1 Richard Swinburne, Y a-t-il un Dieu ? ch. 4 COMMENT L’EXISTENCE DE DIEU EXPLI
1 Richard Swinburne, Y a-t-il un Dieu ? ch. 4 COMMENT L’EXISTENCE DE DIEU EXPLIQUE LE MONDE ET SON ORGANISATION Traduction de Paul Clavier L’univers et les lois de la nature Il y a un univers physique. Il est constitué d’innombrables amas matériels de différentes dimensions. Notre Terre est une des planètes qui se déplacent autour du Soleil, lequel est une petite étoile, une grosse boule de feu. C’est une étoile parmi les millions d’étoiles de notre galaxie, le groupe d’étoiles auquel nous appartenons, appelé Voie Lactée. Notre galaxie appartient à un amas local de galaxies. Les astronomes peuvent observer plusieurs milliards d’amas de ce genre. Quoique très largement uniforme, l’univers contient un certain nombre de “regroupements” locaux. Les étoiles et les planètes sont de dimensions différentes, et les planètes telles que la nôtre ont mille façons d’être irrégulières — il suffit de penser aux différentes formes et dimensions des galets sur le rivage. Il est extraordinaire que, tout d’abord, il y ait des choses qui existent. L’état de choses probablement le plus naturel, c’est simplement rien : pas d’univers, pas de Dieu, rien. Pourtant il y a quelque chose qui existe. Et même beaucoup de choses. Le hasard, peut-être, aurait pu accoucher d’un électron. MAIS un si grand nombre de particules ! Bien sûr, tout ne pourra pas avoir une explication. Cependant, comme on l’a vu, le progrès dans les sciences et dans tous les autres domaines d’investigation intellectuelle réclame toujours que nous postulions le plus petit nombre de faits inexplicables. Si nous pouvons expliquer les innombrables composants de l’univers par un être simple qui conserve leur existence, alors c’est ce que nous devons faire — même si, c’est inévitable, nous ne parvenons pas à expliquer l’existence de cet être simple. En outre, il n’y a pas seulement d’énormes quantités de choses, il y a ce fait que toutes se comportent exactement de la même façon. Les lois de la nature qui gouvernent les galaxies les plus lointaines que nous pouvons observer au télescope, sont les mêmes que celles qui sont en vigueur sur terre. Et ce sont les mêmes lois qui gouvernent les événements les plus reculés dans le temps auxquels nous puissions remonter et qui fonctionnent aujourd’hui. Ou, comme je préfère le dire, tout objet, quel que soit son éloignement par rapport à nous dans le temps et l’espace, a les mêmes propriétés et les mêmes propensions à exercer des propriétés que les électrons et les protons dont nos corps sont constitués. Si cette situation était sans cause, ce serait alors une coïncidence absolument extraordinaire — trop extraordinaire pour qu’une personne rationnelle puisse y croire. Or, la science ne peut expliquer pourquoi chaque objet possède les mêmes propriétés et propensions. Elle peut expliquer pourquoi un objet a telle propriété, du fait qu’il possède telle autre propriété plus générale (ou pourquoi telle loi de la nature locale fonctionne, du fait que telle loi plus générale de la nature fonctionne). Mais on ne conçoit pas comment la science pourrait expliquer pourquoi chaque objet possède les propriétés les plus générales qu’il possède. Supposez que les trois lois newtoniennes du mouvement et sa loi d’attraction gravitationnelle soient les lois fondamentales de la nature. Cela voudrait dire alors que chaque atome, chaque électron, etc., attire n’importe quel autre objet de l’univers avec exactement la même force d’attraction (qui varie avec le carré de la 2 distance qui les sépare). Certes, les lois de Newton ne sont pas les lois fondamentales de la nature; elles sont une bonne approximation, mais qui n’est pas parfaite, et sont valables seulement quand les corps concernés n’ont pas une masse trop grande ni une vitesse trop élevée. Cependant, les lois de Newton sont valables dans la mesure où elles découlent des lois de la Relativité Générale et de la Théorie Quantique; lesquelles sont peut-être les conséquences d’une théorie plus générale — la Théorie de la Grande Unification. Pourtant, où que nous nous arrêtions, la même question se posera. Supposez qu’on s’arrête à la Théorie de la Grande Unification. Dans ce cas, chaque atome, chaque électron dans l’univers possèdera exactement les mêmes propriétés et les mêmes propensions — celles décrites par la Théorie de la Grande Unification. Et c’est là, si vous ne vous autorisez que des explications scientifiques, que vous devez vous arrêter. C’est, dira le matérialiste, comme ça que sont les choses, un point c’est tout. Pourtant c’est justement le genre d’endroit où il n’est pas du tout rationnel pour un enquêteur de s’arrêter. Si toutes les pièces trouvées sur un site archéologique portent la même effigie, ou si tous les documents trouvés dans une pièce sont écrits avec les mêmes caractères graphologiques, nous recherchons une explication en termes de source commune. L’apparence de coïncidence exige une explication. Or, non seulement tous les objets matériels ont en commun les mêmes propriétés générales et les mêmes propensions (et se comportent, par exemple, en accord avec une Théorie de Grande Unification) ; mais ils se rangent en espèces dont les membres se comportent à l’identique de façon plus spécifique. Chaque électron se comporte comme n’importe quel autre, en repoussant tout autre électron avec la même force électrique. Les objets macroscopiques aussi se rangent dans des espèces. Les chênes se comportent comme les autres chênes, les tigres comme les autres tigres. En outre, par beaucoup d’aspects, les comportements presque toujours identiques de tous les objets matériels ou ceux des objets d’espèces particulières sont également simples et faciles à détecter pour des êtres humains. Il aurait pu se faire que les constituants ultimes de la matière (électrons, protons, photons, quarks, ou toutes autres entités, quelles qu’elles soient, dont ils sont faits) se comportent de manière simple et identique, mais que, au moment de se combiner pour constituer des objets matériels de taille moyenne, ils se comportent de manière très compliquée. Au point que, d’un simple examen en surface de leur comportement, nous ne pourrions jamais prédire ce qui doit arriver. Il se pourrait qu’un jour les pierres tombent, et qu’un autre jour elles flottent en l’air — mais alors une simple observation non-scientifique ne nous donnerait pas la moindre idée de ce qui doit arriver à quel moment. Fort heureusement, notre monde n’est pas comme çà. Dans notre monde, le comportement des objets de taille moyenne présente des régularités. Elles peuvent être aisément détectées et exploitées par les non-scientifiques — régularités valables presque tout le temps et avec un haut degré de précision. Les objets massifs tombent, les humains et les autres animaux ont besoin d’air pour vivre, les graines plantées et arrosées donnent des plantes, le pain nourrit l’homme, mais pas l’herbe. Et ainsi de suite. Bien entendu, il y a des exceptions — il y a des cas où des objets massifs ne tomberont pas (si par exemple ils sont fortement aimantés de manière à être repoussés par un aimant placé au- dessous d’eux); et seul un scientifique peut prédire avec exactitude le temps de chute d’un objet, ou la quantité de pain nécessaire aux humains pour une activité normale. Les régularités à peu près courantes que les humains peuvent aisément détecter ont d’importantes conséquences pour notre survie ou notre disparition : manger suffisamment pour rester en vie, échapper aux prédateurs et aux accidents, s’accoupler, avoir des enfants, conserver la chaleur, se déplacer, etc. En observant et en comprenant ces régularités, les humains peuvent alors les exploiter pour introduire des changements dans le monde extérieur à nos corps, et par là dans nos propres vies. Nous avons besoins d’estimations vraies concernant les effets de nos actions élémentaires si par leur moyen nous voulons introduire des changements dans le 3 monde. Mais c’est seulement si les objets se comportent de manière régulière et suffisamment simple à comprendre pour des humains que nous serons capables d’acquérir ces estimations. En observant que le pain nourrit, nous pouvons prévoir qu’en mangeant du pain nous pouvons rester en vie. En observant que les graines (parmi lesquelles les grains de blé) plantées et arrosées donnent des plantes, nous pouvons prévoir de faire pousser du blé pour en faire du pain. Et ainsi de suite. Mais si les objets matériels se comportaient de manière totalement erratique, nous n’aurions jamais d’aucune manière la possibilité de décider de la maîtrise du monde ou de nos propres vies. Chercher à expliquer pourquoi tous les objets matériels partagent les mêmes propriétés simples et les mêmes propensions, c’est donc chercher ce qui permet d’expliquer pourquoi ces propriétés sont telles que les propriétés et les propensions des objets matériels de dimension moyenne qui en découlent (parmi lesquels celles qui ont de l’importance pour la vie humaine) sont aisément détectables par les humains. C’est en effet un caractère universellement répandu de tous les objets matériels, que leurs propriétés et propensions entraînent justement cette conséquence. L’hypothèse simple du théisme nous conduit à nous attendre, selon un degré raisonnable de probabilité, à tous les phénomènes que j’ai décrits. Omnipotent, Dieu est capable de produire un monde organisé de cette manière. Et il a une uploads/Philosophie/ swinburne-y-a-t-il-un-dieu-chapitre-4.pdf
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- Publié le Oct 17, 2021
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