DE LA MISERE EN MILIEU ETUDIANT considérée sous ses aspects économique, politiq

DE LA MISERE EN MILIEU ETUDIANT considérée sous ses aspects économique, politique, psychologique, sexuel et notamment intellectuel et de quelques moyens pour y remédier Edition originale: Union Nationale des Etudiants de France Association Fédérative Générale des Etudiants de Strasbourg, 1966 Les Editions d'une plombe du mat' « La liberté est le crime qui contient tous les crimes, c’est notre arme absolue. » DE LA MISERE EN MILIEU ETUDIANT 2 (diffusion libre et encouragée) DE LA MISERE EN MILIEU ETUDIANT 3 Manifeste de l’éditeur Les « Editions d’une plombe du mat’’ » ont pour but la diffusion de textes considérés comme importants. Les textes diffusés sont du domaine public. La consultation et l’impression par l’acquéreur de ces textes n’implique pas pour lui l’acquisition de traitements de textes coûteux. Pour le moment la diffusion concerne des ordinateurs de type PC sous Windows (version 95 recommandée) et la mise en page est réalisée par Word 6 pour Windows de Microsoft qui met à la disposition en tant que freeware son logiciel de consultation-impression Word Viewer. Dans cet esprit il est parfaitement possible d’effectuer des adaptations pour d’autres machines et d’autres systèmes. DE LA MISERE EN MILIEU ETUDIANT 4 En conséquence ces textes peuvent être reproduits librement sous la forme d’édition des « Editions d’une plombe du Mat’ » ou non. Toutefois, pour rester dans l’esprit de cette diffusion, les diffuseurs devront s’abstenir de toute plus-value autre que celle, minime, couramment pratiquée dans la diffusion shareware/freeware. En particulier sont exclus de diffusion les arnaques au Minitel (36.15 et plus et/ou « créditels » et autres) et les BBS qui demandent autre chose qu’une cotisation raisonnable à leurs membres pour leur fonctionnement. Pour participer à cette action d’édition, pour envoyer vos critiques et suggestions : William MARIE e-mail wmarie@easynet.fr Web http://perso.easynet.fr/~wmarie Patrick JACOB e-mail patrick.jacob@hol.fr, Web http://wwwperso.hol.fr/~pjacob Table des matières En manière d’introduction: réflexions d’un vieux con par William J.-M. MARIE..............................................................................................i Rendre la honte plus honteuse encore en la livrant à la publicité..................................................................................................................1 Il ne suffit pas que la pensée recherche sa réalisation, il faut que la réalité recherche sa pensée.....................................................................................................13 Créer enfin la situation qui rende impossible tout retour en arrière.................................................................................24 En manière d’introduction: réflexions d’un vieux con par William J.-M. MARIE Les agitations périodiques du petit monde étudiant, petit par la pensée, d’autant plus qu’il se massifie, ne laisse pas d’étonner. Quoi! Ces jeunes gens, biens nourris, bien vêtus et biens logés, n’ayant comme perspective sociale qu’un « emploi » précaire et aléatoire, d’autant plus insupportable que leurs parents et leurs maîtres leur ont laissé croire qu’ils étaient de la race des seigneurs et que le vaste monde n’était qu’un amuse gueule pour leur grand appétit, ces jeunes gens, dis-je, loin de brandir l’étendard, sinon de la jacquerie, tout au moins de la fronde, n’ont rien d’autre à signifier aux gouvernants qui les bernent qu’une demande budgétaire! S’il se trouvait naguère quelques aventuriers pour abandonner, sinon femmes et enfants, tout au moins situation assise, afin de courir le monde sur un esquif frêle et se réjouir, sur un atoll venteux, de se régaler d’un infâme poisson inconnu et pleins d’arêtes, grillé d’un côté et pas assez cuit de l’autre, ces temps ont biens changés. Si ces temps négatifs peuvent avoir, par retournement dialectique, l’aspect salutaire d’un coup de pied au cul, nos jeunes apprentis universitaires ont, soit le cul à côté de l’impact, par longue habitude qu’ils ont de situer leur fondement entre deux chaises, soient le cuir dudit fondement, tellement tanné par la pratique de mauvais amphis, qu’ils n’ont pas senti le message salvateur. Anxieux de leur devenir, nos jeunes gens n’ont, pour cette anxiété légitime et, somme tout, banalement métaphysique, qu’une transcription étonnante: l’emploi salarié pense et gagne petit, qu’ils pourront obtenir de ii Présentation par William J.-M. MARIE l’Etat-patron. Même nos brillants majors des « grandes » écoles n’aspirent pas du tout à devenir les challengers (pour parler looké) de Bill Gates en tentant de créer le killer de Microsoft, mais à entrer chez quelques institutionnels, fleurons de la ringardise franchouillarde: France Télécom, Thomson, Bull ou Charbonnage de France. Le côté salutaire des temps de crises, incitant à une remise en cause structurelle des machins, ne leur donne même pas envie de donner des coups de pied dans les cocotiers. La veulerie intrinsèque de la France pétainiste se retrouve chez ceux qui, lors d’un sondage à la sortie d’un « Micro Expo » parisien, donc - en principe - loin de la faune phocéenne de l’O.M., mettaient Bernard Tapie en tête des maîtres à penser. L’absence de tout esprit résolument critique se retrouve dans l’incapacité qu’ils ont de toute distanciation d’avec les événements, tant leur perception du monde est immédiate. Parler alors de « société médiatique » est une imposture, la société est spectaculaire et marchande, ce qui est une immédiateté. La perte de phallus est, pour commencer, la perte de langage, au sens où il est, non seulement média de communications, mais jeu sur les effets de signifiants. Or le vocabulaire de nos étudiants est trop pauvre pour jouer avec le langage, jeu qui est l’apprentissage de la désaliénation et ferment de la révolte. La « désublimation répressive » pour emprunter un concept à Herbert Marcuse régresse au stade sadique anal de « l’argent » qui va tout résoudre: leur manque à être sinon à avoir. Les étudiants ne savent même pas, eux qui se croient « révoltés » que la révolte passe obligatoirement par la remise en cause de l’argent ainsi que l’ont montré les révolutionnaires anarchistes de Barcelone (1937) en brûlant (oui!) des billets de banque lors des journées insurrectionnelles en Catalogne. DE LA MISERE EN MILIEU ETUDIANT iii Ces réflexions m’ont incité à rééditer un pamphlet écrit dans une époque lointaine (1966), loin du chômage de masse et de la surpopulation étudiante (et pénitentiaire). Ce pamphlet s’est concrétisé dans une brochure qui est, en soit, un exemple de détournement1 comme l’entendaient les situationistes2 qui furent à son origine: élus aux élections universitaires, dont tout le monde se contrefoutait (déjà!), sur la liste de l’U.N.E.F., ils ne trouvèrent rien de plus malin que d’utiliser les quelques fonds qui restaient sur le compte en banque de ladite U.N.E.F. de Strasbourg pour éditer la brochure: « De la misère en milieu étudiant » où la catégorie étudiante était appréhendée à sa piètre valeur. C’était là un fait unique dans un syndicat corporatiste: éditer une brochure pour dénigrer la corporation! Bien que les préoccupations du moment ne soient plus exactement les mêmes, ce pamphlet a gardé suffisamment de sa verdeur et de sa vision prophétique pour qu’il mérite d’être lu aujourd’hui. W. M. (Toulouse Novembre 1995) 1 le détournement consiste à vider et à subvertir un message conçu à grand frais publicitaire. L’élégance du procédé résulte dans le minimum qu’il convient d’utiliser pour vider, voire inverser, le sens du message. Par exemple une affiche d’un môme chialard avec pour texte « Papa, ne bois pas, pense à moi » prendra un contenu résolument différent si un petit malin intercale le mot « tout » entre « ne bois pas » et « pense à moi ». 2 Voici comme ils définissaient eux-mêmes le terme: « Il définit une activité qui entend faire des situations, non les reconnaître, comme valeur explicative ou autre. Ceci à tous les niveaux de la pratique sociale, de l’histoire individuelle. Nous remplaçons la passivité existentielle par la construction des mouvements de la vie, le doute par l’affirmation ludique. Jusqu’à présent, les philosophes et les artistes n’ont fait qu’interpréter les situations; il s’agit maintenant de les transformer. Puisque l’homme est le produit des situations qu’il traverse, il importe de créer des situations humaines. Puisque l’individu est défini par sa situation, il veut le pouvoir de créer des situations dignes de son désir. Dans cette perspective doivent se fondre et se réaliser la poésie (la communication comme la réussite d’un langage en situation), l’appropriation de la nature, la libération sociale complète. Notre temps va remplacer la frontière fixe des situations limites que la phénoménologie s’est complue à décrire, par la création pratique des situations; va déplacer en permanence cette frontière avec le mouvement de l’histoire de notre réalisation. Nous voulons une phénoméno-praxis. Nous ne doutons pas que ceci sera la banalité première du mouvement de libération possible de notre temps. Que s’agit-il de mettre en situation? A différents niveaux, ce peux être cette planète, ou l’époque (une civilisation au sens de Burckhardt par exemple), ou un moment de la vie individuelle. Allez, la musique! Les valeurs de la culture passée, les espoirs de réaliser la raison dans l’histoire, n’ont pas d’autre suite possible. Tout le reste se décompose. Le terme situationniste, au sens de l’I. S. [Internationale Situationniste], est exactement le contraire de ce qu’on appelle actuellement en portugais un « situationniste », c’est à dire un partisan de la situation existante, là donc du salazarisme. » (Internationale Situationniste N° 9, août 1964 p 24) Rendre la honte plus honteuse encore en la livrant à la publicité Nous uploads/Philosophie/ m-khayati-quot-de-la-misere-en-milieu-etudiant-quot.pdf

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