SOMMAIRE • Henri Weber Mai 68 : une répétition générale ? .....................

SOMMAIRE • Henri Weber Mai 68 : une répétition générale ? .................................................. 5 • Jacques Kergoat Sous la plage, la grève: 1958-1968......................................... 29 • Interview de Patrick Viveret (rédacteur en chef de la revue « Faire ») .................................................................87 • Robert Linhart L’évolution du procès de travail...................................................105 • Alain Brossât La bande à Baader, suicidés de la révolution ......................131 • Jean-Marie Vincent La politique n’est plus ce qu’elle éta it.................................... 145 • Michel Lequenne Inéluctabilité et difficultés de la social- démocratisation du PC F................................................................. 1 57 • Jean-Paul Deléage Energie nucléaire et transition au socialisme...........................177 Les dessins sont repris de l'Enragé. ERRATUM L'article « Rupture et continuité » n’était pas de Michel Lequenne mais de M. L. et Hector Léans. COMITE DE REDACTION Denise Avenas - Alain Brossai - Jean Haliouze - Michel Lequenne - Michel Peret - Gilles Poiron - Carlos Rossi - Frédérique Vinteuil - Jean-Marie Vincent - Directeur de la publication : Henri Weber. N° 1 Politique des blocs et révolution permanen­ te - Le C.E.R.E.S. - Sur le centrisme - L’ai- thussérisme. ' N° 2 Trotsky et la vie quotidienne - Idéologie et psychanalyse - Sur un épouvantail nommé Désir - Interview d’Ariane Mnouchkine - Rétro et anti-rétro. N° 3 Le bonarpartisme à notre époque - De De Gaulle à Giscard - Armée - MFA - La classe ouvrière soviétique. N° 4 Le féminisme. N° 5 Les partis communistes et le stalinisme. N“ 6 Ligue et léninisme - Débat sur le P.C.F. - Perversion, amour et révolution - La crise de l'armée française. N" 7 Ecologie, environnement, pollution, luttes urbaines. N° 8 /9 Stratégie révolutionnaire en Europe. N ® 10 Marxisme et question nationale : Bretagne, Corse, Occitanie... N° 11/12 Militantisme et vie quotidienne. N° 13 Les municipales - P.S.U. - 36 et 78. N° 14/15 Les révolutionnaires et l’Union de la gauche. N° 16 Les communistes, la transition socialiste et l’Etat. N° 17 Contrôle ouvrier - Nationalisation - Arme nucléaire - Intelligentsia et prolétariat - Che Guevara. N° 18/19 L’URSS - La bureaucratie - Eurocommunis­ me - Goulag, Glucksman et démocratie - La Yougoslavie. N° 20/21 Féminisme, capitalisme et mouvement ouvrier. N ® 22 Le P.C.F., la gauche et la crise. Pour toute correspondance : CRITIQUE COMMUNISTE c /o Edition La Brèche, 9 9 , rue de l’Ouest, Paris XIVe, tél 8 F 8 F 8 F épuisé 10F 10F 10F 15F 10F 1 5 F 10F 15 F 10F 10F 10 F 15 F 18 F . 543.85.74 Abonnement annuel ( 10 numéros) : 100 F et 120 F pour l’ étranger soutien : 1 50 F. Chèques à l’ ordre des éditions la Brèche. Imprimerie Rotographie Montreuil— 1" trimestre 1978. N“ de commission paritaire >6 > 51. Présentation D ans ce num éro, publié dix ans après la grève générale de M ai-juin 1968, Henri Weber revient sur quelques in­ terprétations des « événem ents » ; Jacques Kergoat retrace la genèse, l’éclatem ent, la réalité de la grève ouvrière. Patrick Viveret, ancien barricadier, directeur de la revue Faire et anim ateur du courant rocardien, explique son itinéraire politique. Robert Linhart, ancien dirigeant de l’U nion des jeunesses com m unistes m arxistes-léninistes (UJCm l), auteur de Lénine, Tayior, les paysans, et plus récem m ent de XÉtabli, analyse l’évolution du procès de travail dans les pays capitalistes avancés depuis 68 et ses incidences politiques. Alain Brossât s’interroge sur ce qui a perdu ces enfants de 68 que sont les terroristes, sur le rapport des révolutionnaires à la barbarie am ­ biante. Michel Lequenne poursuit le débat perm anent engagé dans cette revue sur l’évolution du m ouvem ent com m uniste inter­ national. Il répond à l’article de Daniel Seldjouk, publié dans le num éro précédent. Jean-Paul Deléage traite des rapports entre le développem ent de l’énergie nucléaire et l’instauration d ’une société socialiste. 3 Henri WEBER Mai 68 : une répétition générale ? La bourgeoisie française a vécu Mai 68 comme un coup bas du sort : quoi ! alors que la France connaît depuis 15 ans une expansion économique ininterrompue ; que le pouvoir d’achat des salariés a doublé ; que le chômage « frictionnel » affecte à peine 3 p. cent de la population active ; que la question coloniale est enfin résolue, les institutions de l’État restaurées, le prestige national rétabli ; que les Français, enfin, vivent pour la première fois depuis longtemps, dans la prospérité, la paix, la stabilité, l’ordre, le progrès et la considération générale : des « journées-révolutionnaires » à Paris ! la France paralysée par la plus grande grève générale de son histoire ! Son image ternie par les convulsions de l’Emeute ! Les porte-parole de la classe dominante s’étranglent littéralement d’indignation devant ce pied-de-nez de l’Histoire...1 Pour eux, Mai 68 est une période de démence collective, de délire national, où les Français, repus mais avides de sensations fortes, se donnent la comédie d’une révolution du XIX® siècle. Un psychodrame, dit Raymond Aron, où rien de ce qui se dit ou fait n’est sérieux : ni le PCF, ni les enragés ne sont réellement décidés à s’emparer du pouvoir par la force. Les barricades sont « symboliques ». La « guérilla urbaine » ignore le P 38. La courbe de mortalité chute même sensiblement du fait de la grève des pompistes ! « M arathon de la parole », « défoulement collectif » ; Mai 68 constitue une immense fête, durant laquelle les Français vivent tout ce dont ils 5 sont privés en temps ordinaire, échangent les rôles, inversent les valeurs, exorcisent symboliquement les frustations de la « société de consommation », d’autant plus sereinement que chacun sait qu’après le Carnaval, les choses rentreront dans l'ordre... Pour la bourgeoisie française, la surprise, l’incompréhension sont totales. Elles rendent compte d’ailleurs du prodigieux succès initial du mouvement, de la vague d'unaninisme qui tout d'abord l’accompagne. Pourtant les signes annonciateurs n'ont pas manqués, perçus et présentés comme tels par les marxistes-révolutionnaires : grèves longues et dures dans la métallurgie et la chimie en 1966-1967. Chez Dassault, en pleine campagne électorale ; aux chantiers navals de Saint-Nazaire, chez Rhodiaceta, chez Berliet — renouant avec la tradition oubliée des occupations d’usine. Émeutes régionales à Caen, à Redon, à Mulhouse, au Mans. Ces explosions sectorielles ne sont pas fortuites écrit Avant-Garde-Jeunesse, organe de la Jeunesse communiste Révolutionnaire. « Elles sont le symptôme le plus net d ’un mouvement national profond, diffus et qui se cherche. »2 Mais la classe dominante croit en son idéologie : les progrès de la production et de la consommation de masse sont censés promouvoir une société où les tensions remplacent les conflits, les « querelles » les ruptures, les négociations les révolutions... Lorsque la réalité fait valoir ses droits, la « classe politique » est frappée de stupeur et multiplie les boulettes. En réalité, Mai 68 n’est ni un psychodrame, ni une crise d’épilepsie, ni un exorcisme. C’est la première grande crise du « late- capitalism » ou capitalisme monopoliste d'État. En tant que telle, elle est riche d’enseignements sur les nouveaux contenus, les nouvelles formes, les nouveaux acteurs de la lutte des classes en Europe occidentale. Sur ses potentialités révolutionnaires, comme sur ses limites. Révolution du troisième type De tous les courants du mouvement ouvrier, les marxistes- révolutionnaires étaient sans doute les mieux préparés politiquement à affronter la secousse tellurique de Mai 68. Dans le vaste débat stratégique qui polarisait la gauche du mouvement ouvrier européen, au début des années 60, Ernest Mandel et la IVe Internationale, défendaient des positions sans équivoques. Contre ceux qui affirmaient qu’en l’absence définitive de catastrophes 6 économiques ou militaires dans les pays capitalistes avancés, le prolétariat ne pouvait se comporter qu’en force réformiste ; contre ceux qui prétendaient, symétriquement, que le retour probable de ces catastrophes reconstituerait le prolétariat en classe-révolutionnaire ; Mandel répondait en soulignant la spécificité des crises socio- politiques que mûrissait le capitalisme européen, et partant, la spécificité du processus de transition au socialisme dans ces pays. Il y a divers types de crises pré-révolutionnaires, disait-il en substance3. Il y a les crises d’effondrement de l’État, sous le coup d’une défaite militaire (Allemagne 1918 ; France, Italie 1945...). Il y a les crises d ’ effondrement social sous l’effet d’une catastrophe économique (Allemagne 1929...). Mais il y a également des crises potentiellement révolutionnaires, distinctes de ces crises d’effondrement ; la grève générale de juin 1936 en France, par exemple. Si les crises d’effondrement de la société ou de l’État sont improbables en Europe occidentale dans un avenir prévisible, admettait Mandel, les crises du troisième type sont au contraire inéluctables, en raison du développement des contradictions néo­ capitalistes. A preuve, la grève générale belge de décembre 1960 et janvier 1961. D’autres explosions généralisées de lutte, plus puissantes, se produiront à moyen terme dans les métropoles capitalistes d’Europe occidentale ouvrant la voie à un processus spécifique de transition au socialisme. Les trotskistes français, formés à cette école, plaçaient donc au centre de leur hypothèse stratégique, la perspective de uploads/Politique/ critique-communiste-n0-23-mai-juin-1978-pdf.pdf

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