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Quels éléments dans une partie de dissertation ? Avec un exemple : Peut-on être

Quels éléments dans une partie de dissertation ? Avec un exemple : Peut-on être heureux quand les autres ne le sont pas ? L’exigence formelle d’une partie de dissertation est, en un sens, moins grande que celle d’une introduction. En particulier l’ordre des éléments importe moins (dans une introduction, on ne comprendrait pas que l’accroche vienne après la problématique, ou le plan avant les définitions). Cependant, il doit y avoir un ordre, c’est celui qui sera le mieux adapté à ce que vous avez à dire : donnez au lecteur les éléments qui lui seront nécessaires pour comprendre la suite. Par ailleurs, il y a des éléments que l’on pourra trouver dans une partie de dissertation que mais que l’on ne trouvera pas dans la suivante, etc. et cela, selon les besoins. Certains éléments sont indispensables qui seront signalés dans le tableau ci-dessous. ELEMENT EXPLICATION EXEMPLE (Peut-on être heureux quand les autres ne le sont pas ?) La mini-thèse et son explication (indispensables) . La « mini-thèse » est la thèse ou l’idée principale que vous allez défendre dans votre partie en réponse à la problématique. Elle apparait souvent en début de partie, mais ce n’est pas toujours le cas. L’explication exige des éclaircissements et précisions. [Mini-thèse :] Nous voudrions montrer dans un premier temps que le bonheur est avant tout une notion égoïste. [Explicitation] Nous n’entendons pas par là que c’est une notion immorale ou condamnable, mais que c’est une notion qui concerne d’abord l’individu ou une petite communauté ; que c’est une affaire privée et non pas une affaire publique. Arguments (indispensables) Un argument, c’est ce que vous pouvez mettre en avant pour convaincre le lecteur que vous avez raison de défendre votre mini-thèse. Il en faut généralement plusieurs par partie. Les arguments peuvent : Mobiliser la logique formelle (raisonnements, déductions qui reposent sur des hypothèses) on emploie alors souvent des connecteurs logiques comme si, donc, or, d’ailleurs, etc. Reposer sur la preuve, l’expérience, la vérité matérielle quand vous avez recours à l’expérience ou l’observation. On peut aussi faire des comparaisons, des analogies (de même que…, de même…) [Argument formel avec une analogie :] En effet, le bonheur est un état qu’on attribue à quelqu’un ou à un groupe ; tout bonheur fait référence à un sujet qui est heureux (Pierre, Paul, la famille de Jacques) et un bonheur qui ne ferait référence à personne en particulier serait aussi abstrait qu’une couleur qui ne serait la couleur de rien de particulier. Or il faut bien pour qu’un bonheur soit réel qu’il s’applique à quelqu’un ou à un groupe singulier et qui soit distinct de ce qui n’est pas lui. Si tout était rouge, alors le mot rouge ne voudrait rien dire. De même, si tout le monde était heureux, alors le mot bonheur ne signifierait plus rien de distinct. [Argument matériel ou empiriste :] De plus, l’expérience nous apprend qu’il nous arrive d’être heureux quand les autres ne le sont pas, que le bonheur des uns fait le malheur des autres, comme on dit. Evidemment, ce n’est pas nécessairement moral, mais c’est un constat qu’il faut bien faire ! Certains voient l’Océan de leur baie vitrée, d’autre une pauvre courre intérieure depuis une étroite fenêtre… Définitions et distinctions conceptuelles (bienvenues !) Même s’il y a des définitions dans l’introduction, cela ne signifie pas qu’il n’en faut pas dans le développement. Souvent il faut définir des termes qui ne sont pas explicitement dans le sujet. Une distinction conceptuelle invite à distinguer deux choses qui peuvent se ressembler tout en étant différentes. D’ailleurs, être malheureux quand les autres ne le sont pas ne signifie pas nécessairement « être heureux quand les autres sont malheureux ». En effet, ne pas être heureux, c’est ne pas être comblé, ne pas être dans un état de satisfaction complète. Mais ce n’est pas nécessairement être en souffrance ou triste comme on l’est dans le malheur. Entre le bonheur et le malheur et le bonheur, il y a pour ainsi dire une zone grise, presque neutre qui est l’état de la plupart des gens Contre- arguments et concessions (Bienvenus !) Le contre-argument, c’est quand vous pensez contre vous-mêmes et que vous vous faites à vous-même des objections pour éprouver la solidité de votre propre argumentation. La concession, c’est quand vous reconnaissez que vos contradicteurs possibles ont en partie raison, mais en partie seulement et pas sur l’essentiel. [Contre argument] Evidemment, on pourrait nous objecter qu’il y a quelque chose d’immoral voir d’indécent à être heureux quand les autres ne le sont pas. [Concession] Et il nous faut bien reconnaître que pour quelqu’un d’un minimum sensible, il est plus facile d’être heureux quand tout le monde l’est autour de lui. Pourtant ou voudra bien nous accorder en retour qu’il ne serait pas plus moral d’exiger que tout le monde soit malheureux, car la disparition totale du bonheur de cette terre ne ferait bien plus de mal que de bien… Exemples (Bienvenus) Les exemples rendent plus vivants votre travail, le clarifient souvent et mettent en avant ses enjeux. Evitez bien sût de tomber dans l’anecdotique ; ils doivent être reliables directement au sujet. Dans un cimetière et lors d’un enterrement, par exemple, il serait complétement inconvenant et déplacé de manifester sa joie ou son bonheur (même s’il y a souvent des rires nerveux), ce serait comme une injure faite au défunt. Pourtant, ce triste événement doit être surmonté, et dans une famille en deuil il faut bien que la vie continue. Et à moins que de le croire mauvais le défunt lui-même approuverait que l’on se remette à sourire et ouvrir les fenêtres au bonheur. Références (Très bienvenues !) Alors que les exemples vous sont personnels, les références, elles, viennent puiser dans la culture commune pour se mettre au service de votre mini- thèse. Les références sont souvent philosophiques, issues de votre cours, mais peuvent venir d’autres matières ou de votre culture générale. Aristote a pu écrire dans son Ethique à Nicomaque : « On n’est pas complètement heureux si on a un aspect disgracieux, si on est d’une basse extraction, ou si on vit seul et sans enfant. » Mais il n’a jamais dit qu’on se devait d’être malheureux quand on était beau par solidarité avec ceux qui ne le sont pas, que ceux qui ont la joie d’avoir des enfants devaient faire grise mine par compassion pour ceux qui n’en ont pas ! Ce ne serait pas sage ! Questions / Réponses (Très bienvenues !) Les questions-réponses permettent à la fois de clarifier votre travail et de le rendre plus vivant. La philosophie a toujours été fondée sur le modèle du dialogue. Par contre, évitez les questions oratoires. Que se passerait-il si nous attendions que tout le monde soit heureux pour s’autoriser à l’être nous-mêmes ? Certainement, nous risquerions d’attendre longtemps et de ne l’être jamais. L’idée même du bonheur disparaîtrait et avec elle l’espérance. C’est le malheur qui y gagnerait… Paragraphes (indispensable) Dans chaque partie de dissertation, il faut plusieurs sous parties, c’est-à-dire plusieurs paragraphes et alinéas (entre deux et cinq, généralement) Transition Une transition peut faire l’objet d’un paragraphe entier. Pour une dissertation en trois parties, il faut deux transitions indispensables. Quelquefois, on peut décider aussi de mettre sa transition à cheval entre deux parties. La transition doit bien montrer en quoi on a répondu au sujet et ce qui reste à faire. Nous avons montré jusqu’ici qu’il y avait une pointe d’égoïsme derrière tout bonheur, qu’on peut être heureux quand les autres ne le sont pas ce si ce n’était pas le cas, on ne le serait jamais. Mais cela ne signifie qu’il faille être indifférent au malheur des autres. Sans se laisser contaminer par le malheur d’autrui, il faut le combattre et montrer par sa personne que le bonheur est possible. Ce sera notre deuxième partie. uploads/Philosophie/ partie-de-dissertation 1 .pdf