“Théorie Communiste et le marxisme structuraliste althussérien” 26/11/2018 La p

“Théorie Communiste et le marxisme structuraliste althussérien” 26/11/2018 La problématique n’est pas absolument d’une actualité brûlante mais, Internet étant une grande caisse de “raisonance”, très poreuse, les camarades de la revue “Théorie Communiste” ont eu vent du fait qu’il était question, sur certains réseaux sociaux, de leur structuralisme et, en particulier, de leur intérêt passé et présent pour Althusser. Du coup, ils nous demandent de rendre public ce petit travail sur le sujet en forme de participation au débat. Dndf A propos du « structuralisme » de Théorie Communiste et plus précisément de son « structuralisme althussérien » Que Théorie Communiste soit « structuraliste » ou plus précisément « structuraliste althussérien », où est le problème ? S’il s’agit seulement de faire une généalogie conceptuelle cela n’a pas grand intérêt. Supposons même la question résolue par l’affirmative, c’est-à-dire un structuralisme de TC et même horresco referens : un « structuralisme althussérien ». C’est bien ou c’est pas bien ? Où est la question, où est l’enjeu ? La question est importante à partir du moment où on la situe, où on la positionne théoriquement ce qui signifie politiquement. Il semblerait que ce n’est pas « bien » d’être « structuraliste » ou pis « structuraliste althussérien », il y aurait comme un problème. Personne n’a jamais posé, de la même façon, de questions sur les niaiseries humanistes héritées de Rubel (icône de l’ultragauche), comme si elles allaient de soi, ou sur les grandes envolées hégéliennes relatives au travail et son dépassement, toujours assez chics et « radicales ». Ce ne sont que péchés véniels. Ce qui fait problème avec le structuralisme, c’est qu’on ne tend plus aux « gens » un miroir où ils pourront se reconnaître comme « personnes ». Il faut préciser d’abord que la question de la relation entre « théorie de la communisation » et « structuralisme » ne se pose que pour TC et non en général pour la « théorie de la communisation ». Astarian possède le Travail ; Dauvé possède l’Humain et la permanence d’une Révolution qui, épurée de ses « erreurs » et « manques », va peut être réussir la prochaine fois ; Coupat, la Pratique. Sous les rapports de production et l’agencement de l’exploitation qu’ils signifient, Dauvé, Astarian, Coupat et antérieurement Camatte ont toujours un objet défini de connaissance, une source finale et transcendantale se manifestant, selon leur vision (c’est-à-dire leur problématique), dans ce qui existe et le conformant (comme réalisation). Echanges, dans ses dénégations mêmes, affirme une norme de la lutte de classe et de la révolution. Le problème dit « structuraliste » de TC c’est qu’il n’y a rien en-deçà, au-delà, en surplomb, de la lutte des classes ici et maintenant. Si nous relisons le texte de Camatte « Contre une trop lente disparition » (supplément au n°2 de la série 3, publié en février 1978, le texte lui-même est daté de décembre 1977), il n’y est jamais question de structuralisme et encore moins de TC (c’est dommage). C’est, bien longtemps après, Christian Charrier, dans La Matérielle, qui a mené à bout les interrogations de Camatte dans ce texte. La critique de Camatte du « sujet prolétariat » et de sa « trop lente disparition » serait paradoxalement proprement structuraliste si elle ne débouchait pas sur un vitalisme fou et transhistorique. C’est Charrier qui finalement a mené à terme la critique de Camatte du « sujet prolétariat », mais il nous a laissé dans un monde où les atomes choient sans même qu’un clinamen nous laisse quelque espoir. Il parlait de Pascal, du Ciel qui était vide, de la lutte de classe qui avance dans le noir et de Moby Dick où Achab en veut à Dieu de ne pas exister. Le premier n° de TC date d’avril 77 et il baigne encore dans « l’Homme », « l’être générique », la « contradiction du travail », « Manuscrits de 44 » et autres fadaises, etc. Dans l’évolution de TC, la coupure (épistémologique ou non) se situe dans les Notes de travail 3 (mai 78) et les Notes 5 (septembre 78). Ces « Notes 5 » (Individu, société praxis) peuvent être déjà comprises comme innocemment très « althussériennes », mais si les débuts de TC baignaient peut-être tardivement dans l’odeur du temps (voir plus loin), La Question était de sortir théoriquement du programmatisme. Pour cela, le premier moment (voir l’annexe sur Althusser dans TC 21) c’était Rubel, l’humanisme théorique, « Marx le jeune » comme disait Christian Charrier. Mais on arrivait là à une construction hégélienne de l’Histoire totale absolument insatisfaisante comme dans TC 1. Six mois après dans la rédaction des Notes 3, la critique de TC 1 si elle est théorique, n’est pas « intellectuelle ». Dans TC 1 la lutte des classes était perdue comme production réelle d’histoire, elle n’était plus que réalisation, un accident, « le dévoilement d’une réalité préétablie » (Notes 3, p.38). C’était comme le dit le titre de ces « Notes » un « Programmatisme impossible ». L’acte de naissance de ce qui va donner lieu au « structuralisme » de TC apparaît sur la 4ème de couverture des Notes 3 : « De façon générale, on peut dire que le programmatisme repose sur une pratique et une compréhension de la lutte des classes dans laquelle une des classes trouve dans sa situation la base du dépassement de la contradiction et de l’organisation de la société future les fondements de l’organisation sociale future qui devient un programme à réaliser. Dans la lutte de classe entre le prolétariat et le capital, le prolétariat est, dans sa situation, l’élément positif qui fait éclater la contradiction, qui produit alors l’affirmation du prolétariat. La résolution de la contradiction est donnée comme un des termes de la contradiction. On cherche dans le prolétariat ce qui le fait être contradictoire au capital et donc on ne pose pas cette contradiction comme le rapport social capitaliste lui-même que le prolétariat, de par sa situation dans le rapport, est amené à abolir. » A peu de chose près, on continue aujourd’hui à retrouver dans TC cette définition quadragénaire. Plus de « nature révolutionnaire », plus de sujet en soi révolutionnaire, mais une position dans un rapport global qui était le mode de production capitaliste. C’est là où, pour dépasser le programmatisme, l’humanisme de « Marx le jeune » était obsolète, il nous fallait revenir au mode de production tel qu’en lui-même. Tout cela était polémique, il fallait reconnaître la lutte des classes comme quelque chose de réellement productif et l’histoire comme un procès concret et non comme réalisation (ce qui permit à TC, contrairement à nos camarades de l’époque de parler de restructuration). C’est sa sortie du programmatisme qui a amené TC à être taxée de « structuralistes » et non le « bain althussérien de l’époque » ; d’autant plus qu’il existait une autre cible : toute l’horripilante mouvance quotidienniste désirante style Vaneigem. L’enjeu était celui d’un positionnement vis-à-vis de la lutte de classe, contre le surplomb (l’Homme, le Travail, L’Individu ou la Révolution toujours identique qui allait enfin réussir) ou l’« à côté » (quotidiennisme). Il fallait s’immerger. Il fallait savoir si ce qui importait c’était cette lutte ou d’être « momentanément » les orphelins théoriques du communisme, ou encore de construire une « alternative caprine ardéchoise » ? Il n’y avait pas d’en-dehors, ni de la part de la dite « Théorie du Communisme » ni d’un quelconque mode de vie. Il est vrai que ce n’est pas sans raison que TC a pu alors être qualifiée de « structuraliste », mais, après tout, est-ce une tare ? Sortir du programmatisme, cela signifie : pas « d’en-dehors », ni « d’en-deçà », tout était là, pas de signifié caché. Avec une légère ironie, de façon structuraliste : la relation des signifiants entre eux étaient leur signifié. C’est ce qui apparut comme « structuraliste ». Pourquoi pas ? Cependant, personne ne se soucie de définir ce qui est entendu par « structuraliste », comme si la chose allait de soi. Dans le cas de TC que signifie la parenté avec le structuralisme ? Chaque élément d’un tout n’a de valeur que dans son rapport aux autres éléments (la linguistique est la matrice du structuralisme). Considérer le mode de production comme une totalité où aucun élément ne peut être modifié sans entraîner la modification de tous les autres : les « principes d’ordonnancement » comme disait Foucault à l’époque (Les mots et les choses) ; ou alors Barthes : « le réseau selon lequel les choses se regardent les unes les autres » (Eléments de sémiologie). Le tout étant une « machine logique », un « appareil d’ordre » (Barthes), chaque élément présuppose le système tout entier (ces références sont plus ou moins hasardeuses). A posteriori, il apparaît que, bêtement, dans son élaboration théorique, TC avait laissé de côté Althusser ou Levi Strauss (dont les ouvrages étaient assimilés à une publicité de pantalons en toile bleue pour ethnologues). uploads/Philosophie/ theorie-communiste-et-le-marxisme-structuraliste-althusserien.pdf

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