Tableau de confrontation du corpus : En quête de l’extraordinaire Problématique

Tableau de confrontation du corpus : En quête de l’extraordinaire Problématiques : Faut-il chercher l'extraordinaire pour échapper à l'ennui du quotidien ? En quoi l'ennui nous pousse-t-il à chercher l'extraordinaire ? Document 1 : Roger Mathé, L’aventure d’Hérodote à Malraux, Edition Bordas, 1972 Document 2 : Guy de Maupassant, Une vie, paru en feuilleton en 1883 dans Gil Blas Document 3 : Blaise Pascal, Le « Divertissement » (1670), Les Pensées, Flammarion, 1993 Document 4 : Anne-Laure Gannac, « Besoin d'évasion : que cherchons- nous à fuir ? », Psychologies, juin 2014 Pistes de réflexion L’auteur constate que l’homme éprouve le désir de bouger, de changer d’air plutôt que de demeurer tranquillement en place. Le mot « aventure » est plein de belles promesses, celle d’une vie riche, pleine de surprises, jamais monotone. Au lieu d’échapper à l’emprise de la routine et vivre l’aventure, la plupart des individus ne font que fantasmer une vie exaltante et périlleuse afin d’éviter toutes sortes de conséquences plus ou moins dangereuses. Plutôt que de vivre l’aventure et son lot de conduites à risques, la société des loisirs permet à tout un chacun de se mettre à la place des héros, idoles dont la qualité première est de sortir du rang. Pour la majorité des individus pour laquelle l’ordinaire est pesant, il semble que la solution trouvée pour lui échapper soit celle proposée par la littérature et le cinéma. Bien qu’elle soit devenue une nécessité, l’aventure authentique semble désormais impossible. En effet l’univers social actuel cadre la vie de n’importe qui de façon rationnelle et systématique. De retour de son voyage de noces, Jeanne prend conscience de sa vie d’épouse toute tracée, sans qu’aucun rêve d’aventure ne vienne désormais l’animer. D’ailleurs le narrateur oppose l’expression « douce réalité » à « la réalité quotidienne ». C’est cette dernière dans ce qu’elle représente de banalité et de répétitivité qui attend Jeanne, et cette réalité s’annonce plutôt sombre à l’image des nuages qu’elle aperçoit. Jeanne fait un constat qui semble la désoler et pour le comprendre elle fait un retour sur le passé qui recouvre deux périodes distinctes. La première est celle de sa jeunesse entièrement tournée vers le fantasme de l’amour. Le rêve qui était une échappatoire vitale pour celle qui fut prisonnière d’un couvent aux allures carcérales. La seconde période correspond à la concrétisation des rêves d’antan, alors qu’elle rencontre son futur mari. Mais l’entrée dans la vie conjugale fut rapide et brusque. Jeanne vit désormais non une rêverie mais la réalité qui est appelée à être répétitive, Les hommes ne supportent pas la solitude car la solitude les renvoie à leur condition humaine. Ils ont donc besoin de se divertir pour oublier. Ceux-ci ont tendance à s’agiter, c’est- à-dire à poursuivre des activités inutiles, sans véritable intérêt, qui ne conduisent à rien. Ils ont tendance à s’exposer aux « périls » et aux « peines » et à poursuivre volontairement des activités qui leur sont « souvent mauvaises » et néfastes et les rendent malheureux. Par définition tout homme recherche le bonheur or son attitude est paradoxale puisque les hommes font volontairement leur malheur. L’explication de ce paradoxe est à rechercher dans l’incapacité des hommes à rester seuls avec eux- mêmes. En l’absence de divertissement, l’homme s’ennuie. L’ennui est ici le symptôme d’un mal plus profond. L’explication du malheur de l’homme ne réside pas dans l’ennui si on en entend le mot ennui comme le fait de souffrir d’être inoccupé. Si la solitude est insupportable aux hommes, ce n’est pas parce qu’ils se trouveraient désœuvrés ou inoccupés en l’absence de leurs semblables. Même seuls on peut imaginer que ces hommes continueront à s’agiter pour ne pas faire face à ce qui leur est insupportable. La solitude dont il est question ici est Gannac évoque le constat pessimiste dressé par Pascal Bruckner : le quotidien est monotone et cette caractéristique fatigue l’homme. La solution évidente et facile serait de fuir la morne répétition du quotidien qui tend à éteindre toute envie, car selon les poètes l’homme n’est pas adapté au monde dans lequel il se sent étranger. Ce qui est insupportable pour l’homme, par delà l’ensemble des réalités qui l’entrave, c’est la réalité de la mort comme la dernière des possibilités. La mort engendre le désespoir et le non sens de l’existence. Le moyen d’échapper à cette souffrance due à la conscience de la finitude serait de revenir à l’essentiel, c’est-à-dire profiter du moment présent dans ce qu’il a d’agréable (Carpe diem (quam minimum credula postero) est une locution latine extraite d'un poème de Horace que l'on traduit en français par : « Cueille le jour présent sans te soucier du lendemain ») Lorsque cette posture mentale n’est pas possible, il devient nécessaire à l’instar de Anne-Sophie de quitter spatialement le lieu de vie quotidien. C’est un moyen de se mettre à distance du flux d’informations qui I. L’extraordinaire : une fuite hors du quotidien Un besoin impérieux d’aventure Lutter contre l’ennui et la monotonie. Le divertissement comme fuite du quotidien II. Une quête entre bonheur et déception Découvrir le bonheur d’une nouvelle vie La passivité de l’homme au quotidien Le risque de l’extraordinaire : la désillusion. Roger Mathé évoque le déterminisme social qui peut se comprendre comme une loi universelle qui n’épargne aucune individualité. La pression sociale est telle que chacun doit se contenter et se cantonner à un rôle prédéfini qu’il a pour obligation de tenir. La société contemporaine qui régente les existences selon des divisions catégorielles s’oppose radicalement à l’aventure entendue comme ce qui excède les limites, car elle est du ressort de l’imprévisible. Or cet imprévisibilité qui définit l’aventure est un besoin impérieux pour l’individu. monotone, sans joie car répétée chaque jour. L’avenir lui-même semble sans issue. Toute imprévisibilité, incertitude de l’existence, qui nourrissait ses rêves au couvent, ne sont plus. Jeanne se caractérise par sa passivité. C’est une existence vide qui semble l’attendre et elle a perdu toutes ses illusions et la vie apparaît comme dénué d’intérêt puisqu’elle n’en attend plus rien. Elle n’a aucune emprise sur sa vie. Jeanne éprouve l’ennui, elle est en proie au sentiment désespérant d’une vie vide à l’infini. Elle semble tourner en rond, Jeanne ne semble avoir aucune distractions, ses seules occupations paraissent dérisoires et relever du désœuvrement (Jeanne reflète la position des femmes au XIXe siècle, soumise au mari et prisonnière d’un mariage souvent décevant, car décidé par les parents et qui s’enfonce dans l’ennui et la dépression) cette solitude existentielle de l’exister, que l’homme ressent même lorsqu’il est en société. L’homme est mortel, faible, fragile. Il n’est rien face à l’immensité de l’univers. Alors qu’il se veut immortel, fort, puissant, cette condition est pour lui une perpétuelle humiliation qui le laisse « inconsolable ». S’il ne peut y remédier, il ne lui reste comme solution que de travailler à oublier sa condition. Tel est le sens du divertissement pascalien. Étymologiquement divertissement vient du latin divertere : « se détourner de », le divertissement c’est l’action de détourner. L’opinion commune pense que celui qui ne manque de rien est le plus heureux. Ainsi le roi qui possède le pouvoir, la richesse les honneurs est celui qui est le plus envié de tous. Pascal critique cette opinion : le roi aussi, bien qu’il ne manque de rien, a besoin de divertissement. Le roi est le plus malheureux des hommes. Tout d’abord parce qu’il n’échappe pas à la condition humaine. Sur ce plan il est à égalité avec le dernier de ses sujets. D’autre part parce que possédant le plus, il a le plus à perdre, ce qui explique qu'il s'inquiète « des révoltes qui le menacent » Toute activité prenante est apte à empêcher l’homme de considérer son sort misérable de mortel. Il y faut une intensité (qualitative) et une abondance (quantitative). Le divertissement est un déplacement du regard intérieur de la pensée qui esve un spectacle déplaisant selon une stratégie de fuite. accable tout un chacun. L’homme se sent enfermé d’après la psychanalyse par l’enceinte polluée des villes dans lesquelles il demeure le plus souvent inactif. L’homme en tant qu’animal a besoin d’éprouver, de ressentir la nature et de s’y épanouir, de voyager. La société des loisirs offre des possibilités virtuelles d’évasion : la littérature qui permet à certains de se mettre à distance d’eux-mêmes en devenant le temps d’une lecture un autre ; les séries qui permettent de voyager en des contrées inconnues. La culture sous toutes ses formes offre un divertissement accessible à tous au double sens pascalien de se détourner des préoccupations quotidiennes et de s’échapper de soi. La fuite du réel se fait au profit du fantasme. Lorsque l’homme souffre du syndrome de Don Quichotte, il accorde plus de valeur à l’idéal qu’aux faits, à ce qui devrait être selon lui et non à ce qui est or cela implique de délaisser – d’un point de vue éthique et moral – le monde réel. L’homme ne répond plus de la réalité, ne veut plus s’y confronter. La fuite du uploads/Philosophie/ tableau-de-confrontation-en-quete-de-l-x27-extraordinaire.pdf

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