2009/2010 CNAM Toulouse Certificat de Compétence « Construction d’une opération
2009/2010 CNAM Toulouse Certificat de Compétence « Construction d’une opération de Culture Scientifique et Technique » Gilles CATTIAU Mémoire « Sherlock Holmes, passeur de Savoirs » ? 1 SOMMAIRE P. 3 INTRODUCTION P. 5 I. LE CONTEXTE HISTORIQUE A. L’émergence de la connaissance scientifique P. 6 B. De la science à la technique, la révolution industrielle P. 8 C. Recomposition de la société, structuration des classes sociales P. 9 II. LA TRANSMISSION DES SAVOIRS P. 9 A. Les cercles de la connaissance P. 11 B. La presse périodique P. 12 C. Le roman policier P. 13 III. L’EPOPEE DE SHERLOCK HOLMES A. Un médecin écrivain, Arthur Conan Doyle P. 14 B. Un détective… P. 16 C. Le champ de la médiation P. 18 CONCLUSION P. 19 BIBLIOGRAPHIE P. 20 * Le Canon holmésien 2 Pour Jürgen Habermas*, le processus de diffusion des connaissances scientifiques serait consubstanciel à l’histoire de la construction d’un « espace public ». Du cabinet de curiosités… à nos musées modernes, il explore l’idée que les gisements de connaissances ont effectués, au cours de l’Histoire en construction, des aller retour, de l’espace privé du Pouvoir … à la sphère publique. Les attitudes de médiation, ajustées aux différentes tentatives de captation des savoirs, conduiraient ainsi « l’honnête homme » vers les prémices d’une émancipation démocratique globale, celle d’un « citoyen éclairé » Peut-être, en effet, que la fiction et ici pour ce qui nous concerne, la fiction littéraire, a pu exploiter cette évasion de la connaissance et tenter de la transmettre au plus grand nombre via un… storytelling avant l’heure ! *Jürgen Habermas : Philosophe et sociologue allemand (1929 - ) 3 INTRODUCTION « L’important n’est pas de connaître ce que je sais mon cher Watson, mais bien comment je le sais ! On devrait y regarder à deux fois avant que de confiner le pensionnaire du 221B Baker Street dans le seul rôle qui résumerai sa capacité de résolution des aventures policières qu’il traite : un chevalier blanc luttant contre la permanence et l’obscurité du crime. En imaginant Sherlock Holmes, Arthur Conan Doyle va au-delà de cette réduction pour nous faire parvenir une tout autre réalité. Il nous propose un acteur-témoin en immersion, au cœur d’une Angleterre en mouvement, où la société victorienne délaisse les archaïsmes de la ruralité pour de lourdes exodes urbaines, au rythme de ses révolutions industrielles et de ses avancées scientifiques. Sherlock Holmes et son faire-valoir de Watson entrent de plein pied dans l’ère industrielle qui avance, tel le chemin de fer, faisant fuir dans l’illusion, les spectateurs des salles obscures. 4 C’est à une promenade panoramique que nous sommes conviés, par la créature d’Arthur Conan Doyle, au coeur de ce progrès industriel qui charriera, dans son sillage, les prémices fondateurs de la science contemporaine. Sherlock Holmes n’est pas un scientifique, mais Holmes n’aura de cesse de convoquer délibérément la question scientifique comme argument afin d’étayer ses hypothèses et, partant, tout en solutionnant les énigmes qui lui sont confiées, de les valider à l’aide du tryptique clinique : observation, raisonnement, savoir. Que le prétexte à l’aventure fut le crime et donc le contournement de la loi et Holmes en tirera indubitablement le raisonnement hors des croyances et des univers troubles des peurs ancestrales pour proposer une explication moderne, validée par ces nouvelles disciplines émergentes que sont les sciences En cela Holmes rejoint dans l’aventure littéraire de ce début de 19ème siècle les éclaireurs romantiques qui annoncent des temps nouveaux, Jules Vernes, Edgar Alan Poë, Maurice Leblanc et autre Emile Gaboriau ou les séances de spiritismes côtoieront, dans la plus stricte indifférence, une rationalité scientifique obstinément en marche En cela également, l’interrogation d’un Sherlock Holmes « passeur de Savoirs » ? et donc médiateur de la connaissance, mérite que l’on s’y attarde…. Naturellement la distance générée par la fiction conférera à l’exercice une relativisation indispensable 5 I. LE CONTEXTE HISTORIQUE A. L’émergence de la connaissance scientifique Le siècle des lumières a été le siècle de l’enthousiasme scientifique des nations en Europe. Les progrès ont été préparés par les hommes du XVIIème siècle : Galilée, Descartes, Pascal ont frayé des voies nouvelles sur le continent. En Angleterre, Harvey et Francis Bacon symbolisent le nouveau rationalisme avant Isaac Newton par ses Principes mathématiques de la philosophie naturelle (1684-1686) et sa théorie de la gravitation universelle, offre du monde une admirable vision de mécanisme rationnellement conçu et définissable. Qu’il s’agisse d’astronomes comme Flamesteed et Halley ou de chimistes comme Priestley, le siècle qui commence vers 1680 est celui de la recherche, de l’expérimentation, de la formulation des grandes lois scientifiques. Sondé en particulier depuis Greenwich, par des lunettes et des télescopes de plus en plus perfectionnés, notamment celui de Herschel, le ciel est de mieux en mieux connu, cartographié et les mouvements des planètes, les météores, les comètes expliqués par la théorie de Newton ; l’instrument mathématique se perfectionne après la mise au point par le même Newton et Leibnitz de l’analyse infinitésimale ; thermomètre et baromètre sont constamment améliorés qui autorise des expériences quantitatives ; l’électricité est étudiée à partir des années 1730 dans sa nature, ses effets, les modes de son transport ; la chimie se constitue peu à peu en science différenciée de la vieille alchimie ; les sciences de la vie vont à pas de géant, le recensement des espèces aboutit à des classifications fondées sur des principes enfin valables, les mystères de l’alimentation et de la reproduction sont abordés dans un esprit expérimental et mieux compris ; les progrès parallèles de la géologie contribuent de plus en plus à formuler une idée évolutionniste du monde, et le transformisme s’exprimera enfin par la bouche du français Lamarck en 1800. 6 B. De la science à la technique, la révolution industrielle Mais LA découverte du XVIIIème siècle qui va faire basculer la société demeure incontestablement LA MACHINE, qui supplée la main de l’homme et qui réplique à l’envie, l’activité humaine. Il en va ainsi de l’industrie textile et du tissage, de la métallurgie (emploi de la houille et du coke dans le recours au « puddlage » qui est le procédé d’affinage de la fonte), de la machine à vapeur qui caractérise cette première révolution industrielle. La seconde révolution industrielle annoncée (électricité et moteur à explosion, industries de la chimie et pétrole) à son tour, va bouleverser les rythmes de croissance et l’organisation du travail, prioriser l’univers de l’urbain au rythme des démographies galopantes opérant des saignées irréversibles dans une ruralité paupérisée. L’Angleterre a connu de 1815 à 1914 un long temps de paix dont l’ère victorienne occupe la plus grande partie. Cette « Pax Britannica », inaugurée à Waterloo repose sur trois piliers : - La maîtrise des mers et des grands axes stratégiques (Gibraltar, Malte, Suez en Méditerranée par exemple). L’écrasante supériorité navale lui permet de faire pression sur n’importe quel pays en n’importe quel point du globe ; c’est la diplomatie de la canonnière (“gunboat diplomacy”). - L’éclatante réussite industrielle, technique, financière et commer- ciale. L’« atelier du monde » tourne à plein rendement, la diligence s’efface devant la locomotive de Turner (qui, dans le tableau intitulé Pluie, vapeur et vitesse, la montre faisant la course avec un lièvre) et le capitalisme anglais a le monde entier à son service : “Actuellement les 5 parties du monde sont nos tributaires volontaires ... Les plaines d’Amérique du Nord et de Russie sont nos champs de blé ; le Canada, les pays baltiques nos forêts. L’Australie contient nos moutons ... le Pérou nous expédie son argent, la Californie son or. Les Chinois cultivent le thé pour nous, et des Indes affluent notre café, notre sucre, nos épices. La France et l’Espagne sont nos vignobles ...” (S. Jevons, économiste libéral, 1866). - Enfin, l’impérialisme commercial et colonial se renforce notamment à l’égard de l’Inde et de la Chine. 7 La “Grande dépression” (1873-1896) engagera la Grande- Bretagne dans une politique d’expansion coloniale plus active. Dans la période précédente, elle avait surtout cherché à acquérir des bases navales. Désormais, ce sont des territoires entiers qu’elle va s’efforcer de conquérir, des protectorats qu’elle va imposer (Indonésie, Egypte, Afrique du Sud ...). La ruée des grandes puissances vers des territoires qu’elles ne dominent pas encore fait naître rapidement entre elles de graves conflits. Ainsi, Français et Anglais, qui progressent à travers le continent africain, se rencontrent à Fachoda, dans la haute vallée du Nil. A l’issue d’un long voyage autour du monde, Darwin énonce sa théorie de l’évolution. La cosmogonie biblique remise en cause, les débats se multiplient alors sur la place de l’homme dans la nature, l’avenir des sociétés, l’économie ... L’époque victorienne est aussi un moment de grande production littéraire, souvent critique. John Ruskin, qui analyse les dégâts causés par le triomphe industriel, prône un certain retour à la nature. William Morris, dans ses « Nouvelles de nulle part », décrit la société dont il rêve où chacun recevra selon ses besoins. Quel gentleman pourrait alors douter de la supériorité britannique ? Les temps sont uploads/Philosophie/ sherlock-holmes-gilles-cattiau.pdf
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- Publié le Sep 30, 2022
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