Master Administration des Entreprises - FI Université de Lorraine IAE de Nancy

Master Administration des Entreprises - FI Université de Lorraine IAE de Nancy 2020-2021 Devoir du cours « Organisations » Intérêt des études sur les générations sociologiques pour la gestion des entreprises ? En vous appuyant sur les connaissances théoriques acquises dans le cours « Organisations », effectuez une analyse critique des articles ci-dessous, afin d’alimenter le débat sur le thème du devoir. Forme du travail à rendre: • Votre devoir sera guidé par une démarche d’analyse des articles vous conduisant à porter un avis sur la validité des appréciations données et des thèses défendues par les auteurs. Votre travail prendra la forme d’une argumentation précise permettant au lecteur de suivre le raisonnement qui conduit à votre opinion. Pour cela, vous vous appuierez sur les connaissances théoriques et pratiques acquises dans le cours d’organisation. L'ensemble prendra la forme d'un exposé structuré, précédé d'une courte introduction et suivi d’une conclusion. • Le devoir ne doit pas dépasser un volume de deux pages, comportant votre identité, la formation suivie, l'année d’inscription, et l’analyse demandée. Le tout ne doit pas représenter plus de 5000 caractères hors espaces. Vous ferez usage de caractères de taille 11 au minimum. Les schémas et graphiques éventuels seront inclus dans ce volume de deux pages. • Le travail sera rendu en format numérique word (.doc ou .docx) ou au format Rich Text Format (.rtf), à l'exclusion de tout autre format. Le fichier sera dénommé selon la codification suivante : Nom-Prénom_2021_MAE-FI_Orga Délai : Le travail est à rendre pour le 21 mars 2021 au soir, sur ma boîte mail professionnelle : ferri.briquet@univ-lorraine.fr « La génération Y n’existe pas » Les « millennials », nés entre 1980 et 2000, sont vus comme narcissiques, connectés, instables. Autant de « caractéristiques définies a priori », selon le journaliste Vincent Cocquebert. Propos recueillis par Nicolas Santolaria LE MONDE | Publié le 01 février 2019 à 14h13 - Mis à jour le 04 février 2019 à 09h28 Autocentrés, inconstants, narcissiques … Estimés en France à 16 millions d’individus, les millennials (appelés aussi « génération Y ») sont ces jeunes nés entre 1980 et 2000 auxquels est accolé un catalogue de stéréotypes. Vincent Cocquebert, 36 ans, rédacteur en chef du site d’information, d’humeur et d’analyse Twenty (fait « par et pour les 16-25 ans ») a acquis, par la fréquentation quotidienne de cette génération, la certitude que ces jeunes ne correspondaient en rien à la caricature qui est faite d’eux. Le journaliste en a tiré un ouvrage passionnant, à paraître le 15 février : Millennial burn-out. X, Y, Z… Comment l’arnaque des “générations” consume la jeunesse (Editions Arkhê, 216 p., 17,90€). On présente toujours les millennials comme accros à Instagram, professionnellement instables et portant des Stan Smith. Se ressemblent-ils tous à ce point ? On parle des millennials comme on parlerait de la famille Suricate. On applique à la jeunesse les codes narratifs du documentaire animalier. On les décrit, par exemple, comme accros au porno, alors que nombre d’entre eux ont un rapport très pudibond à la sexualité. Pour bien comprendre ce qui se joue là, il faut revenir à la genèse du concept. La première référence à cette tranche d’âge apparaît en 1993, dans un édito non signé du magazine américain Advertising Age, sous le nom de « génération Y ». L’objectif de cette publication marketing à prétention sociologisante n’est pas de décrire la jeunesse telle qu’elle est, mais de créer le portrait-robot désirable d’un néoconsommateur éthique, qui aime les marques, l’engagement et croit au message publicitaire. C’est le triomphe de la « génération » comme grille de lecture sociétale… Oui. Cette vision générationnelle de la marche du monde doit aussi beaucoup aux travaux des historiens William Strauss et Neil Howe – avec leur livre Generations :: The History of America’s Future, 1584 to 2069 [William Morrow Paperback, 1991, non traduit] –, qui envisagent la dynamique sociale comme une succession de sociotypes – les « artistes », les « prophètes », les « nomades », les « héros ». Ce sont eux qui ont forgé le concept de millennials. Même si leur méthode a été décriée par certains de leurs pairs, leur vision a fini par s’imposer. En réalité, les millennials n’existent pas. Il s’agit d’une génération dont les traits caractéristiques ont été définis a priori. Alors qu’ils n’étaient encore que préadolescents, ils étaient déjà décrits comme zappeurs, multitâches, professionnellement infidèles, experts en informatique. Ils ont été essentialisés avant même d’avoir vécu et parfois de manière très négative. Un des reproches qui leur sont adressés est lié à leur prétendu narcissisme, comme si les adolescents des générations précédentes ne l’étaient pas… Est-ce la première fois qu’on définit ainsi une génération a priori ? La guerre de 1914-1918 a permis l’émergence du concept de génération, mais elle était caractérisée a posteriori, au travers d’un événement tragique fédérateur. Avec Mai-68, on verra apparaître les premiers discours médiatiques sur la jeunesse où l’approche fantasmatique prend le pas sur le réel. On idéalise alors une jeunesse révolutionnaire par essence, susceptible d’impulser des mutations décisives, sur laquelle va se focaliser abusivement toute l’attention. Alors qu’on avait affaire à une grève générale, Mai-68 sera finalement réduit à une « commune juvénile ». C’est aussi à cette époque que les conflits de générations commencent à se substituer aux conflits de classes. Depuis, on n’a eu de cesse d’opposer une génération à une autre. Cette thématique du clash des générations est omniprésente. Le millennial est souvent présenté comme un nomade connecté et sans attache qui s’opposerait au baby-boomer repu, jouisseur … Ce n’est pas une idée nouvelle, puisqu’elle renvoie au conflit des « anciens contre les modernes ». Mais alors que ce discours se basait jusqu’ici sur une opposition de valeurs, il a pris au début des années 1990 un tournant économique. A partir de là ont germé des -récits mettant en scène ce pseudo-conflit entre la génération prétendument profiteuse des baby-boomers et celle des millennials, qui seraient les grands perdants de l’histoire. Cette scénographie est un moyen efficace pour évacuer les véritables rapports de force, les rapports de classe. Par ailleurs, cette guerre entre les jeunes et les vieux doit être largement relativisée, puisqu’il n’y a jamais eu autant de solidarité économique entre générations. En 2018, 80 % des 18-24 ans recevaient une aide financière de leurs parents. Quand tout le monde surfe sur sa tablette et regarde « Sex Education » sur Netflix, cette focalisation sur l’âge a-t-elle encore un sens ? De nombreuses études ont souligné l’absence de fracture entre les X, les Y, et même les baby- boomers. L’âge n’est plus un marqueur de distinction très pertinent. Aujourd’hui, on peut avoir plus de 60 ans, rouler en trottinette et être favorable au mariage pour tous. Et, à l’inverse, être jeune et réac ? Oui. On a toujours l’image d’une jeunesse progressiste, antiraciste, mais ça aussi c’est un cliché. Il y a cette anecdote que je trouve assez signifiante : au moment de la dernière élection présidentielle, la star française de l’électro Laurent Garnier a cru bon de passer dans un de ses concerts le titre Porcherie, des Béruriers noirs. Il pensait que le refrain de la chanson – « La jeunesse emmerde le Front national » – allait faire l’unanimité. Mais à sa grande surprise, il a reçu de nombreux messages hostiles sur Facebook, sur le thème : « J’écoute de l’électro et je vote FN. Ça vous dérange ?! » Lors de l’élection présidentielle 2017, 51 % des 18-24 ans ont voté pour un parti antisystème au premier tour. On aurait donc affaire à une jeunesse complexe, multiforme ? En réalité, elle n’a jamais été aussi diverse, éclatée. Le problème de l’étiquette millennial, c’est qu’elle a fait disparaître les vraies lignes de fracture, entre la ville et la campagne, les riches et les pauvres, ceux qui ont fait des études et ceux qui, au nombre de 100 000 chaque année, sortent du système scolaire sans diplôme. Le millennial dont on entend parler tous les jours, celui qui correspond véritablement à sa caricature, qui écrit des lignes de code et mange du quinoa bio, ne représente que 5 % de la génération Y. L’Observatoire société et consommation les nomme « le nectar des millennials ». C’est peut-être dans l’entreprise que le discours sur les millennials est le plus utilisé. Pourquoi ? Le management s’est rapidement emparé de ce concept pour justifier des changements structurels, les mettre en scène au travers d’une incarnation, qu’il s’agisse du désengagement des entreprises dans la gestion des carrières, de la nouvelle organisation de l’espace, de l’informatisation ou de la normalisation des contrats précaires. La figure du slasher, cet individu qui accumule joyeusement plusieurs jobs, a, par exemple, permis de présenter de manière positive l’ubérisation à marche forcée de la société. Si on a mis des canapés dans les open spaces, c’est donc parce que les millennials sont plus créatifs quand ils sont allongés, c’est ça ? C’est un peu ça. Le jeune doit à la fois faire -rêver, mais aussi tenir lieu de guide uploads/Philosophie/ partiel-21-mae-fi-orga-generation-y.pdf

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