COURS DE PHILOSOPHIE Leçon 2 : la vie en société Introduction I- Les fondements
COURS DE PHILOSOPHIE Leçon 2 : la vie en société Introduction I- Les fondements de la société La notion de société désigne en premier lieu tout groupement d’individus, dépendant les uns des autres et agissant selon des schèmes communs. En ce sens, il est possible de parler de sociétés animales. Pourtant, le plus souvent, le terme de société désigne exclusivement les groupements humains caractérisés par leur dynamisme, leur capacité à changer, à évoluer, à se donner de nouvelles formes et de nouvelles règles, à se doter d’institutions, etc. mais quelles en sont les conditions d’existence et les formes possibles ? A/ Le fondement naturel de la société « La cité est au nombre des réalités qui existent naturellement et que l’homme est par nature un animal politique » Aristote, La politique. Débutons avec Aristote dont on peut affirmer qu’il est le premier théoricien du fait politique. Pour Aristote, les hommes se regroupent tout d’abord en famille ou foyer (lieu des relations homme/femme, maître/esclave, père/enfant) puis en village et enfin en cité, celle-ci n’étant rien d’autre que la communauté politique. Il explique justement que la nature d’un être, c’est ce à quoi il tend. Or les formes inachevées de la réunion des hommes (foyers, villages) montrent déjà cette tendance de l’homme à la vie dans la cité. L’homme « solitaire » est incapable de pourvoir à lui seul à certains de ses besoins : pour se reproduire, l’homme doit se lier à une femme ; pour exécuter les tâches qu’il conçoit, le maître doit se lier à un esclave. On comprend donc que, pour Aristote, ce n’est pas par contrainte que les hommes s’associent mais par nature. L’homme est un animal politique, c’est-à-dire que tant qu’il ne vit pas dans la communauté politique, c’est un être inachevé. On trouve également chez les stoïciens une conception selon laquelle la société est un fait naturel. Selon eux, nous participons à deux républiques : la première regroupe l’ensemble des hommes et des dieux (c’est le monde) ; la seconde, ne regroupe qu’un nombre déterminé d’hommes attachés à elle par le hasard de la naissance. Pour les stoïciens, l’homme doit vivre en conformité avec la nature et cela signifie participer pleinement au gouvernement de la cité du monde. B/ la société, produit d’un contrat Venons-en à présent à une conception toute différente de la société, de sa naissance comme de sa nature et de sa fonction. Cette conception trouve son point de départ dans une description de ce qu’est l’homme à l’état de nature (ou ce qu’il serait si on le considère comme une hypothèse logique ou méthodologique et non comme une réalité passée). Pour Hobbes, l’état de nature est un état d’isolement complet de l’individu. Autrui n’est présent que sous la forme d’une menace constante ; il est présent comme celui dont la puissance peut provoquer la mort ; pour parvenir à se détacher d’une telle crainte de la mort, l’individu manifeste sa propre puissance aux yeux des autres. Ce jeu de la puissance ne peut que conduire à un état de guerre perpétuelle : « l’homme est un loup pour l’homme ». À l’état de nature, chacun a un droit illimité sur toutes choses, celles- ci devenant l’enjeu de luttes incessantes ; l’égalité du droit (identifiée à la force) ne signifie rien d’autre qu’une égalité dans le droit à se nuire mutuellement. Hobbes refuse catégoriquement l’idée d’une sociabilité naturelle de l’homme. Si les hommes en viennent néanmoins à former des États, c’est seulement parce qu’en vertu d’un calcul de la raison, ils jugent que leur situation est intolérable et que dans leur intérêt particulier, il vaudrait mieux que chacun se défasse d’une partie de sa puissance et la transfère à un souverain. Telle est la source du pacte ou contrat social. L’origine de la société est ainsi purement artificielle. Rousseau conçoit quant à lui l’état de nature comme une condition primitive de l’homme, dans laquelle il ne connaît aucune forme de vie en commun. Ce sont certains évènements fortuits, telles les catastrophes naturelles, qui conduisent à la formation des premières sociétés, à l’intérieur desquelles se développent le langage, les techniques, le travail, et les passions. C’est indissociablement la naissance d’une inégalité fondée non en nature mais sur des actes d’appropriation (usurpation) des biens par certains individus. La formation de l’État s’enracine dans cette inégalité ; l’État naît lorsque l’individu renonce à sa liberté sans limites et ce afin que tous les autres en fassent de même. Les volontés individuelles cèdent la place à la volonté générale. II-L ’Etat et la nation : des formes de l’organisation sociale L’Etat est une forme d’organisation politique, administrative et juridique exerçant une autorité sur un territoire défini, ou encore un ensemble d’organismes qui assure l’administration d’un territoire et qui personnifie la nation. Sa particularité réside dans son caractère souverain et autarcique. Mais, ces caractéristiques n’excluent pas que l’Etat soit une sorte de mise en commun de la souveraineté et de la puissance d’agir de chaque individu de la société. En clair, l’Etat se présente comme l’instance chargée d’assurer l’équité entre tous les particuliers et de réguler les échanges qui y concourent à la vie sociale A/ l'Etat au service de la société 1-L'Etat comme organe de protection de la société Si pour certains philosophes comme rousseau l'état de nature est un état de paix et de solitude il est de plus en plus souvent perçu comme une situation de guerre perpétuelle la création de l'état doit permettre de protéger la société d'empêcher la violence. Hobbes pense que l'être humain à l'état de nature est en conflit permanent car il est animé par le désir, la crainte et l'envie. C’est ce qu'il appelle « la guerre de tous contre tous ». Ainsi, la société humaine est composée d'êtres humains qui s'envient et se font peur. Chacun souhaite être le meilleur il n'y a qu'une manière de sortir de cet affrontement général : la création de l'Etat. Dans le Léviathan thomas Hobbes voit dans la création de l'Etat la moins mauvaise des solutions : les êtres humains reconnaissent le pouvoir absolu de l'état et renonce à la violence de l'Etat de nature et s´en protège. L’Etat permet de protéger la société et la pour but de faire régner l'autre et la paix ainsi l'être humain crée l'état pour être en sécurité. 2- l'Etat garant de la liberté L'état et la structure qui permet d'apporter la liberté et la justice à la société. Dans les principes de la philosophie du droit Hegel présente l'état comme la plus haute des institutions. Selon lui il permet de réaliser le plus haut degré de la liberté tuteur Hegel le président comme l'arbitre des rivalités entre famille ou des luttes entre classes sociales il parle de la classe universelle des fonctionnaires qui poursuivent une entreprise universelle la justice qui coïncide avec la liberté. L’Etat est elle-même au-dessus de la famille et de la société civile parce que (droit public ou constitutionnel) est le plus élevé. C’est le droit qui permet aux individus d'acquérir la liberté la justice. Ainsi l´État tend à protéger la société et à lui apporter la liberté les nécessaires pour dépasser la violence. B/ les rapports complexes entre société et Etat 1- l'Etat une forme de pression de la société Alors qu'il peut apporter protection liberté l'Etat peut également être une source d ´oppression. Pour lutter contre cette oppression la séparation des pouvoirs est une solution. Au fur et à mesure les Etats se sont agrandis passant de la cité grecque par exemple à l'empire d’Alexandre le grand puis de césar de Napoléon, ils sont devenus plus autoritaires écrasant par rapport aux populations. Là où l'Etat n'est pas un empire il cherche à le devenir et ses chefs deviennent des dictateurs. C'est d'ailleurs dans ce contexte que Nietzsche pouvait déclarer « l'Etat est le plus froid des monstres froids ». Ainsi parlait Zarathoustra. De leur côté les anarchistes dénoncent le pouvoir oppressif de l'Etat. Si Bakounine s’oppose à l’Etat, c’est parce que selon lui : « L’Etat est un vaste cimetière où viennent s’enterrer toutes les manifestations des libertés individuelles » in Socialisme autoritaire et libertaire. Cette conception des choses suppose que devenir membre de la société, c’est renoncer à sa liberté. En outre, avec l’État la société peut à tout moment se rompre et basculer dans la violence. Car en plus de dépouiller l’individu de ses richesses (impôt, taxe, patentent…), l’Etat violente physiquement et psychologiquement le citoyen par l’entremise de ses Agents Répressifs et Idéologiques de l’Etat. C/ La nation, garante de l’unité sociale La Nation est à distinguer de l’Etat. En effet, l’idée de Nation implique une idée de spontanéité, celle d’Etat relève d’une organisation qui peut être plus ou moins artificielle. Une Nation peut survivre même lorsqu’elle est partagée entre plusieurs Etats. De même, un Etat peut comprendre plusieurs Nations. Toute société prise spontanément n’est pas une Nation. Pour que le fait national se produise, deux conditions sont nécessaires : D’une part, la nation est une unité organique uploads/Philosophie/ cours-de-philosophie-5.pdf
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- Publié le Fev 20, 2021
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