RESUMO Rio DE JANEIRO, v.16, N.2, P.39-71, 2009 1 ETHICA L'IMMANENCE D 'ouTRE-M

RESUMO Rio DE JANEIRO, v.16, N.2, P.39-71, 2009 1 ETHICA L'IMMANENCE D 'ouTRE-MONDE 1 QUENTIN MEILLASSOUX* Este artigo se propôe a defender três teses sobre a possibilidade de que a imortalidade nao seja concebida senao em um sentido nao religioso, e que uma verdadeira filosofia da imanência nao se resigna a ser um pensamento da finitude, mas é uma ética da imortalidade. Uma outra maneira, mais clâssica, de formular esta tese consiste em afi.rmar que a irreligiào filos6fica nâo é um ateismo, mas a condiçâo de um acesso autêntico ao divino PALAVRAS-CHAVE: filosofia da imanência; ética da imortalidade; irreligiào filos6fica; divino; finitude; eterno retorno. RESUME Cet article avance trois thèses sur la possibilité que l'immortalité ne soit pensable qu'à être irréligieuse, et qu'une philosophie de l'immanence véritable en passe non par une pensée de la finitude, mais par une éthique de l'immortalité. Une autre fàçon, plus classique, de formuler cette thèse consiste à affirmer que l'irréligion philosophique n'est pas un athéisme, mais la condition d'un accès authentique au divin. MOTS-CLES: philosophie del 'immanence; éthique del 'immortalité; irreligion philosophique; divin; fi.nitude; éternel retour. Mon entreprise philosophique peut se résumer en trois thèses que je commencerai par formuler brièvement avant de les expliquer: - Première thèse: L'absolu n'est pensable qu'à refuser le principe de raison. Pour le dire dans mon lexique: la spéculation, entendue comme pensée de l'absolu, n'est possible qu'à ne pas être métaphysique. - Deuxième thèse: l'enjeu d'une réactivation de la spéculation est l'irréligion. Je soutiens que l'irréligion n'est possible qu'à être 1 Artigo recebido em 7 de agosto de 2009 e aprovado em setembro de 2009. * Quentin Meillassoux é, atualmente, « agrégé-répetiteur » na École Nonnale Supérieure, em Paris. E-mail: Quentin.Meillassoux@ens.fr. 39 ETillCA Rio DE JANEIRO, v.16, N.2, P.39- 71, 2009 spéculative - qu'à être, donc, pensée del' absolu, et non critique des absolus. Aspect symétrique de la thèse: toute critique des absolus revêt une forme essentielle de la religiosité moderne- à savoir le fidéisme. - Troisième thèse - et nous en arrivons ici au sujet qui nous occupera principalement: l'enjeu de l'irréligion devenue spéculative consiste en une eschatologie de l'immortalité. Je soutiens donc que la possibilité de l'immortalité n'est pensable qu'à être irréligieuse, et qu'une philosophie de l'immanence véritable en passe non par une pensée de la fmitude mais par une éthique de l'immortalité. Une autre façon, plus classique, de formuler cette thèse consiste à affirmer que l'irréligion philosophique n'est pas un athéisme mais la condition d'un accès authentique au divin. Trois thèses, donc, encore énigmatiques: la spéculation n'est possible qu'à être non-métaphysique; l'irréligion n'est possible qu'à être spéculative; l'immortalité et l'accès au divin, comme conditions de l'immanence ne sont possibles-pensables et vivables- qu'à procéder d'une irréligion. ]. LES DEUX PRE1lfIÈRES THÈSES Mon propos général, développé dans After finitude 2, consiste à soutenir qu'il est possible de réactiver l'idée d'une philosophie spéculative, et pourtant non-métaphysique. Il est possible, en somme, d'enfoncer un coin entre ces deux notions généralement identifiées que sont la spéculation et la métaphysique. Expliquons le sens que prennent ces termes au sein de mes investigations. J'appelle spéculative toute prétention de la pensée d'accéder à un absolu: à une vérité éternelle, indépendante à ce titre des contingences- psychologiques, historiques, langagières- de notre rapport au monde. En revanche, ce que je récuse, c'est qu'une telle puissance spéculative de la pensée en fasse nécessairement une métaphysique: non seulement je soutiens que la spéculation n'est pas nécessairement métaphysique, mais je soutiens que seul le refus de 2 Quentin Meillassoux, Ajter Finitude: An Essay on the Necessity of Contingency, London, Continuum, 2008. 40 Rio DE JANEIRO, v.16, N.2, P.39-71, 2009 1 ETHICA toute métaphysique permet à la pensée d'accéder à des vérités authentiquement spéculatives- bref que ce que l'on nomme la clôture de la métaphysique est la condition même d'un accès authentique à l'absolu. Pour comprendre ce point il faut expliquer que j'entends par métaphysique la juxtaposation (je tiens au terme) de deux prétentions: d'une part toute métaphysique est spéculative (je ne conçois donc pas ce que Kant nomme "métaphysique transcendantale" comme une véritable métaphysique): toute métaphysique, autrement dit, prétend accéder à une vérité absolue. Mais la métaphysique est caractérisée de surcroît par sa soumission à ce que Leibniz nomme le "principe de raison suffisante". Toute métaphysique prétend qu'il est possible d'apporter une raison pour que les choses soient ainsi plutôt qu'autrement: donc qu'il est possible de fonder le fait que certaines entités doivent nécessairement exister en raison de ce qu'elles sont- de leurs propriétés spécifiantes. Est aussi bien métaphysique, en ce sens, la prétention à démontrer l'existence d'un dieu nécessaire- ce que l'on nomme depuis Kant l'argument ontologique- que le fait de soutenir la nécessité des lois naturelles de notre monde ou de n'importe quel autre type d'entité (atome, âme, société, processus historique, etc.). La défmition de la spéculation non-métaphysique procède comme d'elle-même d'une telle définition de la métaphysique: un absolu non-métaphysique est un absolu qui fait fond sur l'effective fausseté du principe de raison. En d'autres termes: le projet d'une spéculation non métaphysique serait d'établir ceci: l'impossibilité dans laquelle nous sommes de démontrer que les choses doivent être ainsi plutôt qu'autrement- cette impossibilité n'est pas la marque de notre ignorance de la véritable raison des choses, mais la marque de notre accès au savoir de l'effective absence de raison de toutes choses. Je soutiens que la contingence radicale de toutes choses, leur irraison, est non pas le signe d'une incapacité de la pensée à accéder à la vérité ultime des chose, mais au contraire la vérité même de toutes choses. Lorsque nous butons sur l'irraison de toutes choses, nous ne butons pas sur une limite de notre savoir, mais sur l' absoluïté de notre savoir: la propriété éternelle des choses mêmes consiste en ce qu'elles peuvent sans raison devenir autres qu'elles sont. Donc, en clair: l'idée d'une spéculation non-métaphysique consisterait dans la thèse suivant laquelle l'irraison des choses nous dévoile l'être en tant qu'être, et cet être de toutes choses consiste en un chaos insoumis à une raison quelle qu'elle soit: chaos éternel capable sans raison de faire émerger et 41 ETillCA Rio DE JANEIRO, v.16, N.2, P.39- 71, 2009 d'abolir un monde, de détruire les lois présentes de la nature, comme d'en faire émerger d'autres. La stabilité manifeste des lois devient en somme une apparence de nécessité, capable de s'effondrer à tout instant. La constance phénoménale du monde est l 'oeil d'un cyclone sans commencement ni fm - "cyclone" que je nomme Surchaos: le chaos éternel, niché au coeur de l'irraison manifeste de tout étant. J'ai eu alors à affronter trois problèmes principaux dans l'établissement de cette thèse: Premièrement: qu'est-ce qui fonde, légitime, de telles propositions? Mon idée, en gros, est que la contingence est l'opérateur indispensable de toutes les antimétaphysiques contemporaines: on désabsolutise toujours la pensée en faisant valoir la contingence- psychologique, transcendantale, historique, ou langagière- de nos catégories intellectuelles. Je tente d'en déduire que la seule chose que nous ne pouvons relativiser, c'est l'opérateur même de toutes les relativisations: la contingence elle-même. Je tente donc de montrer que la contingence, et elle seule, est absolument nécessaire, c'est-à- dire non relativisable à un contexte factuel quel qu'il soit. C'est ce que j'appelle le "principe de factualité": seule la facticité des choses n'est pas factuelle, seule leur contingence est nécessaire. Si la facticité désigne la contingence indépassable de toute réalité, la "factualité" désigne la non-facticité de la facticité (son absolue nécessité). Sera dite "factuale" une philosophie spéculative fondée sur un tel principe de factualité. Deuxième problème: en quoi la thèse de la nécessité de la contingence peut-elle produire un discours diversifié, un programme de recherches qui ne se contenterait pas de répéter, à propos de toute chose, que celle-ci est sans raison? Ce qui donne son intérêt au principe de factualité, c'est que l'irraison des choses, loin de supprimer toute nécessité rationnelle, permet de redéfinir le travail de la raison philosophique. Il faut libérer la raison du principe de raison, et lui donner une nouvelle tâche, et cette tâche procède du fait suivant: pour être contingent un étant, une chose, ne peut être en vérité n'importe quoi. Cela veut dire qu'il existe des conditions non-quelconques de l'irraison. Dire qu'un étant, pour être un étant, doit être sans raison, ce n'est donc pas dire n'importe quoi- puisque si un étant doit être contingent, il doit remplir un certain nombre de conditions, et la tâche de la raison redéfinie (libérée du principe de raison) consiste à les découvrir. Par exemple, j'ai tenté de montrer qu'on pouvait fonder ontologiquement le principe logique de non-contradiction, en soutenant 42 Rio DE JANEIRO, v.16, N.2, P.39-71, 2009 1 ETHICA que si un étant ne pouvait être contradictoire, c'est qu'il devait être contingent, donc ne pas déjà être ce qu'il n'est pas, pour éventuellement pouvoir ( sans raison) le devenir. Le Surchaos peut tout produire, mais non pas une contradiction- sous peine de donner naissance à un étant absolument nécessaire, impossible à modifier, pure monstruosité logique et ontologique à la fois . Mon uploads/Philosophie/ quentin-meillassoux-l-x27-immanence-d-x27-outre-monde 1 .pdf

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