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03/03/12 23:12 La liberté politique Page 1 sur 7 http://sergecar.perso.neuf.fr/cours/liberte1.htm Leçon 62. La liberté politique Il est dans nos habitudes de concevoir la liberté comme une revendication contre toutes les formes de contraintes. Nous pensons qu’il n’y a de liberté que lorsque disparaît toute gène ou empêchement. Être libre, c'est avoir les coudées franches ! la liberté ne nous est donnée que contre toutes les résistances. La liberté s’exprimerait alors par une lutte contre ce qui la restreint : contre les importuns, contre l’État, contre les règles sociale etc. Seulement, si la liberté c’est seulement une forme de révolte, alors il nous faudrait trouver l’isolement absolu pour l’atteindre. Nous vivons en société dans des règles, sous des lois que l’on peut estimer contraignantes. Du coup, l’État, garant de la loi, peut lui-même sembler par nature fait pour opprimer la liberté. Mais n’est il pas dans la nature de l’institution politique de rendre possible la liberté civile plutôt que de l’opprimer ? La liberté politique serait-elle possible sans un État pour la défendre? * * * A. L’homme libre et le citoyen Dans la culture occidentale, la liberté a d’abord été pensée dans l’opposition du statut politique de l’homme libre au statut de l’esclave. Qu’est ce qui définit l’esclave ? L’esclave est a) celui qui ne s’appartient pas lui-même, mais appartient à un autre que lui, le maître. b) L’esclave est celui qui est privé de droit. Aussi sa condition est-elle celle de l’animal domestique, mais il est cependant par nature doué cependant d’assez d’intelligence pour comprendre un ordre. La servitude fait de l’homme une chose utile, « une sorte de propriété animée, et tout homme au service d’autrui est comme un instrument et tient lieu d’instrument ». (texte) L'esclave ne diffère de l'animal que parce qu'il est doué de raison. Il est capable de comprendre un ordre, il est potentiellement un homme libre ; c'est la destinée qui l'a placé dans une condition de servitude. Cependant, il ne faut pas oublier que cette définition d'Aristote répond à une condition historique dans laquelle les hommes ne possédaient pas de technique. Avec les machines la situation est différente. « Si les navettes tissaient d’elles-mêmes,... ni les chefs d’artisans n’auraient besoin d’ouvriers, ni les maîtres d’esclaves ». Dans un monde où la technique nous délivre des tâches les plus pénibles et où l’économie rend possible une répartition de la richesse, il peut n’y a voir que des hommes libres, c'est-à-dire des hommes qui s’appartiennent à eux même et disposent de droits. Telle est la condition du citoyen. Il n’y a de condition du citoyen que dans un État digne de ce nom. (texte) Le citoyen est celui qui commande en un sens et aussi celui qui obéit. Il commande en exerçant son droit dans les assemblées des citoyens, en participant à la vie publique. Le citoyen doit exercer un pouvoir législatif et judiciaire. Nous dirions aujourd’hui qu’il est normal que l’on demande au citoyen de siéger comme juré au tribunal, comme il est nécessaire que ce soit lui qui élise les députés chargés de faire la loi. Il obéit en respectant le droit qui résulte des décisions communes. C’est en ce sens que l’on admettait dans l’antiquité qu’il n’y avait de droits et de devoirs que de l’homme libre. Il est vrai que la Cité grecque étaient de dimension très modeste. Il devait être possible d’en faire le tour du regard à partir du point le plus haut du territoire. L’État moderne est en comparaison gigantesque, il comporte une population beaucoup plus nombreuse. Les grecs se demandaient si tous les hommes libres pouvaient avoir l’attribution de citoyen ou seulement quelques uns d’entre eux, les meilleurs. Dans nos démocraties modernes, il n’est plus possible de distinguer la liberté de l’homme de sa qualité de citoyen. Tout homme libre, membre d’un état, est un citoyen. Il n’y a de privation 03/03/12 23:12 La liberté politique Page 2 sur 7 http://sergecar.perso.neuf.fr/cours/liberte1.htm de droits civiques que dans le cas d’une infraction grave à la loi (texte). La citoyenneté se définit à partir de la liberté des hommes dans l’État. Elle n’implique par n’importe quelle définition de la liberté. Il faut distinguer la licence, la liberté naturelle, qui est indépendance sans loi et la responsabilité de la liberté civile. (texte) Rousseau écrit : « Quand chacun fait ce qui lui plaît, on fait souvent ce qui déplaît à d’autres, et cela ne s’appelle pas un état libre ». La liberté du citoyen se définit pas le respect de la liberté de l’autre citoyen et le souci constant du bien de tous. Aussi Rousseau ajoute : « la liberté consiste moins à faire sa volonté qu’à n’être pas soumis à celle d’autrui ; elle consiste encore à ne pas soumettre la volonté d’autrui à la nôtre ». La liberté perdrait tout signification, si elle impliquait non pas un rapport de droit entres les hommes, mais des rapports de force. La liberté naturelle, au sens du « je peux faire ce que je veux », peut détruire et finir par nier la liberté elle-même. La liberté que je me donne, je dois aussi pouvoir la prêter à autrui. la liberté civile se maintient dans le respect de l’autre. Or, comment dans la pratique se trouve fixé ce respect ? Par la limite posée par la loi. La loi trace la limite théorique par laquelle le citoyen est supposé ne pas nuire à autrui et ne pas porter tort à l’intérêt de tous. Sans cette limite, comprise dans la définition du citoyen, on ne voit pas comment la liberté serait elle- même pensable. Aussi faut-il admettre qu’il « n’y a point de liberté sans lois, ni où quelqu’un est au dessus des Lois ». (texte) S’il advenait qu’un peuple soit dominé par un pouvoir qui se placerait au dessus des lois, il y perdrait du même coup sa liberté. Apparaîtrait alors un dominant imposant la servitude et un dominé consentant à la servitude. Même si un peuple se donne à travers ses institutions des lois, des règles, cela ne veut pas dire que pour autant il doit y perdre toute liberté. La loi n’implique ni soumission, ni dépendance. La loi implique la libre responsabilité de chacun dans l’État. « L’homme n’est libre qu’à la faveur de la loi naturelle qui commande à tous. Un peuple obéit, mais il ne sert pas ; il a des chefs, mais pas de maîtres ». Il y a une différence considérable entre l’autorité reconnue et légitime du pouvoir qui émane de la volonté générale et l’autorité du tyran qui ne s’impose que par la force. Ainsi, pour comprendre comment la liberté politique est aliéné, il faut reconnaître ce qu’est l’usage de la force. (texte) B. La liberté opprimée Mais cette situation se produit pourtant trop souvent dans l’Histoire. Le pouvoir tyrannique est celui qui finit par remplacer l’obligation que chaque citoyen a vis-à-vis des règles de droit, par une contrainte par force. Aussi le citoyen se trouve parfois placé dans une situation où il ne fait qu’obéir sans commander. Quand cette contrainte vient du pouvoir politique, nous parlons de despotisme, de tyrannie, de dictature et de régime totalitaire. Le despotisme est un pouvoir excessivement étendu et confié à un souverain, au dépend du peuple. La tyrannie est un despotisme violent et cruel, qui s’impose par la terreur. Une dictature est un régime politique qui s’instaure à la faveur d’un putsch miliaire, en renversant un régime plus modéré. Un régime est totalitaire quand la diversité des opinions y est interdite, et que règne une sensée unique, l’idéologie du régime, qu’une seul parti possède un pouvoir total à tous les étages de l’État. Considérons la privation de liberté qu’engendre la tyrannie. La tyrannie ne repose pas, comme le dit La Boétie, dans le Discours sur la Servitude volontaire, sur la seule force militaire. Ce ne sont pas la milice et l’armée qui font la tyrannie. Le tyran impose une domination de la force dans une hiérarchie de la domination par la contrainte. Entre lui et le peuple, il y a ses comparses et toute une distribution de la domination. Il ne suffit pas à cet égard de dire que le tyran s’impose par la force à un peuple qui se soumet, comme si la responsabilité de la tyrannie ne concernait que la conscience d’un individu et pas la conscience collective du peuple. Qu’est-ce qui défend le tyran ? (texte) « Ce ne sont pas les bandes de gens à cheval, ce ne sont pas les compagnies de gens à pied, ce ne sont 03/03/12 23:12 La liberté politique Page 3 sur 7 http://sergecar.perso.neuf.fr/cours/liberte1.htm pas les armes qui défendent le tyran ». Il ne faut que peu d’hommes pour réduire un pays en servitude, cinq ou six, aux côtés du tyran suffisent, si le peuple se laisse soumettre et abdique devant la force. Ce qui est terrible, c’est que le consentement à la servitude se situe dans la conscience d’un peuple. C’est ce consentement qui invite l’autorité tyrannique. uploads/Philosophie/ liberte-politique.pdf
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- Publié le Aoû 15, 2021
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