L’ÉTHIQUE HACKER The Hacker Ethic and the Spirit of the Information Age Retrouv

L’ÉTHIQUE HACKER The Hacker Ethic and the Spirit of the Information Age Retrouvez L'Éthique hacker sur Internet http ://www.exils.fr/hacker © Random House, New York, 2001 © Pekka Himanen, 2001 © Linus Torvalds, 2001, pour le prologue © Manuel Castells, 2001, pour l’épilogue © Richard Stallman, 1993, pour « The Free Software Song » © Youth Radio, Berkeley, Californie, pour les méls entre Finnegan Hamill et « Adona » Traduction française © E X I L S - ISBN 2-912969-29-8 Th,s translation published by arrangement with Random House Trade Publishing, a division of Random House, Inc. En application de la loi du 11 mars 1957, il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement le présent ouvrage sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie (CFC), 3, rue Hautefeuille, 75006 Paris. Pekka Himanen L’ÉTHIQUE HACKER et l’esprit de l’ère de l’information Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Claude Leblanc E X I L S É D I T E U R 2, rue du regard, Paris VIe 2 0 0 1 SOMMAIRE Préface 9 Prologue : Qu’est-ce qui fait avancer les hackers ?, par Linus Torvalds i 5 PREMIERE PARTIE : L’ETHIQUE DU TRAVAIL 21 Chapitre 1 : L’éthique hacker du travail 23 Chapitre 2 : Le temps, c’est de l’argent ? 37 DEUXIEME PARTIE : L’ETHIQUE DE L’ARGENT 55 Chapitre 3 : L’argent comme mobile 57 Chapitre 4 : L’Académie et le monastère 73 TROISIEME PARTIE : LA NETHIQUE 89 Chapitre 5 : De la Netiquette à la Néthique 91 Chapitre 6 : L’esprit de l’informationnalisme 113 CONCLUSION 135 Chapitre 7 : Repos 137 Épilogue : L’informationnalisme et la société en réseau, par Manuel Castells 149 Appendice : Une brève histoire du hackerisme informatique 169 Notes 179 Bibliographie 207 Remerciements 221 PREFACE Au cœur de notre temps technologique se trouve un fascinant groupe de personnes qui se baptisent elles-mêmes hackers. Ce ne sont pas des stars du petit écran dont le nom est célèbre, mais tout le monde connaît leurs contributions. Celles-ci constituent une partie importante des fondations technologiques de notre nouvelle société émergente : Internet et la Toile (qu’on rassemblera tous les deux sous l’appellation Net), les ordinateurs personnels et un nombre important des logiciels qui les font tourner. Le Jargon file des hackers, rédigé collectivement sur le Net, les définit comme des individus qui « programment avec enthousiasme 1 » et qui croient que « le partage de l’information est un bien influent et positif et qu’il est de leur devoir de partager leur expertise en écrivant des logiciels libres et en facilitant l’accès à l’information ainsi qu’aux ressources informatiques autant que possible2 ». Telle est l’éthique hacker depuis qu’un groupe de programmeurs passionnés du MIT* a commencé à se nommer hackers au début des années I9603. Plus tard, au milieu des années 1980, les médias ont commencé à appliquer * Massachusetts Institute of Technology. (N.d. T.) Les notes numérotées se trouvent en fin de volume. 10 L’ÉTHIQUE HACKER ce terme aux pirates informatiques. Afin d’éviter toute confusion avec les auteurs de virus ou les responsables d’intrusion dans des systèmes informatiques, les hackers ont baptisé ces personnages destructeurs des crackers4. Dans ce livre, la distinction entre les deux est faite. Mon premier intérêt pour ces hackers était de nature techno- logique compte tenu du fait impressionnant que les symboles les plus célèbres de notre temps - le Net, les ordinateurs personnels et des logiciels comme le système d’exploitation Linux - avaient été développés non pas par des entreprises ou des Etats mais par quelques individus enthousiastes qui avaient commencé à réaliser leurs idées en s’associant à d’autres personnes aussi inspirées et en adoptant un rythme autonome. Ceux qui sont intéressés par leurs développements peuvent se reporter à l’appendice « Une brève histoire de l’hackerisme informatique » en fin de volume. Je voulais comprendre la logique interne de cette activité, ses forces motrices. Néanmoins, à mesure que je m’intéressais aux hackers informatiques, je me suis rendu compte qu’il y avait quelque chose de plus fort chez eux, car ils représentaient un plus grand défi intellectuel pour notre époque. D’ailleurs, ils ont toujours eux- mêmes envisagé une dimension plus large à leurs façons de voir. Leur Jargon file souligne qu’un hacker est à la base « un expert ou un enthousiaste de toute nature. On peut être un hacker astronome par exemple5 ». En ce sens, un individu peut être un hacker sans avoir de lien avec l’informatique. Dès lors, le problème principal se transformait ainsi : « Que peut-on observer des hackers en adoptant une perspective plus grande ? Dans ces conditions, quel sens donner à leur influence ? » En prenant ce point de vue, l’éthique hacker devient une expres- sion qui recouvre une relation passionnée à l’égard du travail, laquelle se développe à notre âge de l’information. En d’autres termes, l’éthique hacker est une nouvelle éthique du travail qui s’oppose à l’éthique protestante du travail telle que l’a définie Max Weber dans L’Ethique protestante et l'esprit du capitalisme 6 PREFACE 11 (1904-1905) et qui nous a tenus si longtemps dans ses griffes. Pour certains hackers informatiques, ce rapprochement avec Weber pourrait paraître de prime abord un peu étrange. Mais ils doivent garder à l’esprit que dans ce livre l’expression éthique hacker dépasse le cadre du hackerisme informatique et que pour cette raison elle est confrontée à des aspects sociaux que l’on ne traite pas habituellement lorsqu’on ne parle que d’informatique. Reste que cette nouvelle dimension de l’éthique hacker constitue aussi un défi intellectuel pour les hackers informatiques. Mais avant tout, l’éthique hacker est un défi pour notre société et pour chacun d’entre nous. En dehors de l’éthique du travail, le second aspect important est l’éthique de l’argent chez les hackers - Weber la considérait comme l’autre élément essentiel de l’éthique protestante. Il va sans dire que le « partage de l’information » tel qu’il définit l’éthique hacker n’est pas la façon la plus répandue pour faire de l’argent de nos jours. Au contraire, l’argent est principalement gagné grâce à la détention d’information. Le principe des premiers hackers selon lequel une activité ne doit pas être motivée par l’argent mais par le désir de créer quelque chose qui sera apprécié par sa communauté n’est pas non plus partagé par tout le monde. Bien que nous ne puissions pas affirmer que tous les hackers informatiques se réclament de cette éthique de l’argent et que celle-ci ait des chances de se diffuser largement dans la société comme nous avons pu le dire pour l’éthique du travail, nous pouvons cependant prétendre quelle a joué un rôle non négligeable dans la formation de notre société actuelle et que les discussions des hackers concernant la nature de l’économie de l’information pourraient mener à des changements aussi radicaux que ceux constatés au niveau de l’éthique du travail. Le troisième élément présent dans l’éthique hacker depuis son origine qu’on retrouve dans la citation « en facilitant l’accès à l’information ainsi qu’aux ressources informatiques autant que possible », est ce qu’on pourrait appeler l’éthique de réseau 12 L’ÉTHIQUE HACKER ou néthique. Cela comporte des idées comme la liberté d’ex- pression sur le Net et l’accès au réseau mondial pour tous. De nombreux hackers informatiques ne soutiennent qu’une partie de cette néthique, mais compte tenu de sa portée sociale, elle doit être comprise comme un tout. Son impact reste à être déterminé, mais elle touche le cœur des défis éthiques de l’âge de l’information. Cet ouvrage est fondé sur une collaboration continue entre ses trois auteurs. Celle-ci a pris différentes formes au cours des années (avec Manuel Castells au travers de recherches menées conjointement en Californie et avec Linus Torvalds pendant que nous nous amusions). L’idée d’un livre consacré à l’éthique hacker a germé lors de notre première rencontre à l’hiver 1998 à l’occasion d’un colloque organisé par l’université de Californie à Berkeley, bastion hacker traditionnel. À ce moment-là, nous avons décidé de développer nos contributions qui traitaient des mêmes sujets que le présent opus. Nous avions décidé que Linus lancerait le bal en tant que représentant du hackerisme informatique. Manuel présenterait sa théorie concernant l’âge de l’information (portant notamment sur la montée de l’informa- tionnalisme, le nouveau paradigme des technologies de l’information et une nouvelle forme sociale, la société en réseau). Quant à moi, j’examinerais la portée sociale de l’éthique hacker en mettant face à face le hackerisme informatique de Linus et la vision plus large de notre époque telle que Manuel l’a exprimée. Evidemment, chacun s’exprimerait en son propre nom. Le livre correspond à ce découpage : dans son prologue, « Qu’est-ce qui fait avancer les hackers ? ou la loi Linus », Linus — en tant que concepteur d’une des plus célèbres créations hackers, le système d’exploitation Linux - donne sa vision des atouts qui contribuent au succès du hackerisme. Manuel a passé les quinze dernières années à étudier notre époque avec pour résultat une œuvre en trois volumes L’Ère de l 'information (1998-1999). Dans l’épilogue de cet ouvrage « L’informationna- PREFACE 13 lisme uploads/Philosophie/lthique-hacker-et-lesprit-pdf.pdf

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