L'ESTHETIQUE * DE ' ■ VLADIMIR S THESE PRÉSENTÉE À LA FACULTÉ DES LETTRES DE L'

L'ESTHETIQUE * DE ' ■ VLADIMIR S THESE PRÉSENTÉE À LA FACULTÉ DES LETTRES DE L'UNIVERSITÉ DE FRIBOURG (Suisse) POUR OBTENIR LE GRADE DE DOCTEUR PAR Dr. VINCAS MyKOLAITIS. WÜRZBURG C. }. BECKER, UNIVERSITÀTS-DRUCKEREI 1923. Table des Matières. pag- Introduction . ...................................................................................... 5 Ch a p i t r e I. La Définition du beau. 1. Le beau dans la doctrine métaphysique sur l’Absolu . . . 12 2. Le beau, en tant qu’ „idée incarnée“ dans l’esthétique pro­ prement d it e .................................................................................................19 Ch a p i t r e II. Le beau dans la nature. 1. Le beau dans la nature inorganique...................................................26 2. Le beau dans la nature o r g a n iq u e ..................................................28 3. L’objectivité du beau dans la n a t u r e ..............................................32 C h a p i t r e III. Le beau dans les arts. 1. Le sens général de l’art ' ...................................................................... 36 2. Les principaux courants exclusifs dans l’a r t ................................40 3. L’art intégral................................................................................................45 4. L’art et la r e l i g i o n .................................................................................46 Ch a p i t r e IV . La théorie de l’inspiration. 49 C h a p i t r e V. Considérations critiques sur l’esthétique de Soloviev. 1. Caractère de l’esthétique et de l’art de S o lo v ie v ...........................55 2. Soloviev dans l’histoire de l’esthétique.............................................62 3. Critique objective de l’esthétique de S o lo v ie v ..............................65 A. Notion de l’esthétique .......................................................................65 B. Méthode de S o l o v i e v ...................................................................... 67 C. L’esthétique de Soloviev à la lumière de la théorie Hu­ maniste .................................................................................................69 Conclusion .............................................................................................. 74 Bibliographie ..........................................................................................76 Les autres œuvres qui se rapportent à notre travail . . . . 77 introduction. Presque inconnu dans P Europe occidentale, Vladimir Soloviev (1853—1900) occupe parmi les célébrités russes une place d’honneur comme philosophe et théologien, mora- . liste et poète. Par son influence, il aida puissamment à l’évo­ lution de la pensée russe vers la fin du 19ème siècle. Toute­ fois, c’est dans le domaine de la philosophie que son génie se révéla avec plus de force. Jusqu’à Soloviev, la philosophie russe n’avait, pour ainsi dire, rien produit qui fût digne d’attention; elle n’était qu’un -écho lointain et presque toujours tardif des courants philosophiques de l’Europe occidentale. Ces idées et ces systèmes erraient dans les sphères cultivées de la société russe, sans d’ailleurs exciter un intérêt quelconque pour la philosophie pure; aussi ne firent-ils surgir aucun penseur vraiment original. . Les causes de ces faits se trouvent d’abord dans les conditions géographiques et politiques de la Russie; en­ suite, et davantage encore, dans le caractère même du peuple russe, peu disposé à l’abstraction systématique. En effet, les écrits philosophiques d’auteurs russes se distin­ guent surtout par des hypothèses mal assises, et l’abus de l’intuition. Ce défaut, ou plutôt de caractère national,, a imprimé son cachet à la philosophie de Soloviev, de sorte qu’elle aussi est saturée de divinations orientales et d’imagerie subjective. Pour caractériser la philosophie de Soloviev, il serait opportun d’ .esquisser une biographie sommaire de l’auteur. Nous y renonçons cependant; d’abord, parce que notre attention se borne à l’esthétique de Soloviev; — ensuite, parce que nous ne pourrions que répéter ce qu’a dit M. 6 St. Šalkauskis dans sa thèse doctorale: „L’âme du monde dans la philosophie de Soloviev.“ Nous nous contenterons donc de mettre la pensée de Soloviev en rapport avec la pensée russe de son époque. Avant que Soloviev eut commencé sa carrière, notam­ ment vers 1860, régnaient dans la société russe le maté­ rialisme de Büchner, le positivisme d’Auguste Comte et l’agnosticisme de Stuart Mill. Mais vers la même époque se réveillait l’esprit religieux. On voulait découvrir le sens et le but de la vie; et ce n’est certes pas l’éclectisme maté­ * rialiste et agnostique qui pouvait satisfaire cette tendance. De là un vrai mépris de la philosophie régnante. Aussi on voit apparaître des écrivains influencés par Schelling, qui s’efforcent de mettre en lumière „la crise de la philosophie occidentale“. Le premier qui se pénétra de Schelling fut J. Kirieievski dans son ouvrage: „Du caractère de la civilisation euro­ péenne“ (IL éd. I. 177). Il eut pour successeur son dis­ ciple, A. Chomiakov qui écrivit dans le même sans, bien qu’il n’ait connu Schelling que par les ouvrages de son maître. Dans la première défense de sa dissertation: „La crise de la philosophie occidentale“ (1874), V. Soloviev continue la pensée de ses prédécesseurs, Kirieievski et Chomiakov.1) Avec eux, il s’appuie, dès le commencement, sur la religion, qu’il n’abandonna plus. Selon sa propre déclaration, il voua sa philosophie à „la consolidation de la foi de ses pères“. Cela lui valut de devenir le centre et l’appui d’un vaste mouvement religieux, propagé par les „Bogoiskateli“, les •„Chercheurs de Dieu“. De ses deux prédécesseurs, Soloviev accepta, en outre, des idées slavophiles. Pour eux la crise de la philosophie occidentale affectait la civilisation occidentale tout entière. Ils la croyaient fondée sur des principes antichrétiens; et le x) Les idées de Schelling sont contenues dans la „Crise de la philosophie occidentale“ de Soloviev. Il répète la critique de l’hégélianisme faite par Kirieievski sans rappeler que cette critique reproduit les pensées de Schelling. 7 christianisme occidental leur apparaissait comme un enfant batard du rationalisme. Dans la lutte contre les courants négatifs de la pensée occidentale se fortifiait la conscience nationale des slavophiles: le peuple russe aurait une haute mission religieuse. C’est en Russie que le Christ viendrait à nouveau, et Moscou deviendrait une troisième Rome. Au début de son activité, Soloviev adopta de tout son cœur les idées slavophiles, qu’il poussa à l’extrême dans son ouvrage: „Les trois Forces“ : l’évolution de l’Europe occidentale amènerait la domination des impies, tandis que le russe s’identifierait avec l’universel, l’humain en général. Mais l’auteur s’aperçut vite qu’en ce cas l’élément ethnique disparaîtrait entièrement dans l’universel, de sorte que le caractère national russe et le problème russe perdraient toute leur raison d’être. D’un côté, la critique de la slavo- philie, de l’autre, l’étude du catholicisme conduisirent le philosophe à la défense de ce dernier, à la vraie univer­ salité chrétienne et à l’idée de l’union des églises. Ces courants principaux de la pensée russe — critique de la philosophie occidentale et mission nationale de la Russie — nous révèlent une tendance vers un idéal de vie intégrale, par laqüelle le Christ se ferait „tout en tous“. Par la puissance de son génie, Soloviev non seulement embrassa théoriquement et systématisa cette tendance, mais, il s’éleva à une contemplation immédiate de cet idéal. C’est. pourquoi tous les critiques de Soloviev s’accordent à re­ connaître que dans ses ouvrages, il est impossible de sé­ parer la philosophie de la religion. Voilà pourquoi E. Tru- betzkoï a raison d’écrire que „Soloviev enjambe les fron­ tières entre le mystique et la nature. D’où, chez lui, ce double phénomène, à savoir, une raison partout imprégnée de mystique et une mystique par trop naturelle et raison­ neuse.“ 1) Soloviev établit de la manière suivante le plan de sa philosophie. Le fondement de toute réalité et de toute con­ naissance est l’Absolu. La relation de l’homme à l’Absolu 1) E. Trubetzkoï: La philosophie de Vladimir Soloviev, Mos­ cou 1913, I, 272. * 8 s’accomplit par les trois puissances de Pâme: l’intelligence, la volonté et le sentiment. „L’Absolu, comme norme logi­ quement nécessaire de toute vérité, domine notre intelli­ gence; comme norme nécessaire de toute action morale et comme but absolu — le bien, il domine également notre volonté; enfin, comme norme de toute jouissance, comme beauté absolue et éternelle, il domine le sentiment“ (1. 345).1) L’idéal de toutes les puissances humaines tendent vers une synthèse formant un tout dans l’Absolu: — c’est l’uni­ vers comme unitotalité. Mais l’homme surtout devrait, à l’aide de la connaissance, tendre ver s un s a v o i r i n ­ t é g r a l , embrassant la théologie, la philosophie et les connaissances utiles; dans le domaine de l’activité pratique, il devrait tendre ve r s une vie i n t é g r a l e , gouvernée par l’union de l’Eglise, de l’Etat et de la société écono­ mique. Enfin, dans le domaine du sentiment, l’homme, aidé par l’activité artistique, devrait tendre ve r s une p r o ­ d u c t i o n i n t é g r a l e . La philosophie théorique résoudra le problème du savoir intégrale; 1’ é t h i q u e celui de la vie, l ’ e s t h é ­ t i q u e enfin celui de la production intégrale. Il importe de noter que de ces trois domaines Soloviev apprécie davan­ tage celui de la production artistique, parce que dans C e domaine la source d’inspiration, et son dernier résultat, se trouvent dans la mystique, par laquelle „la vie se met en contact immédiat avec la réalité de l’Absolu, avec la uploads/Philosophie/ mykolaitis-l-x27-esthetique-de-vladimir-soloviev-1923.pdf

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