LÀ SERBIE ET L'EUROPE (1914-1918) EXPOSÉ DE LA POLITIQUE SERBE PAR DES PUBLICIS

LÀ SERBIE ET L'EUROPE (1914-1918) EXPOSÉ DE LA POLITIQUE SERBE PAR DES PUBLICISTES SERBES PREFACE nu D-- Lazare MARCOVITCH Professeur a l'Université de Belgrade GENEVE — BALE — LYON GEORQ & C'», Libraires -JEditeurs 1 91 9 PREFACE Le présent livre est un essai modeste d'exposer dans son ensemble la politique de la Serbie pendant la guerre. Il ne s'agit pas d'une étude proprement dite sur la politique serbe, mais simplement d'un recueil d'articles publiés dans le journal « La Serbie », depuis 1916 jusqu'en 1919, au moment de la Conférence. Un recueil bien restreint en somme, mais qui donne un aperçu de l'idéal qui nous a guidés dans notre lutte nationale. C'est une histoire politique de la Serbie en minia- ture que Von retrouve dans ces articles, histoire utile à con- naître précisément à l'heure où la Conférence de la paix est en train de décider du sort de notre nation. Comme les lecteurs auront l'occasion de s'en apercevoir, la diversité des collaborateurs n'a pas enlevé au livre le caractère d'un tout organique, ce qui constitue une preuve de plus de l'unité et de la droiture de notre politique. Un trait essentiel caractérise, en effet, toute l'attitude du peuple serbe avant et pendant le conflit mondial, et ce trait c'est la vision claire du danger germanique et la détermination ferme et inébranlable de la Serbie de lui résister à tout prix et de sacrifier tout à la défense de son indépendance politique et économique. L'Europe n'avait pas saisi la politique serbe, et lorsqu'elle montrait, à des moments exceptionnels, plus de compréhension pour nos affaires, elle le faisait à contre-cœur et avec un dépit manifeste. L'erreur commise par la diplomatie européenne ne concernait pas précisément l'existence d'un danger germani- que — on s'en apercevait bien à Paris, à Londres et à Rétro- grade — mais plutôt l'estimation de l'effort germanique en Orient. Les deux expansions parallèles allemandes, lune paci- fique sous la forme de pénétration économique, l'autre agres- sive et arrogante, avaient pris depuis longtemps la direction de l'Orient, mais ce fait capital n'avait pas été jugé comme il convenait par la diplomatie alliée. Malgré les expériences des 2045451 II guerres balkaniques, on continuait à négliger les Balkans et Von se prétait au jeu de Ferdinand de Cobourg et de ses servi- teurs dociles. La diplomatie ententiste na pas su discerner entre amis et ennemis, négligeant ainsi un élément important du problème oriental et laissant les choses prendre une tour- nure plutôt tragique. Le désastre serbe de 1915 aurait été évité si l'Entente avait encouragé la Roumanie et la Grèce à demeu- rer sur le terrain du traité de Bucarest de 1913, au lieu de les inciter à s'entendre avec les Bulgares et à se désintéresser ainsi peu à peu du bloc antibulgare, partant antiallemand, formé à Bucarest en 1913. Nous n'avons pas manqué de juger sévèrement, dans notre journal, la politique antibalkanique de la Roumanie et celle du roi Constantin de Grèce, mais on serait injuste si l'on ne rap- pelait pas qu'une grande part de culpabilité retombe aussi sur l'Entente et sur ses illusions bulgarophiles. Il faut espérer que les erreurs du passé serviront d'enseignement non seulement aux peuples balkaniques, mais aussi et surtout aux puissances démocratiques occidentales. Après avoir exposé la politique serbe proprement dite, ce livre s'occupe, chapitre II, de l'Union serbo-croate-slovène, inscrite comme programme à toutes les pages de l'histoire du Royaume de Serbie. En connexion immédiate avec l'union sud- slave, nous avons retracé, dans le chapitre III, notre lutte contre rAutriche-Hongrie, lutte menée principalement dans le but d'orienter l'opinion publique alliée, infectée d'une austrophilie extraordinaire. Toutes nos prévisions sur VAutriche-Hongrie se sont réalisées et tous nos jugements sur le sort de la Monar- chie ont été confirmés par les événements. Quant à nos rapports avec la Bulgarie, ils sont traités dans le chapitre IV avec toute l'ampleur qu'ils méritent. Nous avons tenu à éclairer l'Europe sur les vrais mobiles de la politique bulgare et nous croyons y avoir réussi. En tout cas, les docu- ments que nous fournissons à l'appui de nos affirmations méri- tent de retenir l'attention particulière de tous les bulgarophiles de bonne foi. Le chapitre suivant est consacré à la question des rapports italo-serbes. La modération et l'esprit de conciliation dont nous avons toujours été inspirés à l'égard de l'Italie, malgré les m erreurs et les faux calculs de la diplomatie italienne, se déga- gent de la lecture de tous nos articles. Nous avons cru trouver en ritalie une amie et une alliée ; nous voyions en l'Italie la patrie de Mazzini. Et voici que nous sommes obligés de cons- tater, après quatre années de tentatives infructueuses, que l'Italie ne fait que suivre la même politique triplicienne prati- quée auparavant en compagnie de l'Autriche et continuée main- tenant sans l'Autriche. C'est le point le plus noir à Vhorizon sudslave, cette tentative italienne de compromettre notre avenir, en s'annexant de larges territoires de notre sol national. Les chapitres YI à X sont consacrés à l'Allemagne, à la Russie, à la Roumanie et à la Grèce, et enfin aux souffrances de noire peuple sous des régimes étrangers. Notre point de vue dans toutes ces questions se trouve en accord parfait avec les lignes directrices de la politique serbe. L'Europe n'a pas suffisamment apprécié cette fermeté serbe qui constitue pour- tant un exemple merveilleux de la sagesse et de Vintelligence des hommes d'Etat serbes qui ont conduit la Serbie dans toutes les péripéties par lesquelles elle a dû passer avant de réaliser son programme national, l'union de tous les Serbes, Croates et Slovènes en un royaume indépendant, sous les Karageor- gévitch. L'union sudslave est un fait politique de premier ordre. Mais il ne faut pas penser que nous ne nous apercevons pas des nombreuses difficultés qui entraveront longtemps encore le libre développement de nos forces nationales. La tâche prin- cipale de notre peuple se trouve dans le domaine intérieur. Uorganisation politique, économique et sociale de notre Etat nationalement uni est une œuvre formidable qui appelle le concours de toutes les intelligences et de toutes les initiatives. Une grande épreuve est encore réservée à notre héroïque nation. Il faut espérer quelle sera surmontée et que le peuple, après tant de souffrances physiques et morales, trouvera enfin du repos pour s'adonner au travail pacifique et à sa culture. Notre plus grand souci, à l'heure actuelle, est celui d'une vie coordonnée à l'intérieur. Si nous sommes consolidés à Vinté- IV rieur, nous saurons et nous pourrons affronter tous les dangers et toutes les injustices de l'extérieur. Nos ennemis nous guet- tent, attendant de notre désorganisation intérieure des profits pour la réalisation de leurs buts impérialistes. La haute cons- cience nationale dont notre peuple a donné tant de preuves admirables, pourra surmonter, nous en sommes convaincus, toutes ces difficultés et le conduira vers un avenir heureux et glorieux. Paris, mars W19. D'' L. MARCOVITCH. NOMS DES COLLABORATEURS 1. CÉMOVITCH, Markô, avocat, ancien consul général. 2. CHERVIN, Arthur, professeur, publiciste. 3. CVIÉTICHA, Frano, publiciste. 4. FABIANTCHITCH, Vladislav, publiciste (Slovène). 5. FRANÇOIS, Alexis, professeur à l'Université de Genève. 6. aEORGÉVlTCH, Tihomir, professeur à l'Université de Belgrade. 7. GMEINER, Ivan, docteur en droit, avocat (Croate). 8. QRBA, Milovan, docteur en philosophie, professeur. 9. KOSSITCH, MiRKO, docteur es sciences sociales. 10. KUHNE, Victor, docteur en médecine, privat-docent à l'Université de Genève. 11. MARCOVITCH, Lazare, docteur en droit, professeur à l'Université de Belgrade. 12. MARINCOVITCH, Michel, avocat, publiciste. 13. NOVACOVITCH, Miléta, docteur en droit, professeur à l'Université de Belgrade. 14. PERCOVITCH, Lioubo, docteur en droit, publiciste. 15. POLITICUS, publiciste de Belgrade. 16. POPOVITCH, LiouBOMiR, docteur es sciences économiques, publiciste. 17. PROTITCH, Stovan, Ministre-président du Royaume serbo-croate-slovène. 18. REISS, R.-A., professeur à l'Université de Lausanne. 19. SALVEMINI, Gaetano, professeur d'Université. 20. SAVADJIAN, Léon, publiciste. 21. SRCHKITCH, Milan, docteur en droit, avocat. 22. STANOYÉVITCH, Stanoïé, docteur en philosophie, professeur à l'Université de Belgrade. 23. TADITCH, Malicha, publiciste. 24. TOMITCH, Vovan, de l'Académie Royale de Belgrade. 25. VASSITCH, Miloïe, docteur en philosophie, professeur à l'Université de Belgrade. 26. VOÏNOVITCH, Louis, comte, ancien Ministre. 27. VOSNIAK, BoGUMiL, docteur es sciences politiques, professeur à l'Univer- sité de Zagreb (Slovène). 28. R. (rédacteur au journal La Serbie). 29. X. (rédacteur au journal La Serbie). LA SERBIE ET L'EUROPE Les Empires germaniques, qui ne cessaient de se plaindre de leur situation géographique défavorable, de leur position « centrale » exposée aux attaques ennemies, avaient réussi, au cours du XEX^ siècle, à s'aggrandir et à s'arrondir considéra- blement de tous les côtés, aux dépens et au grand détriment des autres peuples, principalement des peuples slaves. Après une période de consolidation intérieure, de développement écono- mique et d'armement formidable, les Empires du centre se décidèrent à une nouvelle avance, sur terre et sur mer. Sur le continent, ils voulaient établir une communication allemande Hambourg-Constantinople-Bagdad. Sur l'Océan, ils demandaient « la liberté des mers », c'est-à-dire la destruction de la prédo- minance maritime britannique et l'établissement de la domi- nation allemande. Pour les plans d'expansion allemande en Asie-Mineure, la Serbie représentait toutefois un uploads/Politique/ la-serbie-et-l-x27-europe-1914-1918-expose-de-la-politique-serbe-par-des-publicistes-serbes-1919-lazare-marcovitch.pdf

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