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L’Ingénu (2) Après avoir repoussé les anglais, l’Ingénu part à la cour recevoir

L’Ingénu (2) Après avoir repoussé les anglais, l’Ingénu part à la cour recevoir « le prix de ses services » et il veut demander au roi la main de Mlle de St Yves. En chemin il rencontre des huguenots. C’est l’occasion pour Voltaire de revenir sur la Révocation de l’Edit de Nantes (interdisant la religion protestante sur le sol français). Cette rencontre permet à Voltaire de dénoncer l’injustice faite aux protestants. Comment Voltaire, en se servant de la naïveté de son personnage, dénonce une injustice et l’intolérance religieuse ? Nous verrons cela en 3 mouvements. Dans un 1er mouvement nous verrons comment Voltaire expose le sort des protestants, dans le 2ème nous parlerons de la question de la responsabilité du sors de protestants et dans le 3ème mouvement nous verrons la contradiction du roi face au Pape. 1 er Mouvement (lignes 23 à 31) : Exposition du sort des protestants Ce 1er mouvement commence par une périphrase « un petit homme noir » pour évoquer l’aspect physique du pasteur, reconnaissable à son habit noir. Voltaire nous rappelle les paroles du pasteur grâce au discours narrativisé : « exposa », « parla », « déplora » … pour informer l’Ingénu de l’erreur politique de Louis XIV. Il résume dans ce discours narrativisé leur situation. Tout d’abord, ils sont exilés : « familles fugitives » avec des persécutions par les « dragons » c’est-à-dire les soldats car ils sont « convertis par les dragons ». L’éloquence de ce « petit homme noir » est concise et efficace. En effet, Voltaire retranscrit les armes de persuasion du pasteur afin de faire adhérer l’Ingénu à sa cause en utilisant des « armes ». Tout d’abord, il utilise des tournures hyperboliques comme « très savamment », « tant d’énergie », « d’une manière si pathétique ». Voltaire montre que le pasteur, pour faire adhérer l’Ingénu à sa cause, utilise des arguments fondés sur le savoir comme la Révocation de l’Edit de Nantes. Il va aussi employer un lexique des sentiments et des émotions : « d’une manière si pathétique » et notamment un exemple effarent de la violence exercée sur les protestants par les représentants du pouvoir royale mis au service du pouvoir religieux : il y a « cinquante mille familles fugitives et de cinquante mille autres converties par les dragons. Toutes ces figures de style dans ce discours éloquent sont efficaces puisque l’Ingénu « verse des larmes » ce qui signifie que la compassion se manifeste physiquement chez l’Ingénu. L’étonnement de l’Ingénu se manifeste par une question qui porte sur l’origine et les causes de cette situation : « D’où vient donc […] qu’un si grand roi, dont la gloire s’étend jusque chez les Hurons, se prive ainsi de tant de cœurs qui l’auraient aimé, et de tant de bras qui l’auraient servi ? ». L’image du roi est valorisée avec l’hyperbole « un si grand roi » mais cette hyperbole peut aussi marquer un peu d’ironie de la part de Voltaire. Ce qui nous est montré, c’est l’étendu du pouvoir du roi et de sa puissance « dont la gloire s’étend jusque chez les Hurons » donc une gloire sans frontières. Donc l’Ingénu a analysé la situation. Il utilise « se prive de » ce qui montre que pour l’Ingénu, c’est bien le roi qui renonce volontairement à ces gens. Il va utiliser une métonymie (désigne le tout par la partie, le contenu par le contenant, elle utilise un mot pour signifier une idée qui lui est associée) pour désigner les protestants : « cœur et bras ». Par la répétition de 2 tournures hyperboliques et la métonymie, Voltaire souligne avec le terme « cœur » la citoyenneté des protestants et avec le terme « bras » leur contribution économique à la marche du pays. Pour Voltaire, le roi s’est amputé une partie de ses sujets nécessaires, utiles au développement économique de l’état et à son fonctionnement. Voltaire explique à travers ses personnages les origines du sort des protestants et dénonce aussi les violences subies par ces derniers. 2 ème Mouvement (lignes 32 à 40) : La question de la responsabilité Pour l’Ingénu, c’est la responsabilité du roi, mais Voltaire va atténuer la responsabilité du roi et lui trouver des circonstances atténuantes. « C’est qu’on l’a trompé », « on lui a fait croire ». Ces 2 expressions montrent que le roi a été trompé, il a été victime de mensonges et s’est fait manipuler. Voltaire emploie aussi un pronom indéfini « on » qui permet aux responsables de rester dans l’anonymat, ils ne sont pas clairement désignés, les coupables sont les mauvais conseillers mais si l’on regarde bien le vocabulaire employé, on voit les verbes « croire », « penser » et l’expression « changer de religion » donc ce vocabulaire suggère de manière sous-entendue que les responsables sont les religieux catholiques et plus particulièrement les jésuites. Il y a aussi une comparaison : « comme […] Lulli » qui désigne indirectement le roi Louis XIV. La locution temporelle « en un moment » liée au verbe « changer » évoque une manière de gérer la politique pas des prises de positions rapides et presque simultanées. La politique royale est donc modifiable à souhait en fonction des intentions des conseillers. « Non seulement il perd déjà cinq à six cent mille sujets très utiles, mais il s’en fait des ennemis ; et le roi Guillaume, qui est actuellement maître de l’Angleterre, a composé plusieurs régiments de ces mêmes Français qui auraient combattu pour leur monarque » : Il y a dans cette phrase la conséquence de ses décisions sans discernement. Voltaire nous montre ici les effets néfastes qui, après avoir été d’ordre économiques, sont aussi d’ordre stratégiques puisque les protestants viennent grossir les troupes étrangères Voltaire soulève donc le paradoxe de la politique française puisque cet exil des protestants se retrouve contre elle. 3 ème Mouvement (lignes 41 à 49) : La contradiction du roi face au Pape Dans cette 1ère phrase, il y a une image forte car Voltaire nous parle de « sacrifice d’une partie de son peuple » ce qui montre que les protestants sont des victimes collatérales de la querelle violente ; le roi ayant voulu récupérer les revenus des évêques pendant leur vacance. La phrase « Ils ont encore tous deux, depuis neuf ans, une querelle violente » montre que Louis XIV ne peut tolérer les interventions du Pape dans la conduite de ses affaires c’est-à-dire les affaires du royaume. Cependant, il se soumet à cette autorité puisqu’il espère « briser le joug qui la soumet ». Il y a une critique implicite (=sous entendue) de Voltaire qui fait le procès de l’ingérence du pouvoir religieux dans les affaires civiles. On note notamment de l’ironie sur la conduite politique des affaires puisqu’il dit « et surtout de ne lui plus donner d’argent, ce qui est le premier mobile des affaires de ce monde ». L’argent est au cœur de la gouvernance de l’état : bien plus que le sort de ses sujets. Le terme « mobile » défini la raison principale motivant les actions du roi. La dernière phrase « Il paraît donc évident qu’on a trompé ce grand roi sur ses intérêts comme sur l’étendue de son pouvoir, et qu’on a donné atteinte à la magnanimité de son cœur » marque la fin de la démonstration du pasteur par l’articulation logique « donc » qui marque la conclusion la certitude. Le pasteur reprend l’argument de la manipulation du roi évoqué au début du discours : « tromper ce grand roi », « c’est qu’on l’a trompé ». Le pasteur atténue la responsabilité du roi dans cette prise de décision. Le roi n’en n’aurait pas mesuré les conséquences à travers la phrase « on a trompé ce grand roi sur ses intérêts comme sur l’étendue de son pouvoir ». Et on voit qu’au final, le passage se termine sur une note positive : « la magnanimité de son cœur ». Conclusion On voit à travers ce passage que l’Ingénu a acquis de nouvelles connaissances sur le contexte politico-religieux de la France de Louis XIV. Il se trouve confronté à une injustice et ce passage sert à Voltaire pour faire un plaidoyer en faveur des protestants et pour la tolérance religieuse. Il évoque donc une des luttes des Lumières. (Réquisitoire = Discours qui condamne -> cadre tribunal) (Plaidoirie = Discours qui défend -> cadre société) uploads/Politique/ explication-l-x27-ingenu 2 .pdf