JOHN M. KELLY LIDDAKY Donated by The Redemptorists of the Toronto Province from

JOHN M. KELLY LIDDAKY Donated by The Redemptorists of the Toronto Province from the Library Collection of Holy Redeemer Collège, Windsor University of St. Michael's Collège, Toronto LK DIKr 1)K SPINOZA P\R GABRIEL HUAN hocteiir l's Icltfi /Os " ('.in_ve/-le ; il a été le Novaiif ilc son Aifo : il a été à son liPiii-c celui qui îi VII le pliisprofond en Dieu. » K. Uknan PARIS IJHH VIRIE FÉLIX AI.CAN 108, BOILEVARD S AI N T - G ER M A I N , IdS lims ()r<>it> «le leprcHiiictioii. .le Irailuctioii cl d a(lii|iiatii.n r. ^ (viiir tous pay.s. à Hoiy miituiER UBMRy, ipffeoa LE DIEU DE SPINOZA INTRODUCTION Le Problème et la Méthode. LE SPINOZISME ET LA PHILOSOPHIE DU SALUT Non moins éloignée du i)iir naturalisme qui se refuse à dépas- ser les données de la simple expérience que du mysticisme spé- culatif qui se flatte de posséder dès la vie présente l'intuition de l'Absolu, la philosophie de Spinoza se présente comme une ten- tative originale et profonde pour construire sur les fondements de l'unique Raison et avec les seules ressources de la démonstration mathématique une doctrine capable de satisfaire aux besoins d'une âme que ne peuvent remplir les vaines agitations des passions du monde et qui aspire à l'éternelle félicité, à la Béa- titude. Le Spinozisnie est une Ihcorie philosophique du Salul (1). Tandis que chez Descartes la méditation n'avait pour objet que la découverte d'idées claires et distinctes dont l'évidence mît fin (1) Cf. sur ce point : Windeluand, Geschichlc der ncuren Philosophie, Bd. I, p. 208 ; Pfleidereh, Rcli(jions philosophie, Bd. I, p. 41 et sqq. ; Karp- PE, Essais de critique el d'histoire de la Philosophie, p. 77 ; Nossig, Uber die bestimmcnde Ursache des Philosophirens (Introduction§ 4) ; Bergmann, Geschichle der Philosophie, p. 279 et sqq. (cf. du même auteur : Spinoza, ein Vorlrag, in : Phil. Monatshefte, 23 Bd., 1887) ; We.nzel Die Weltanschauung Spinozas (Erster Teil, p. 30 el sqq.) ; Dlnin-Bokkowski {Der junge de Spi- noza, Leben und Wcrdegang im Lichle der Wellphilosophie, p. 144 et sqq.) : LiEDERT {Spinoza-Iircvicr, p. 174 et sqq.). » LE DIEU DE SPINOZA aux i_k>utt;» d un esprit devenu incertain de toutes ses connaissan- ces, elle est issue chez Spinoza d'un besoin religieux et moral. Possédé du sentiment de l'éternité de son être, intimement con- vaincu que la vie de l'esprit n'est pas limitée à la durée de son existence temporelle, mais que l'àme, comme toutes choses dans la Nature, est une expression éternelle et nécessaire de l'essence divine, Spinoza éprouve au plus profond de sa conscience l'im- périeux besoin de donner à cette âme l'aliment spirituel nécessai- re à «a conservation. Toute chose actuelle tend, en effet, à sa propre conservation {Elh. III, 6). Mais on ng peut dire en vérité que l'âme ait fait son salut, accompli sa destinée que lorsque cet effort est parvenu à son terme et que l'àme a pleinement réalisé son essence dans l'é- ternité. A quel signe l'àme reconnaît-elle que son effort de con- servation est parvenu à son terme ? En quoi consiste proprement le salut ? L'essence de toute chose actuelle étant constituée par son effort pour persévérer dans l'être, l'homme est nécessairement déterminé à accomplir les actes qui favorisent cet efl'ort. Mais il n'est qu'un anneau particulier dans la chaîne des phénomènes ; et son effort est toujours limité par la puissance des causes exté- rieures qui le dominent. Il éprouvera donc des affections qui au- ront pour effet d'accroître ou de diminuer la puissance et la per- fection de son être, c'est-à-dire qu'il éprouvera de la joie ou de la tristesse. Son effort de conservation le déterminera nécessaire- ment à rechercher les affections de joie et à repousser les affec- tions de tristesse ; et, comme cet effort n'enveloppe en lui-même aucune durée définie, l'homme désirera une joie pure et continu(\ le désir n'étant <pie la conscience même de l'effort. Le désir d'une joie pure et «"ontinue dérive ainsi de l'essence même de la nature humaine. (Eih. III, 8-13 ; IV, 3). Par (juels biens ce désir peut-il être pleinement- satisfait ? Honneurs, volupté, richesses, voilà pour la plupart des hommes le Souverain liien. .Mais ce Souverain Bien, qui devrait leur appor- ter la félicita, n'cst-il pa.s en définitive la source de tous leurs maux, In cauHO de leurs tristesses et de leurs haines, le principe même de leur mort ? Ils y cherchaient la conservation de leur être ; ilfi n'y trouvent rpie la désolation et la ruine [De Inl. Km., LE PHOBLtMl'] ET LA METHODE 5 }). 4-5) (Ij. II luuL à Loul prix échapper à la magie dangereuse de ces faux biens. L'homme ne doit poursuivre que la réalisation d'i- déaux qui lui assurent une joie pure et continue, car celle-ci est pour son âme l'unique condition du salut. Or toute félicité dépend de la qualité de l'objet auquel nous nous unissons dans l'amour {De Int. Em., p. 5 ; Tr. III. pnl, p. 3). Toute jouissance ter- restre est finie et périssable, parce qu'elle est relative à des ob- jets finis et périssables. La joie pure et continue que l'homme dé- sire en vertu de l'essence même de sa nature, ne peut donc naître de l'amour des choses qui sont soumises aux vicissitudes de la du- rée et aux limitations de l'espace. Elle ne doit causer à l'esprit qui l'éprouve aucun sentiment mêlé de tristesse ni de crainte ; elle ne doit donc être liée à aucune condition de durée : il faut que son objet soit une essence éternelle. Elle ne doit causer à l'esprit qui l'éprouve aucun sentiment mêlé de haine ni d'envie ; elle doit donc pouvoir être possédée par tous les hommes : il faut que son objet soit une essence infinie. La joie pure et continue ne peut donc consister que dans l'amour d'une essence éternelle et infi- nie ; c'est-à-dire que le désir de conservation, qui constitue l'es- sence de l'âme humaine dans son actualité, ne peut être satisfait que par l'amour même de Dieu. C'est seulement dans l'amour de Dieu que l'âme jouira de la Béatitude ; c'est seulement par l'a- mour de Dieu qu'elle opérera son salut. L'amour de Dieu est l'u- nique fin, le terme ultime de toute i)ensée humaine et de toute ac- tion humaine {Eth. V, 36 sch. ; Tr. lli. pol.. pp. 3, 1 H 50 ; Ep. 21, p. 276 ; Tr. dé Int. Em.). II LE .SPIN07.ISME ET LA THÉORIE DE LA CONNAISSANCE Par quels degrés l'homme peut-il s'élever à un tel état de li- berté absolue ou de félicité pure et continue ? Si Spinoza se sé- pare de Descartes sur la question du principe et de la fin de toute méditation philosophique et imprime à .sa doctrine par l'idée de (I) Je cile d'après l'édition do \'an N'iolcn et Land in li.ii- \ oluim-.-,, La Haye, 1895. 6 l.E 1)1 i:U 1>K Sl'lNoZA salut une tournure religieuse, il se rattache au rationalisme car- tésien par les conditions qu'il impose à la recherche du salut. Toute joie pure et continue ne peut naître que d'une action de l'esprit, car elle suppose l'affranchissement de tous les sentiments passifs. Or l'esprit n'agit que dans la mesure où il a des idées adé- quates. La joie pure et continue dépend donc de la connaissance claire; nous ne nous reposons véritablement que dans les choses que nous connaissons clairement {Tr. th. poL, p. 50). Mais l'amour est un sentiment de joie accompagné de l'idée de l'objet qui l'a fait naître. L'amour de Dieu, qui constitue notre béatitude, doit donc être immédiatement et nécessairement conditionné par l'i- dée de Dieu {Trad. brevis, 2^ P»e ch. 22 ; Tr. th. pol. p. 5 et note 34 ; Tr. pol., p. 282 ; Tr. de Inl. Em., p. 1 ; Ep. 21, p. 276 ; Elh. IV, app. ch. IV ; V, 18, 32 cor. et 42 ; Ep. 19, p. 255). Si l'amour est ainsi nécessairement conditionné par la connais- sance, la Béatitude ne peut jamais être qu'un produit de la liaison. Bien loin que Spinoza veuille reprendro l'œuvre des reli- gions positives et, à la façon d'un Messie, prêcher aux hommes un nouvel Evangile du salut, il prend soin de séparer tout d'aborrl, avec la plus grande netteté, de la tâche de toute Heligion la tâ- che de la Philo.sophie, de la foi et de la croyance la connaissance claire et distincte ; et, après avoir ainsi circonscrit en chacune le domaine de son action propre, il nous enseigne que l'unique pré- paration à la Philosophie est une critique de l'entendemenl hu- main, qui détermine la nature et l'étendue de la connaissance clai- re. C'est par une purification <le imtendement qu'on s'ouvni le chemin du Salut. Si le besoin religieux sur lequel repose tuuL l'effort philosophi- que de Spinoza n'est pas inspiré par un esprit d'Eglise ou de con- fession, il serait d'autre part inexact de prétendre, avec uploads/Philosophie/ le-dieu-de-spinoza-huan-grabiel.pdf

  • 35
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager