Introduction : La gestation de l’idée européenne. L’origine de cette idée d’uni

Introduction : La gestation de l’idée européenne. L’origine de cette idée d’unification de l’Europe remonte très loin dans le temps et ne se résume pas au vingtième siècle. Il y a eu des hommes de lettre comme Hugo au XIXème siècle, Dante au XIIIème siècle aussi. Il y a eu des économistes comme Bentham (promoteur de l’utilitarisme.) Les rivalités entre les États européens qui ont ravagé le continent européen sont en grande partie à l’origine d’une telle volonté. Avant le XXème siècle, des plans ont été avancés afin de promouvoir la « paix mondiale », car l’Europe était alors la seule partie du monde réellement connue, explorée. Les projets qui se sont manifestés avant le XXème siècle peuvent être classés en deux grands groupes distincts. Pour certains d’entre eux, il était nécessaire de maintenir la souveraineté des États. Il s’agissait alors d’une simple coopération des États dans des institutions permanentes dépourvues de pouvoir de contrainte. D’autres projets, de type « fédéral » (jargon actuel), n’hésitaient pas à soumettre la souveraineté des États membres sous la coupe d’instances supranationales. Tous les plans et projets ont mis en exergue les mêmes problèmes : quelle place accorder aux États et aux modalités de vote, aux institutions supranationales ? Ces institutions étaient-elles en mesure de détenir un pouvoir de contrainte ? De décider ? Section I : Du XIX ème siècle au second conflit mondial. §1 – Le XIXème siècle. On constate alors un éveil vigoureux des nationalismes, du repli sur soi des nations dans la continuité de la Révolution française. Cela n’incite pas les États européens à se fondre. Au contraire, cela les incite à fixer leur territoire et à le défendre. À cela s’ajoute la domination coloniale, qui a encouragé la concurrence entre les États européens dans le partage des terres et des richesses découvertes dans le monde. L’heure était alors au maintien d’une Europe politiquement divisée. Ces deux éléments politiques expliquent que l’heure n’était pas à l’union. Ce sont alors surtout les écrivains, les poètes qui préconisent l’union de l’Europe. V. Hugo : « Les États-Unis d’Europe. » Cette expression va intégrer le langage courant en restant cependant comme relevant du domaine de l’utopie. §2 – Le choc du premier conflit mondial. Les principaux vainqueurs de ce conflit sortent diminués dans leur prestige, surtout aux yeux des peuples colonisés du reste du monde. Le leadership de ces grandes nations souffre de ce conflit. De plus, une des conséquences a été que les moyens modernes de communication qui ont commencé à exploser au début du XXème siècle ont fait sentir aux puissances européennes qu’elles étaient finalement petites dans l’immensité du monde. Les États européens étaient de plus en plus incapables de se suffire à eux-mêmes. Un citoyen, le comte Richard Coudenhove-Kalergi, a publié en 1927 un livre intitulé Paneuropa, afin de plaider pour l’unification de l’Europe. « La communauté des intérêts pave le chemin qui mène à la communauté politique. La question européenne, la voici : est-il possible que sur la petite presqu’île européenne de vingt-cinq États vivant côte à côte dans l’anarchie internationale sans qu’un pareil état de chose conduise à la plus terrible catastrophe politique, économique, culturelle ? L’avenir de l’Europe dépend de la réponse qui sera donnée à cette question. » Aristide Briand, encouragé par ce manifeste, soumet à la Société des Nations, le 5 septembre 1929, un vaste projet d’unification européenne. Le projet du comte a opéré comme un catalyseur psychologique, mais si une réaction politique n’avait pas suivi, il serait tombé aux oubliettes. Ici, Briand a permis qu’un tel projet soit discuté par les gouvernements des États d’Europe. Est né de ce discours le Mémorandum Briand du 1er mai 1930, venu préciser le projet. Le projet était centré autour de trois axes majeurs : - « Instituer entre les peuples d’Europe une sorte de lien fédéral » qui, toutefois, ne devait pas se développer au détriment « des droits souverains des États. » Il fallait alors imaginer des procédures et des institutions. - Mise en place d’une organisation administrative et institutionnelle propre. Ce qui permettait de doter l’Europe d’institutions indispensables à l’accomplissement de la tâche précitée. Il fallait créer 1 une conférence européenne puis un comité européen. La conférence européenne était censée être l’instance permettant la logique fédérale, le comité au contraire était l’instance permettant l’expression des États individuellement. Notons qu’en droit, il est plus intéressant de s’occuper des fondements de telle ou telle institution ou de telle ou telle loi, ce qui en permet un apprentissage facile. - La charte constitutive de l’organisation (le traité institutif de l’organisation) prévoyait d’assurer le rapprochement progressif des économies, en vue de l’établissement d’un « marché commun. » La donne économique devait rester subordonnée à l’autorité politique. C’est le politique qui devait rester l’autorité suprême (alors que, dans la pratique, l’Union se créera en partant de l’économie.) La conclusion du Mémorandum Briand était imprégnée de pragmatisme, en vue surtout d’assurer la paix en mettant en commun de façon rationnelle les « forces vitales » des différents États européens. Tous les points du Mémorandum furent très mal accueillis par les États, à l’exception d’un seul : la Yougoslavie. Ce fut donc un projet mort-né car aucune proposition ferme ne fut adoptée. Le 14 septembre 1930 Hitler arrivait au pouvoir, on peut donc se demander si ce projet aurait de toute façon perduré. Section II : Les conséquences du second conflit mondial. La naissance de l’Europe au lendemain de la guerre tient tout simplement du miracle. Des millions de morts, des ressentiments entre les peuples européens extrêmement vivaces, des destructions, un génocide même. Le génocide, d’après la convention du 9 décembre 1948, est l’intention de détruire en tout ou en partie en tant que tel un groupe national, ethnique, religieux ou racial. Ce qui distingue un crime de génocide d’un crime de guerre, est qu’il faut qu’il y ait intention de détruire, d’exterminer, un groupe précisément identifié. Tous ces points étaient en principe autant de barrières contre la construction européenne. Mais cela va évoluer. Les pays sont ruinés et se rendent compte qu’ils ne parviendront pas à un retour à la prospérité s’ils restent isolés : pragmatisme économique. De plus, les ordres de grandeur géopolitique sont bouleversés : l’Europe n’est plus en termes de géopolitique mondiale. Ceux qui comptent sont les USA et l’URSS. Dans ce contexte de bipolarisation du monde, il est évident que seul un ensemble de pays européens structurés parviendrait à reprendre une certaine place dans le monde. Ce qui favorise l’union est le « sentiment d’un péril commun. » La solidarité qui avait uni les Alliés durant la guerre n’a pas survécu à l’expansion nazie, et l’Europe stalinienne fait peur. Les pays d’Europe de l’Ouest se disent qu’il faut alors se protéger contre cet autoritarisme en puissance. C’est de cette rupture entre la peur de l’Union Soviétique et sa politique expansionniste d’emprise sur l’Europe qu’est née la volonté de solidarité. C’est de cette peur que sont nées les trois premières organisations européennes de coopération. Après la seconde guerre mondiale apparaît une summa divisio avec une Europe « minimaliste » regroupée autour de certains organes et une Europe « de l’intégration » qui essaie de mettre en place une sorte de lien fédéral entre les États. §1 – Les organisations européennes de coopération. A – Les solidarités militaire, économique et politique. On est au sortir de la guerre, et il faut se prémunir du géant soviétique. Le 17 mars 1948 est signé entre la France, le Royaume uni, la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg, le traité de Bruxelles qui rappelle les valeurs essentielles de la civilisation occidentale : respect des droits de l’Homme et principes démocratiques institutionnels. Ce traité affirmait la volonté de coopérer pour reconstruire l’Europe en assurant sa sécurité, en prévoyant un système d’assistance mutuelle automatique en cas d’agression en Europe. À l’époque, cela était encore subrepticement dirigé à l’encontre de l’Allemagne, mais aussi contre l’Union Soviétique. Cela donna naissance à un embryon d’organisation internationale : l’Union Occidentale. Enfin, ce traité a permis la création d’une organisation de coopération militaire, qui deviendra en 1954 l’Union d’Europe Occidentale (UEO.) Ce pacte de Bruxelles était, pour les Américains, le préalable à leur engagement militaire en Europe. Dès sa signature, des ministres européens, dont Bidault (France), ont demandé de l’aide aux USA afin de lutter, éventuellement, contre les Soviétiques. C’est dans ce contexte que la mainmise américaine sur la défense de l’Europe a pris corps. Le traité de l’Alliance Atlantique est signé le 4 avril 1949 à Washington, instituant l’OTAN. Les cinq signataires du traité de Bruxelles signent ce traité avec les États-Unis, le Canada, la Norvège, le Danemark, l’Islande, le Portugal et l’Italie. Si l’Europe, pendant cinquante ans, a pu baigner dans le 2 « bonheur postmoderne », c’est qu’elle ne s’est jamais souciée des questions relevant de sa défense, étant sous la protection de l’OTAN. L’instance militaire créée par et pour les Européens, l’UEO, végète alors. La situation économique des pays d’Europe s’aggrave, les productions agricoles et uploads/Politique/ droit-europeen.pdf

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