Le Phédon Introduction Le Phédon se présente tout d'abord comme un dialogue ent

Le Phédon Introduction Le Phédon se présente tout d'abord comme un dialogue entre Phédon et Echécrate au cours duquel ce dernier demande à Phédon de lui raconter la mort de Socrate. Phédon rend d'abord compte des conditions dans lesquelles il assista à la mort de Socrate puis énumère les diérents personnages qui étaient présents durant ses derniers moments. Il fait part à son interlocuteur de sa stupeur et de son étonnement face à la sérénité de Socrate quelques heures avant sa mort. Pour ma part, tandis que j'étais présents auprès de lui, je ressentais des choses très étonnantes : d'un côté, ce n'était pas de la pitié qui me venait, comme lorsqu'on assiste à la mort d'un homme qui vous est cher. Car cet homme était manifestement heureux, Echécrate, à en juger d'après son attitude et son langage - tant il montrait de fermeté et de noblesse en quittant la vie ; à tel point qu'il me donnait l'impression , lui qui pourtant s'en allait chez Hadès, de ne pas s'y rendre sans un privilège divin, et bien plus de devoir, une fois arrivé là-bas, y trouver un bonheur tel que jamais on n'en a connu ! Le constat de cet étonnante sérénité de Socrate face à la mort annonce ce qui va être la question initiale et le thème central du dialogue : Quelle est l'attitude que doit adopter le philosophe face à la mort ? Le problème de la mort est le problème central de ce dialogue, c'est-à-dire celui autour duquel de nombreuses questions et de nombreuses di cultés vont être soulevés.  Qu'est-ce que la mort ?  Qu'est-ce qui est mortel et qu'est-ce qui ne l'est pas ?  Quelle est la nature de l'âme et quels sont ses rapports avec le corps ? Toutes ces questions débouchent sur celle de l'immortalité de l'âme qui sera posée en relation avec la théorie platonicienne de la connaissance puisque pour Platon connaître c'est se ressouvenir de ce que l'âme a connu dans une autre vie. 1 L'apparition de Socrate Après avoir rendu compte de la manière dont les amis de Socrate se réunirent pour aller rendre visite une dernière fois à leur maître Phédon nous fait assister à l'ouverture de la prison et à l'apparition de Socrate à qui l'on vient d'ôter ses chaînes et qui sait qu'il va mourir. Comme Phédon vient de le faire remarquer à Echécrate, Socrate est calme et détendu, il fait renvoyer sa femme Xanthippe qui se lamente et pleure puis se lève et disserte, à l'occasion du retrait de ses chaînes, au sujet des rapports qu'entretiennent le plaisir et la douleur.  Quelle chose déconcertante, mes amis, dit-il, semble être ce que les hommes appellent l'agréable, et quel étonnant rapport sa nature entretient avec ce qu'on tient pour être son contraire, le pénible : en l'homme, aucun des deux ne consent à coexister avec l'autre, mais si on poursuit l'un et qu'on l'attrape, on peut presque dire qu'on 1 est obligé d'attraper toujours aussi l'autre ; comme si, bien qu'étant deux, ils étaient attachés à une unique tête. Et il ajouta : Il me semble que si Esope avait ré échi à cela, il aurait fait une fable : le dieu voulant faire cesser cette guerre entre eux et ne pouvant y parvenir, attacha leurs deux têtes pour en faire un seul morceau. Moralité : quand l'un vous arrive, l'autre accourt à sa suite. Voilà justement qui paraît bien être mon cas : dans ma jambe, à cause de la chaîne, il y avait le douloureux et, à présent, c'est l'agréable qui semble venir à sa suite  Pourquoi ce discours ? Ce discours n'est pas placé là par hasard, il annonce une des questions qui va être traitée dans la suite du texte et dans laquelle Socrate a rme que les contraires naissent des contraires tout comme la vie naît de la mort et la mort de la vie. A l'occasion d'une référence au poète Esope faite par Socrate l'un des amies présents, Cébés, interroge Socrate à propos d'une question posée par le sophiste Evenos. Après avoir répondu à la question Socrate transmet ses salutations à Evenos ainsi que son souhait de le voir le suivre le plus vite possible dans la mort s'il est sage. Explique donc cela à Evenos, Cebès, salue le bien, et dit lui que s'il veut se montrer sage il doit de mettre à ma poursuite le plus vite possible. or c'est aujourd'hui, semble- t-il, que je m'en vais, puisque les Athéniens l'ordonnent. 2 La nature du problème de la mort La question initiale du dialogue est : quelle attitude doit adopter le philosophe face à la mort ? Cette question va déboucher sur celle de la nature de l'âme et de son immortalité. Pourquoi le problème de la mort se pose-t-il au philosophe en général ? La philosophie qui recherche le sens des choses est confrontée au problème du sens de l'existence humaine. A quoi bon vivre en recherchant la vérité, en essayant d'accomplir le bien de vivre vertueusement et justement, à quoi bon se soucier de tous ces problèmes si à la n de notre vie tout est anéanti par la mort. La mort rend la vie absurde en apparence. Pourquoi ne pas se laisser plut aller à satisfaire les plaisirs du corps dont on est sûr de béné cier dans le présent plutôt que se tourmenter l'âme sans trips savoir quel béné ce on pourra en tirer. Cette attitude est d'ailleurs celle que défend l'opinion commune, mieux vaut vivre confortablement et ne pas trop de poser de question... Mais qui nous dit qu'en vivant ainsi nous ne commettons pas une erreur et ne faisons pas fausse route ? Une telle existence ne résulte-t-elle pas d'un aveuglement de l'âme qui se laisse abuser par le corps ? n'est-ce pas une illusion ? Qui nous dit que le véritable sens de notre existence n'est pas au-delà de cette existence qui parce qu'elle est nie nous parait absurde ? Ne devons nous pas être attentif à la valeur de nos actions, méditer sur le sens et la nature de notre existence a n de ne pas commettre d'actions injustes et contraires à la vertu et au véritable sens de l'existence, action qui pourrait dans l'au-delà se retourner contre nous. La vie doit donc être une préparation à la mort a n que si son véritable sens se situe au delà de l'existence terrestre, nos actions ne se retournent pas contre nous en prenant leur véritable sens. Pour Platon la perspective de la mort doit nous convier à la philosophie. Philosopher c'est se libérer de l'angoisse de la mort et pouvoir l'aronter le c÷ur en paix. Platon va même beaucoup plus loin, il a rme que le philosophe est celui qui désire la mort et l'état qui la suit. 2 3 Le problème du suicide pourquoi s'il en est ainsi le philosophe ne se fait-il pas l'apôtre du suicide ? Pour Platon cela est impossible car le suicide est interdit, d'où la question de Cébès : Mais qu'est-ce que tu veux dire Socrate ? D'un côté il est interdit de se tuer, mais de l'autre le philosophe doit chercher à suivre celui qui meurt ?  Philosopher dira Platon dans la suite du texte consiste à rechercher la mort et l'état qui la suit : tout ceux qui s'appliquent à la philosophie et s'y appliquent droitement ne s'oc- cupent de rien d'autre que de mourir et d'être morts. mais dans le même temps il soutient qu'il est interdit de se tuer ; sur quelle loi repose cette interdiction ? Pour rendre compte de cette interdiction Platon fait référence à une doctrine secrète (or- phique1), di cile et obscure, mais dont la vérité tient en ce que les hommes et leurs vies sont présentées comme appartenant aux dieux. Notre vie ne nous appartient pas et seuls les dieux peuvent en disposer. L'interdiction de se donner la mort est donc liée à la religion au respect des dieux, on n'a pas le droit de mettre volontairement n à ses jours car c'est s'opposer à la loi divine. Mais c'est une chose que cela puisse justi er l'interdiction du suicide et c'en est une autre d'expliquer l'acceptation de la mort par le philosophe. (C.F. p. 209/210 de Cela, au moins, paraît vraisemblable... à -Oui exactement dit Simmias) Ce passage met en évidence l'apparente contradiction de la position de Socrate qui a rme que le philosophe doit chercher à suivre celui qui meurt (début de la page 208), mais qui en même temps défend la thèse selon laquelle il est interdit de se donner la mort. Mais l'intervention de Cébès ne se limite pas à mettre en évidence ce paradoxe, elle va plus loin et semble montrer que nalement, l'argument de Socrate contre le suicide ne fait qu'appuyer, accentuer, pour ne pas dire redoubler le paradoxe qui semble caractériser l'attitude socratique. Paradoxe N◦1 : Le philosophe doit désirer la mort, mais uploads/Philosophie/ phedon-pdf.pdf

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