Chapitre 7 : La fin de la guerre d'Algérie. Evocation historique 1962. L'année
Chapitre 7 : La fin de la guerre d'Algérie. Evocation historique 1962. L'année 1962 verra la fin de la guerre d'Algérie sur fond de guerre civile d'une rare violence. Celle-ci met aux prises le pouvoir et l'O.A.S. qui sévit, à la fois, en métropole et dans les grandes villes d'Algérie, surtout d'Alger et d'Oran, tandis que le bled reste relativement calme. Pour le pouvoir, l'ennemi principal a changé de camp. Ce n'est plus le F.L.N. avec qui sont menées des tractations qui vont aboutir aux accords d'Évian le 19 mars 1962, mais l'O.A.S. qui, se réclamant de l'Algérie française, pratique la politique du pire sur fond de peur et de désespoir des Pieds-noirs. Mais qu'était l'O.A.S. ? Il y a eu le Putsch en avril 1961. L'O.A.S. en est la queue de comète, organisée par les déçus de cette opération manquée. Elle regroupe, sous la houlette de Jean-Jacques Susini, ancien président des étudiants d'Alger, auréolé du procès des barricades, de Martel, un illuminé au style de croisé et de Salan, l'ancien commandant en chef, des officiers supérieurs comme Arnoud, Goddard, Jobert ...qui ont franchi le Rubicon ou d'anciens capitaines. D'aucuns appèleront ces derniers le soviet des capitaines1.. S'y ajoutent des jeunes civils des classes préparatoires à Saint-Cyr, épaulés par d'anciens légionnaires, des anciens d'Indochine ou de l'Action française ou des jeunes Européens désœuvrés qui veulent en découdre. Quel est leur dénominateur commun ? La haine de De Gaulle qui se prépare à brader l'Algérie. Pour eux, il est donc l'homme à abattre ainsi que tous ceux qui appliquent sa politique. Dans cette catégorie, sont inclus en premier lieu, ceux que l'on nommait alors les "barbouzes", les exécuteurs des basses œuvres du pouvoir dans la lutte anti-O.A.S.. Que veut cette troupe hétéroclite ? L'Algérie française ! Mais cette notion recouvre des aspects bien différents. Certains Européens rêvent du statu quo. Des Susini ou Martel, dans leur for intérieur, aspirent à un changement de régime d'où la démocratie serait sans doute absente. Quant aux militaires, la plupart veulent une France grande et forte dans laquelle l'Algérie a sa place. Ils n'ont pas peur d'y intégrer les Musulmans de façon démocratique. À l'occasion, se mêle à cette lutte, la vieille animosité de certains Européens contre les Arabes qui peut expliquer le côté aveugle de certains attentats. Confusément, à l'instar du F.L.N., ils recherchent, par le terrorisme, une reconnaissance qui leur permettrait de s'asseoir à la table des négociations, car les Européens en sont exclus. (Ils ne pourront même pas se prononcer sur le référendum décidant de leur sort). Ils pensent pouvoir y associer le M.N.A.. Il y a cependant des divergences dans l'appréciation des objectifs : " Pourrir la situation, constituer une force crédible. Les objectifs de l'O.A.S. sont là. Pour y accéder, les idées des chefs ne concordent pas obligatoirement. Les plus absolus, Susini, Degueldre, Le Pivain verraient même volontiers Alger se transformer en Budapest 1956. Ils savent que les révolutions impliquent du sang. Les autres chefs de file sont plus réservés." Extrait de "la guerre d'Algérie" de Pierre Montagnon dont je me suis inspiré pour établir cette synthèse simplifiée. Celle-ci ne traduit qu'imparfaitement la complexité de ce mouvement qui a 1 Certains, comme le capitaine Le Pivain, avaient été mutés en Allemagne à la suite du putsch et avaient déserté par la suite. regroupé, ce qui, avec le recul du temps, paraît invraisemblable, entre autres, des officiers de grande valeur, idéalistes, courageux, déçus et sans doute aveuglés par l'inanité de sept ans de guerre. L'action de l'O.A.S. et son tragique bilan démontrent à quel point, le type de conflit auquel nous avons été confrontés, peut être destructeur et faire perdre la raison, l'esprit critique ou le sens de l'humain, même à des hommes ayant, au départ pourtant, une haute idée de la valeur civilisatrice de leur mission. La passion, la fureur d'avoir été trahis et de voir sacrifié tout ce que la France avait patiemment bâti pendant plus d'un siècle, alors qu'aucune cause ne justifie et n'excuse le terrorisme, les a poussés à commettre ou à cautionner l'irréparable et même l'impensable : exactions relevant de la politique de la terre brûlée ou s'apparentant au nihilisme, attentats aveugles, mitraillages dans les hôpitaux, bombes dans les ports etc... Alors que beaucoup d'entre nous ignorions l'histoire de la conquête de l'Algérie ou nous interrogions sur le bien-fondé de cette guerre, la lutte contre la barbarie et la neutralisation du terrorisme avaient pu, à bien des égards, justifier, à nos yeux, la légitimité de notre engagement sur place. Ce retournement de situation nous a traumatisés, atterrés et blessés. Que le pouvoir, après nous avoir chargés, pendant sept ans, de combattre par tous les moyens le F.L.N. qui utilisait la terreur pour arriver à ses fins, le trouve maintenant, non seulement fréquentable en négociant avec ses représentants, mais lui abandonne tout, face à ses exigences, sans aucune garantie, fut également pour beaucoup un choc et une amère désillusion. La chronologie suivante, puisée dans le site de l'Amicale des anciens combattants d'A.F.N., résume de façon bien imparfaite la situation dévastatrice dans laquelle prend fin ce conflit qui représente, sans aucun doute, une des plus honteuses pages de notre histoire. Non seulement, les commandos de l'O.A.S. s'en prennent à des innocents, mais les Pieds-noirs, (ils seront près d'un million), doivent, en quelques mois, s'exiler de façon massive dans des conditions indécentes vers une France qui ne les attend pas. Précédemment ou simultanément, bon nombre de Pieds-noirs sont massacrés sur place sans, parfois, que l'armée réagisse. Pire : les Harkis et Moghaznis qui avaient cru en notre parole, sont désarmés par nos soins et abandonnés. Ils seront par la suite massacrés par dizaines de milliers. À la lecture de cette chronologie, le lecteur comprendra pourquoi la date du 19 mars2 1962, indépendamment du fait qu'en Algérie, depuis le 19 mars 1963, cette journée est décrétée "Fête de la Victoire ", ne peut correspondre à une date dont il convient de garder la trace dans la mémoire pour honorer nos morts. Il s'agit d'une date rappelant la signature d'un traité qui n'a jamais été respecté, qui souligne en trait rouge de sang, l'inanité du sacrifice de ceux des nôtres qui sont morts pour défendre une Algérie qui, en définitive, a été abandonnée à nos adversaires dans les pires conditions qui soient. Ce résumé, que d'aucuns pourront peut-être trouver partial et trop développé, n'a pour objectif que de faire comprendre, de façon assez pâle, le reflet d'une situation tragique et l'amertume de ceux qui, sur ordre de nos gouvernants, sont allés sur place non seulement pour rien, mais dont l'action et les sacrifices sont présentés de nos jours, par certains, sous un angle exclusif, manquant de vue d'ensemble, que ceux de ma génération entendent réfuter. 3 janvier. Dans la nuit du 3 au 4, un affrontement armé entre O.A.S. et F.L.N. fait 19 morts à Oran. 4 janvier. Un lieutenant du 43° RI, déserte et rejo int les rangs de l'O.A.S. avec les armes de sa section. 6 janvier. Le P.C.F. organise une manifestation anti-O.A.S. après l'attaque de son siège, à Paris, le 4 janvier, par un commando de l'organisation clandestine. 8 janvier. Le colonel Château Jaubert rejoint l'O.A.S., et prend le commandement O.A.S. de Constantine. 11 janvier. 18 Attentats terroristes à Alger (F.L.N. et O.A.S.). 18 janvier. 17 attentats O.A.S. sont perpétrés à Paris. 19 janvier. Deux membres importants de l'O.A.S. d'Alger, sont exécutés par leurs pairs, pour être entrés en contact avec les autorités françaises en vue de négocier la partition proposée par Alain Peyrefitte. 22 janvier. Le quai d'Orsay est plastiqué par l'O.A.S.. 25 janvier. Les postes militaires dans le Bled sont supprimés et les troupes repliées sur la côte. 27 janvier. Reprise des négociations Franco-F.L.N.. 29 janvier. Sous l'effet d'un conteneur piégé par l'O.A.S., la « villa d'Andréa, » P.C. des « anti-O.A.S. », du S.A.C., à Alger, est entièrement détruite faisant 21 morts et 4 blessés, dont deux O.A.S. prisonniers dans la cave de la villa. 2Accord d'Évian 18 mars 1962 . Accord de cessez-le-feu en Algérie Article 1 - Il sera mis fin aux opérations militaires et à toute action armée sur l'ensemble du territoire algérien le 19 mars 1962, à 12 heures. Article 2 - Les deux parties s'engagent à interdire tout recours aux actes de violence collective et individuelle. Toute action clandestine et contraire à l'ordre public devra prendre fin. Article 3 - Les forces combattantes du F.L.N., existant au jour du cessez-le-feu se stabiliseront à l'intérieur des régions correspondant à leur implantation actuelle. Les déplacements individuels des membres de ces forces en dehors de leur région de stationnement se feront sans armes. Article 4 - Les forces françaises stationnées aux frontières ne se retireront pas avant la proclamation des résultats de l'autodétermination. Article 5 - Les plans de stationnement de l'armée française en Algérie prévoiront les mesures nécessaires pour éviter tout contact entre les forces. Article 6 - En vue de régler les problèmes relatifs à l'application du cessez-le-feu, il est créé uploads/Politique/ la-fin-de-la-guerre-d-x27-algerie.pdf
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- Publié le Aoû 16, 2021
- Catégorie Politics / Politiq...
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