1 Journal d'une recherche : De l'Être au Devenir ... TOME 5 Marc Halevy 2 Le 01

1 Journal d'une recherche : De l'Être au Devenir ... TOME 5 Marc Halevy 2 Le 01/05/2006 Notre réalité contemporaine : tout le monde contrôle tout le monde sans que personne ne maîtrise rien. * L'oiseau vole sans penser à voler : il ressent chacune de ses plumes et le vent et la trajectoire et toutes les inflexions au sein desquelles il se coule sans rien analyser. L'homme qui roule à bicyclette fait de même. Il s'agit là de comportements holistiques et organiques, inaccessibles à l'analyse et à la mécanisation. On ne peut jamais, par la parole et les mots, apprendre à un enfant à rouler à bicyclette : il essaie et tombe jusqu'à ce qu'il ait "compris". On peut le conseiller, l'accompagner, mais il n'apprendra jamais que seul, pour lui-même, en lui-même, par le vécu et le ressenti. Il en va de même pour tout ce qui touche la vie ! * Il existe une immense différence entre exo-régulation (maîtrise du système par un système de contrôle extérieur) et endo-régulation (maîtrise et contrôle du système de l'intérieur, du dedans de lui-même). Les systèmes simples peuvent être exo-régulés (c'est le cadre de la cybernétique) ; les systèmes complexes, jamais. Ainsi, il est criminel de continuer à croire - ou à faire semblant de croire - que nos systèmes sociaux, économiques et politiques puissent encore être exo- régulés respectivement par la Loi, le Patron ou l'État. L'exo-régulation porte sur un principe d'obéissance et sur les états successifs du système. L'endo-régulation, elle, porte sur une intention vers une finalité et sur le processus global de ce système. * De Wolfgang Wickler : 3 "L'homme est l'être qui sans cesse veut plus qu'il ne peut, et peut plus qu'il ne doit." Faux ! L'homme est l'être qui sans cesse fait moins qu'il ne veut et veut moins qu'il ne peut. * Si rien n'a de sens, rien n'a de valeur. Si le Tout a un sens donc une intention, alors une éthique est possible : celle de l'adhésion. * ** Le 02/05/2006 La valeur vient du sens. Ce qui ne donne pas de sens ne reçoit pas de valeur. Après la valeur d'échange et la valeur d'usage, voici venir la valeur de sens : nous entrons dans une économie du sens (du "pour-quoi"). La nature des besoins fondamentaux a évolué : moins physiques et plus psychiques, moins matériels et plus immatériels. La société de consommation est une impasse, bien du monde le ressent aujourd'hui confusément. Après la société de consommation vient la société de consolation. Une société maternante et féminine qui, faute d'apporter des réponses, vend des baumes euphorisants à une humanité infantilisée, en déliquescence spirituelle et culturelle. Il y a peu de chances que vienne une société de consolidation qui fasse passer, massivement, l'humanité de l'autre côté, du côté du : "si tu veux du sens, si tu veux du pour-quoi, si tu veux des réponses, c'est en toi, en toi seul et par toi seul, qu'il faut creuser au plus profond, dans l'ascèse et le questionnement, dans l'effort et la volonté". Seuls les "élus" passeront de l'autre côté, laissant sur le quai des hordes d'animaux humains gavés d'euphorisants. Nietzsche appelait cet "autre côté", les îles bienheureuses … 4 * J'ai le net sentiment qu'il y a, dans l'existence, des périodes de congruence où tout prend sa place, où tout converge, où toutes les pièces de la mosaïque de la vie dessinent enfin le motif global. * Curieux monde dont plus personne ne veut vraiment mais qui continue sur sa course folle comme une machine emballée et qui fonce droit devant lui, dans la nuit, vers la mort. Qui peut dire "stop" ? Qui veut dire "stop" ? Qui va dire "stop" ? Face à ce monde affolé qui va de plus en plus vite dans le mur, que répondent les dirigeants politiques et économiques ? 1- Nous ne sommes pas si sûr que cela que l'on aille dans le mur (politique de l'autruche) ; 2- De toutes les façons, nous sommes impuissants malgré nos "signes" apparents de pouvoir (impuissance de fait des "pouvoirs" artificiels) ; 3- Même si nous en avions le pouvoir, nous n'en aurions pas le temps puisque nos horizons sont à court terme et qu'il s'agit là d'un travail à long terme (les échéances électorales ou boursières priment sur les échéances vitales). * Curieux monde où la classe ouvrière vote de plus en plus à l'extrême droite et rejette le socialisme qui n'intéresse plus que les parasites inquiets et quelques intellectuels égarés. Curieux monde où le syndicalisme de gauche fustige l'esprit sécuritaire qui est pourtant son fond de commerce. Curieux monde où l'économie ne regarde que les grandes entreprises moribondes du passé et ignore les PME vivantes du futur. Curieux monde où l'enseignement et la recherche coûtent toujours trop cher, mais où les "stars" amassent des milliards en vendant des hochets de médiocrité aux illettrés. Curieux monde où les politiques se jouent le jeu débile de la guerre médiatique pour un "pouvoir" qui n'est qu'éternel aveu d'impuissance. Curieux monde où les échéances boursières et électorales priment sur les échéances vitales. 5 Curieux monde où les riches veulent toujours plus pour combler leur vide, et où les pauvres veulent tout pour ressembler aux riches. Curieux monde où l'homme s'autoproclame sacré, au mépris et au détriment de la Vie dont il vit. Curieux monde où tous réclament tous leurs "droits" sauf un : celui de se satisfaire de ce que l'on a et d'accomplir ce que l'on est. Curieux monde où la fuite est courageuse et le courage, imbécile. Curieux monde où Dieu est mort, mais où triomphent les idoles. Curieux monde où la conscience n'est déjà plus morale, mais ne sera peut-être jamais cosmique. Curieux monde où les questions ne reçoivent pas de réponses et où les réponses ne reçoivent aucune question. Curieux monde malade qui refuse de se soigner et préfère courir au suicide collectif. * Le monde humain a dérapé lorsque la quantité a supplanté la qualité. Ce dérapage funeste est l'œuvre de la modernité. En tout, le quantitatif tue le qualitatif. En tout, le trop est ennemi du bien. Trop d'humains disqualifie l'homme. Trop de production disqualifie l'objet. Trop de consommation disqualifie le plaisir. Trop de travail disqualifie l'œuvre. Trop d'information disqualifie l'intelligence. Trop de savoir disqualifie la connaissance. Trop de distraction disqualifie la vocation. Ce qui tue le monde, c'est le règne de la quantité. L'absurdité des "économies d'échelle". Le culte des zéros derrière le chiffre et avant la virgule. La quantité stimule l'arrogance et l'orgueil : fortune, gloire et popularité se nourrissent de grands nombres. La quantité avilit, dilue, appauvrit. Le quantitatif corrompt tout. Tout ce qui est populaire est vulgaire et médiocre1. Et réciproquement. La qualité est dans le petit nombre. Toujours. 1 Par simple logique étymologique ! 6 * J'ai l'âme2 d'un poète. Je me suicide à chaque idée, à chaque image, à chaque phrase, à chaque mot. Et je tente de ressusciter au suivant. * L'Amour ne peut s'adresser qu'au plus global (le Tout-Un) ou au plus spécifique (cette femme). Entre ces deux extrêmes, l'amour est totalement vide de sens : autrui, humanité, peuple, justice, vérité, etc … ne sont que des catégories verbales où l'amour n'a rien à faire ! Il n'y a que deux Amours : l'Amour mystique et l'Amour charnel. Le reste n'est que babillage. * Je ne me soucie des hommes qu'en tant qu'ils contribuent au projet cosmique de la Vie. Hors cela, au mieux, ils m'indiffèrent, au pis, ils me dégoûtent. * Traiter chacun selon sa nature et non selon la Loi. * Il y a trente deux ans, le 01/05/1974, je notais dans mon carnet, avec gourmandise tant je la faisais mienne, cette pensée de Paul Valéry : "Et je jouis sans fin de mon propre cerveau". Rien n'a changé ! Je jouis sans fin de cette pensée qui pense en moi. Au-delà de mots comme "vérité, quête, recherche, écriture" … c'est le mot "jouissance" qui est le plus fort, le plus vrai. * 2 L'âme, anima , c'est ce qui anime, ce qui fait vivre. 7 La science est explicitation de la relation d'un sujet à un objet, mais toujours relativement à un projet. Toute science est relative car orientée. Cette relativité, si l'on n'y prend garde, peut être porteuse d'idéologie. * ** Le 03/05/2006 De Sylvain Tesson (in : "Petit traité sur l'immensité du monde") : "Ils se contentent de voyager silencieusement, pour eux-mêmes, parfois en eux-mêmes.(…) Ils vont seuls, avec lenteur, sans autre but que celui d'avancer.(…) Eux, ils se tissent un destin, pas à pas. (…) ils n'appartiennent qu'au chemin qu'ils foulent." * La vie est trialogique. Il y a l'univers. Il y a le système. Il y a l'intention. Le monde, le véhicule, la volonté. C'est la triade chinoise : Terre, Homme, Ciel. L'océan, le voilier, la course. L'objet, le sujet, le projet. Etc … * ** Le 04/05/2006 Chemine ton chemin ; laisse au monde les siens. * ** uploads/Politique/ etre-devenir-5mark-halevy.pdf

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