Novembre 2011 Dissertation de PHILOSOPHIE Sujet: Savoir et Pouvoir « Monseigneu
Novembre 2011 Dissertation de PHILOSOPHIE Sujet: Savoir et Pouvoir « Monseigneur, L'autorité suffit à un Ministre pour lui attirer l'hommage aveugle et suspect des courtisans; mais elle ne peut rien sur le suffrage du public, des etrangers, et la postérité. […] Vous marquez pour les talens; la considération qui leur rend précieux un homme d'Etat, quand il sait, comme Vous, leur faire sentir que ce n'est point par vanité, mais pour eux-mêmes qu'il les honore. Puisse, Monseigneur, cet Ouvrage, auquel plusieurs savans et artistes célèbres ont bien voulu concourir avec nous, et que nous Vous présentons en leur nom, étre un monument durable de la reconnoissance que les Lettres Vous doivent, et qu'elles cherchent à Vous témoigner. Les siècles futurs […] parleront avec éloge de la protection que Vous lui avez accordée dès la naissance […]. Nous sommes avec un profond respect, Monseigneur, vos très-humbles et très-Serviteurs, Diderot & D'Alembert. » L'Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences des Arts et des Métiers. On remarque avec quel respect et humilité, Diderot et D'Alembert présente ici leur travaille au ministre de la guerre de l'époque. En effet, pour la publication de leur Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences des Arts et des Métiers en …........, ils souhaitent que les choses soient faite en toute légalité et surtout en toute conformité à la monarchie alors en place. Ils précisent même dès le début de l'œuvre « Avec Approbation et Privilège du Roy », comme si cela avait été une condition nécessaire et méliorative de leur travail. Il est intéressant de voir le rapport que peuvent entretenir de tels penseurs avec l'Autorité et le Pouvoir en place. D'autant que ce rapport peut varié selon les formes de Pouvoir rencontrées: Pouvoir politique démocratique, ou traditionnel, T yranisme ou Pouvoir autoritaire, voire, pouvoir Divin. Ils semblent à priori, que les penseurs, qu'ils soient physiciens, mathématiciens, philosophes ou autres, ont toujours eu un rapport frontal avec les représentants de l'autorité, et qu'ils dûment toujours, dans leur rapport avec eux, entretenir une plus grande « délicatesse ». En soi, quels sont les rapports entretenus entre les hommes de Savoir et les incarnations du Pouvoir? Il y a bien des aspects grâce auxquels on peut les rapprocher, mais il n'en reste pas moins certain qu'ils conservent intrinsèquement et essentiellement des distinctions à définir. Et pourquoi ne pas payer une attention particulière à leurs sens sous forme verbale. Un lien lie le Savoir au Pouvoir: le Savoir (et ses constituantes) sont un moyen pour l'Homme de conquérir le Pouvoir. D'abord, sur un plan évidant: la Nature. L'Homme grâce à la technologie (premier constituant, pratique, du savoir) se crée un corps artificiel. Il se sert de sa faculté innée de réflexion, d'apprentissage, pour pousser encore d'avantage et changer profondément le monde dans lequel il vit, pour se l'approprier. Il prend alors le pouvoir sur une entité qui semblait originellement l'avoir sur Lui. Une expression rend bien compte de cela: « rendre l'Homme comme maître et possesseur de la Nature » disait Descartes à propos de la T echnologie et de l'Invention. « Maître » montre bien cette envie de « maîtrise » et d'emprise pratique que l'Homme cherche à avoir sur la Nature. « Possesseur » apporte lui l'idée de supériorité et d'appartenance, presque paradoxal si (et seulement si) on considère que la Nature est à l'origine même de l'Homme. Il aurait alors tous les droits sur elle, de changement, de mise en valeur, d'exploitation, voire, d'aliénation. Mais le Savoir apporte aussi une supèriorité certaine sur les autres hommes. Il faut prendre l'homme au sens plus individuel du terme, pour remarquer que foncièrement, l'homme qui « sait » est plus à même de diriger les autres. Les hommes sages dans les organisations tributaires se voient couronnés du statut de « Sages », et ce, autant de manière traditionnelle que légitime. Ils ont aux yeux des autres un savoir (ici, une connaissance, une expérience et un vécu) qui explique le statut qu'on leur accorde. Dans la continuité de ceci, Platon tente dans la République de prouver la nécessité d'abandonner le pouvoir aux mains des réels « compétents »: Les Philosophes. Il introduit alors la notion de rois- philosophes. Le pouvoir ne pourra atteindre, selon lui, son idéal de raison, de stabilité et de légitimité que lorsque les philosophes (détenteurs de la forme philosophique du Savoir) le détiendront effectivement (donc politiquement). L'homme qui « possède » le savoir est cette fois-ci, selon Marx, celui qui possède entre ses mains la vie des autres hommes. Ou du moins la vie d'un certain nombre d'entre eux: les Prolétaires. Les propritaires de machines et de technologies ne sont jamais ceux qui les font fonctionner. La nécessite amène les autres hommes à se laisser dominer, parfois même asservir par ce système technocrate (système qui lègue le pouvoir à ceux qui ont les « compétences techniques »). La technologie apporte alors directement du pouvoir à son possesseur. Bien plus encore, le Savoir semblerait conférer aux homme un caractère quasi-divin. Si l'homme est capable de créer autant et aussi bien que Dieu l'aurait fait, c'est qu'il l'égale. Et qu'est-ce qu'un homme qui égale un Dieu si ce n'est un Dieu ? D'autant que même le savoir théorique (la recherche, la science, la physique,..) semble accordé à l'Homme cette capacité de savoir absolu. Nait alors la notion de savoir profane, ou savoir qui alimenterait l'orgueil de l'Homme dans sa quête du dépassement divin. Savoir et Pouvoir ont des critères et des buts communs. De manière assez ostentatoire, ils ont tout deux un idéal de stabilité et de bien-être de l'homme. Bien que leur manière d'être pratiqué diffère( et nous le verrons), ils conservent des bases théoriques communes. D'ailleurs ce qui d'habitude est considéré comme le bien du « Pouvoir », du Politique et de ses institutions, s'avère partager avec le Savoir un objectif ambitieux et conquérant. Car il faut reconnaître à la science et aux technologies contemporaines (pour ne citer qu'elles) une vision très utilitariste des découvertes et même des recherches. Si Savoir et Pouvoir se retrouve ici lié, c'est aussi par leur place dans la vie d'un individu. Selon plusieurs philosophes, comme Hannah Arendt par exemple, la politique (forme de pouvoir) et la philosophie (forme de savoir) serait les conditions nécessaires à la Liberté effective d'un homme. Liberté cependant quelque peu élitiste, car de nos jours, seul une certaine élite tant financière, sociale et intellectuelle peut revendiquer cet accès au politique et à la philosophie. Sous leur mauvais jours, la recherche du savoir et la conquête de puissance (~ pouvoir) servent toutes deux indirectement à combler l'orgueil de l'homme, tant bien comme individu que comme entité. Jusqu'ici, Savoir et Pouvoir, sous toutes leurs formes se croisent et s'entre-croisent sans jamais se perdre réellement de vue, l'un apportant à l'autre son sens, sa force, une complémentarité irrévocable. Mais finalement, on peut vite arriver à un « blocage ». On se rend rapidement compte que ce qui les relient ne sont en fait qu'analogies et non pas réelles comparaisons regroupatives. Quand le Pouvoir se manifeste dans l'Etat, le Savoir se manifeste lui dans la Recherche. Quand le pouvoir est politique, le savoir est science, ou technologie. Les lois sont analogues à la Geometrie et aux Mathématiques. Quand la démonstration scientifique est le bien du savant, la rhétorique est celui de l'homme politique. Jusque dans leur mode de transmission, ils suivent un schéma similaire. Quand le pouvoir politique se fait violent, ou tyrannique, le savoir lui se sert de l'enseignement (image métaphorique d'un verre qu'on viderait pour le re-remplir). T andis que quand le pouvoir se fait spirituel (sous consensus commun et légitimité non réfutée), le savoir fait appel à la maïeutique (art d'accoucher les esprits). Il faut en revenir à la définition même de nos termes ainsi qu'à leur but respectif. Savoir et Pouvoir prennent deux chemins différents qui ne vont, semble-t-il, pas au même endroit. Le Savoir vise la genèse, le début de tout, tant pour la physique, la philosophie que pour les mathématiques, la géométrie. Le Pouvoir vit avec son temps, est actuel et veut agir sur son temps. La science, la recherche, n'a aucun impératif de temps, et cherche avant tout la qualité à la rapidité. De plus, la science et le savoir est, selon son idéal, une fin en soi. Contrairement au Pouvoir qui ne serait qu'un moyen à la domination. Le scientifique a une démarche (à priori) désinteressé et ne voit que la découverte pour ce qu'elle est en soi. T andis que le politique se met en avant lui, parfois même au détriment du peuple qu'il gouverne. Finalement, sur le plan théorique, le savoir et le pouvoir sont fondamentalement éloignés par leurs idéaux respectifs. Au delà même de ce simple éloignement, on peut même pousser la comparaison à un réelle dualité. Au travers de ses notions s'affrontent en effet deux grands concepts: le corps et l'esprit. Le pouvoir agit sur les hommes en tant que corps. Le savoir agit sur les hommes en tant qu'esprit. uploads/Politique/ dissertation-de-phi-lo-sophie-savoir-et-pouvoir-2011-2012 1 .pdf
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- Publié le Jan 31, 2021
- Catégorie Politics / Politiq...
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