Martin Heidegger Pour les articles homonymes, voir Heidegger. Martin Heidegger
Martin Heidegger Pour les articles homonymes, voir Heidegger. Martin Heidegger Heidegger en 1960. signature Martin Heidegger, né le 26 septembre 1889 à Messkirch et mort le 26 mai 1976 à Fribourg-en-Brisgau, est un philosophe allemand. D'abord étudiant auprès d'Edmund Husserl et immergé dans le projet phénoménologique de son maître, son in- térêt se porte rapidement sur la question du « sens de l'être ». Elle le guidera ensuite tout au long de son che- min de pensée et c'est en tentant de répondre à celle-ci, à l'occasion de la publication de son ouvrage Être et Temps (Sein und Zeit) en 1927, qu'il rencontre une immense no- toriété internationale qui déborde largement le monde de la philosophie. Dans les années trente a lieu ce qu'il appelle le « tournant » de sa pensée au moment de l'écriture de l'Introduction à la métaphysique. Il cherche à prépa- rer un nouveau commencement de pensée, qui éviterait l'enfermement de la métaphysique – celle-ci étant de- venue, pour lui, un mot qui rassemblait, selon Hans- Georg Gadamer « toutes les contre-propositions contre lesquelles Heidegger cherchait à développer ses propres tentatives philosophiques »[1],[N 1]. La « Gesamtausgabe », édition complète des œuvres, en cours de publication, comprend plus de cent volumes, dont les ouvrages majeurs sont Être et Temps (Sein und Zeit, 1927) et Apports à la philosophie : De l'Avenance, Beiträge zur Philosophie (Vom Ereignis), ouvrage publié de manière posthume (1989 pour la version allemande et 2013 pour la version française). Heidegger est considéré comme l'un des philosophes les plus marquants du XXe siècle : sa démarche a influencé la phénoménologie et toute la philosophie européenne contemporaine. Elle a eu un impact bien au-delà de la philosophie et, par exemple, sur la théorie architecturale, la critique littéraire, la théo- logie et les sciences cognitives[2]. L'influence de Heidegger sur la philosophie française a été particulièrement importante[3]. Elle s’est notamment exercée par le truchement des philosophes Jean-Paul Sartre, Jean Beaufret, Emmanuel Levinas, Jacques Der- rida, Maurice Merleau-Ponty, voire Michel Foucault[N 2]. Il est également l'un des philosophes dont la personna- lité et l'œuvre sont les plus controversées en raison de son attitude durant la période 1933-1934, où il fut recteur de l'université de Fribourg et adhérent au parti national- socialiste de 1933 à 1944. 1 Biographie 1.1 Premières années La maison natale de Heidegger. Martin Heidegger est né à Messkirch (Allemagne) le 26 septembre 1889[5]. Élevé dans un milieu « authen- tiquement catholique »[6] — son père, tonnelier, est sacristain[7] — Heidegger fait ses études secondaires aux petits séminaires de Constance 1903-1906), puis de Fribourg (1906-1909)[8]. Pendant l'été 1907[9], le père Conrad Gröber, directeur du petit séminaire de Constance et futur archevêque de Fribourg[10], lui offre la dissertation de Franz Brentano intitulée De la diver- sité des acceptions de l'être d'après Aristote (1862). Hei- degger affirme à plusieurs reprises que ce livre a été son « premier guide à travers la philosophie grecque »[11], le conduisant à la lecture d'Aristote, dont il écrit dans Mon chemin de pensée et la phénoménologie (1963) que la phrase : « l'être se dit de multiples manières » a décidé de son « chemin de pensée »[12]. Cette lecture provoque chez Heidegger une question, que Jean Beaufret résume ainsi : « si étant se dit en guises diverses, quel est donc l'un de ce divers »[13]. Selon Heidegger lui-même, cette « unique question » demeure « sans cesse un stimulant pour le travail qui vit le jour vingt ans plus tard sous le titre de Sein und Zeit »[14]. Dès 1909, il lit les Logische Untersuchungen d'Edmund Husserl[15], dont il attend « un secours décisif pour avancer dans l'intelligence des ques- tions soulevées par Brentano » et qu'il relira, les années 1 2 1 BIOGRAPHIE suivantes, de manière « incessante »[14],[16]. En septembre 1909, il entre comme novice au sein de la Compagnie de Jésus, à Tisis, près de Feldkirch, qu'il quitte pour des raisons de santé en octobre suivant[17],[18]. Avec peu de moyens financiers, il se porte alors candidat au séminaire de Fribourg, où il entre pour le semestre d'hiver 1909[19]. En 1911, il souffre à nouveau de problèmes cardiaques, ce qui fait douter les responsables de l'école de ses capa- cités à devenir prêtre, eu égard à son état de santé. En été, en convalescence, il réalise qu'il préfère la philoso- phie à la théologie et décide de renoncer à la prêtrise et à la théologie. À la recherche d'une forme de sécurité finan- cière, il décide de s’inscrire pour le semestre d'hiver 1911- 1912 à la faculté de sciences naturelles de l'Université de Fribourg en mathématiques, physique et chimie, afin de devenir professeur, tout en poursuivant ses études de philosophie[20]. Son éducation religieuse, qui lui donne l'occasion d'approcher la tradition scolastique, rend son parcours atypique[21], à une époque où les séminaires de philosophie sont dominés par le néo-kantisme. En 1913, il écrit sa thèse de doctorat en philosophie, Doctrine du jugement dans le psychologisme[22], sous la direction de Artur Schneider[23]. En 1914, il est réformé pour raison de santé. Il prononce en 1915 la conférence Le concept de vé- rité dans la philosophie moderne. Il se destine alors à la prêtrise, avant d'abandonner la religion. Il dit plus tard que celle-ci est radicalement incompatible avec la philosophie[N 3]. Le 31 juillet 1915, il est habilité à enseigner, comme chargé de cours, après avoir présenté sa thèse d'habilitation écrite sous la direction du néo-kantien Heinrich Rickert, thèse qui a été traduite en français sous le titre Traité des catégories et de la signification chez Duns Scot[24],[23]. Sa leçon inaugurale s’intitule Le concept de temps dans la science historique[23]. À l'automne 1916, il devient l'assistant personnel de Husserl, dont il partage les réflexions et les recherches sur la phénoménologie[25]. Cependant, il se détache rapi- dement de l'enseignement de son maître : dès l'origine, en continuant hors des heures de cours l'approfondissement de Recherches logiques que son auteur, Husserl, juge déjà dépassées, puis progressivement de 1923 à 1927, en reprochant à Husserl son tournant vers une philosophie de la subjectivité transcendantale et plus encore son cartésianisme ; il admire toujours néanmoins les Logische Untersuchungen[26],[15] Mobilisé en 1917, il est affecté au service météorologique de l'armée à Verdun. Dès 1919, il reprend ses cours à l'université de Fribourg où il acquiert une renommée uni- versitaire. Durant ces années, les universitaires pensaient qu'avec le talent de Heidegger la philosophie renaissait à elle-même[27]. Déjà, cependant, il entreprenait une cri- tique radicale de la tradition notamment dans le Rap- port Natorp, un rapport manuscrit sur l'état de ses travaux adressé en 1922 au professeur Paul Natorp, où il procède à une critique sévère de la métaphysique dite de la « pré- sence » attribuée à Aristote et base de sa Physique[28]. Il se marie le 21 mars 1917 avec Elfride Petri (1893- 1992)[29], protestante ; leur mariage est d'abord prononcé selon le rite catholique puis cinq jours plus tard[30] se- lon le rite évangélique. Ils ont ensemble deux fils : Jörg et Hermann, le premier en janvier 1919 et le second en août 1920. 1.2 Marbourg En 1923, il est nommé professeur non titulaire à l'Université de Marbourg, qui est alors le foyer princi- pal européen du néokantisme, où il collabore avec le théologien protestant Rudolf Bultmann[31] qui réinter- préte le Nouveau Testament à la lumière du futur chef- d'œuvre de son jeune collègue Être et Temps. Ce dernier livre est, selon Hans-Georg Gadamer, « né des contacts féconds et passionnés que Heidegger a eus avec la théo- logie protestante de son temps à Marbourg en 1923 »[32]. Ses nouveaux collègues sont : Nicolai Hartmann, Paul Na- torp et Hermann Cohen, quant à ses étudiants à Marbourg on peut citer Hans-Georg Gadamer, Hannah Arendt, Karl Löwith, Gerhard Krüger, Leo Strauss, Jacob Klein, Günther Anders, et Hans Jonas. Ce séjour à Marbourg et le contact avec ses nouveaux collègues furent particulièrement positifs pour le jeune professeur[33]. À partir de ses lectures d'Aristote, il com- mence à développer sa problématique personnelle rela- tive à la question du sens de l'être. Ses travaux sur la phé- noménologie de la vie religieuse à partir de l'étude de Saint Augustin, de Paul et de Luther l'orientent vers une conception de l'être humain qui va privilégier l'existence sur l'essence. L'année suivante, il a avec Hannah Arendt, une de ses élèves, une liaison clandestine[34]. 1.3 Fribourg Le 12 mars 1926, il présente à Husserl, à l'occasion d'une réception pour les 67 ans de celui-ci, le manuscrit de Sein und Zeit (Être et Temps), premier ouvrage qui est publié l'année suivante, à la demande du doyen de l'Université de Marbourg. En 1928, il prend la suite de son maître Husserl, parti à la retraite, à l'Université de Fribourg. 1929 fut l'année de la controverse de Davos où eut lieu une confrontation célèbre entre Ernst Cassirer, représen- tant du néo-kantisme, et Heidegger. En 1931, un poste lui est proposé à l'Université de Berlin, poste qu'il refuse après une discussion avec un de ses amis uploads/Philosophie/ martin-heidegger-biographie-wikipedia-38-pages-3-5-mo-pdf.pdf
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- Publié le Mai 08, 2022
- Catégorie Philosophy / Philo...
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