Guyau, Jean-Marie (1854-1888). L'irréligion de l'avenir : étude sociologique. 1
Guyau, Jean-Marie (1854-1888). L'irréligion de l'avenir : étude sociologique. 1887. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : *La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. *La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fourniture de service. Cliquer ici pour accéder aux tarifs et à la licence 2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques. 3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. 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Biblio- thèque de philosophie co~~c~po~yte. 7 50 La Morale d tpicnre et aea rapports avec lea doctrinew con- temporainea. 3* édition (Couronné par l'Académie des sciences morales). Bibliothèque des grands pA<7oMpAp< 7 50 Vert d'un philoMphe. 1 vol. in-12. 8 5U Ëtnde aur la philoaophie d'Epictète et traduction du Manuel d'tpictète. 1 vol. in-19. 2 50 ri 1 tt Il EL t G fi L~mtGtOM Î)Ë L'AVENIR ÉTUDE SOCIOLOGIQUE PAR M. GUYAU 1 PARIS ANCIENNE LIBRAIRIE GERMER BAtLLIÈRE ET C" FÉLIX ALCAN, ÉDITEUR 108, BOULIVARD SAtNT.GKRMAtN, 108 i887 Tou droits réservés. a INTRODUCTION 1. Fond sociologique de la religion. Sa définition. II. Lien de la religion avec l'esthétique et la morale. 111. PéaorganiMtion néceaaaire de tout aya tème de dogmes religieux ëtat d* irretigion vera lequel semble tendre l'esprit humain. Sens exact dans lequel it faut entendre l'irréligion par rapport aux prc- teuduea retirions de t'avenir. IV. -Valeur et utilité proviaoire des religions; leur insufnaance nnate. î. Nous rencontrerons,lelong de notre travail, biendes dénnitionsdifférentesqu'on adonnéesde la religion.Lesunessontempruntéessurtoutau pointde vuephysique,les autresaupointdevuemétaphysique, d'autresau côtémoral,presquejamais aucôtésocial. Et pourtant,si ony regarde de plus près,l'idéed'un liendesociétéentre l'hommeet des puissancessupé- rieures, mais plus ou moins semblables à lui, est précisémentce qui fait l'unité de toutes lesconcep- tions religieuses.L'homme devient vraiment reli- gieux, selon nous,quand il superpose à la société humaineoù il vit uneautre sociétéplus puissanteet plusélevée,une sociétéuniverselleet pour ainsidire cosmique.Lasociabilité,dont on a fait un des traits du caractèrehumain, s'élargit alors et va jusqu'aux étoiles.Cettesociabilitéest le fond durabledu senti- ment religieux, et l'on peut définir l'être religieux un être sociablenon seulementavectouslesvivants II INTRODUCTION. que nous fait connaîtrel'expérience,mais avec des êtres dapenséedontil peuplele monde. Qn'j toute ~'e~to~ soit ainsi l'établissementd'un lien, d'abord mythique, plus tard mystique, ratta- chant l'homme aux forcesde l'univers, puis à l'uni- vers même, enfin au principe de l'univers, c'est ce qui ressortde toutes les étudesreligieuses mais, ce que nous voulons mettre en lumière, c'est la façonprécisedont ce lien a été conçu.Or, on le verra mieux à la fin de cette recherche, le lien religieux a été conçu ea?analogia societa- tis /ntmc~<p on a d'abord étendules relations des hommes entre eux, tantôt amis, tantôt ennemis, à l'explicationdes faits physiqueset des forcesnatu- relles, puis à l'explicationmétaphysiquedu monde, de sa production,de saconservation,de songouver- nement enfinona universalisélesloissociologiques et on s'est représentél'état de paixou deguerre qui règneentre les hommes, entrelesfamilles,lestribus, les nations, commeexistantaussi entre les volontés qu'on plaçaitsous lesforcesnaturellesou au delà de ces forces.Unesociologie mythiqueoumystique,con- çuecomme contenantlesecretdetouteschoses,tel est, selon nous,le fondde toutes les religions. Celles-ci nesont passeulementde l'anthropomorphisme, d'au- tant plus que les animaux et les êtres fantastiques ont joué un rôle considérabledans les religions; ellessont uneextensionuniverselleet imaginativede toutes les relationsbonnesoumauvaises qui peuvent existerentredesvolontés,detouslesrapportssociaux de guerre ou de paix, de haine ou d'amitié, d'obéis" INTRODUCTION. III sance ou de révolte, de protectionet d'autorité, de soumission, de crainte,de respect,de dévouement ou d'amour la religion est un socïomorp/~smeuni- versel. La sociétéavec les animaux, la sociétéavec lesmorts, la sociétéavecles esprits, avecles bons et les mauvais génies, la sociétéavec les forcesde la nature, avec le principe suprême de la nature, ne sontque des formesdiversesde cette sociologieuni- verselle où les religions ont cherché la raison de touteschoses,aussi bien des faits physiquescomme le tonnerre, la tempête, la maladie,la mort, que des relationsmétaphysiques,– origineet destinée, ou desrelationsmorales,-vertus, vices,loiet sanction. Si donc nous étions obligéd'enfermer la théorie decelivredansunedéfinitionnécessairement étroite, nousdirions que la religionest une explication phy. sique, métaphysiqueet morale de toutes choses par analogie avec la société humaine, sous une forme imaginativeet symbolique. Elle est, en deux mots, une explication soc'iologiqueuniverselle à forme mythique. Pour justifier cette conception, passons en revue les définitionsqu'on a essayéesdu sentiment reli gieux nousverronsqu'elles ont besoind'être com- plétéesl'une par l'autre, ettoutespar le point de vue social. Parmi ces définitions, celle qui a été peut-être leplussouventadoptéedanscesdernierstemps,avec desmodifications diverses,parStrauss,par Pfleiderer, par Lotze,par M. Réville,c'estcellede Schleierma- cher. Selonlui, l'essencede la religionconsistedans IV INTRODUCTION. le sentiment que nous avons tous de notre dépen- danceabsolue.Lespuissancesdontnousnoussentons ainsidépendants,nous lesnommonsdivinités.D'au- tre part, selon Feuerbach,l'origine, l'essencemême de la religion, c'est le désir sil'homme n'avait pas de besoins et de désirs, il n'aurait pas de dieux. Si la douleur et le mal n'existaient pas, dira plus tard M. de Hartmann, il n'y aurait pas de religion; les dieux mêmes n'ont été dans l'histoire que le" puissancesdont l'hommecroyaitrecevoirce qu'il ne possèdepas et voudrait posséder,dontil attendait la libération,lesalut, lafélicité.Lesdeuxdéfinitionsde Schleiermacheret de Feuerbachprises à part sont Incomplètes, et il est au moinsnécessaire,comme le remarque Strauss, de les superposer. Le sen- timent religieux est tout d'abord le sentiment d'une dépendance, mais ce sentiment de dépen- dance, pour donner vraimentnaissanceà la religion, doit provoquerde notre part une réaction, qui c-~ ledésir de délivrance.Sentir notre faiblesse,prendre conscience des déterminations de toute sorte qui i limitent notre vie, puis désirer d'augmenter notre puissancesur nous-mêmeset sur les choses,élargir notre sphèred'action,reconquérirune indépendance relativeen facedes nécessitésd~toute sortequi nous enveloppent, telle est la marchede l'esprit humain en facede l'univers. Mais ici une objection se présente la même marche semble suivieexactementpar l'esprit pour l'établissementde la science.Dansla périodescienti- fique,l'hommese sentaussifortementdépendantque INTRODUCTION. V danslapériodereligieuse,etd'autre part cesentiment dedépendancen'est pas accompagnéd'une réaction moinsvivedans la scienceque dans la religion le savantet le croyant travaillentégalementà s'affran- chir, mais par des moyens différents.Faut-il donc se contenterici d'une définition tout extérieure et négativeet dire avecM. Darmesteter «La religion embrassetout lesavoiret tout lepouvoirnon scienti- fique M? Unsavoirnonscientifiquen'aguèredesens, etquantau pouvoirnonscientifique,il faudraitledis- tinguer d'unemanièrepositivedu pouvoirqueconfère lascience or, sil'on s'entient auxfaits,lepouvoirde lareligionc'est celuiqu'onn'a réellementpas, tandis quelepouvoirde la scienceestcelui qu'onpossèdeet qu'onprouve. Onpourrait, ilestvrai, faireinterve- nirdansladéfinitionl'idéedecroyancepourl'opposer à lacertitudescientifique;maisle savant, lui aussi, a sescroyances,sespréférencespourtelleoutellehypo- thèsecosmologique, qui pourtantne sontpas propre- mentdescroyancesreligieuses.La «foi»religieuseet morale, telle qu'elle s'affirme aujourd'hui en pré- tendant s'opposer à l'« hypothèseM scientifique,est uneformeultime et très complexe du sentimentreli- gieux,que nousexamineronsplus tard, maisqui ne peutrien nousrévélersur sa primitiveorigine. Selonnous.c~est toujoursaupointdevuesocialqu'il en faut revenir. Lesentimentreligieuxcommencela où ledéterminismemécaniqueparaitfaireplacedans 1.Voir uncompte-rendu des P'-o/~o~~M deM. Albert RéviHe, par M. Darmesteter, Revue philosophique, septième année, t.t,p.76. VI INTRODUCTION. le mondeà une sortede réciprocité morale et sociale, là où nous concevonsun échangepossiblede se~<t- ~~<s et même de désirs une sorte de sociabilité entre l'homme et les puissancescosmiques,quelles qu'ellessoient. L'hommene croitplus alors pouvoir exactementmesurer d'avance le contre-coup méca- nique,le chocen retour d'une action, par exemple d'un coup de hachedonnéà un arbre sacré; car, au lieude considérerl'action brute, il lui fautdésor- maisregarderauxsentimentsouauxintentionsqu'elle exprime,et qui peuventprovoquerdes sentimentsfa- vorablesoudéfavorables chezlesdieux.Lesentiment religieux devient alors le sentimentde dépendance par rapport à des volontésque l'homme primitif place dans l'univers et qu'il suppose elles-mêmes pouvoir être affectéesagréablement ou désagréa- blement par sa volonté propre. Le sentiment reli- gieuxn'est plusseulementle sentimentde la dépen- dance physique où nous nous trouvonspar rapport à l'universalité des choses; c'est surtout celuid'une dépendancepsychique,moraleetendénnitivesociale. Cette relationde dépendancea en effetdeux extré- mités,deux termes réciproqueset solidaires si elle rattache uploads/Philosophie/ l-x27-irreligion-de-l-x27-avenir-m-guyau.pdf
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- Publié le Nov 12, 2021
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