Cours d’Econométrie Khalil Meslouhi 16 octobre 2015 2 Chapitre 1 Généralités su

Cours d’Econométrie Khalil Meslouhi 16 octobre 2015 2 Chapitre 1 Généralités sur les modèles économétriques Avant de s’interroger sur l’objet et la finalité de l’économétrie il n’est pas inutile de faire d’abord une brève présentation de la notion de modèle en écono- mie, cela permettra ensuite de mieux souligner la spécificité de la modélisation économétrique. Le mot modèle fait partie de cette catégorie de termes économiques dont l’utilisation est aussi courante que le sens imprécis. On parle de modèles clas- siques, de modèles néo- classiques ou keynésiens, de modèle de croissance à court terme, de modèle économétrique, de modèles comptables,. . . La généralisation de l’usage du concept nécessite donc que nous procédions à son examen d’abord avant de tenter de faire une typologie des modèles. 1.1 Définition et typologie des modèles écono- miques 1.1.1 Définition Nous emprunterons cette définition à E. Malinvaud que nous compléterons par 4 précisions : « Un modèle consiste en la représentation formelle d’idées ou de connais- sances relatives à un phénomène ; c’est-à-dire à un ensemble d’hypothèses sur la structure du phénomène et les lois qui le régissent. . .Les hypothèses se traduisent généralement par un système mathématique dénommé lui- même « modèle ». Le raisonnement sur le modèle permet d’explorer les conséquences logiques des hypothèses retenues, de les confronter avec les résultats de l’expérience, d’arriver ainsi à mieux connaître la réalité et à agir plus efficacement sur elle. ». Cette définition appelle 4 précisions relatives aux points suivants : 3 4CHAPITRE 1. GÉNÉRALITÉS SUR LES MODÈLES ÉCONOMÉTRIQUES La limite de l’analyse littéraire. Puisque le modèle est un « moyen de re- présentation », d’ailleurs la racine latine du mot modèle est « modus » qui entre autre veut dire « moyen », ne suffit-il pas alors de simplement « parler » du phénomène en question. Il y’a tout de même des analyses verbales intéressantes des phénomènes économiques ? Certes, mais l’analyse littéraire a ses limites. Un grand nombre d’aspects de la vie économique ne peuvent se traduire que sous forme de grandeurs quantifiées et déjà à ce niveau un minimum de traitement « arithmétique » s’impose. En plus, ce qui caractérise les phénomènes écono- miques c’est l’interdépendance entre les variables. Lorsqu’il s’agit de révéler des relations entre ces grandeurs fortement interdépendantes, la littérature atteint ses limites. Lorsqu’on essaie de décrire verbalement, par exemple, les relations qui lient le produit national et ses composantes ; la consommation et l’investis- sement, avec leurs inter relations ; on s’aperçoit très vite de la difficulté de la tâche. Si, en plus, on y ajoute le commerce extérieur et la balance des paiements et l’effet que ceci peut avoir sur l’investissement par exemple, le schéma devient rapidement complexe et ne peut s’exprimer, facilement, par le langage littéraire. L’objet du modèle économique : Lorsque l’objet du modèle est la réalité économique on parle de modèle économique. Un modèle économique est donc une représentation formelle de théories économiques par rapport à un phéno- mène économique donné, ces théories s’exprimant par un ensemble d’hypothèses explicitant sa structure et ses lois. Ces hypothèses sont généralement traduites par un système mathématique. Un modèle économique est une représentation simplifiée : Un modèle économétrique est une représentation simplifiée de la réalité économique et en tant que tel, il a peu de chances, d’être une représentation tout à fait exacte de la réalité. La réalité est souvent complexe et le modèle n’est qu’un instrument destiné à saisir les traits fondamentaux de cette réalité. Cependant un modèle formalisant les liens entre les faits et les idées même lorsqu’il est simpliste est souvent le seul, instrument permettant un raisonnement rigoureux. La réalité économique apparaît ainsi comme une limite vers laquelle tendraient les modèles économiques de plus en plus performants. Les objectifs : Le modèle poursuit deux objectifs : un objectif d’explication et un objectif de décision. Or si les modèles théoriques suffisent le plus souvent à expliquer les structures de la théorie économique « classique », ils sont souvent incapables de donner des réponses aux problèmes de politiques économiques. D’où la nécessité pour les résoudre, d’élaborer des modèles moins généraux mais plus proche « des utilisateurs de l’économie » ou des « décideurs », cette deuxième catégorie de modèles constitue les « modèles économétriques » dont l’objet de ce cours est justement une introduction à leurs constructions. Pour mieux saisir la spécificité de ces modèles il convient de les situer par rapport aux autres types de modèles économiques, et d’aborder par conséquent une typologie des modèles économiques. 1.1. DÉFINITION ET TYPOLOGIE DES MODÈLES ÉCONOMIQUES 5 1.1.2 Typologie des modèles économiques On peut trouver un nombre important de critères de classification. Sans être exhaustive, la liste suivante regroupe les principaux critères. Selon le degré de proximité entre la théorie et les faits On distingue selon ce critère 3 types de modèles : Les modèles théoriques : sont une représentation plus ou moins formelle d’un système assurant une cohérence logique à l’analyse théorique. Ces modèles servent souvent aux raisonnements et rien n’assure avant leur confrontation aux faits que leurs hypothèses sous-jacentes soient vérifiées. Les modèles comptables : Sont des modèles qui permettent d’organiser l’in- formation sur le phénomène étudié à partir de concepts fournis par la théorie économique. Exemple : le TEI d’un pays ou le bilan d’une société. Ces modèles ne comportent pas d’hypothèses formalisées sur les liaisons entre les variables. Les modèles économétriques : Constituent la synthèse entre les modèles théo- riques et les modèles comptables. Ils sont plus proches de la réalité des phéno- mènes étudiés. Ils contiennent des relations mathématiques entre les variables qu’on peut chiffrer à l’aide des modèles comptables. Ils permettent de confronter les modèles théoriques avec les faits saisis statistiquement grâce aux méthodes statistiques appropriées. En plus grâce aux méthodes statistiques appropriées (la théorie des probabilités et les méthodes d’induction), ces modèles permettent d’appréhender l’incertitude inhérente aux phénomènes économiques et l’approxi- mation des modèles théoriques. Enfin, ces méthodes permettent de mesurer les erreurs et donc de préciser les résultats numériques en leur associant à des in- tervalles de confiance. Selon la dimension temporelle On distingue : Les modèles statiques : Modèles où l’enchaînement dans le temps des phéno- mènes analysés n’est pas explicités ou n’est pas pris en compte, on fait l’hypo- thèse de l’invariance temporelle des relations du modèle. Exemple y = axt + b, toutes les variables sont traitées à une même époque de temps t . Les modèles dynamiques : ceux où l’enchaînement dans le temps est pris en considération par l’intermédiaire d’un système de réactions mutuelles. Soit le modèle : yt = ayt−1 + bxt + cxt−1 + d ; ; y est liée non seulement aux valeurs présentes de x mais aussi aux valeurs passées de x et y. Le passé de y affecte sa valeur présente qui à son tour va affecter sa valeur futur. 6CHAPITRE 1. GÉNÉRALITÉS SUR LES MODÈLES ÉCONOMÉTRIQUES Selon l’utilisation du modèle Un modèle validé sera utilisé dans un but de simulation, de prévision ou d’optimisation. Les modèles de simulations ont pour but de simuler les effets des variations de l’environnement économique (politique économique, environnement interna- tional. . .) ou d’aider à l’interprétation de l’évolution historique (études rétros- pectives). Deux procédures de simulation sont généralement utilisées : - Simulation successive du modèle en faisant varier tour à tour chaque va- riable exogène dans un intervalle autour d’une valeur centrale donnée. - Simulation sur la base de quelques « scénarios » chaque scénario corres- pondant à un ensemble cohérent de valeurs de variables exogènes traduisant un état probable de l’environnement ou une certaine politique économique. Comme exemple de scénarios on peut fixer : le taux de taxation ou le taux de change à des valeurs données. Les modèles de prévision ont pour but de prévoir avec la plus grande pré- cision l’état le plus probable des variables endogènes mais il faut se donner de façon « exogène », les valeurs futurs des variables exogènes et prévoir l’état de l’environnement : production agricole, prix du pétrole, par exemple. Les modèles de décisions ou d’optimisation ont pour but de préparer des déci- sions optimales. i.e. déterminer les valeurs des variables exogènes qui conduisent à des valeurs des variables endogènes jugées souhaitables. La démarche est donc symétrique par rapport à la démarche des modèles de simulation. Etant donné certains résultats « souhaitables » (valeurs des variables endogènes) quelles dé- cisions convient-ils de prendre (valeurs pour les variables exogènes) compte tenu des contraintes (sur l’état de l’environnement ou de l’information qu’on a sur lui). Les autres critères On distingue selon l’horizon de la prévision : Les modèles de prévision à court terme (moins d’un an), à moyen terme (plus d’un an) et à long terme (plus de 2 ans). On peut remarquer que la notion de court terme, moyen ou long terme peut changer en fonction du domaine étudié. On distingue selon le degré d’agrégation : ( les modèles macro-économétriques, les modèles sectoriels et les modèles régionaux). On peut combiner les critères ou ajouter d’autres. Par exemple selon uploads/Philosophie/ pr-meslouhi-ch1.pdf

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