La Croix -jeudi 12 avril 2018 France 7 François Hollande tire « les leçons du p
La Croix -jeudi 12 avril 2018 France 7 François Hollande tire « les leçons du pouvoir » Notre-Dame-des-Landes, aurait-on pu faire autrement ? tDans un livre intitulé Les Leçons du pouvoir, l’ancien président revisite son quinquennat, défend ses choix, avoue des regrets et parle de son successeur Emmanuel Macron. Onze mois après son départ de la présidence de la République, François Hollande publie Les Le- çons du pouvoir, un livre en forme de bilan, disponible en librairie de- puis hier (1). Cet ouvrage, il l’avait déjà en tête au moment de quitter l’Élysée, le 14 mai 2017. Trois jours avant la passation des pouvoirs à Emmanuel Macron, il confiait son désir d’« écrire, oui, mais pas tout de suite », non pas pour régler des comptes mais pour analyser « l’exercice du pouvoir ». Juste après le congrès du Parti socialiste et quelques semaines avant le premier anniversaire de l’entrée de son successeur à l’Ély- sée, François Hollande revient donc pour dire ses vérités. « Tout ce qui fut décidé dans ce quinquen- nat l’a été par moi, écrit-il en in- troduction. Succès et échecs, re- dressement réussi ou occasions manquées : tout m’incombe. » En dix-huit chapitres et autant de verbes, de « présider » à « espé- rer », l’ancien chef de l’État fait le récit de ses choix. « Non pour me justifier, non pour défendre un bi- lan qui avec le temps se défendra tout seul, dit-il. Mais pour faire œuvre civique. » Décrivant le « pouvoir exor- bitant » en même temps que la « solitude constitutionnelle » du président de la Ré- publique, François Hollande défend une nouvelle fois sa conception d’une pré- sidence « normale », et non « banale », fon- dée sur le « respect » et la « transparence ». Et se défend de toute hésitation ou manque d’autorité : « Dans l’art de la décision, je consi- dère que tout est af- faire de circonstances et de contexte. » Sans surprise, l’ancien chef de l’État estime que ses orienta- tions économiques pour redres- ser les comptes publics étaient les bonnes. « Pas d’états d’âme » sur ce point, ni sur celui d’engager un « pacte de responsabilité » avec les entreprises en 2014. En revanche, François Hollande concède plu- sieurs « regrets ». Sur le projet de déchéance de nationalité après les attentats de novembre 2015, il avoue celui d’avoir « sous- estimé l’impact émotionnel ». Regret aussi sur « l’épreuve de la loi travail », sur laquelle il admet avoir commis une « erreur de méthode et de calen- drier ». Regret enfin de « ce qu’on n’a pas fait » : François Hollande estime qu’il a manqué d’« audace » en n’autorisant pas la procréation médicale- ment assistée pour les couples de femmes, et de « volonté » en ne te- nant pas sa promesse d’accorder le droit de vote aux étrangers non européens aux élections locales. L’ancien président revient longuement sur son action exté- rieure, en particu- lier l’intervention au Mali, mais aussi sur les frappes non engagées en Sy- rie en 2013, en raison de la « dé- robade américaine ». Il décrit ses relations avec Angela Merkel, Ba- rack Obama ainsi qu’avec Vladimir Poutine, qui « ne respectait que la force ». Et trace de petits portraits de ses ministres, en particulier Bernard Cazeneuve qui « parle tout bas, ce qui lui donne de la hau- teur ». C’est dans la dernière partie de son livre que François Hol- lande évoque les relations com- plexes avec son successeur, Em- manuel Macron, qui a d’abord été l’un de ses conseillers avant de devenir l’un de ses ministres. Un homme qu’il décrit « sou- riant, vif, rapide, cultivé, qui sait séduire son interlocuteur en de- vinant vite ce qui sera agréable à son oreille ». L’ancien président révèle la teneur de leurs conversations au fur et à mesure que mon- tait l’ambition de l’actuel chef de l’État. L’histoire d’une trahi- son. « J’ai pour principe de faire confiance et de croire dans les démarches collectives, souligne François Hollande. Je sais d’où je viens, à quelle histoire j’appar- tiens et quelles valeurs je défends. D’autres croient que dans le ciel ne luit qu’une seule étoile, la leur, que tout est affaire de chances et de circonstances, et qu’ils ne sont liés à rien ni à personne. J’ai tou- jours admis la compétition poli- tique. Mais je pense qu’elle doit se livrer au grand jour et s’assumer franchement. Convenons que ce ne fut pas le cas. » Corinne Laurent (1) Éd. Stock, 407 p., 22 €. tDe très violents affrontements entre gendarmes et zadistes ont eu lieu hier sur la ZAD. Les occupants de la zone se disent trahis par les autorités. Depuis mardi, l’opération d’éva- cuation de la ZAD de Notre-Dame- des-Landes est entrée dans une phase à hauts risques. Des heurts ont éclaté hier encore entre gen- darmes mobiles et zadistes, fai- sant plusieurs blessés de part et d’autre, et les opposants histo- riques, scandalisés par l’ampleur des destructions, battent le rap- pel de leurs soutiens. Le député LREM de Maine-et-Loire Matthieu Orphelin a appelé dès hier à une « pause dans l’opération ». Les zadistes et leurs soutiens dénoncent une opération « dis- proportionnée » (2 500 gendarmes déployés) qui obère les possibili- tés de dialogue entamées entre la préfecture et les porteurs de pro- jets ruraux sur la ZAD. En annon- çant la fin du projet d’aéroport le 17 janvier dernier, le gouverne- ment avait dès le départ signalé aux zadistes n’ayant pas de pro- jet agricole sur le territoire qu’ils devraient quitter les lieux à la fin de la trêve hivernale. Après des années d’atermoiements sur ce dossier, le gouvernement pouvait difficilement faire autrement que de montrer sa volonté de rétablir l’état de droit. Le maire de Notre- Dame-des-Landes, Jean-Paul Naud, qui était fermement opposé au projet d’aéroport, a même re- connu qu’il attendait que l’État in- tervienne pour rétablir une situa- tion normale. « Cette zone humide que nous avons voulu protéger ne peut pas accueillir 300 personnes, plaide-t-il. Les habitants de la com- mune aspirent à retrouver leur tranquillité. » En procédant à des expulsions partielles (de 30 à 40 squats sont visés sur les 97 recensés à l’inté- rieur de la zone) et non à une éva- cuation globale, le gouvernement a voulu éviter de répéter l’opéra- tion « César » de 2012, qui avait échoué après de violents affron- tements. La préfecture a donc an- noncé circonscrire l’opération aux abords de la D281, la route « des chicanes », en vue de la sécuriser pour rétablir la circulation. Sauf que la destruction du lieu de vie des « 100 Noms », où étaient dé- ployés plusieurs projets agricoles, a mis le feu aux poudres. « Les squats de construction précaire (la bergerie des » 100 Noms » était en bois, NDLR) n’ont pas de place dans une zone agricole et humide », a in- diqué la préfecture, justifiant aussi les destructions par « l’absence de projet agricole sérieux et de volonté d’entrer dans l’état de droit ». Car une autre condition posée depuis le début par les autorités au maintien sur place est la pré- sentation de projets agricoles in- dividuels, alors que l’ensemble des zadistes réclamaient une gestion collective des terres, via la création d’une association. Des chrétiens du diocèse de Nantes engagés contre l’aéroport ont eux aussi appelé à « respecter le choix légitime de projets collec- tifs, qui sont d’ailleurs une tradi- tion dans le milieu agricole ». Ils se réfèrent à l’encyclique du pape Laudato si’, invitant à « facili- ter des formes de coopération ou d’organisation communautaire qui défendent les intérêts des pe- tits producteurs et pré servent les écosystèmes locaux de la dépréda- tion ». Pourquoi le gouvernement n’a-t-il pas retenu cette solution ? « On ne pouvait pas à la fois obte- nir le retrait de l’aéroport et une gestion collective des terres », commente une observatrice du dossier, qui regrette que les za- distes n’aient pas fait preuve de souplesse pour préserver les ex- périmentations en cours. Florence Pagneux « Les habitants de la commune aspirent à retrouver leur tranquillité. » essentiel Santé T Plus de 1 500 cas de rougeole répertoriés Depuis début 2018, le nombre de cas de rougeole a dépassé 1 500, a annoncé hier Santé publique France. L’agence fait état de 1 527 cas. Depuis novembre, la maladie a connu une « recrudescence » qui n’a toujours pas été enrayée. La région Nouvelle‑Aquitaine concentre 51 % des cas iden- tifiés. Les autorités appellent les personnes nées après 1980, plus vulnérables à ce virus, à vérifier leur vaccination. Écologie T Emmanuelle Pagano lauréate du prix du roman d’écologie Le prix du roman d’écologie (le « Pré »), décerné pour la première fois cette année, l’a été à Emmanuelle Pagano pour Saufs riverains (P.O.L). Son livre raconte l’histoire d’une vallée du sud de la uploads/Politique/ la-croix-e-pagano-laure-ate.pdf
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- Publié le Jui 26, 2022
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