assimilerait à la perception ! On voit bien que l’oeuvre de Cézanne est déjà « filtrée » en quelque sorte : quel est ce « filtre », sinon la perception qui, en un sens, déforme, mais met en évidence l’absence (en ce cas, la lumière) ? → Cf. Descartes, texte 1 p. 32 → tout le problème de la peinture est là ! Terminale littéraire Philosophie Réponse au pb→ La perception apparait, dans ce cas, comme le pont entre la sensation et la pensée : c’est, en d’autres termes, « transcrire » le signe sensoriel en des termes compréhensibles par une subjectivité (un Moi pensant) ! Il y a donc un lien entre l’interprétation et la perception : toute perception EST une interprétation plus qu’une imagination : cette idée nous confirme dans la conception de la P comme signe au fonctionnement similaire que le signe lingüistique : sans l’acte d’interprétation du sujet, la possibilité même de percevoir quelque chose dans la sensation n’est plus. PROBLEME : Il faudrait toutefois considérer la possibilité d’une existence en soi des perceptions, c’est-à-dire, l’idée est de saisir la perception, donc de la saisir indépendamment du sujet : encore une fois, Locke, avec l’exemple de la page blanche peut en apporter une réponse. → Locke, L ’origine empirique de nos connaissances (p.230) : la page blanche, sur laquelle la main imprime ou écrit des mots, est une puissance purement passive, serulement capable de reccueillir les impressions produites sur les sens par la présence d’objets extérieurs. Les stimuli sont accueillis dans l’âme sous forme de perceptions : c‘est l’esprit qui réagit face à l’activité sensorielle : perception=esprit et non corps. Percevoir= reconnaitre la manière dont nos sens sont affectés et identifier les choses extérieures à la façon dont elles affectent nos sens. C’est un premier degré de connaissance, mais cette coN est entièrement induite par le stimulus : en percevant, on est simplement affectés, passivement, par la présence sensible de choses. → c’est ce que le texte p. 34 suggère aussi ! Problème : Ce que Locke suggère est, quelque part, un retour à la passivité de la perception. Bien qu’elle soit, selon cette définition, toujours une actualisation d’une image sensible (donc, qu’elle rendre présente effectivement cette image), elle apparaît comme un mécanisme passif qui réagit à la pure réceptivité sensorielle. Ainsi : la P ≠ pure sensation, mais transformation de celle-ci en idées. N’est-ce pas toutefois réducteur que de considérer la perception comme un stade intermédiaire entre sensation et pensée ? Ne faut-il pas dégager une participation autonome, spontannée de l’esprit dans la perception ? Problème sous-jacent : Le perçu est-ce le réel ? Car si toute perception provient, finalement, d’une « imagination » (j’imagine la face cachée des choses) ou de l’habitude (suggéré par Locke) ou, comme chez Proust, des souvenirs entassés, alors le rapport au monde, fondé sur la perception (premier accès à ce monde) est faussé par le filtre de ma subjectivité : 2) Percevoir n’est pas représenter , mais c’est une présence sous une modalité sensible: Percevoir c’est rendre présente une absence. Cpdt : ne pas confondre « perception » avec souvenir et image, celles-ci étant des re-présentations. La perception est une présence actuelle (Repère : en actes/en puissance – actuel) s’imposant à nous indépendamment du souvenir ou de l’image: « [Dans la perception] l'objet se tient là comme en chair et en os, il se tient là, à parler plus exactement encore, comme actuellement présent […]. Dans l'imagination, l'objet ne se tient pas là sur le mode de la présence en chair-et-en-os […]. L'imaginé est simplement représenté. » Husserl Chose et espace 1907 Cette « présence en chair et os » implique qu’il y a une présence sensible : percevoir n’est pas non plus penser ou concevoir : tant qu’une intuition sensible ne vient pas remplir de présence concrète la pure forme que donne l’image, le mot ou le souvenir, il n’y a pas de perception. Proust éprouve la madeleine, mais avec la madeleine il éprouve le bonheur d’enfance. 3) La perception sous l’angle de la Phénoménologie : → La madeleine de Proust révèle bien l’ambivalence de la perception : il s’agit d’être là bas, à l’extérieur de moi-même, ouvert au monde, dans ce qui uploads/Philosophie/ la-perception.pdf
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- Publié le Jan 08, 2022
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