L’économie politique internationale La discipline L’EPI est une discipline univ
L’économie politique internationale La discipline L’EPI est une discipline universitaire reconnue, du moins dans le monde anglo-saxon. Elle possède un ensemble cohérent de propositions et de concepts, de théories et de programmes de recherche2. Elle s’autonomise en tant que discipline vis-à-vis des relations internationales à partir des années 1970, lorsque l’économie internationale connaît une série d’évolutions qui conduisent à poser la question du déclin relatif de la puissance américaine face à l’émergence de nouveaux compétiteurs économiques (Japon et Allemagne). Cela conduira à inscrire au centre de l’agenda de recherche de l’EPI la question de la puissance, de ses fondements économiques et de la façon dont les stratégies de puissance influent sur les relations économiques internationales. De fait, le premier choc pétrolier, la fin des Accords monétaires de Bretton Woods et le climat de détente entre l’URSS et les Etats-Unis conduisent à relativiser les enjeux de sécurité internationale au profit de la réflexion sur la stabilité économique internationale. La définition La définition canonique de ce qu’est l’EPI est donnée par Robert Gilpin selon lequel elle traite de « l’interaction réciproque et dynamique dans les relations internationales entre l’accumulation de la richesse et la poursuite de la puissance ». Ces interactions sont le plus fréquemment envisagées sous l’angle de l’opposition entre l’Etat (associé au phénomène de puissance) et le marché (associé à la création de richesse). En effet, toujours selon R. Gilpin, « dans le monde moderne, l’existence parallèle et l’interaction mutuelle de l’Etat et du marché créent l’économie politique »3. Mais il n’y a aucune raison de limiter les rapports de forces aux relations interétatiques. Au contraire, le champ des relations de pouvoir, les combinaisons d’effets asymétriques et l’inégalité des unités en présence embrassent l’ensemble des acteurs nationaux et internationaux. La transnationalisation des activités productives, commerciales et financières, l’apparition de dynamiques intégratives privées (firmes-réseaux, globalisation financière, etc.) et publiques (processus de régionalisation, accords internationaux, internationalisation du droit, etc.) ont renouvelé mais n’ont pas mis fin à la problématique de la double articulation entre le national et l’international, et entre l’économique et le politique Les paradigmes fondateurs et leur évolution Comme toute discipline sociale, l’EPI a été le produit et a produit un ensemble de discours fournissant, chacun selon sa logique propre, un éclairage particulier de la réalité, apportant ainsi des connaissances sur un problème donné. L’Economie politique ( DITE ) réaliste A l’instar du mercantilisme d’où il puise son origine, la thèse sous-jacente au réalisme est que les Etats-nations, acteurs principaux des relations économiques internationales, poursuivent des buts de puissance. Le réalisme repose sur quatre hypothèses fondamentales : i) les Etats sont les acteurs clés du système international ; ii) les Etats peuvent être traités comme des unités homogènes guidées par leurs intérêts ; iii) les Etats agissent de façon rationnelle dans la défense de leurs intérêts et iv) l’anarchie au niveau international signifie que l’antagonisme des intérêts interétatiques peut conduire à des situations de conflit et de coercition9. Ainsi l’EPI réaliste estime-t-elle que les Etats (agents rationnels) ont pour objectif inter-temporel la maximisation de leur fonction de puissance par l’accumulation de capacités (capabilities). On regroupe sous ce terme très générique l’ensemble des moyens qui permettent à un Etat d’exercer plus d’influence sur ses partenaires-rivaux qu’il n’en subit de leur part10. Puisque c’est une logique de puissance qui conditionne l’évolution des relations économiques internationales, l’économie est instrumentalisée en vue d’atteindre des objectifs de puissance. Selon une séquence partant du politique vers l’économique, l’économique est un moyen et non un but. Les relations économiques internationales sont construites par les structures de la puissance, c’est-à-dire la répartition de la puissance au niveau international. A titre d’exemple, les organisations internationales sont des instruments au service des intérêts des grandes puissances. Aussi les conflits de puissance entre les Etats sont-ils la norme. Ils impulsent une dynamique conflictuelle à l’économie internationale. C’est « l’équilibre de la puissance » qui confère à l’international sa stabilité ou son instabilité. Les domaines, le contenu et l’agenda de la coopération internationale dépendront de « l’équilibre de la puissance ». L’économie politique libérale L’EPI libérale apparaît comme le prolongement de l’économie politique néoclassique. Elle analyse le politique selon une grille de lecture identique à l’économique, c’est-à-dire une analyse coûts– avantages. L’EPI libérale est avant tout une critique de la nature de l’Etat telle qu’envisagée par l’EPI réaliste. Les Etats sont des acteurs pluralistes, et non unitaires, motivés par la défense de leurs intérêts en termes de richesse et de bien-être, de fait le bien-être de leurs concitoyens. L’Etat est subordonné aux individus dans l’analyse des phénomènes internationaux et au-delà des Etats-nations, il y a les individus qui composent ces Etats nationaux. Dès lors, les Etats ont intérêt à établir des règles et des systèmes de régulation permettant le fonctionnement des différents marchés (marchés des biens et services, marchés des capitaux, marchés des changes), le respect de la concurrence et la fourniture des biens publics internationaux non pas pour des raisons de puissance mais parce que cela accroît la richesse (le bien-être) de certains groupes sociaux. L’EPI libérale estime que c’est une logique d’intérêt (maximisation du bien-être) qui structure les relations économiques internationales. Ainsi les catégories collectives sont-elles exclues de l’analyse. Des notions comme l’économie nationale, le système international, la compétitivité nationale, etc., sont frappées de non-sens. Cette logique de l’intérêt conduit les acteurs à coopérer entre eux en vue d’atteindre des objectifs de richesse. C’est donc une configuration de coopération internationale qui prévaut au détriment de l’équilibre des puissances, tous les Etats gagnant à la coopération. Les relations économiques internationales constituent ainsi un jeu à somme positive (win-win set). La coopération est nécessaire pour maximiser les bénéfices éventuels et minimiser les dysfonctionnements possibles de l’interdépendance. En guise de conclusion : perspectives sur l’Economie politique internationale aujourd’hui L’interdépendance complexe et la globalisation des économies ont complexifié les problèmes auxquels sont confrontés les acteurs. Il en a résulté une multiplication des problématiques et un éclatement des grands paradigmes et schémas explicatifs. Il en a également résulté un élargissement des domaines étudiés préjudiciable à la discipline. Si nous repartons du point de départ de notre présentation, à savoir la définition de l’Economie politique internationale en tant que discipline s’interrogeant sur les interactions dynamiques et réciproques entre la recherche de puissance et l’accumulation de richesse : 1 ) l’EPI étudie les relations économiques de production et d’échange : (production et firmes internationales, commerce, finance) et les rapports économiques internationaux (aide publique au développement, négociations économiques internationales, relations Nord-Sud) ; 2 ) il est possible d’établir que « faire » de l’Economie politique internationale aujourd’hui revient à s’intéresser à deux agendas de recherche30. Détaillons cette dernière assertion: Le premier agenda est celui des préférences et comportements d’acteurs. Cet agenda porte son attention sur la formation des préférences des acteurs, de tous les acteurs impliqués dans les relations économiques internationales. En ce sens, l’EPI s’est éloignée du stato-centrisme pour s’intéresser à d’autres acteurs en mesure de définir, d’orienter et d’influencer la coopération économique internationale. Il en ressort une pluralité de facteurs déterminant les préférences des acteurs d’où un éclectisme méthodologique renforcé par la multiplication des objets d’études. Cet agenda prolonge la réflexion en se focalisant non seulement sur l’explication des comportements des acteurs mais sur l’évaluation de ce comportement et ses conséquences, ce qui le conduit à des analyses normatives, particulièrement pour ce qui est de l’EPI hétérodoxe. La « banalisation » de l’Etat, l’émergence de la Chine, la crise du subprime et ses prolongements ont conduit à reformuler le questionnement sur la puissance, problématique historique de l’EPI. Celle-ci réserve désormais une place aux facteurs intangibles, aux rôles des réseaux non et infra étatiques comme composants de la puissance d’un Etat. Le second agenda renvoie aux systèmes de gouvernance qui A )structurent, B )régulent et C) organisent les différentes économies politiques internationales Cet agenda s’interroge tout autant sur l’existence deces systèmes de gouvernance que sur leur absence et ce que cela révèle en matière de rapports de puissance et de richesse. Il s’interroge sur la faiblesse des régulations supranationales dans un contexte d’intégration internationale croissante et sur le paradoxe de la multiplication des traités, accords et conventions alors que la gouvernabilité de l’économie internationale ne semble pas s’améliorer. Ainsi l’analyse fait-elle place à l’existence d’une concurrence normative interétatique mais également publique/privée, au fait que les Etats adoptent des accords qui aboutissent in fine à réduire leur capacité de régulation ou leur autonomie politique, ce que la théorie des régimes ne permettait pas de saisir. Le terme de gouvernance ne doit pas masquer l’hétérogénéité des enjeux, des procédures de régulation et des conséquences en termes de richesse et de puissance sous-jacents aux négociations internationales. Cet agenda s’intéresse aux mécanismes inédits de régulation et à l’articulation des niveaux de régulation du local vers le global uploads/Politique/ la-synthese-essentielle-epi-1.pdf
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- Publié le Jui 24, 2021
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