DEA Développement des Ressources Humaines Ethique et RH Séminaire Yvon Pesqueux

DEA Développement des Ressources Humaines Ethique et RH Séminaire Yvon Pesqueux Les conséquences de la modernité par Anthony Giddens Quelle est la nature de la modernité? Pourquoi la modernité s'étend à toute la planète? Le monde est-il moderne ou post-moderne? L'auteur propose une analyse sociologique de la modernité conçue en quatre institutions: le capitalisme, l'industrialisme, la surveillance et la puissance militaire. Leur dynamique continue, par les mécanismes de délocalisation, de séparation du temps et de l'espace et la réflexivité du savoir, marque la radicalisation de la modernité. La globalisation de ces institutions met l'humanité en face de risques d'une ampleur jamais vue, transforme les relations interindividuelle et l'intimité en mettant en jeu la confiance dans des systèmes abstraits. La modernité peut être source de danger mais également de développement. Penser des futurs souhaitables, proposer une utopie réaliste sont les conclusions de l'auteur pour maîtriser l'emballement du camion fou sur lequel nous sommes embarqués. Jean Louis Renoux 04 mars 04 Sommaire LES CONSEQUENCES DE LA MODERNITE 4 DE QUOI PARLE-T-ON? 4 DEMARCHE 4 CONCEPTS 7 QUESTION CENTRALE 9 HYPOTHESES 9 POSTULATS 9 COMMENTAIRES 10 RESUME 13 BIBLIOGRAPHIE 32 EN FRANÇAIS: 32 EN ANGLAIS: 32 SUGGESTIONS DE LECTURE 33 Anthony Giddens Directeur de la London Schools of Economics, animateur d'un think-tank, Demos, Giddens est connu pour conseiller Tony Blair et comme concepteur du "Third Way" dans l'ouvrage qui porte ce titre. Il est âgé de 66 ans et a publié plus de 30 ouvrages. Si l'image publique de Giddens est celle d'un théoricien du néotravaillisme, c'est surtout un brillant sociologue dont l'ambition théorique est immense. Avec la théorie de la structuration, ses travaux sur la modernité, les transformations de l'intimité et les styles de vie, il pose les jalons d'une théorie intégratrice et interdisciplinaire. L'ouvrage proposé, "The Consequences of Modernity - Cambridge: Polity Press, 1990"., suit la publication de "The Constitution of Society - Cambridge: Polity Press, 1984" qui expose la théorie de la structuration. Cette théorie est une base pour le présent ouvrage, je vous invite à lire la fiche résumée Giddens A. "La constitution de la société". Les conséquences de la modernité apporte une dimension supplémentaire à la théorie de la structuration, par l'analyse de la confiance et la relation entre identité et modernité. Ces thèmes seront développés dans les deux ouvrages suivants: "Modernity and Self-Identity - Cambridge: Polity Press, 1991" et "The Transformation of Intimacy. Cambridge: Polity Press, 1992". Le thème de la rupture avec la tradition abordé dans cet ouvrage sera repris dans “Living in the Post-Traditional Society - In Reflexive Modernization, edited by Ulrich Beck, Anthony Giddens, Scott Lash. Cambridge: Polity Press, 1994" et dans un ouvrage politique de Giddens: "Beyond Left and Right: the Future of Radical Politics - Cambridge: Polity Press, 1994". Une bibliographie plus complète est située à la fin de la fiche. Les conséquences de la modernité, moins connu que d'autres ouvrages de Giddens, occupe pourtant une position charnière dans sa réflexion et sa lecture éclaire les choix théoriques et politiques que fera Giddens par la suite. Les conséquences de la modernité De quoi parle-t-on? On pourrait discuter sur les définitions de la modernité, ce n'est pas un concept d'analyse, ni une théorie. D'après J. Baudrillard1, c’est un mode de civilisation caractéristique, qui s’oppose au mode de la tradition, c’est-à-dire à toutes les autres cultures antérieures ou traditionnelles. La question de la modernité est entre autre liée à celle de l'utopie, de la justice, du progrès technologique, de l'égalité et du lien social. La modernité est aussi une idéologie. Elle peut porter la figure de la mondialisation ou de l'arrivée de l'eau dans un village africain, du lien entre progrès technologique et progrès social. La notion de modernité se dérobe et semble recevoir commodément nos attentes. La modernité est au moins, en donnant un sens à l'histoire, la possibilité d'imaginer son propre futur, de penser le futur du monde dans lequel nous vivons. C'est là l'intérêt principal, à mes yeux de l'ouvrage de Giddens, d'oser penser les futurs, comme la notion de modernité nous y encourage. Par sa maîtrise conceptuelle, son ouvrage nous apporte un espace pour comprendre notre présent et envisager nos futurs. C'est un sociologue qui l'écrit et nous allons tenter de le lire en sociologue. Ce n'est pas si facile, car le sujet invite du coté de la philosophie politique, voir de la philosophie de l'être. La théorie de la modernité de Giddens tente d'expliquer les changements intervenus, avec la globalisation, dans les relations sociales, en construisant une grille de lecture critique de la sociologie classique. Giddens situe d'abord les discontinuités historiques: la tradition a cédé la place à la modernité aux alentours du 17ème siècle, puis récemment aux alentours de 1960, la modernité cède la place à la modernité avancée ou à la seconde modernité comme la nomme Ulrich Beck. Les conséquences de ces ruptures sont analysées à trois niveaux: • Celui des institutions de la modernité, • Celui des transformations de l'intimité, du soi, • Celui des relations sociales. Son objectif est de proposer un tableau d'ensemble des relations sociales, sans penser la "société" comme un tout unique, en réunissant dans une même analyse les faits sociaux dans leur diversité. La démarche Giddens réfute d'abord les thèses des post-modernes et celles de la sociologie dite "classique". Les post-modernes abordent la modernité par l'épistémologie, la fin du sens de l'histoire. Pour Giddens, nous sommes au contraire dans un épisode de radicalisation de la modernité et la post- modernité en serait le dépassement et non la fin. La modernité est unique par son ampleur, historiquement jamais vue, par ses institutions nouvelles, l'État Nation, l'industrialisme, le salariat, etc. On doit la théoriser en partant de la critique des postulats positivistes de la sociologie classique. En effet, celle-ci se focalise sur une dimension unique, pour Weber, la rationalisation, pour Marx le capitalisme et pour Durkheim, l'industrialisme. Ces approches sont trop limitées pour comprendre la modernité et négligent la réflexivité des sciences sociales. En effet, l'ampleur des bouleversements, 1 Baudrillard, Jean - Modernité - 2003 Encyclopædia Universalis des risques que nous vivons, nécessite une approche multidimensionnelle des institutions de la modernité. Pour Giddens, il s'agit du capitalisme, de l'industrialisme, de la surveillance, et du monopole de la violence. L'industrialisme transforme la nature par l'usage des technologies pour la production de biens et recrée l'environnement. Le capitalisme est basé sur la relation propriété privée du capital et force de travail des salariés non propriétaires. Concurrence et innovations sur le marché en font la dynamique. La surveillance bureaucratique et le contrôle de l'information sont les deux composantes de l'état moderne. Le monopole de la violence et le pouvoir militaire assurent la souveraineté de l'état à l'intérieur et à l'extérieur des frontières. Pour Giddens, le cœur de la modernité est l'association de ces quatre dimensions, interdépendantes. Par ailleurs, comment expliquer la dynamique de la modernité? Trois mécanismes peuvent expliquer la puissance des institutions de la modernité. • La séparation du temps et de l'espace, • Les mécanismes de délocalisation des relations sociales, • L'appropriation réflexive des connaissances. (Voir concepts ci-dessous) • Figure 1 Le dynamisme de la modernité La globalisation est le résultat de la dynamique de la modernité, on doit l'analyser selon les quatre dimensions vues ci-dessus. La globalisation repose sur l'économie mondiale, le système des États Nations et leurs alliances, un ordre militaire mondial et la division internationale du travail. Ces institutions de la modernité sont interdépendantes, aucune n'est suffisante pour expliquer seule la globalisation. La globalisation et les mécanismes de délocalisation en permettant l'expansion irrésistible de la modernité, engendrent des risques d'une ampleur jamais vue, le risque de guerre nucléaire, le réchauffement de la planète, les inégalités. Il faut qu'ils soient légitimés par une confiance nécessaire aussi bien au fonctionnement des systèmes abstraits que pour rendre supportable à l'individu, l'accroissement des risques et des doutes. D'où vient cette confiance? Giddens se livre à une analyse de la confiance et de la sécurité ontologique qui sont à la fois le carburant de la modernité, et dans son analyse sociologique, le lien entre l'individu et les institutions, entre le sujet et la raison. Deux types de relations de confiance sont en jeu, celles en face à face, en relation de co-présence et celles anonymes avec les systèmes abstraits. Les relations en co-présence reposent sur une foi dans la fiabilité, l'intégrité de la personne. Avec les systèmes abstraits, la confiance nécessaire à leur fonctionnement et à leur légitimation est obtenue par la foi dans le savoir expert et son entretien par les attitudes professionnelles des représentants des systèmes abstraits. La sécurité ontologique est la confiance dans sa propre identité, elle permet de se prémunir contre les angoisses de l'absence que l'on rencontre avec les systèmes abstraits, et de s'affranchir en partie de l'anxiété que l'ampleur des risques ne manque pas de générer en chacun de nous. Cette confiance naît de la mutualité de la relation de confiance entre la mère et le nourrisson ce qui lui permettra de bâtir les fondements de son identité et un uploads/Philosophie/giddens-anthony.pdf

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