Le développement technique peut-il être un facteur d’esclavage ? Eléments de mé

Le développement technique peut-il être un facteur d’esclavage ? Eléments de méthode Ne pas écrire une histoire du développement technique… Analyse des présupposés : Le sujet vous dit : peut-il, ce qui signifie qu’il ne l’est pas nécessairement, et que, d’une manière générale, il est conçu comme un facteur de libération. Il faut donc dire en quoi il peut asservir ou aliéner l’homme. Par ailleurs, on vous dit, le développement technique, pas la technique, ni le travail même s’il convient d’analyser ces notions. Thésaurus : le travail, la technique, et l’esclavage, non pas au sens politique mais au sens plus général d’asservissement ou d’aliénation. Les auteurs : Marx bien sûr, mais aussi H. Arendt, Heidegger éventuellement, A. Smith… Il faut montrer en quoi le développement technique peut être facteur d’esclavage, si c’est une tendance inhérente à la technique, ou s’il s’agit d’un possible regrettable et il faut analyser la nature de cet « esclavage ». Voici le plan que je propose I Un paradoxe, comment le développement technique, facteur de développement économique peut-il être un facteur d’asservissement ? La technique a profondément transformé les conditions d’existence dans le sens de plus d’abondance et de confort matériel (espérance de vie, mortalité infantile réduite, etc…) Mais Cette transformation ne touche pas tous les pays, ni tous les membres d’une société donnée. La technique est même conçu par certains comme un facteur de domination, donc d’asservissement des hommes au profit d’autres hommes. Le marxisme, idéologie de la libération du prolétariat s’enracine dans cette problématique. Par ailleurs, L’excès de confort matériel entraîne une désagrégation du lien social. Le travail, devenu une donnée rare, source d’inégalité génère une violence symbolique de plus en plus grande (Bourdieu). Le lien entre technique et économique n’est donc pas synonyme strictement de progrès matériel. De plus, le développement économique est très largement tributaire du contexte politique. III Le développement technique dépend des contextes politiques Le libéralisme a permis le développement économique, mieux sans doute que le communisme, qui n’en est pas dépourvu, mais qui a privilégié le militaire et qui a fait de la destruction un préalable. Cela signifie t-il pour autant que le libéralisme soit la solution politique la meilleure, rien n’est moins certain. Intégrer l’analyse de Smith, qui décrit la racine du libéralisme et de l’utilitatisme. (Elle semble la moins mauvaise mais c’est parce qu’elle est assortie d’un contrôle et d’une régulation étatique). Platon pose déjà la question du rapport entre le politique et le technique : voir le paragraphe dans ma dissertation rédigée II Le développement technique contre le développement moral et spirituel Dans le même temps qu’il générait la formidable croissance économique que l’on connaît, avec ses corrélats négatifs en termes d’injustice sociale, le développement économique a modifié les bornes de la nature (la naissance, qui n’est plus toujours « naturelle » ; la mort, qui est devenu un scandale, et la sexualité, dont les normes sont modifiées). Les normes éthiques se sont modifiées. (voir le paragraphe dans ma dissertation rédigée). Si la technique devient la référence ultime, une civilisation est sans doute moralement en danger. Philosophes à évoquer : Berson et Arendt. Cela signifie t’il que la technique soit nécessairement facteur d’aliénation morale ou spirituelle ? Intégrer Heidegger pour qui la technique est mauvaise « en soi ». Conclusion Que la technique soit un facteur d’aliénation, d’asservissement, de domination voire d’abêtissement, l’histoire en témoigne. Cela signifie t-il que ce soit nécessaire, certes non. Cela témoigne simplement de la liberté humaine et cela plaide sans doute plus que jamais en faveur de ce « supplément d’âme » que Bergson réclamait en son temps. Dissertation rédigée (elle suit un autre plan, plus complexe) On sait que c’est en Occident que l’essor des techniques a été rendu possible grâce à l’existence d’un courant de valeurs qui leur était favorable, qui non seulement donnait de la valeur à ces techniques mais les transformaient en valeur. Nul ne saurait contester la formidable puissance de libération que le développement technique a produit. Affranchissement des contraintes matérielles, et corporelles mêmes, recul de la mortalité, recul des bornes mêmes de la nature. Et pourtant, aujourd’hui plus que jamais, les hommes s’interrogent sur ce même développement source de leur admiration. Plus que jamais la puissance technicienne suscite des interrogations, des doutes, des méfiances. En radicalisant, il y a ceux qui voient dans la technique un destin homicide et ceux qui y voient le salut de l’homme ou un progrès auquel il faut nous résigner. Peut-on aller jusqu’à se demander si le développement technique peut être facteur d’esclavage ? Sans nul doute, encore faut-il se demander de quel type d’esclavage il s’agit. Esclavage économique, social, moral spirituel ? Et de quelle nature ? Aliénation foncière ou simple asservissement passager, sorte d’effet collatéral regrettable certes mais inévitable ? Poser la question de la technique comme facteur possible d’esclavage, c’est poser la question de la liberté humaine, donc de la vie morale, et des rapports complexes entre la sphère de l’éthique et celle de la technique. Le mythe de la conquête innocente de la nature par la science n’a plus cours. Bien sûr, il en est encore qui, à la suite de Bacon soutiennent que, à la différence des réformes politiques « les inventions répandent leurs grâces et leurs bienfaits sans nuire à personne et sans coûter de larmes ». Mais pareils propos laissent de plus en plus sceptiques. Pareillement, les contempteurs qui ne nourrissent à l’égard de la technique que soupçons, rancune et méfiance tenace sont rarement crédibles. Plus n’est besoin de rappeler à quel point la technique a transformé les conditions de l’existence humaine, et dans le cas des sociétés qui en ont bénéficié, pour des bienfaits considérables. Certes, le développement technique a été un facteur d’esclavage. Il suffit de rappeler le poème célèbre de Victor : « Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ? ». Le développement industriel a été réalisé sur le sacrifice de générations immolées non sur l’autel de la technique mais sur celui de l’égoïsme de castes ou de classes. C’est devant la détresse ouvrière que Marx a conçu sa doctrine. D’une manière générale, la technique est pensée comme un facteur de développement humain. Mais en soi, la technique est-elle source d’esclavage ? Rien n’est moins certain… Dans Civilisation matérielle et capitalisme, Fernand Braudel se pose cependant la question de l’histoire de la technique en soi : « Y a t-il une histoire de la technique en soi ? » Oui et non répond t-il. « Sous nos yeux, oui dans une certaine mesure : la technique s’associe à la science et essaie de saisir la direction du monde. Mais avant le XVIIe siècle et au XVIIIe encore, la science n’en est qu’à ses débuts, occupée d’elle-même et de ses assises propres. Elle se soucie peu des métiers, des solutions pratiques de la technique ». Bergson saluait en son temps déjà le formidable événement que représentait la technique dans l’histoire humaine. Dans les deux sources de la morale et de la religion, il la conçoit comme essentielle à l’homme et s’il est conscient des méfaits qu’elle provoque, il les attribue au vide laissé dans l’âme humaine par cette disproportion entre un « corps technique » et la conscience collective. C’est dans le lien avec le politique que se pose le plus durement la question de l’ambivalence de la technique et de son éventuelle puissance d’asservissement. Platon en est déjà parfaitement conscient. Son ironie se plait à souligner dans le mythe même de Prométhée l’opposition entre l’art politique et l’art militaire d’une part, les techniques utilitaires d’autre part. Protagoras expose la théorie de la constitution de la cité et en particulier la démocratie des artisans, la pire pour Platon comme pour Aristote. Protagoras proclame que le travail exprime l’essentiel du lien social. Mais ni Platon, ni Aristote ne sont d’accord. La leçon du mythe est claire. Toute l’opposition entre les dieux techniques et Jupiter témoigne du danger de la puissance technicienne et du fait qu’elle est – ou doit être- ordonnée au politique. De même que les autres dieux, les dieux techniques dépendent de Jupiter. Dans Lois (VIII, IX) Platon dénonce les conséquences néfastes que la technique peut avoir sur la Cité. Si on la laisse se développer sans frein, prévient-il, elle suscite un vorace appétit d’or et d’argent qui détruit le lien social et donne le pouvoir à la seule classe des techniciens et des marchands … Tout homme [sera] prêt alors, à employer indifféremment les procédés les plus beaux et les plus honteux s’ils doivent rendre riche ». C’est ainsi que la puissance technique contient en elle-même de quoi asservir le cœur des hommes, naturellement cupide. La Grèce avec les philosophes de la maturité met en garde contre deux risques : celui qui est inscrit au cœur de la fascination humaine pour la puissance technicienne (Icare et Prométhée), et celui de la tentation de s’installer dans une médiocrité hédoniste et profane. Deux facteurs d’esclavage décisifs. Mais l’esclavage le plus vigoureusement dénoncé est sans doute uploads/Philosophie/ le-developpement-technique-peut-il-etre-un-facteur-desclavage.pdf

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