BIBLIOTHÈQUE DES SCIENCES ÉCONOMIQUES & SOCIALES JEAN CONNAY LE COMPAGNONNAGE S
BIBLIOTHÈQUE DES SCIENCES ÉCONOMIQUES & SOCIALES JEAN CONNAY LE COMPAGNONNAGE Son Histoire == Ses Mystères PRÉFACE DE Léon et Maurice BONNEFF PARIS LIBRAIRIE DES SCIENCES POLITIQUES ET SOCIALES Marcel RIVIÈRE 31, rue Jacob et 1, rue. Saint-Benoît 1909 » BIBLIOTHEQUE DES Sciences Économiques et Sociales Volumes parus : La journée de huit heures, par Marcel LECOCO, docteur en Droit es sciences économiques. 1 vol. in-16, de 224 pages 2 L'avenir économique du Japon, par Achille VIAL- LATE, professeur à VÉcole des Sciences politiques» 1 vol. in-16 2 . » La Révolution Sociale, par Karl KAUTSKY, 1 vol. in-16 2 » Cours d'Économie politique, professé an Collège libre des Sciences sociales, par Paul GHIO. Tome I, Les Origines. 1 vol. in-16 2 » Le Commerce international, par G. LECARPENTIER, avocat à ta Cour d'Appel, diplômé de VÉcole des Sciences politiques. 1 vol. in-16 2 » Les Employés et leurs Corporations, par E. DELIVET, lauréat de la Société d'Économie politique, 1 volume 2 » Le Compagnonnage (son histoire, ses mystères), par Jean CONNAY, 1 volume 2 » Volumes sous presse : L'Arbitrage international, par M. GIDEL, chargé de cours à V Université de Grenoble. La Législation ouvrière en Allemagne, par A. HAHN, avocat à la Cour d'Appel, diplômé de l'École des Sciences politiques. Cours d'Économie politique, par P. GHIO. IL La Doctrine. III. Les Faits. L' Union des charpentiers de la Seine avant décidé la publication d'une brochure rédigée par l'un de ses membres, sur le Compagnonnage, ses mystères et ses rites, nous avons pensé, en raison de la valeur documentaire de cette brochure et de l'intérêt- qui s'attache à cette publication au point de vue corpo- ratif et social, à la faire figurer dans notre Biblio- thèque des Sciences économiques et sociales. Avec l'autorisation de l'auteur et de Y Union des charpentiers, nous avons donc édité cet ouvrage,, sans y rien ajouter ni rien retrancher afin de lui laisser toute son originalité. L'Éditeur PRÉFACE En publiant cette brochure, qui révèle les mystères des associations compaghonniques, en dénonçant les pratiques singulières qu'elles imposent à leurs adhé- rents, /'Union des charpentiers de la Seine entend combattre une organisation qui ne répond plus aux nécessités économiques de notre temps et qui est un instrument de division entre les travailleurs. Car les sociétés de Compagnonnage se dressent en face des Syndicats ouvriers. Elles leur ont déclaré la guerre. Si elles n'ont plus la puissance d'autrefois, elles font encore, chaque année, des adeptes parmi les jeunes charpentiers qui, généralement, ignorent les rites secrets de l'initiation. Il est indispensable de les divulguer pour que les apprentis refusent de s'af- filier à ces coteries d'un autre âge et, conscients de leurs devoirs, adhèrent au syndicat ouvrier. Pourquoi doivent-ils préférer la Bourse du Tra- vail à la loge, à la cayenne des « bons drilles » ? Parce que, tout d'abord, les sociétés compagnonni- ques réunissent, dans la même association, des pa- trons et des ouvriers dont les intérêts sont fatale- ment contradictoires. PREFACE 7 Sans doute, il serait puéril de nier la grandeur du passe compagnonnique. Lorsque la bourgeoisie con- quit le pouvoir, elle voulut, des Ijçi, enlever aux ouvriers le droit d'association. Le compagnonnage ré- sista -victorieusement à ces mesures restrictives de li- berté. Il demeura debout et vivace. Et ce furent les Compagnons de la charpente qui organisèrent ces coalitions, destinées à maintenir le taux des salaires ou la durée normale du labeur journalier. Souvent, au cours du dix-neuvième siècle, ils exhortèrent les ar- tisans de la corporation à l'union pour la conquête de leurs droits. Tant que l'effectif des sociétés com- pagnonniques fut composé uniquement d'ouvriers, elles eurent un rôle révolutionnaire, mais lorsque les devoirants admirent les patrons, non plus seulement dans les banquets, mais dans les bureaux et les as- semblées délibératives, les groupes de « passants » ou de « Liberté » cessèrent tout naturellement d'être des instruments de revendications et se transformè- rent en une vague et incolore mutualité. Or, à notre époque, une organisation de lutte est indispensable pour défendre les travailleurs contre les entreprises du capital tout-puissant, car la ba- taille industrielle est chaque jour plus âpre, et plus profond est le fossé qui sépare les patrons des ou- vriers. Ce ne sont plus des hommes en présence, mais des forces. Les artisans sont devenus les sala- riés désignés par ce vocable générique : la main- d'œuvre ! La main-d'œuvre..., une marchandise au même titre que les matériaux employés dans les constructions et que l'on essaie d'acquérir au plus 8 PRÉFACE bas prix possible, afin de diminuer les frais géné- raux de l'entreprise ! Les salariés, connaissent le douloureux chômage. Congédiés lorsque leur travail n'est plus utile un seul jour, ils doivent aller, de chantier en chantier, offrir au contremaître leurs services, leurs bras, leur cerveau. Entre ces hommes, les capitalistes et les salariés, il y a donc antagonisme, guerre perpétuels. Voilà pourquoi ils ne peuvent collaborer dans le même groupement corporatif, voilà pourquoi les sociétés coinpagno uniques, survivances du moyen âge, orga- nisations bâtardes, anormales pourrions-nous dire, qui allient aujourd'hui ouvriers et patrons, qui con- fondent les classes ennemies, ne peuvent défendre à la fois leurs intérêts opposés, et sont condamnées à disparaître. C'est le syndicat ouvrier qui seul de- meure l'instrument de défense professionnelle. Il y a d'autres raisons pour lesquelles le travail- leur doit abandonner les sociétés compagnonniques. Elles créent des castes dans la classe ouvrière. Avant d'être reçu par les « devoirants », le renard ou /'as- pirant doit subir des épreuves, des brimades cruelles; il doit prêter serment de fidélité à ces demi-dieux, le grand Soubise ou le grand Salomon. Et les anciens abusent de leur autorité pour hu\milier, insulter, fus- tiger le néophyte. C'est le grand baptême, c'est le trait raménéré, c'est le boulonnage et le déboulon» PREFACE 9 nage de l'escalier, vingt supplices que nous révèle cet opuscule! Combien le syndicat nous apparaît grandi, lorsque nous lisoiis le récit de telles pratiques. Il a proclamé l'égalité absolue de ses membres, à qui l'ancienneté ne confère plus de privilèges, et voici la seule ques- tion que les syndiqués posent au nouvel adhérent: « — Es-tu salarié? — Oui. — Ta place est parmi nous! » L'esprit de corps règne parmi les membres des sociétés compagnonniques. Ils méprisent les indé- pendants, les hommes qui suivent les rites d'un autre aDevoir.)). Entre Compagnons, c'étaient autrefois de meurtrières querelles. Ils s'étaient appelés les uns: loups, les autres chiens, et il semblait que, par des batailles continuelles, ils voulussent justifier leurs noms de guerre. Pour venger l'honneur corporatif, ils s' entretuaient... Le syndicalisme a effacé les frontières qui sépa- raient les corps d'états. Plus de coteries, plus d'aris- tocraties ouvrières. Ainsi les tailleurs de pierres, si hautains et si fiers de leur art, fraternisent avec les gâcheurs de mortier, à la Chambre syndicale des maçons! Syndicats, Fédérations d'industrie, Confédération Générale du Travail, un résemt unit les travailleurs d'un même pays et, par une organisation interna- tionale, les relie aux peuples voisins, qui ne sont déjà plus les peuples étrangers. Et cette armée ou- I O PREFACE trière prépare la plus formidable des Révolutions, celle qui libérera les hommes de la misère et de la servitude, en) donnant aux producteurs la possession commune des instruments de travail! Les militants de l'Union syndicale de la charpente, en attaquant hardiment le compagnonnage, servent l'oeuvre d'unité ouvrière. Leur brochure puissamment documentée est utile. Félicitons-les de l'avoir écrite et de la propager. Léon et Maurice Bonneff. INTRODUCTION Lors de la grève des charpentiers, en 1907, chacun fut surpris de voir les membres des Sociétés de compagnonnage se refuser à suivre le mouvement parce que leurs Sociétés n'en n'étaient pas les directrices. Nous avons voulu rechercher quels pouvaient être les motifs su- périeurs qui pouvaient conduire les membres d'une Société à un orgueil aussi sot que déplacé. Nous avons voulu savoir pourquoi ceux qui n'avaient pas craint de faire des grèves alors que la loi les punissait, qui, en 1906 encore, ont apporté leur appoint à un mouvement de principe en faveur de la journée de huit heures, se sont obstinément refusés à revendiquer une augmentation de salaire une année après, déclarant défendre leurs droits en restant au TRAVAIL. Nous avons recherché dans l'histoire, en remontant jusqu'à leurs sources ce que ces Sociétés pouvaient avoir de si glorieux qui les empêchait d'agir lorsque le commande- ment ne partait pas de leur sein. 12 INTRODUCTION Le résultat de cette étude fut déjà publié dans une faible partie sur le Bulletin de l'Union des Charpentiers du I er mars 1908. Depuis, nous avons poursuivi nos recherches, et nous les livrons à l'appréciation du public. Nous nous sommes fait une règle absolue d'être absolument impartiaux dans la partie historique, indiquant soigneusement les sour- ces de nos citations et les livres qui ont contribué à former notre opinion, nous bor- nant à attirer plus particulièrement l'attention sur certains passages, par des commentaires faits le plus sobrement possible. Nos lecteurs trouveront au cours de cet ouvrage la reproduction in-extenso uploads/Politique/ le-compagnonnage-son-histoire-ses-mysteres.pdf
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- Publié le Jui 25, 2022
- Catégorie Politics / Politiq...
- Langue French
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