LA FORCLUSION DU NOM DU PÈRE Le site "Psychiatrie Infirmière" reproduit ici une

LA FORCLUSION DU NOM DU PÈRE Le site "Psychiatrie Infirmière" reproduit ici une intervention de Jean Luc GRABER sur la forclusion du Nom du Père. Introduction Le concept de la "forclusion du Nom du Père" a été élaboré par Jacques LACAN dans les années 1955 - 1956 - 1957. Ce concept est resté, avec celui du "stade du miroir" (accès au dossier "stade du miroir"), un passage obligatoire à la compréhension de l'œuvre de Jacques LACAN (accès au dossier "Jacques LACAN : introduction, définition et théorie"). Jacques LACAN a parlé de la forclusion dans un texte qui s'appelle: "d'une question préliminaire à toute réponse possible au traitement de la psychose". De ce fait, il introduit donc cette question comme préalable d'une autre question: "est-ce que l'on peut soigner la psychose?" Et cette deuxième question, elle, reste en suspens, car y a-t-il une cure possible, pour le psychotique? Nous laisserons donc pour l'instant cette question avec des points de suspension... En aucune manière nous ne prétendrons avoir fait le tour de la question de la psychose (accès au dossier "psychose: définition, pathologie et soin"), si on ne comprend pas ce que c'est que la forclusion du Nom du Père. Car même quand le concept est connu et appréhendé, la grosse difficulté est encore de voir comment ça fonctionne dans la clinique, et en particulier dans la psychose de l'enfant. Jacques LACAN a élaboré la notion de forclusion à partir de cas d'adultes, notamment à partir du "cas SCHREBER" (dans "Cinq psychanalyses" de Sigmund FREUD). Il s'est appuyé sur les consultations qu'il faisait à l'époque à l'hôpital Ste Anne, où on lui présentait surtout des cas de psychotiques adultes. Il est vrai que cette forclusion s'applique assez bien, de façon cohérente dans les psychoses paranoïdes et paranoïaques. Mais est-ce que cela peut nous aider dans les psychoses de l'enfant et en particulier dans l'autisme (accès au dossier "autisme: définition et théorie")? C'est la critique qu'il y aurait à faire sur ce que l'on sait de la forclusion. En tout cas, il ne faut surtout pas penser que la forclusion explique tout. Pour introduire la question de la forclusion on peut donc dire que le concept essaie de rendre compte de la faille spécifique que l'on trouve chez les psychotiques: la faille dans le système symbolique. Comment peut-on la repérer? Bien entendu par la difficulté que le sujet a de s'exprimer, de communiquer. A-t-il oui ou non une parole? On sait que l'enfant psychotique a toujours une altération de la parole. Et même s'il est dans le langage, il n'a pas forcément la parole. Il peut très bien être écholalique, c'est-à-dire parler en écho. Il est alors dans le langage parce qu'il utilise des mots, mais ces mots en question ne sont pas les siens. Il reprend les mots de l'autre. L'autre, avec un grand ou un petit "a". Et c'est l'autre double, l'autre spéculaire, qu'il imite et dont il reprend les mots. Ou alors, le psychotique invente des mots qui sont hors langage. Bref, il y a donc toujours une faille, d'une manière ou d'une autre, qui se traduit par un défaut de langage. Mutisme, écholalie, mais également déraillement schizophrénique de la symbolisation: lorsque le sujet schizophrénique se met à parler dans une sorte de "décalage", de séparation entre ce qui est du signifiant et du signifié, il se met alors à aligner les mots les uns à la suite des autres, sans que l'interlocuteur puisse comprendre, sans que cela renvoie à un signifié, ou à une signification pour l'autre. Il y a coupure entre signifiant et signifié, et les deux fonctionnent pour leur propre compte. D'autres symptômes, proprement psychotiques, introduisent également cette faille dans le système symbolique chez l'enfant et l'adulte: les hallucinations, le fait d'entendre des voix, le fait d'avoir des idées qui s'imposent à soi et qui traduisent en fait que, ce que le sujet ne peut garder en lui, revient du dehors, sous la forme d'une hallucination. Explication du concept Nous allons procéder par étapes pour essayer de mieux comprendre. Ces étapes correspondent d'ailleurs plus ou moins aux étapes par lesquelles Jacques LACAN a amené le concept. Qu'est-ce que c'est que la forclusion ?  Etape 1 : quelle est la distinction entre forclusion et refoulement ? La forclusion est un mécanisme de défense dans un processus psychotique, et le refoulement un mécanisme de défense dans un processus névrotique.  Etape 2 : qu'est-ce qui est forclos ? Il apparaîtra que c'est un signifiant.  Etape 3 : quel est le signifiant qui est forclos ? C'est le signifiant du Nom du Père.  Etape 4 : quel est ce signifiant du Nom du Père ? C'est le fait que Jacques LACAN introduise la métaphore du Nom du Père, ce qui est une autre formulation dans la logique de ce qu'il avait dit précédemment sur la forclusion.  Etape 5 : quelles sont les conséquences de la forclusion ? Ici on retombera de nouveau dans quelque chose de bien connu: la relation de la Mère à l'Enfant psychotique. Lorsque le Nom du Père est forclos, qu'est-ce que cela a comme conséquence dans la relation de la Mère à l'Enfant? On parlera de la jouissance de la Mère - ou du Père, par rapport à l'Enfant psychotique. Cette graduation est une progression logique, qui correspond à peu près à celle que Jacques LACAN a élaborée dans les années 1956 - 57 - 58. On y voit en quoi la forclusion se distingue du refoulement. Le refoulement : Depuis Sigmund FREUD, le refoulement est une chose qui parle désormais à chacun de nous. On pourrait dire que c'est le fait qu'il y ait un retour du refoulé, qui vienne trahir quelque chose du sujet parlant. Par exemple, lorsque je fais un lapsus (accès au dossier "lapsus"), quelque chose vient se mettre en travers de ce que j'énonce. Le lapsus que je fais vient dire autre chose que ce que je dis. Donc même dans le lapsus, je saurai que c'est moi qui parle, que c'est moi qui énonce, que c'est moi le sujet de l'énonciation du lapsus que je fais. C'est à dire que, dans le cas du retour du refoulé, et donc du refoulement, quelque chose du dedans revient du dedans. ça parle en moi. Et ça parle aux autres, dans la mesure où si je dis un lapsus, les autres s'en rendent compte, parce que ça leur parlera également, à eux. Le refoulement, c'est en quelque sorte quelque chose de l'histoire qui est intégré par le sujet et sur lequel a été porté un jugement d'existence, à un moment donné de l'histoire, et qui est inscrit dans le sujet comme signifiant. Ce signifiant, qui est donc refoulé, est susceptible de faire retour à tout bout de champ. Que ce soit par le lapsus, par les rêves (accès au dossier "rêve"), ou par quelque chose se trouvant dans le symptôme névrotique (accès au dossier "névrose: théories et définitions"). Le refoulement implique donc qu'il y ait déjà une élaboration minimum, même si elle a été oubliée, et qui est toujours susceptible de revenir: elle revient du dedans. La forclusion : Pour la forclusion, justement, c'est différent. Et c'est différent, puisque dans la psychose, si le sujet a une hallucination, par exemple s'il entend des voix (ou s'il voit quelque chose), il sera persuadé que ça vient du dehors, et non pas d'en lui, de quelque part en lui où ça parle. Ce ne sera donc pas, pour le psychotique, lui qui se parle, mais l'Autre qui lui parle. De ce fait, dans le cas de la forclusion, ce qui vient du dedans pourra provenir du dehors, c'est à dire que c'est le patient qui a l'impression que ça vient du dehors. - Comparer ici les:  éléments distinctifs de la névrose,  éléments distinctifs de l'état limite,  éléments distinctifs de la psychose. Jacques LACAN dit : "ce qui n'est pas symbolisé, donc ce qui n'a pas d'inscription au niveau du système psychique, fait retour au sujet par l'extérieur, par le dehors et dans le réel". Réel qui n'est pas la réalité quotidienne ou banale que nous pouvons partager mais celui qui, d'une part, a un rapport avec le corps et d'autre part, ce qui est, pour le sujet délirant, sa réalité, sa réalité psychique. Donc si le refoulement est quelque chose qui est inscrit et oublié, et qui, à certains moments, fait retour, la forclusion par-contre, n'est pas inscrite et se signale, parce qu'elle n'est pas inscrite, par un vide, un trou, dans le système symbolique. D'après une image empruntée à Serge LECLAIRE, on peut comparer l'expérience constituée à un tissu. Ce tissu est composé d'une trame qui permet au tissu de tenir. Dans le cas du refoulement, il y aurait une déchirure, une sorte d'accroc dans cette trame, qui est toujours susceptible d'être reprisée. Par-contre dans le cas de la forclusion, il y aurait un défaut dans la trame même, comme si les fils, au moment de la uploads/Philosophie/ le-se-minaire 1 .pdf

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