Les procédés de la connaissance d’après Fides et ratio de Jean-Paul II UNIVERSI

Les procédés de la connaissance d’après Fides et ratio de Jean-Paul II UNIVERSITE DOMUNI FACULTÉ DE PHILOSOPHIE 2017 – 2018 MÉMOIRE DE FIN DE CYCLE DE MASTER Mémoire présenté par : BRICE DIMITRI NOAH AHANDA Travail dirigé par : M. AUGUSTIN WILIWOLI O- INTRODUCTION GENERALE O.1. PROBLEMATIQUE « La foi et la raison sont comme les deux ailes qui permettent à l’esprit humain de s’élever vers la contemplation de la vérité »1. Cette phrase de Jean- Paul II devenue célèbre constitue le point de départ de la réflexion que nous entendons mener au cours de ce travail. En effet, ce dont il s’agit ici, c’est de réfléchir sur les procédés de la connaissance, c’est-à-dire sur les moyens par lesquels l’homme, au cours de l’histoire, a cru pouvoir accéder à la vérité. A ce propos, il importe de préciser que la vérité dont il est question dans ce document de Jean-Paul II n’est pas seulement la vérité au sens intellectuel ou abstrait du terme. Il s’agit aussi et surtout de la vérité relative au sens profond et ultime de l’existence humaine. De fait, exposant les raisons qui ont motivé la rédaction de ce document, Jean-Paul II affirme : « J’y suis incité par le fait que, de nos jours surtout, la recherche de la vérité ultime apparait souvent occultée »2. En fait, ce qui constitue l’objet même de la réflexion de Jean-Paul II dans Fides et ratio, c’est le fait que l’homme, depuis toujours, se pose des questions fondamentales sur le sens de l’existence humaine. Il affirme : 1 Jean-Paul II, La foi et la raison, Lettre encyclique Fides et ratio, Les éditions du Cerf, Paris, 1998, P.5. 2 Ibid., N° 5, P. 10. 1 « Un simple regard sur l’histoire ancienne montre clairement d’ailleurs qu’en diverses parties de la terre, marquées par des cultures différentes, naissent en même temps les questions de fond qui caractérisent le parcours de l’existence humaine : Qui suis-je ? D’où viens-je et où vais-je ? Pourquoi la présence du mal ? Qu’y aura-t-il après cette vie ? »3. Et Jean-Paul II d’ajouter : « ces questions ont une source commune : la quête de sens qui depuis toujours est pressante dans le cœur de l’homme, car de la réponse à ces questions dépend l’orientation à donner à l’existence »4. Ainsi, l’homme est un être en quête du sens de son existence humaine, un être qui est à la recherche de la vérité sur l’origine et la finalité de son existence. Aussi, pour Jean-Paul II, le rapport de l’homme à la vérité est si fondamental et si décisif qu’il en vient à affirmer qu’ « on peut donc définir l’homme comme celui qui cherche la vérité »5. Or, Jean-Paul II montre que dans cette recherche de la vérité qui constitue l’essence et le sens même de son existence humaine, l’homme s’est vu proposé deux principes de connaissance, en l’occurrence la raison et la foi. Pour ce qui est de la raison, elle constitue ce principe de connaissance de toutes les vérités connaturelles à l’homme. En effet, grâce à la raison, l’homme a pu prendre conscience de sa capacité à connaitre le réel existant, et tout particulièrement la personne humaine. Toutefois, face à des questions aussi insolubles que celle du sens de la souffrance ou de la mort6, l’homme s’est vu proposé un autre principe de connaissance, la foi, qui se présente comme la réponse ultime aux questions les plus profondes que l’homme se pose sur son origine et sur sa destinée éternelle. Plus précisément, la foi est une vertu que l’homme a reçue des grandes religions qui se sont constituées au cours de l’histoire et qui se présente comme une sorte « d’achèvement » ou « d’accomplissement » ultime de toutes les 3 Ibid., N° 1, P. 6. 4 Ibid. 5 Ibid., N° 28, P. 41. 6 Ibid., N° 12, P. 19. 2 vérités philosophiques ou naturelles que l’homme peut découvrir par le seul usage de sa raison humaine7. C’est ainsi qu’en jetant un regard rétrospectif et en même temps actuel sur l’évolution de la pensée humaine, Jean-Paul II remarque que le philosophe, et l’homme en général, ont eu à se prononcer de manière « versatile » sur l’opportunité ou non de se servir à la fois de la raison et de la foi pour accéder à la connaissance relative au sens de l’existence humaine. De fait, pour Jean-Paul II, si l’Antiquité et le Moyen âge ont été marqués par la prédominance de l’idée d’une compatibilité entre la foi et la raison comme procédés de connaissance du sens de l’existence humaine, les périodes moderne et contemporaine, au contraire, se sont inscrites dans une sorte « d’anthropocentrisme » profondément marqué par l’affirmation de plus en plus radicale d’une incompatibilité entre la foi et la raison. A ce propos, Jean-Paul II affirme notamment que : « A partir de la fin du Moyen Age, toutefois, la légitime distinction entre les deux savoirs se transforma progressivement en une séparation néfaste. A cause d’un esprit excessivement rationaliste, présent chez quelques penseurs, les positions se radicalisèrent, au point d’arriver en fait à une philosophie séparée et absolument autonome vis-à-vis du contenu de la foi »8. Eu égard à ce qui précède, on peut dès lors se demander si la foi et la raison constituent les deux voies par lesquelles l’homme accèderait à la connaissance, et tout particulièrement la connaissance du sens ultime de son existence? L’homme n’a-t-il besoin que de la raison pour parvenir à la vraie connaissance? Quel serait le rôle de la foi dans cet ordre de connaissance ? L’homme peut-il s’en passer et espérer connaître la vérité sur son existence ? La foi et la raison ne sont-elles pas deux leviers dont l’homme a besoin pour s’élever à la contemplation de la vérité ? Comment au cours de l’histoire on a 7 Ibid., N° 7, P. 15. 8 Ibid., N° 45, P. 61. 3 compris et défini le rôle de la foi et de la raison dans la recherche de la vérité ? Quel est l’apport spécifique de Jean-Paul II dans ce débat ? Ces différentes questions constituent la trame substantielle de notre investissement dans ce travail. O.2. HYPOTHESES Pour bien orienter notre travail, nous aimerions formuler quelques hypothèses reflétant le contenu de ce travail et le résultat auquel on peut s’attendre : - L’Antiquité et le Moyen Age constituent des moments privilégiés de compatibilité entre la foi et la raison En ce sens, on ne parvenait à la vraie connaissance qu’en mettant en parallèle les deux procédés. - Avec l’essor de l’esprit critique et la référence à l’homme, la modernité a fini par sous-estimer la foi au profit de la raison. Seule la raison était devenue la voie par excellence de la connaissance, car seul ce que l’homme saisit par son intelligence est vrai et digne de connaissance. - Dans l’esprit de Fides et ratio, foi et raison sont compatibles et constituent bel et bien les deux moyens par lesquels l’homme peut accéder à la connaissance, et particulièrement à la connaissance relative au sens de son existence. O.3. INTERET DU SUJET Le sujet que nous nous proposons de traiter ici revêt pour nous un double intérêt : D’une part, un intérêt épistémologique en ceci que nous posons ici le rapport de l’homme à la vérité. Plus précisément, il s’agit de savoir si l’intelligence humaine ne peut accéder qu’à des vérités naturelles ou alors si elle est capable de connaitre des vérités d’ordre surnaturel, c’est-à-dire des vérités qui dépassent les capacités naturelles qui lui sont intrinsèques. En effet, la 4 question de savoir si l’homme a besoin ou non de la foi, en plus de la raison, pour connaitre la vérité, et plus particulièrement la vérité relative au sens profond et ultime de son existence revient aussi à se demander si la vérité accessible à l’homme transcende ou non ses capacités naturelles. D’autre part, il y a un intérêt existentiel. En effet, se demander si l’homme a besoin ou non de la foi, en plus de la raison, pour accéder à la connaissance revient à se demander si la finalité de la vie humaine est essentiellement « naturelle » ou « terrestre » ou alors si l’homme a une vocation « surnaturelle » en ceci que son existence humaine a une finalité qui transcende le seul cadre naturel à l’intérieur duquel se déploie sa vie. O.4. METHODOLOGIE ET SUBDIVISION DU TRAVAIL Pour ce qui est de la méthodologie, nous entendons recourir essentiellement à l’analyse. Plus précisément, nous allons analyser le propos de Jean-Paul II sur les rapports entre la foi et la raison dans la quête de la vraie connaissance. Ceci nécessitera alors de considérer la manière dont ces rapports ont été envisagés dans l’histoire : pendant l’Antiquité, au Moyen Age, aux temps modernes et à l’Epoque contemporaine. Aussi, nous voulons structurer notre travail en trois parties : Tout d’abord, nous montrerons, sur la base de Fides et ratio, que l’Antiquité et le Moyen Age sont des périodes uploads/Philosophie/introduction-generalememoire2.pdf

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