! ! Master of Arts et Diplôme d'enseignement spécialisé Enfants et adolescents

! ! Master of Arts et Diplôme d'enseignement spécialisé Enfants et adolescents à haut potentiel intellectuel Entre stéréotypes et études scientifiques Mémoire professionnel Travail de François Lugeon Sous la direction de Jean-Marie Cassagne Membre du jury Geneviève Tschopp Rywalski Lausanne Août 2019 Haute&école&pédagogique& Avenue&de&Cour&33&—&CH&1014&Lausanne& www.hepl.ch& & Remerciements J’adresse un grand merci à Monsieur Jean-Marie Cassagne, directeur de mon mémoire, pour la multitude de pistes et de liens proposés lors de toutes nos entrevues, moments passionnants et très motivants pour moi. Je remercie Madame Geneviève Tschopp Rywalski, experte du jury de mon mémoire, et Monsieur Jean-Marie Cassagne, directeur de mon mémoire, pour leur bienveillance sincère et leur ouverture d’esprit. Je remercie Manon pour son soutien si positif et encourageant, pour les remises en question et les suggestions. Merci pour les projets que nous partageons. La vie est belle avec toi. Table des matières Introduction 3 1. Les tests d’intelligence 6 1.1 Que mesurent les tests d’intelligence? 6 1.2 Tests d’intelligence: un bon prédicteur de la réussite scolaire 8 1.3 Des tests critiqués 8 1.4 Inné ou acquis? 9 1.5 Seuil du haut potentiel intellectuel 10 1.6 Un seuil arbitraire 11 1.7 Profil de réussite aux tests d’intelligence des individus à haut potentiel intellectuel 11 1.8 Effet Flynn 12 1.9 Un processus d’identification biaisé 13 2. L’approche clinique du haut potentiel intellectuel 15 2.1 Descriptions cliniques des individus à haut potentiel intellectuel 15 2.2 Descriptions cliniques: le concept de dyssynchronie 17 2.3 La dyssynchronie sociale indépendante du milieu scolaire 18 2.4 Arborescence de la pensée? 20 3. Un traitement de l’information très efficient 22 3.1 Caractéristiques neurodéveloppementales 22 3.2 Efficience neurocognitive des enfants à haut potentiel 24 3.3 Fonctionnement cognitif 24 4. Les jeunes à haut potentiel intellectuel et l’école 26 5. Le haut potentiel est-il un facteur de risque psychopathologique? 32 6. Provenance des mythes entourant le haut potentiel 37 6.1 Un concept polémique 37 6.2 La crainte d’un élitisme 37 6.3 La France en retard 38 6.4 Stéréotype de l’élève qui réussit forcément 39 6.5 Reconnaissance du concept de « surdouance » 40 6.6 Reconnaissance par l’État français suite à un lobbying militant 41 6.7 Une mythologie résistante 41 7. La nécessité d’une mise au point 44 8. Rejet des récits collectifs 47 9. Approche psychanalytique: faux self 49 10. Conclusion 51 Bibliographie 54 Annexe 59 Résumé 61 François Lugeon 08/2019 "2 Introduction Les publications destinées au grand public au sujet du haut potentiel intellectuel sont très nombreuses. Quand elles concernent les enfants ou les adolescents, elles visent souvent à les décrire et à donner des conseils aux parents. Lorsqu’ils apparaissent dans les médias, les auteurs de ces publications sont généralement présentés comme des experts. Leurs publications, en majorité, donnent une image assez noire du haut potentiel intellectuel. On y énumère tous les éventuels troubles dont il serait un facteur de risque, et la menace de difficultés scolaires est souvent présente, en raison d’un intellect et d’émotions difficiles à gérer. Ce discours a forcément un impact sur les personnes qui s’intéressent au sujet sans aller jusqu’à lire des études scientifiques. Or, comme nous le verrons, il y a parfois un décalage étonnant entre les données scientifiques et ce que décrivent certains cliniciens dans la littérature grand public ou même dans des revues scientifiques où l’on retrouve leurs mêmes descriptions malgré des lacunes de validité externe. Ce travail propose d’y voir plus clair au sein d’une problématique parasitée par des éléments de discours infondés, voire en contradiction totale avec la science. Peu d’enseignants, ordinaires ou spécialisés, semblent être correctement informés au sujet du haut potentiel intellectuel. Nous ressentions le besoin professionnel de nous plonger dans la littérature pour commencer à cerner une catégorie d’enfants générant de vifs débats contradictoires entre spécialistes. De nombreuses dénominations sont utilisées pour désigner le haut potentiel intellectuel. « Il y a trop de mots. Qui reposent tous sur des fantasmes, des visions simplistes ou des conceptions fausses ». Les dénominations « surdoué » et « à haut potentiel intellectuel » ne rendent en 1 effet pas forcément service à tous les individus qui découvrent qu’ils ont des habiletés cognitives nettement au-dessus de la moyenne, car cela peut augmenter une éventuelle pression implicite, chez l’individu lui-même ou au sein de son entourage, qu’il faut absolument exploiter ces habiletés, faire quelque chose de particulier de ce « don » ou de ce 2 potentiel, et que sinon il s’agit d’un potentiel gâché, d’un échec. Ce sentiment pourrait même intervenir avec des expressions plus neutres: Tinoco, C. interviewé par Gremaud, R. (2014, 2 mai). Les « surdoués », en miroir de nos faiblesses. Le Temps. 1 URL: https://www.letemps.ch/societe/surdoues-miroir-nos-faiblesses. « Doué » et donc « surdoué » impliquent la notion de don naturel. 2 François Lugeon 08/2019 "3 Nombreux sont les “surdoués“ qui vivent dans un sentiment de dette à l’égard de ce qui serait des “dons reçus en excès“. Et cela vaut également pour ceux qui ne furent pas identifiés comme tels, mais repérés sous des termes comme “rapides“, “vifs“, “brillants“, “ayant de grandes facilités“, “talentueux“, etc. Quel que soit le mot sous lequel la dette leur a été déclarée, ils passent leur vie en ayant le sentiment de gâcher […] ce potentiel qu’ils auraient dû exploiter . 3 Par ailleurs, « […] nous savons aujourd’hui que le niveau d’intelligence ne dépend pas que des particularités du génotype mais dépend aussi fortement du contexte environnemental dans lequel un enfant se développe. […] [A]ucune recherche [n'appuie] l’hypothèse selon laquelle le niveau d’ intelligence est uniquement héréditaire ». Le terme « surdoué », contenant l’idée 4 d’un don très principalement transmis par le patrimoine génétique, apparaît incohérent avec l’état des recherches sur le sujet. L’expression « intellectuellement précoce » évoque une avance dans le développement intellectuel. Elle apparaît ambiguë, car elle peut aussi être comprise comme un développement intellectuel plus rapide pendant l’enfance qui aboutirait à une avance diminuant ensuite pour rejoindre la norme. Or, les enfants à haut potentiel intellectuel deviennent des adultes à haut potentiel intellectuel, pour qui la dénomination « précoce » est de fait très limitée. La dénomination « surefficient mental » risque moins de mettre une pression artificielle supplémentaire sur l’individu, mais elle aborde les capacités intellectuelles très supérieures à la norme comme un problème, comme quelque chose en trop. Or ces capacités ne sont pas du tout systématiquement encombrantes pour l’individu. Il manque à notre sens une dénomination neutre, sans connotation inutile, permettant à l’individu d’intégrer ce diagnostic sans en réduire immédiatement sa complexité et ne favorisant pas les interactions entre le diagnostic et les éventuelles blessures narcissiques de l’individu ou de son entourage. « Cette impossibilité à trouver le mot juste en dit long sur le malaise que soulève la question […] ». 5 Tinoco, C., Gianola, S. & Blasco, P . (2018). Les « surdoués » et les autres. Penser l’écart. Paris: J-C Lattès, p. 3 11. Les auteurs soulignent. Liratni, M. & Pry, R. (2010). Enfants à haut potentiel intellectuel: psychopathologie, socialisation et 4 comportements adaptatifs. Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence, 59, p.328. Tinoco, C., Gianola, S. & Blasco, P ., op. cit., p. 10. 5 François Lugeon 08/2019 "4 Aucune dénomination ne faisant l’unanimité, nous privilégierons la dénomination la plus présente dans les institutions scolaires romandes: « à haut potentiel intellectuel». Nous utiliserons également les dénominations « précoce » et « surdoué » en fonction des auteurs traités et de l’époque concernée. Ces trois dénominations désignent le même concept au sujet des enfants. Nous n’utiliserons pas la dénomination « surefficient mental », car elle reste marginale dans les publications. Dans les années septante, les premières conférences au sujet des enfants « surdoués » en France , présentant la notion alors très peu connue de « surdouance » et interrogeant la prise 6 en charge éducative des enfants concernés, déclenchaient des réactions très négatives chez un public de curieux tout-venant se déplaçant pourtant volontairement. Le mot « surdoué » et le 7 discours des conférenciers dans un contexte d’école au cursus unique créaient énormément de méfiance morale . Les conférenciers étaient perçus comme prétentieux, alors qu’ils tentaient 8 de faire passer le message: « […] on peut être “brillant et raté“, la supériorité intellectuelle n’est pas que prétention, elle est aussi souffrance et vulnérabilité ». Cela illustre la récence de 9 l'histoire de la problématique de la « surdouance » en France et en Suisse romande, région très influencée par les discours et les débats français à ce sujet. Les publications françaises grand public, nettement plus nombreuses que les publications francophones suisses, sont lues par le grand public en Suisse romande. Des conférenciers français sont régulièrement invités à des événements autour du haut potentiel intellectuel et une partie de ces mêmes personnes sont visibles dans les médias suisses romands. Des intervenants français donnent des formations organisées par des associations, liées à la problématique du haut potentiel intellectuel, qui conseillent sur leur site internet de nombreux livres français. L’évolution de la perception du haut potentiel intellectuel en Suisse romande apparaît donc en uploads/Philosophie/ md-maes-p21837-2019.pdf

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