Centre Sèvres – Facultés jésuites de Paris FRANÇOIS DAGOGNET LE PARADOXE EMPIRI
Centre Sèvres – Facultés jésuites de Paris FRANÇOIS DAGOGNET LE PARADOXE EMPIRICO-TRANSCENDANTAL Author(s): François GUÉRY Source: Archives de Philosophie, Vol. 44, No. 3 (JUILLET-SEPTEMBRE 1981), pp. 371-381 Published by: Centre Sèvres – Facultés jésuites de Paris Stable URL: http://www.jstor.org/stable/43036311 Accessed: 01-05-2016 16:52 UTC Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at http://about.jstor.org/terms JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. Centre Sèvres – Facultés jésuites de Paris is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Archives de Philosophie This content downloaded from 128.111.121.42 on Sun, 01 May 2016 16:52:01 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms Archives de Philosophie 44, 1981, 371-381, FRANÇOIS DAGOGNET LE PARADOXE EMP1RICO-TRANSCEND ANTAL* par François GUÉRY RÉSUMÉ : Le problème que la philosophie de François Dagognel pose au savoir scientifique est d'ordre épistémologique : commènt la grille que nous interposons entre le monde et nous peut-elle nous livrer accès à la réalité même ? Rationaliste engagé , il cherche dans la chimie scientifique le modèle d'une insurpassable réussite : la coïncidence des substances et des substantifs , grâce à une écriture symbolique permettant d'ordonner le monde en tableau . Contre - vérifié dans le cas le plus critique : la médecine mentale , ce modèle s'applique avec bonheur aux sciences morphologiques , et permet d'éliminer comme faux problèmes les interdits bergsoniens portànt sur la connaissance de la vie , de l'imagination et du temps . Cette encyclopédie des méthodes culmine dans l'examen des prouesses d'ordinateurs , victorieux de l'impondérable , et des virtuosités des collectionneurs , édificateurs de musées9 déjouant les pièges des faussaires . Cette philosophie paradoxale , exemple d'idéologie , réhabilite la modernité et rend la critique sans objets ; comment à son tour y résistera-t-elle ? SUMM AR Y : The problem which François Dagognet , as a philosopher sets to scientific knowledge is mainly epistemological : how may we approach reality with the lattice we set between us and the world ? He looks in scientific chemistry for a success : coincidence between substances and substantives , with the help of a symbolic writing . Such a success eliminates as false problems the bergsonian interdicts about knowledge of life , imagination and time . ♦ Professeur à l'Université de Lyon 111, François Dagognet, Docteur ès Lettres et Docteur en médecine, a poursuivi également des études supérieures de chimie. Bibliographie : Philosophie Biologique, P.U.F., 1954. - La Raison et les Remèdes , Paris, P.U.F., 1964. - Méthodes et Doctrines dans V Œuvre de Pasteur , Paris, P.U.F., 1967. - Tableaux et Langages de la Chimie , Paris, le Seuil, 1969. - Le Catalogue de la Vie , Paris, P.U.F., 1970. - Des Révolutions Vertes . Histoire et Principes de l'Agrono- mie , Paris, Hermann, 1973. - Écriture et Iconographie , Paris, Vrin, 1973. - Pour une Théorie générale des Formes , Paris, Vrin, 1976. - Une Épistèmolo gie de l'Espace concret . Néogéographie. Paris, Vrin, 1977. - Mémoire pour l'Avenir, Paris, Vrin, 1979. This content downloaded from 128.111.121.42 on Sun, 01 May 2016 16:52:01 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms 372 F. GUÊRY Si Gaston Bachelard avait un continuateur, ce serait François Dagognet : premier repère de l'œuvre, cette fidélité pourrait s'appeler engagement rationaliste. Si Henri Bergson avait un contra- dicteur, ce serait encore lui, pour les mêmes motifs. Mais qu'est-ce que continuer, ou être contredit, pour une philosophie digne de ce nom ? Elle vit, elle ne se survit pas, et ne s'achève pas davantage. Aussi faut-il reconnaître à l'œuvre philosophique, aujourd'hui très aboutie, de Dagognet, un droit à l'existence sans partage, d'où pourront dériver, ensuite, fidélités ou inimitiés. C'est que l'orientation d'ensemble de cette réflexion foisonnante, presque encyclopédique, bravant les frontières des domaines du savoir, tant dans l'espace que dans le temps, est paradoxale plutôt que polémique, et pratique le mépris des idéologies et des écoles, plus que l'enrôlement militant. Aussi nous semble-t-il commode d'en retracer l'itinéraire en partant de ces paradoxes, et de leur résolution méthodique. Les deux premiers paradoxes traités : l'efficacité de l'artificiel (le remède) sur le « naturel » (le corps perturbé dans ses fonctions1), et le paradoxe d'une science biologique amenée à produire son objet avant et afin de le connaître (soit le secret de la méthode expérimentale de Pasteur2), l'ont mené à un espace méthodique et théorique dont l'œuvre n'a pas encore fini de faire le tour. C'est que le troisième paradoxe, envisagé des tableaux et langages de la chimie , à savoir : comment la grille qui s'interpose entre les substances et le sujet connaissant peut-elle lui en livrer l'accès, au lieu de l'en tenir à distance, s'est heureusement dénoué par le recours à un outil de première importance, l'idée du scriptural, des vertus et puissances de l'écriture symbolique, et de la correspondance miraculeusement réglée des substances et des substantifs. Avant cette ouverture, la réflexion chemine. Après, elle rayonne, se reprend, s'étend et s'approfondit à la fois. On voudrait donner une preuve de la circularité atteinte avec la leçon chimique, le commen- taire de Lavoisier. La dernière œuvre en date : Mémoire pour V avenir , dont les thèses les plus manifestes, la doxa, ont pu surprendre, ne présente pourtant que la version définitive de ce qui s'ébauchait dès la présentation du Discours Préliminaire du grand chimiste. Mémoire pour Vavenir fait de l'ordinateur une catégorie philo- sophique. Répondant par avance à l'argument de la mode, l'auteur se justifie : son souci est bien antérieur à la vogue de l'informatique. D'où l'historique abrégé du traitement de la question : 1. La raison et les remèdes. 2. Méthodes et doctrines dans V œuvre de Pasteur . This content downloaded from 128.111.121.42 on Sun, 01 May 2016 16:52:01 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms FRANÇOIS DAGOGNET 373 I. Il a réactualisé « les succès anciens des premiers classificateurs... Linné, De Jussieu, Pinel ; c'est le Catalogue de la vie , 1970. II. Il a repris « la démonstration... De Darwin » : contracter ce qui est épars, pour retracer la genèse d'une formation, ex. les atolls du Pacifique. III. Il a souligné « la valeur heuristique des tableaux à double entrée des chimistes » ; Écriture et iconographie , 1973. Or, sur ce dernier point, c'est à deux travaux complémentaires qu'il faut revenir pour saisir l'instant de naissance du problème mnémotechnique : - L'article Sur Lavoisier , 1968, et Tableaux et langages de la chimie , 1969. Ils abordent déjà la difficulté majeure dont l'ordina- teur est la solution technique et méthodique : l'alternitive de l'économie et du pullulement. En effet, les données foisonnent. Mais la chimie décuple le problè- me de leur encadrement, puisque les tableaux, appuyés sur la nomenclature, par leur simplicité, produisent eux-mêmes la suren- chère qu'ils prétendaient endiguer, en ouvrant la voie à la reconnais- sance, au repérage et à la production même d'une infinité de substance auparavant inaperçues ou objectivement inexistantes. Aussi le problème, d'abord simplement quantitatif, de la disparité du donné-massif - et de son traitement-réducteur, puis démultipli- cateur, se noue avec l'exposé de l'innovation propre à Lavoisier, ce point d'équilibre instable trouvé entre substances et substantifs. Aussi est-ce une théorie générale des inscriptions qui s'engage dès cette époque pour procéder par séries d'enquêtes concrètes au recensement des modes de recensement mêmes, caractéristiques de la modernité. D'une façon générale, le recensement, ordinateur de données, doit donc engendrer une prolifération réglée des êtres qu'il subsume. Selon les domaines et les disciplines, la réussite est plus ou moins certaine. Afin de procéder nous-même au recensement des questions abordées par F. Dagognet sous cet éclairage fécond, nous proposons d'en étager la série entre deux points extrêmes, un haut et un bas, l'un, sommet indiscutable de réussite, l'autre, limite absolue de précarité des solutions. La chimie d'une part, la médecine, notam- ment la mentale, de l'autre. Lavoisier est classiquement crédité d'avoir découvert l'oxygène comme tel : non d'avoir, comme Scheele et Priestley, isolé un corps spécifique, mais d'avoir su rétablir la relation des deux phénomènes de modification de l'air et du combustible lors de la combustion. Au lieu d'une adjonction à l'air ambiant d'un principe nocif, et d'une soustraction au combustible d'une substance inflammable, This content downloaded from 128.111.121.42 on Sun, 01 May 2016 16:52:01 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms 374 F. GUÉRY il a vu la recombinaison par déplacement de l'oxygène de l'air avec le combustible, remboursé par un dégagement de gaz carbo- nique tel que le poids du système global reste constant. A cette histoire linéaire qui met Lavoisier au terme de la filiation Margraf f-Scheele-Priestley-Cavendish, F. Dagognet en adjoint une autre, méthodologiquement plus conséquente : Macquer-Berg- màn-Guyton de Morveau. La lignée empiriste se trouve donc doublée, lestée de la lignée des codificateurs, inventeurs de nomenclatures. C'est que uploads/Philosophie/ dagognet-01-pdf.pdf
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- Publié le Dec 14, 2022
- Catégorie Philosophy / Philo...
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