1 METHODE DE LA DISSERTATION PHILOSOPHIQUE Aspect général de la copie : 1. Elle

1 METHODE DE LA DISSERTATION PHILOSOPHIQUE Aspect général de la copie : 1. Elle doit faire entre 5 et 10 pages d'une écriture "normale", ni celle d'une fourmi, ni celle d'un éléphant, si tant est que fourmis et éléphants consignent par écrit leurs réflexions philosophiques. En dessous de 5 pages, le correcteur est content car la copie est vite lue, vite corrigée; le candidat le sera moins au retour de sa copie, car -d'expérience- une trop grande brièveté rime la plupart du temps avec une pauvreté de la pensée, le correcteur risquant alors d'être aussi avare en points que le candidat l'a été en phrases (et en travail). Au dessus de 10 pages, le correcteur au baccalauréat se rappelle soudainement qu'il est mal payé, qu'il n'a pas fait les courses et qu'il n'a pas sorti le chien (ou autres animalcules domestiques). Une dissertation n'est pas un essai philosophique. Mais (of course) elle ne se note pas non plus au kilo. Toutefois, il vaut mieux être dans le second cas que dans le premier. 2. Votre écriture doit être lisible, car, cela va de soi, une écriture illisible, ne peut être lue, et une copie qui ne peut être lue...je vous laisse conclure. 3. L'orthographe doit être parfaite (si la perfection est de ce monde). Une copie pleine de fautes perdra des points. Cela est aussi absurde que de se voir refuser un emploi parce qu'on n'a pas mis une cravate ou parce que notre chemise n'est pas repassée. Vous avez un an pour repasser ce prêt-à-porter de la pensée, quand bien même vous mépriseriez les costumes. Passons maintenant à des choses plus... "sérieuses". TRAVAIL PREPARATOIRE ET ANALYSE DE LA QUESTION C'est là que se décide la qualité de votre dissertation. Là où, en Lettres, une écriture élégante peut réussir tant bien que mal à masquer une analyse trop confuse de la question, il n'en est rien dans une dissertation philosophique. Vous ne pouvez commencer à rédiger si vous n'êtes pas au clair avec la question posée, si vous n'avez pas réussi à dégager le problème que cette question pose. Si la question ne vous semble poser aucun problème, si tout semble aller de soi, alors dites-vous que le sens de cette question vous a échappé. On ne pense que si l'on fait face à une contradiction, sinon on s'en tient à un simple bavardage plaisant. La valeur d'une dissertation dépend donc de sa capacité à mettre au jour les données du problème : or, ce problème, il ne faut pas le chercher ailleurs que dans la question. On vous conseille souvent de reformuler la question : cela ne veut pas dire paraphraser purement et simplement cette question ou lui substituer une autre question (dans ce cas, on est hors- sujet) mais en faire l'analyse. En effet, la plupart du temps, la solution de facilité consiste à essayer à tout prix de fuir la question, car bien sûr, la question qu'on vous pose, comme toute question digne de ce nom, est embarassante. Ainsi, ne tournez jamais les talons devant une question, quand bien même elle vous semblerait totalement inintelligible : la meilleure défense est encore l'attaque. En pratique, tournez les talons devant une copie, quelle forme cela prend-t-il ? (puisque il faut bien commencer par vous dire ce qu'il ne faut pas faire pour, ensuite, vous donner l'exemple de ce qu'on attend de vous) Soit un sujet d'annales pris au hasard : La contrainte est-elle le contraire de la liberté ? 2 Surtout, ne commencez pas par rechercher des exemples : 1. Ne commencez pas par vous demander ce que Kant, Hegel ou Tartanpion ont pu dire sur la question. Si vous faites cela vous substituerez de vagues opinions sur la question à une véritable réflexion : selon un tel, la liberté, c'est ça....Selon un autre, qui n'est pas d'accord avec lui, c'est ça...etc. Ce genre de copie finissant généralement sur un relativisme tiède qui fait grincer les dents du correcteur : Comme on peut le voir chacun à son point de vue sur la question (ce qui laisse supposer que, si ça ne tenait qu'à vous, vous préfèreriez aller boire un petit café pour oublier tous ces propos d'ivrognes, qui vous font une belle jambe. Je vous laisse apprécier l'impression sur laquelle vous laissez votre correcteur) Il n'est pas interdit, bien entendu, de citer des thèses à l'appui de votre réflexion (au contraire) mais celles-ci doivent venir appuyer votre raisonnement et non s'y substituer. 2.Pire encore : ne commencez pas par rechercher dans votre expérience personnelle ce qui pourrait "illustrer" la question que l'on vous pose. Ne racontez pas votre vie : une copie n'est pas un confessionnal. Attention, cela ne veut pas dire qu'une copie est désincarnée. On attend de vous une réflexion personnelle et originale mais réfléchir par soi -je ne vois pas d'ailleurs comment on pourrait réfléchir autrement- ne veut pas dire raconter sa vie. Vous pouvez employer la première personne du singulier mais cela ne doit pas prendre la valeur d'un argument d'autorité. Ainsi les expressions : Je pense que... Pour ma part....Quant à moi....A mon avis... sont à proscrire. Premièrement, si vous pensez, on se doute que c'est vous et pas le voisin ; par conséquent, c'est inutile de le signaler au correcteur. Plus sérieusement, en employant de telles expressions, vous laissez supposer que ce qui va suivre ne tient qu'à vous et, pire encore, qu'il s'agirait de vous croire sur parole puisque c'est vous qui le dites. C'est là un argument d'autorité et un correcteur ne courbera pas plus l'échine devant vous, quelque grande puisse être votre autorité, qu'il ne croit sur parole un Kant ou un Hegel, comme nous l'avions vu précédemment. Dans les deux cas, l'exemple ne fait donc jamais preuve. Ainsi, ne commencez pas par rechercher des exemples. Voilà maintenant une petite astuce qui vous signalera, à tout coup, que vous vous contentez de juxtaposer des exemples à la suite les uns des autres : Vous vous contentez de consigner des cas, des "faits divers", sans aucune unité, si vous multipliez dans votre copie les expressions suivantes : quelquefois...parfois...souvent...des fois...mais pas toujours...ensuite...puis... Ces "petits mots", si innocents en apparence, révèlent que vous collectionnez des faits sans chercher à en dégager le sens. Vous racontez des histoires, sans faire apparaître le problème de la question, sans en dégager le sens et la logique. A contrario, il y a aussi des "petits mots" qui sont le signe que vous tentez de construire un raisonnement, que vous vous efforcez d'analyser la question, que votre pensée fait l'épreuve de contradictions réelles: (si...alors)....par conséquent.. car....cependant...toutefois...mais... Toutes ces expressions jointes à un cheminement interrogatif (ex: Si la liberté ne peut être pensée sans la contrainte, est-ce à dire qu'on est libre que sous la contrainte ? Ne serait-ce pas paradoxal de définir ainsi la liberté?....) marque que vous essayez de faire l'épreuve logique de la question, que votre pensée ne tient rien pour évident avant de l'avoir examiné, de l'avoir mis à l'épreuve du questionnement. Maintenant que nous savons ce qu'il ne faut pas faire, vous attendez impatiemment de savoir ce qu'il faut faire. Dans le travail préparatoire, il s'agit d'analyser la question : de cette analyse sortiront naturellement l'introduction et le plan logique du développement, celui-ci n'étant que le prolongement de la trame posée par l'introduction. 3 Comment analyse-t-on un sujet ? Qu’est-ce qu’analyser la question ? C’est dégager le problème qu’elle implique et qui la motive. Une analyse bien menée, en effet, montre à quel point il y avait un sens à se poser la question, dans la mesure où on ne saurait en finir avec cette question en y répondant spontanément. Ce temps de l’analyse correspond au moment du « brouillon ». C’est un moment décisif car, tant que vous n’êtes pas au clair avec le(s) problème(s), il est inutile de commencer à rédiger. Qu’est-ce qu’un problème ? Il y a problème à partir du moment où vous découvrez une contradiction au cœur de la question, où deux réponses, aussi valides l’une que l’autre, s’affrontent et renvoie l’une à l’autre sans qu’il soit possible, semble-t-il, de dépasser cette opposition. 1/ L’Etonnement face au sujet. La première approche de la question doit être un étonnement radical. Trop souvent, les candidats du bac prennent la question comme une hypothèse dont les termes seraient évidents, univoques et non problématiques. Or, tout au contraire, chacun des termes de la question doit être interrogé et ne va aucunement de soi. Autrement dit, on ne vous demande pas d’apporter des exemples capables de valider la question posée ou de l’infirmer ; on attend en premier lieu que vous en analysiez les divers sens possibles afin de dévoiler tous les aspects du problème posé. En ce sens, on ne vous demande pas d’adhérer ou de récuser l’hypothèse : il s’agit avant tout d’interroger sa signification dans ses moindre aspects. Plus cette analyse est précise et scrupuleuse, plus vos arguments seront pertinents et riches. Autrement dit, le candidat qui interroge le moindre uploads/Philosophie/ methode-de-la-dissert-pdf.pdf

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